lundi 11 juin 2012

Dr. Jeannot Cadet: un vénérable du Bois-Verna

Par Gilbert Mervilus
Avril 2012

Aux enfants et petits-enfants du Dr. Jeannot CADET.

Haïti reste, sous divers angles, un univers d’une étrange complexité. Il faut apprendre à bien observer, pour convenablement identifier, ces nobles espaces, rares en vérité, où les concepts «construction/reconstruction» se définissent et se cultivent, admirablement.

En ce vendredi, timidement pluvieux d’un avril, pourtant torrentiel, ponctué d’averses mortelles et une météorologie politique effrayante, j’ai gravi l’escalier de la Clinique Cadet, presqu’avec la même émotion, lorsque mon père m’accompagna voir le Dr. Jeannot Cadet, il y a plus de trente ans. En ce temps-là, où les grands fonctionnaires se glissaient, avec une élégance ésotérique, des messages précis, difficilement audibles et décryptables ; temps inoubliables, aussi, où la majorité des grands fonctionnaires vivaient avec leurs portes et leurs bras ouverts, au-delà du grade au Quartier général, de l’importance du portefeuille ministériel ou de l’envergure de telle Direction générale…

Cette constance civique, d’une ponctualité infaillible, est restée la règle numéro Un chez les Cadet : le Dr. Jeannot recevait dès 6h30 le matin, et terminait, généralement, sa journée à 7h p.m. A 5h30 du matin, le Dr. Jean-Claude est déjà presqu’arrivé à la porte de ses «Casernes», come médecin chevronné, professeur de calibre certain à l’université ou Directeur médical de l’H.U.E.H., défiant avec un sourire de moine tibétain les scabreux aléas du «système».  En des conjonctures troublantes, lorsque la vocifération politicienne atteint des sommets inimaginables, je l’ai souvent croisé, encore en ville, laissant la Clinique vers 7h du soir.

J’insiste sur un détail, purement étymologique, autour du mot «caserne», lequel signifiait, au XVIe siècle, guérite et petite chambrée. Autrement dit, le lieu idéal d’où veille l’ange gardien. Imaginez un instant notre capital sans l’éclairage impayable de ces compatriotes bienveillants ? Imaginez Haïti sans ces fils généreux ?

Je suis allé, fasciné par trois générations de parchemins et  de photos attachantes, jusqu’à demander au Dr. Jean-Claude de me raconter l’histoire du premier plan de la Clinique, conçu par l’ingénieur Lévêque, en 1954.

Je reste convaincu que la grande et belle histoire des nobles serviteurs Cadet est une remarquable page captivante de l’Histoire médicale nationale. Très peu de quidam ont le privilège, avec la même intensité respectueuse, de serrer la main de trois générations d’éminents ophtalmologues.

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