vendredi 20 décembre 2013

Montréal /L'affaire Fredy Villanueva: le rapport d'enquête du coroner André Perreault

Par Dr. Pierre Montès

C'était le 9 août 2008.
Au cours d'une intervention policière qui a mal tourné à Montréal-Nord, un jeune de 18 ans, Fredy Villanueva trouve la mort, abattu par le policier Jean-Loup Lapointe. On s'en souvient, une émeute s'en est suivie peu après le drame [1].
 
Après avoir lu le rapport du coroner, je ne peux, objectivement, que conclure que l'agent Lapointe a agi en légitime défense. 
 
Si Dany Villanueva s'était laissé arrêter par l'agent Lapointe et l'agente Pilotte et si le groupe d'amis de Dany Villanueva et son frère Fredy Villanueva n'avaient pas manifesté une attitude hostile vis-à-vis de l'agent Lapointe et de l'agente Pilotte, au moment de l'intervention des deux policiers en se gardant à distance, comme demandé, l'agent Lapointe ne se serait pas senti en danger de mort et n'aurait pas senti le besoin de se servir, ultimement, de son arme à feu pour sauver sa vie et celle de l'agente Pilotte.
 
Peut-être, l'agent Lapointe et l'agente Pilotte auraient-ils dû appeler et attendre des renforts avant de débuter leur intervention auprès du groupe de jeunes, sachant qui étaient les individus qu'ils allaient arrêter ?
 
On suggère de ne plus donner d'armes automatiques aux policiers. Est-ce que ce ne se serait pas une erreur de leur enlever ce type d'armes ? Si l'agent Lapointe n'avait pas une arme automatique, le temps aurait-il peut-être joué contre lui dans cette affaire: les jeunes étaient tellement proches de lui qu'ils auraient eu le temps de réagir entre deux coups de feu, ce qui aurait pu être fatal pour les deux agents entourés des jeunes contrevenants.

Je propose aux lecteurs de regarder comment étaient armés quelques militaires au milieu d'une foule de touristes au début de juillet 2007 à Paris, au pied de la Tour Eiffel [2]. Et à chaque fois que je vais à Paris, tant avant le 11 septembre 2001 qu'après cette date, je suis toujours témoin de ce genre de scènes, au hasard des lieux que je visite.  
 
La principale leçon à tirer de l'affaire Villanueva est la nécessité d'introduire dans les programmes scolaires du Québec un cours sur le comportement que doivent avoir les citoyens quand interviennent les forces de police. Il serait peut-être aussi nécessaire d'indiquer aux nouveaux arrivants comment on s'attend à ce qu'ils se comportent quand ils interagissent avec les forces de police au Québec. 
 
Aux pages 54 et 57 du rapport du coroner qui en compte 143, on lit les extraits qui suivent:

«L'agent Lapointe fait feu .»
 
« Selon l'agent Lapointe, Dany Villanueva continue à se débattre vigoureusement et à le frapper au niveau de la tête. Il ne voit plus sa partenaire. Il sait qu'elle se fait frapper par les jambes de Dany Villanueva. Bien qu'il n'adresse pas à l'agente Pilotte une demande de le défendre, faute de temps de le faire, explique-t-il, il ne la croit plus capable de s'interposer entre lui et les individus qui s'en prennent à lui. Il ne peut plus se relever, se déplacer, s'en aller. Il ne peut plus attendre les renforts. Il ne peut utiliser ses armes intermédiaires. Il a peur de perdre connaissance, d'être blessé gravement ou de mourir. Il ne peut s'éloigner. Il ne voit plus d'autre solution que de faire feu pour défendre sa vie et celle de sa partenaire, et c'est ce qu'il décide de faire.Il estime qu'il peut atteindre les cibles qu'il vise sans mettre en danger les personnes qui peuvent se trouver derrière, dans le parc...»
 
«... Continuant à retenir Dany Villanueva de sa main gauche, l'agent Lapointe dégaine de sa main droite. Pour ce faire, il désamorce les deux dispositifs de son étui qui assurent la rétention de son arme à feu.»
 
« Avant même de dégainer, l'agent Lapointe a déjà décidé qu'il va faire feu à cause de l'urgence de la situation. Cela se fait, dit-il, en une fraction de seconde. Pas même le temps d'en aviser l'agente Pilotte. Jamais il n'a considéré l'option d'exhiber uniquement son arme pour provoquer une réaction de recul. Il estime que cela aurait augmenté le risque d'être désarmé. Il voit un regroupement de personnes à proximité.»
 
« Alors que Fredy Villanueva est à moins d'un bras de distance et que l'arme de l'agent Lapointe est encore au niveau de sa hanche, il commence la mise à feu.»
 
« Sans viser un ou des individus en particulier, l'agent Lapointe tire au "centre des masses" devant lui, puis légèrement à droite et légèrement à gauche pour être certain de les atteindre. Il croit, sans pouvoir l'affirmer, que le premier individu atteint est Fredy Villanueva parce qu'il est directement devant lui dans la ligne de tir.»
 
« L'agent Lapointe précise qu'il n'avait pas l'intention de tuer Fredy Villanueva quand il a tiré sur lui, mais plutôt de mettre fin à la menace, de se défendre, de protéger sa vie.»
 
« L'agente Pilotte est surprise par quatre coups de feu très rapprochés. Elle a entendu le premier coup de feu, mais n'a pas vu l'agent Lapointe, car elle regardait dans une autre direction. Selon elle, l'arme était à environ un demi-mètre d'elle lors du premier tir. Elle lève immédiatement son regard et voit, après le premier coup de feu, deux coups de feu tirés en direction de Fredy Villanueva qui se trouve au nord, et qui l'atteignent. Pour ce qui est des trois derniers tirs qu'observe l'agente Pilotte, l'agent Lapointe a le bras droit complètement tendu, sa main tenant fermement son arme.»
 
« Touché une première fois, Fredy Villanueva recule, mais reste sur ses pieds, avant d'être atteint de nouveau au haut du corps. À ce moment-là, Fredy Villanueva est à moins d'un demi-mètre de son frère et de l'agent Lapointe et à environ un mètre de l'agente Pilotte. Il est debout et penché vers l'avant légèrement. Il a les bras près du corps.»
 
« Après avoir été atteint une deuxième fois, Fredy Villanueva recule de nouveau puis s'écroule un mètre à deux mètres plus loin sur le dos ou sur le côté, un peu recroquevillé sur lui-même. Il porte ses mains à son thorax....»
 
«...L'agente Pilotte voit ensuite son partenaire déplacer son arme vers la droite à environ 180 degrés et la pointer, le bras tendu à peu près perpendiculairement au sol, en direction d'un autre individu qui s'est avancé à moins d'un mètre de Dany Villanueva et de l'agent Lapointe. Elle voit cet individu être atteint sur ce qui lui semble être le côté du haut du corps ou "[…] du haut du dos si on veut", par le dernier tir, espacé des autres de quelques instants. L'agente Pilotte perçoit que le dernier individu est atteint au moment où son épaule tourne. On comprend qu'il s'agit probablement de Jeffrey Sagor Métellus.»
 
« L'agent Lapointe confirme que son bras était tendu lors du quatrième tir. Il contredit fermement sa collègue lorsqu'elle affirme qu'il a déplacé son arme sur 180 degrés avant d'effectuer le quatrième tir. Il dit en avoir un souvenir très précis. Il explique qu'il lui aurait été même impossible de le faire parce qu'il aurait alors dû passer son bras devant lui. Il a cependant, lui aussi, l'impression que c'est Jeffrey Sagor Métellus qui a reçu le dernier tir alors qu'il se trouvait à une distance inférieure à un mètre. Il ne peut expliquer comment Jeffrey Sagor Métellus a pu être atteint dans le dos, puisqu'il avait l'impression que tous les individus avançaient vers lui au début de la séquence de tirs. Il ignore si Jeffrey Sagor Métellus a eu le temps de pivoter depuis le premier tir jusqu'au moment où il a été atteint.«
 
«L'agent Lapointe explique avoir cessé les tirs lorsqu'il a perçu  "le recul des masses". En fait, il ne sait pas, au moment de cesser de tirer, combien de coups de feu exactement il a tirés. Il faut dire que tous les tirs ont été effectués rapidement. Il ne sait pas non plus précisément où les balles tirées se sont logées.»
 
« Ce n'est qu'après les quatre tirs que l'agent Lapointe constate que Fredy Villanueva s'est écroulé.»
 
Pour lire le rapport du coroner au complet, un lien est donné ci-dessous [3].
 
Un article de Wikipédia fournit une version de cette malheureuse affaire [4]. 

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[1] Wikipedia / Émeute à Montréal-Nord.

[2] Le coin de Pierre / Au pied de la Tour Eiffel, 17 septembre 2007

[3] La Presse / Rapport du coroner dans l'affaire Villanueva

[4] Wikipedia /Affaire Fredy Villanueva.

vendredi 6 décembre 2013

Toussaint Louverture et Nelson Mandela: deux hommes, un même idéal.

Par Dr. Pierre Montès

Toussaint Louverture [1] et Nelson Mandela [2] sont deux êtres qui ont marqué leurs époques.
Ils ont eu le même idéal de liberté et d'émancipation de l'homme noir.

Deux siècles séparent ces deux hommes. Faudra-il alors attendre le vingt-deuxième siècle avant que l'humanité ne connaisse un troisième être exceptionnel de la trempe de Toussaint Louverture et de Nelson Mandela ?





Toussaint Louverture (1743-1803)





Nelson Mandela (1918-2013)

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[1] Wikipédia / Toussaint Louverture
[2] Wikipédia / Nelson Mandela