mercredi 30 avril 2008

DÉBATS / Quelles mesures pour lutter contre la cherté de la vie ?

Par Rock André
rockandre@lematinhaiti.com

Le Forum libre du jeudi 17 avril en cours a consacré sa 188e édition au débat sur la cherté de la vie. Pour compenser l’absence de trois des quatre intervenants, dont Camille Charlmers et Maguy Durcé, prévus au programme, Madame Svletana Alexandre, une représentante des mouvements de femme a rejoint l’économiste Jean-Claude Paulvin pour constituer le panel, aux côtés d’Arnold Antonin, le modérateur.

Le thème en discussions a été retenu bien avant les émeutes de la faim qu’a connues Haïti, a souligné Arnold Antonin, directeur du Centre Pétion Bolivar, l’institution qui organise les Forums libres du jeudi. Mais ces émeutes ont augmenté davantage l’intérêt pour le débat dans ce contexte de cacophonie où, ici et là, des voix s’élèvent pour dire comment, à leur façon, il faut s’attaquer au problème de la cherté de la vie. Il se lisait un air de déception sur le visage de certains participants qui s’attendaient à une confrontation des idées entre l’économiste Jean Claude Paulvin et l’altermondialiste Camille Charlmers. De toute façon, les participants ont, dans l’ensemble, joué leur partition et contribué à donner vie aux débats.

Le président de l’Association haïtienne des économistes (AHE), Jean Claude Paulvin a abordé la problématique de la cherté de la vie sous l’angle économique.

Dans un premier temps, il en a identifié trois groupes de déterminants : les déterminants conjoncturels, les déterminants macroéconomiques et les déterminants structurels.

L’inflation – hausse généralisée du niveau des prix – est le déterminant conjoncturel majeur. Haïti étant une petite économie ouverte, la tendance des prix domestiques suit l’évolution des prix sur le marché international. Les fluctuations de prix sur les marchés extérieurs se répercutent sur l’économie nationale compte tenu du poids des importations dans la consommation locale. C’est ce qui est arrivé pour les produits pétroliers et les produits céréaliers, a soutenu Jean Claude Paulvin.

Au niveau des déterminants macroéconomiques, le président de l’AHE a considéré le déficit budgétaire et le déficit de la balance commerciale. Quand les dépenses de l’État excèdent ses recettes, il doit recourir à d’autres sources de financement. En général, c’est la Banque centrale qui lui vient en soutien en émettant une plus grande quantité de monnaie. Quand le volume de monnaie en circulation dépasse le niveau de la production réelle, les conditions sont créées pour une augmentation du niveau général des prix.

Le troisième groupe de déterminants, évoqué par l’économiste, renvoie aux stratégies économiques appliquées. Il a pris en exemple la baisse des tarifs douaniers dans l’économie haïtienne – les premières mesures en ce sens remontent à plus de vingt ans – qui, jusqu’à présent, ont des impacts sur la structure des prix.

Les mesures de politiques à appliquer devraient être, selon Jean Claude Paulvin, structurelles et structurantes. Il suggère la mise en place de politiques de création d’emplois et la modernisation des structures administratives de l’État pour un meilleur accès aux services publics. Jean Claude Paulvin se montre catégoriquement opposé à la subvention des prix des produits pétroliers sur le marché pétrolier. «Si j’avais à choisir, j’opterais de préférence pour une augmentation des prix en vue de porter les gens à baisser leur consommation. » La meilleure option, aux yeux de M. Paulvin, revient à moderniser le système du transport en commun.

La présentation de Madame Svletana Alexandre était surtout limitée à quelques considérations sur les difficultés des chefs de ménages pour donner à manger au sein de la famille.
La séance s’est terminée par une phase de questions-réponses. Certains participants ont exprimé leur désaccord avec la position de l’intervenant principal, Jean Claude Paulvin, sur l’augmentation des prix de l’essence et avec sa suggestion de remplacer les taps-taps par des bus plus modernes.
mercredi 30 avril 2008
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//Source:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12570
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mardi 29 avril 2008

Répondre à l'appel du peuple

Plusieurs personnes pensent que M. Ericq Pierre serait le choix du Président Préval et pensent qu'il ne sera pas ratifié par le Parlement.

D'autres pensent plutôt que M. Ericq Pierre aurait reçu l'appui de quelques pays «amis» d'Haïti dont l'Argentine, pour ne nommer que le moins puissant d'entre eux.

Je me situe dans cette deuxième catégorie de personnes.

Un Premier ministre s'en va, un autre s'en vient. Et pour combien de temps ? Et les vrais problèmes d'Haïti restent non résolus, non posés même !
Oui, pour combien de temps ? Car il ne me semble pas que le nouveau gouvernement pourra satisfaire les demandes de la population exprimées au cours des émeutes de la faim.
Les mois et années qui vont suivre ne seront pas faciles tant pour les gouvernants que pour les gouvernés. Il faudra sans aucun doute possible que l'on « s'accroche au bastingage », car on ne pourra pas « naje pou sòti ».

Il me paraît opportun que les autorités du pays mettent en application l'idée du Dr. Turneb Delpé: une conférence nationale, si nous voulons poser les bases d'un nouveau pays que nous n'avons jamais osé concevoir depuis le lendemain de notre indépendance. Nous avons préféré assassiner notre héros ! Nous préférons détruire la pays, sans jamais nous entendre pour le bâtir. J'ai déjà comparé Haïti à un tas de pierres sur lequel se battent des clics de voyous. (Aujoud'hui, l'expression "tas de pierres" pourrait être remplacée par "favelas").

J'avais longtemps considéré que la solution des problèmes d'Haïti passait par un pouvoir fort ayant à sa tête un homme fort de la trempe du bon Roi Henri Christophe : une dictature éclairée, quoi ? Mais il serait impossible que la succession de ces pouvoirs forts se fasse sans heurts et sans discontinuités, comblées par des périodes crises nécessitant parfois l'intervention d'un arbitre étranger, d'une force étrangère.

Aujourd'hui, avec le renversement du gouvernement d'Alexis par le Sénat (une bonne chose en soi dans l'exercice de la démocratie), je finis par comprendre que le Système parlementaire fort, qui fonctionne dans bon nombre de démocraties, est peut-être la seule voie qui pourrait sortir Haïti de ses crises quasi permanentes.

Dans ce Système parlementaire fort, il y aurait deux pouvoirs indépendants l'un de l'autre: le Pouvoir législatif et le Pouvoir judiciaire.

Du Pouvoir législatif, à la fin de chaque période d'élections législatives, sortirait un gouvernement dont le Premier ministre serait le chef (élu) du parti qui aurait recueilli le plus grand nombre de sièges au Parlement. Il formerait le gouvernement avec des ministres choisis parmi les députés élus de son parti ou de la coalition de partis (si le sien n'a pas la majorité absolue des sièges).

Le Président de la République serait choisi (sans élection présidentielle, mais nommé) par le Premier ministre et ratifié par le Parlement, par exemple. Ce serait un poste de prestige, comme c'est le cas aujourd'hui dans certains pays démocratiques (par exemple, le Canada, Israël).
Avec un tel système de gouvernement, la décentralisation du pouvoir au profit des dix Départements et des 140 Communes de la République aurait une chance d'aboutir.

En définitive, j'en arrive à la conclusion qu'une solution aux problèmes d'Haïti ne serait jamais trouvée par une équipe technico-politico-bourgeoise (une clique, une «tribu» comme dirait le père de la révolution tranquille haïtienne, le Dr. gérard Étienne) à la tête d'un pouvoir fort basé à Port-au-Prince. Mais une solution durable, bénéfique pour tous, pourrait être trouvée à l'intérieur d'une démocratie parlementaire fort qui travaillerait étroitement avec des pouvoirs régionaux et locaux élus pour servir le peuple.
Une solution durable, bénéfique pour tous, ne pourrait être trouvée qu'avec la participation de tous dans la recherche de cette solution. On ne devrait pas sousestimer la capacité du peuple à trouver une solution à ses problèmes. On devrait donc donner au peuple l'opportunité de participer à la recherche d'une solution à ses problèmes.
Au 21e siècle, le Pouvoir Central en Haïti sera un Pouvoir parlementaire fort ou ne sera pas; la Décentralisation du pouvoir au niveau des Collectivités territoriales sera effective ou ne sera pas.

Photo Ericq Pierre, Premier ministre désigné: prise 3 !


Ericq Pierre, 63, a respected Haitian economist with
the Inter-American Development Bank in Washington seen in
this 2006 file photo, has been nominated as prime minister
(from Miami Herald, Sunday, April 27, 2008)


//See also an article written by Jacqueline Charles; please click below and read:
http://www.miamiherald.com/news/americas/haiti/story/511774.html
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lundi 28 avril 2008

FORMATION NOUVEAU GOUVERNEMENT / Ericq Pierre : Premier ministre officiellement désigné

L'agronome Ericq Pierre (Photo: Thomas Lalime, Le Matin)
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Par Jacques Desrosiers
jadesro@lematinhaiti.com

Après deux semaines de négociations avec des responsables de partis politiques et les présidents des deux Chambres législatives, le président René Préval a fait choix d'Ericq Pierre pour remplacer le Premier ministre Jacques Édouard Alexis dont le gouvernement a reçu un vote de censure le samedi 12 avril au Sénat. L’information a été confirmée, hier dimanche, par le président de cette branche du Pouvoir législatif, le sénateur Kelly C. Bastien (Nord, Lespwa) et celui de la Chambre des députés, Pierre-Éric Jean Jacques (Delmas, Lespwa).
Selon les prescrits de la Constitution, « le président de la République choisit un Premier ministre parmi les membres du parti ayant la majorité au Parlement. À défaut de cette majorité, le président de la République choisit son Premier ministre en consultation avec le président du Sénat et celui de la Chambre des députés » (article 137).
« Le choix a été fait après une nouvelle rencontre dimanche avec le président Préval », a indiqué le président de la Chambre des députés, Pierre-Eric Jean-Jacques, précisant que les procédures constitutionnelles ont été respectées. Le choix de Ericq Pierre doit être ratifié par les deux Chambres. Cette étape une fois franchie, Ericq Pierre, accompagné des membres de son cabinet ministériel, aura à présenter, devant le Parlement, la Déclaration de politique générale de son gouvernement.
Agé de 63 ans, Ericq Pierre est né à Jérémie. Il est père de trois enfants. Il a une formation de base en agronomie. Formation qu’il a reçue à la faculté d’Agronomie et de Médecine vétérinaire (FAMV) de l’Université d’État d’Haïti. Agronome, Ericq Pierre a fait ses premières expériences dans le département du Nord. D’abord, dans un projet communautaire au Borgne. Puis, sur l’Habitation Dauphin. Il a travaillé au ministère de l’Agriculture au sein de l’Unité d’appui à la direction générale.
Aujourd’hui, Ericq Pierre est conseiller principal de la Banque interaméricaine de développement (Bid) auprès du Bureau de l’administration pour Haïti et l’Argentine.
Ericq Pierre a été déjà désigné Premier ministre, en 1998, au cours du premier mandat présidentiel de René Préval. Son choix a été rejeté par la Chambre des députés.
Avant la désignation de Ericq Pierre, le président René Préval a tenu près de cinq réunions de consultation avec les responsablesdes partis politiques représentés au Parlement. Avec ses interlocuteurs, le chef de l’État se serait entendu sur la formation d’un gouvernement de coalition. Différentes voies de la communauté internationale s’étaient mêlées à des voies haïtiennes pour demander au président Préval de nommer, dans le meilleur délai, un nouveau chef de gouvernement. Au niveau de la Fusion des sociaux démocrates haïtiens, une rencontre est annoncée entre le directoire et les parlementaires du parti autour du choix et de la ratification de Ericq Pierre.
lundi 28 avril 2008
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//L'article provient du lien:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12521
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dimanche 27 avril 2008

Photo: Ericq Pierre à la BID en 2004

From left . Mirna Liévano de Marques, EXR Advisor; Raymond Joseph, Chargé d’Affaires from the Embassy of Haiti in Washington, D.C.; Ericq Pierre, Senior Advisor of the IDB Executive Director’s Office for Argentina and Haiti; Enrique V. Iglesias President of the IDB; and Eugenio Díaz-Bonilla, IDB Executive Director for Argentina and Haiti, during the opening ceremony of Vive Haiti! Contemporary Art of the Haitian Diaspora.
Photo: IDB Photo Unit.
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Taken from the IDB information Bulletin no. 80, 2004 Annual Report:

In July the Cultural Center paid tribute to the Haitian people and the country's bicentennial with an exhibit entitled Vive Haïti! Contemporary Art of the Haitian Diaspora. It comprised works by 11 outstanding contemporary Haitian artists, and focused primarily on artists belonging to recent generations who live abroad. They have synthesized inherited traditions, such as Vodoo, while living abroad with uncertainty about home, and seeing the future as elusive. The exhibit included the work of a few artists who, although living in Haiti, depend on outside sources such as commercial galleries and collectors interested in Haitian art for professional recognition and their economic livelihood. The exhibit was accompanied by a US$10,000 grant to Haitian craftspeople to help them participate in the Smithsonian Institution Folklife Festival, which was dedicated to Haiti this year.
//To read the complete report, please click below:
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By the way, the following link gives access to the contact list of the IDB Executive Directors; there, the e-mail address of Ericq Pierre at the IDB is given:
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Ericq Pierre, premier ministre désigné


Photo : Président René Préval ((c) Thony Belizaire, AFP, 12 avril 2008)
Le président haïtien René Préval a désigné dimanche Ericq Pierre,
actuellement conseiller pour Haïti auprès de la Banque interaméricaine de
développement, comme nouveau Premier ministre,
a appris l'AFP de sources parlementaires.
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"C'est Ericq Pierre qui a été désigné": c'est ce qu'a révélé le Président du Sénat, M. Kelly C. Bastien, joint au téléphone par l'AFP.

"Le choix a été fait après une nouvelle rencontre dimanche avec le président Préval": c'est ce qu'a précisé, de son côté, le Président de la Chambre des députés, M. Pierre-Eric Jean-Jacques.

Ce choix devra ensuite être ratifié par un vote des deux chambres du Parlement haïtien.

Voir les dépêches ci-après:
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//France 24:
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//Herald Sun:
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//Blog de René Préval:
http://www.prevalhaiti.com/messages.php/8277
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« Monsieur le Président », une pièce de théâtre de Gérard Étienne

Cette pièce présente, au Palais national, les dernières heures du gouvernement de Jean Bête, dictateur mégalomane et sanguinaire à la tête de l’Ile-aux-Requins, petit pays de la Caraïbe.
On comprendra que L'Ile-aux-Requins, c'est Haïti; que Jean Bête, c'est Jean-Bertrand Aristide; que Mimi, l'épouse de Jean Bête, c'est Mildred Trouillot.

Mais, à mon avis, le Jean Bête de la pièce de M. G. Étienne présente les travers de tous (ou presque tous, si l'on excepte Dumarsais Estimé) les chefs d'État haïtiens depuis Sténio Vincent (1930-1941) jusqu'à René Préval (2006-20??).

Le président est habillé en costume militaire (genre général Paul E. Magloire, général Henri Namphy, etc.); mais le chapeau ne lui sied pas: il s'agit du chapeau d'un chef d'état africain, tels Idi Amin Dada, Mobutu Sese Seko, etc., plûtot que du képi de Magloire ou de Namphi.

La pièce a été jouée par des acteurs (blancs selon le choix de l'auteur, pour montrer le caractère universel de son oeuvre) de la compagnie Racine(s) les 22, 24, 25 et 26 avril 2008 à la Chapelle du Collège Stanislas dans l'arrondissement d'Outremont, à Montréal.

La pièce présente bien l'essentiel du drame politique haïtien. Mais je trouve qu'elle s'attardre un peu trop sur les secrets d'alcôve de Jean Bête et se termine par une note pessimiste: le président est renversé, un autre du même acabit sera nommé pour le remplacer. N'y aurait-il donc aucun espoir de changement à l'horizon, Monsieur le père de la Révolution Tranquille Haïtienne ?

En outre, pourquoi le montant du remboursement réclamé par Jean Bête (100 milliards) est-il cinq fois plus élevé que celui évalué par Jean-Bertrand Aristide (21 milliards) ? S'agirait-il dans la pièce du même montant, mais exprimé en gourdes de 1985, quand cinq gourdes valaient un dollar américain ?

J'ai assisté à la représentation du vendredi 25 avril. Je n'ai pas remarqué la présence de l'auteur que j'aurais aimé rencontrer de visu et saluer (je lis ses articles sur le Web). J'ai appris à la radio aujourd'hui que M. Gérard Étienne a assisté à la dernière représentation hier 26 avril 2008.

J'ai bien aimé la pièce, mon épouse Gladys aussi. On a passé une bonne soirée en regardant de bons acteurs jouer « Monsieur le Président ». Mon épouse et moi avons adoré Mimi et Baptiste, le secrétaire particulier du Président. Quand à Jean Bête, ayant cotoyé de près un président haïtien (un court moment dans l'histoire de ce président, avant le 7 février 1986), je trouve que Jean Bête ne ressemble pas, dans la forme, au président que j'ai cotoyé et observé un peu. Que voulez-vous, il y aura toujours loin entre la réalité et la fiction...Et c'est bien qu'il en soit ainsi.

Compliments Professeur Gérard Étienne !

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http://groups.google.fr/group/soc.culture.haiti/browse_thread/thread/ab7e8665f08b4f64/bc54c5e973ba8442?lnk=raot
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http://www.editionsdumarais.ca/
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vendredi 25 avril 2008

« Je n'aurai pas le temps », Hubert Reeves, astrophysicien canadien



Hubert Reeves, astrophysicien (Source: Radio-Canada)
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Je n'aurai pas le temps: c'est le titre du dernier livre en date d'Hubert Reeves, publié aux éditions du Seuil.


Il s'agit d'une partie de ses mémoires. Il nous raconte son enfance, nous parle de ses choix professionnels, de ses découvertes et nous fait part de ses doutes, de ses préoccupations, de son engagement...

Hubert Reeves indique trois qualités que doit posséder celui qui se lance dans une carrière scientifique:
  1. la curiosité,
  2. l'enthousiame, et,
  3. le désir d'être connu.
Pierre Maisonneuve, journaliste de Radio-Canada, s'est entretenu avec ce grand homme.

Il identifie enfin quelques problèmes non résolus en astrophysique à la fin de l'entrevue avec M. Maisonneuve.

Cliquez sur le lien suivant pour en savoir plus et pour écouter ensuite l'entrevue.
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http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/17042008/100173.shtml
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Hubert Reeves a un site Web que vous pourrez aussi visiter:
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http://www.hubertreeves.info/
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Vous pourrez aussi visiter:
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Reeves
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http://www.librairiepantoute.com/fichelivre.asp?id=pzpepeisdbwsa&/je-n-aurai-pas-le-temps/hubert-reeves/9782020974943
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jeudi 24 avril 2008

Michaëlle de Verteuil et Jean-Claude Fignolé, deux exemples à suivre


Michaëlle de Verteuil ((c) Christiane Charette, SRC, 24 avril 2008)

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Madame Michaëlle de Verteuil était de passage aujourd'hui à l'émission de Christiane Charette à Radio-Canada/Radio.

Elle a mis sur pied aux Abricots (Département de la Grand'Anse), dans son Haïti natale, le centre, Le Paradis des Indiens, qui combat l’analphabétisme et finance la construction d’écoles.

Elle sera honorée pour souligner les 40 ans de son organisme.

La population des Abricots est chanceuse d'avoir Madame Michaëlle de Verteuil et Monsieur Jean-Claude Fignolé: la première ayant laissé le confort de Dollard-des Ormeaux (Montréal), le second ayant quitté la République de Port-au-Prince et ayant refusé d'être le n-ième candidat à la Présidence de son pays après 1986.

L'écrivain Jean-Claude Fignolé (photo non récente)
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M. Fignolé a enseigné pendant longtemps à Port-au-Prince; il est actuellement Maire de la Commune des Abricots.

Monsieur Fignolé est aussi un romancier. Il a fait partie au mouvement littéraire Le Spiralisme fondé par l'écrivain Franck Étienne dans les années 60-70. M. Fignolé m'avait enseigné un cours d'introduction à l'Économie politique en Classes Terminales en 1969-1970 aux Cours Privés Roger Anglade (CPRA).

Le travail de Madame De Verteuil et de Monsieur Fignolé constitue deux exemples qui ne manqueront pas d'inspirer les haïtiens (intellectuels ou non) tant en Haïti qu'en diaspora: le 140 communes d'Haïti ont besoin d'eux.

Cliquez sur le lien suivant pour écouter l'entretien avec l'animatrice Christiane Charette avec Madame De Verteuil.
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http://www.radio-canada.ca/radio/christiane/modele-document.asp?docnumero=56121&numero=1880
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// Le lien suivant vous montrera ce que fait Madame De Verteuil aux Abricots. Ce lien fait aussi un petit clin d'oeil au romancier Fignolé:
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http://jpm.club.fr/haiti_futur/projets/Les_Abricots/index.htm
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Le dernier roman de Jean-Claude Fignolé: Les damnés de Port-Républicain .
Cliquez sur ce lien pour lire un article de Libération sur Fignolé et son dernier roman:
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http://www.liberation.fr/culture/livre/307128.FR.php
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Littérature: L'homme à femmes


Le romancier Alexandre Jardin ( (c) Christiane Charette, Radio-Canada, 24 avril 2008)
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Il s'agit du romancier Alexandre Jardin.
C'est un auteur à succès.
J'ai pris plaisir à l'écouter ce matin au micro de la talentueuse animatrice Christiane Charette.
Ce romancier est spécial: tant comme homme que comme écrivain.
Il n'a que 42 ans, mais est bardé d'expériences du monde des femmes.
Son dernier livre s'intitule: Chaque femme est un roman. Il y raconte l'éducation que lui ont inculquée les femmes de sa vie. Il affirme: « Ce sont des femmes qui m’ont montré que le monde est beaucoup plus vaste que ce que j’avais imaginé. À chaque fois que j’en rencontre une, que ce soit une amie, une amante, une vieille dame, une lectrice folle, j’ai l’impression de recommencer à naître. »

L'entretien avec Christiane Charette a duré 26 minutes.
Cliquez sur le lien suivant pour en savoir plus et pour écouter cet merveilleux entretien:
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http://www.radio-canada.ca/radio/christiane/modele-document.asp?docnumero=56107&numero=1880
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Québec/Sondage: Le PLQ en tête, l'ADQ en chute libre

La rédaction du texte ci-après est basée sur les données provenant des sources suivantes:
Léger Marketing/Le Devoir du 24 avril 2008

Le sondage a été effectué du 16 au 20 avril 2008 sur un échantillon aléatoire de 1 002 répondants.
La marge d’erreur est donc de 3,1%, 19 fois sur 20. Les données finales ont été pondérées selon le sexe et l’âge de façon à être représentatives de la population selon les dernières données de Statistique Canada.

Le PLQ est en avance, Jean Charest est perçu comme le chef de Parti qui ferait le meilleur Premier ministre. Mais la lutte demeure serrée entre le PLQ et le PQ: la différence entre les deux se trouve à l'intérieur de la marge d'erreur du sondage (3,1%, 19 fois sur 20).

Les pourcentages entre parenthèses expriment la variation par rapport au dernier sondage de Léger Marketing (janvier 2008):

1) Intentions de vote:

Parti Libéral (PLQ) : 37% (+4)
Parti Québecois (PQ): 33% (+3)
Action Démocratique (ADQ): 18% (-9)
Parti Vert: 6% (+1)
Québec Solidaire: 4% (+0)
Autres: 2% (+1)

2) Qui ferait le meilleur premier ministre:

Jean Charest: 32% (+4%)

Pauline Marois: 30% (-3%)

Mario Dumont: 18% (-9%).

3) Taux de satisfaction:

Satisfaits du gouvernement de Jean Charest: 49%(+2%)

(soit: Très satisfaits (7%); Plûtot satisfaits (42%))

4) Opposition la plus efficace au gouvernement Charest:

Cinquante-deux pourcents des sondés (52 %) estiment que le Parti québécois forme l'opposition la plus efficace au gouvernement de Jean Charest, contre 27 % pour l'ADQ.

5) Électorat francophone:

Le PQ maintient son avance auprès de l'électorat francophone: il 'appuie dans une proportion de 37 pour cent contre 30 pour cent pour le PLQ. L'ADQ vient en troisième sur ce front.

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//Article du devoir:

http://www.ledevoir.com/2008/04/24/186619.html

//Article de Cyberpresse:

http://www.cyberpresse.ca/article/20080424/CPACTUALITES/80424003/1019/CPACTUALITES

//Article de quebecpolitique.com:

http://www.quebecpolitique.com/blog/2008/04/sondage-leger-marketing-davril-2008/

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mardi 22 avril 2008

Le blog du Président !

Amies et amis internautes,
J'ai découvert que le Président Préval a un blog !
Comme disent les jeunes québécois: c'est cool !
On peut lui laisser un message.

Cliquez pour le visiter.
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http://www.prevalhaiti.com/
//

J'ajoute de ce pas ce lien sur mon blog, dans la colonne de droite...
Puis, je lui ferai une visite plus attentive...

Haïti: Premier ministre / Primus inter pares

Le Sénat (8) de la République d'Haïti a, le samedi 12 avril 2008, renvoyé le Premier ministre Jacques Edouard Alexis ((2), (3), (4)) à la suite des émeutes de la faim. Ce vote a entraîné la chute du gouvernement Alexis et il constitue un précédent dans l'histoire politique haïtienne.

Desormais, quelque compétent qu'il soit (le PM Alexis démissionnaire l'est), un Premier ministre haïtien (6) gouvernera en ayant toujours à l'esprit qu'il peut être renvoyé par l'une ou l'autre des deux Chambres, s'il n'est pas capable d'exécuter convenablement le programme de gouvernement sur lequel il avait reçu l'aval du Parlement.

Dans les pays démocratiques à régime parlementaire comme le Canada, par exemple, nous sommes habitués à voir un Premier ministre (1) et le gouvernement minoritaire qu'il dirige renversés par Chambre des Communes. Le problème ne se pose pas si le gouvernement est majoritaire.

Actuellement, au Canada, le Premier ministre Steven Harper (9) dirige un gouvernement minoritaire à Ottawa; dans la Province de Québec, le Premier ministre Jean Charest (10) dirige aussi un gouverenement minoritaire à Québec. Ces deux gouvenements, fédéral et provincial, sont susceptibles d'être renversés à tout moment avant la fin de leurs mandats respectifs si les parlementaires des partis d'opposition représentés en chambre ne sont plus satisfaits de l'action du gouvernement minoritaire en question.

En Haïti, le parti LESPWA du Président René Préval (11) n'est pas majoritaire au Parlement ((14), (13), (8)). C'est ce qui explique que son Premier ministre Jacques-Edouard Alexis a été facilement renvoyé le 12 avril 2008.

Paraphrasant Robert Rotberg, professeur de Politique publique à l'Université Harvard, je pense que le renvoi du Premier Ministre Alexis et son gouvernement par le Sénat est énormément une bonne chose pour la démocratie naissante en Haïti.

La Constitution de 1987 (7) définit de manière très succincte les attributions du Premier ministre. À mon sens, la Constitution laisse floue la frontière entre les attributions du Président et celles du Premier ministre: dans la pratique, dans l'exercice du pouvoir, le Président donnera au Premier ministre des pouvoirs limités ou étendus, tout en respectant en apparence la lettre de la Constitution.

Le seul cas, à notre sens, où le Président de la République avait laissé beaucoup de place au Premier ministre est celui du gouvernement de transition Boniface Alexandre - Gérard Latortue ((5), (12)), entre 2004 et 2006. Le Président Boniface avait un comportement presque effacé, tandis que le premier ministre Latortue faisait sentir sa présence partout, en Haïti comme à l'extérieur. Le modèle de fonctionnement (apparent) entre le Président B. Alexandre et Premier ministre G. Latortue constitue un modèle à suivre tout en l'améliorant.

Malheureusement, en Haïti, le Président de la République est élu, tandis que le Premier ministre est nommé par le Président. La dynamique au sein de l'Exécutif aurait été complètement différente si la Constitution stipulait l'inverse, comme dans une démocratie franchement parlementaire: « le PM est un député (ou bien un sénateur), généralement le chef du parti ayant obtenu la majorité de sièges au Parlement;... le Président n'est pas élu, mais il est recommandé à la suite d'un consensus entre le Pouvoir judiciaire et le Pouvoir législatif, par exemple, puis il est nommé par le Premier ministre pour une période x ». Ainsi le vrai Pouvoir exécutif serait entre les mains du Premier ministre, le Parlement gardant toujours le pouvoir de le renverser (le PM et le gouvernement qu'il dirige) comme cela sait se faire dans les démocraties parlementaires modernes. Dans un tel système, il y a le Pouvoir judiciaire et le Pouvoir législatif; quant au Pouvoir exécutif, il est issu du Pouvoir législatif périodiquement (à chaque élection). Si Haïti adoptait une telle forme de gouvernement, sortirait-elle définitivement de ses crises politiques séculaires ? Je me le demande sérieusement.

On parle beaucoup en Haïti et sur le Web du profil et de la compétence d'un Premier ministre. À cela il faudrait ajouter que le Premier ministre devrait être brillant, compétent, suffisamment fort de caractère pour ne pas laisser le Président empiéter sur son terrain. Il faudrait aussi et surtout qu'une loi (ou un décret ayant force de loi) vienne compléter la Constitution en spécifiant clairement les attributions et pouvoirs du Premier ministre et en définissant clairement les rapports entre la Présidence et la Primature (plus spécifiquement entre le Président et le Premier Ministre). Un tel document est essentiel si le parti du Président n'est pas majoritaire au Parlement et que le Président se voit obligé de choisir un Premier ministre qui n'est pas issu de son propre parti.

Dans la crise actuelle, le Président du Sénat Kelly C. Bastien ne cesse de souhaiter que le PM à choisir par le Président Préval ne devrait être issu d'aucun parti politique car les trois prochaines années vont être des années d'élections en continu et il ne faudrait pas que le PM favorise un parti au détriment des autres. Si le choix du Président de la République répondait aux voeux du Président du Sénat, la définition des rapports entre le PM et le Président dans un texte légal serait on ne peut plus nécessaire.

Une fois le PM désigné par le Président et ratifié par le Parlement, il devra s'attaquer, avec son cabinet et avec tous les secteurs de la vie nationale, d'abord aux problèmes urgents, il devra satisfaire aux demandes de la population lors des émeutes de la faim, et ensuite il devra s'attaquer aux problèmes dont la solution ne se manifestera qu'à moyen et long termes. À ce sujet voir l'article de Madame Odette Roy Fombrun, publié dans Le Matin du 18 avril et posté sur ce blog.

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(1) Les Premiers ministres dans quelques pays:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_ministre
//
(2) Biographie succincte de J.E. Alexis selon Wikipédia
http://en.wikipedia.org/wiki/Jacques-%C3%89douard_Alexis
//
(3) CV de Jacques-Edouard Alexis:
http://primature.gouv.ht/bio.php
//
(4) Déclaration de politique générale de J.E. Alexis:
http://primature.gouv.ht/politique.php
//
(5) Biographie succincte de Gérard Latortue selon Wikipédia
http://en.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Latortue
//
(6) Liste des Premiers ministres haïtiens de février 1988 à avril 2008
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Prime_Ministers_of_Haiti
//
(7) Constitution de 1987
http://pdba.georgetown.edu/Constitutions/Haiti/haiti1987fr.html
//
(8) Le Sénat de la République d'Haïti
http://en.wikipedia.org/wiki/Senate_of_Haiti
//
(9) Premier ministre Steven Harper
http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_Harper
//
(10) Premier ministre Jean Charest
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Charest
//
(11) Président René Préval
http://en.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Pr%C3%A9val
//
(12) Président Boniface Alexandre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Boniface_Alexandre
//
(13) Chambre des députés d'Haïti
http://en.wikipedia.org/wiki/Chamber_of_Deputies_of_Haiti
//
(14) L'Assemblée nationale d'Haïti
http://en.wikipedia.org/wiki/National_Assembly_of_Haiti
//

vendredi 18 avril 2008

Quel Premier ministre ? Et quel programme?

Par Odette Roy Fombrun

Pour réussir, il faut viser haut et grand !
Le pays vient d’entrer dans une nouvelle crise. Nous jouons probablement notre dernière carte de peuple libre. Les grands risques sont la mise sous tutelle ou la Somalisation. Le phénomène « krazebrize », non suivi de sanctions, nous en donne un avant-goût très amer.
1) De quelle situation va hériter le prochain gouvernement ?
Les casses débridées rendent plus difficile la tâche de combattre la vie chère et hypothèquent même l’avenir du pays. Les conséquences sont des pertes énormes d’emplois, la suspension de travaux en cours, la fuite de capitaux et de cerveaux qui nous font tellement besoin ! L’annulation de conférences internationales concernant Haïti et son économie déficiente... Pire, le pays est mis à l’index et il est déconseillé de le visiter et d’y investir car les biens n’y sont pas garantis. Quel nouveau bond en arrière !
Les mesures proposées par le secteur privé, par les partis politiques et les économistes arriveront peut-être à atténuer la crise, mais n’en supprimeront pas les causes. Le prochain gouvernement, s’il est rapidement installé, devra continuer pour un temps nombre de ces mesures, sachant qu’elles ne sauraient résoudre les graves problèmes de la MISERE et de l’ENVIRONNEMENT, causes profondes d’une telle situation.
Sans nul doute, le président de la République a raison d’affirmer qu’il faut investir dans la relance de la production agricole. Cela a toujours été, est et sera un IMPERATIF pour tout gouvernement à venir. Mais, on sait que l’agriculture, si elle permet de diminuer les besoins d’importations et d’améliorer le niveau de vie des agriculteurs, n’est source de richesses pour aucun pays, voir le nôtre. Partout, même en pays riches, on est forcé de la subventionner. Il faudra donc que le nouveau gouvernement, tout en subventionnant la production agricole sous des formes diverses, s’applique avec ardeur à créer les conditions indispensables à la promotion de toutes sortes d’industries de production ainsi que d’un tourisme adapté, tous générateurs de devises.
Il est évident que l’État haïtien est presque inexistant, s’appuyant sur la charité internationale et sur impôts et taxes qui appauvrissent ses citoyens. À date, les gouvernements gèrent la misère et nous enfoncent dans la dépendance.
De plus, en entrant dans la CARICOM, sans production de biens d’échanges, notre pays s’est mis la corde au cou : il devra aligner ses taxes douanières sur celles pratiquées par la Communauté caribéenne. Grand dilemme, car couper certaines taxes affecteront le Budget national et en augmenter d’autres renforceront la cherté de la vie. Nous sommes-nous demandés pourquoi nos voisins n’ont-ils pas rejoint la Caricom ? Pourquoi ont-ils choisi la voie d’Accords bilatéraux avec ces pays et ceux d’Amérique centrale ? C’est dire que la gestion du dossier Caricom sera une lourde charge pour le prochain gouvernement. Mal géré, il contribuera à aggraver la situation économique du pays.
En résumé, les 4 grands problèmes prioritaires sont :
1) La vie chère.
2) La production agricole.
3) Les accords de la Caricom.
4) Les structures de gestion du Document de Stratégie nationale pour la Croissance et la Réduction de la pauvreté (DSNCRP).
Parce qu’il répond à une vision internationale, ce programme national du DSNCRP, qui remplace le CCI, sera financé par les grandes instances internationales. C’est au sujet de la gestion de ces fonds que notre économiste chevronné, Kesnel Pharel, exprime des inquiétudes (*).
2) Dans une telle situation, quelle approche adopter ?
Le professeur Leslie Manigat dit qu’«Il y a sept Haïti, chacune opérant dans son milieu ambiant » (**). Que faire alors ? Il me semble indispensable de rechercher et d’identifier les INTERÊTS COMMUNS, les intérêts susceptibles d’unir ces 7 Haïti parce que prometteurs de mieux-être pour tous. C’est ce travail qu’a fait le Konbitisme dans le projet de Régionalisation Economique (***).
Si par bonheur le Premier ministre l’adopte, il lui faudra alors convaincre la Communauté internationale de la validité de cette approche qui ne va certainement pas à l’encontre du programme du DSNCRP, mais plutôt facilite son implémentation. D’ailleurs, les projets du ministère du Tourisme, déjà étudiés par zones, sont en fait des projets régionaux. La Régionalisation Économique lui ajoute le concept du « touris lakay », en démontrant que ce type de tourisme aidera à résorber la pauvreté par son fort potentiel d’entrées de devises, à promouvoir la production nationale et la protection de l’environnement. Il répond à la politique d’inclusion de la paysannerie, de la jeunesse et de la diaspora, tous trop longtemps exclus, dans un immense projet d’intérêts communs.
Pour démarrer la Régionalisation Économique, nous suggérons de commencer par la Région du Grand Nord, présentée par le Konbitisme comme modèle, parce que cette région, très étudiée, réunit toutes les qualités lui permettant de répondre rapidement aux exigences d’un tourisme innovateur adapté, générateur de devises. Il faut cesser de penser petits projets. Il faut conceptualiser grand, très grand, très audacieux ! Aussi, il importe de regarder la Région dans son ensemble, comme un tout à développer. Le plan global de développement de la Région est le projet à démarcher, incluant routes, sources d’énergie, sources de productions, plans d’accueil, de formation, de planification générale. Il faut être audacieux ! Il est temps de rêver grand et de réussir !
3) Comment réussir la Régionalisation Économique ?
Il est évident que la partie politique du projet doit être audacieusement préparée par le Premier ministre et son cabinet ; tandis que la partie économique sera judicieusement travaillée par des planificateurs et économistes modernes, imbus des disponibilités des pays avancés. Quant aux structures d’exécution et de contrôle elles devront être clairement établies et constituées pour assurer leur succès dans la transparence et l’efficience. Certes, il faudra beaucoup d’argent, mais nous affirmons qu’avec la volonté et la bonne foi des dirigeants et des citoyens, nous pourrons, sans nul doute, obtenir ce qui nous fait défaut.
4) Qui mobiliser ?
Il faudra :
  • Identifier et mobiliser les grands investisseurs potentiels tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, nationaux ou internationaux, et les grands bailleurs de fonds
  • Mobiliser sénateurs, députés, maires, Casec, Asec de la région…
  • Mettre en branle toutes les ressources humaines, la jeunesse et la diaspora issues de la région.
  • Utiliser les services d’un Wyclef Jean, ambassadeur apprécié et dynamique, pour capter l’intérêt tant de ses amis personnels que d’autres personnalités généreuses comme les Bill Gates, Oprah ou autre, en mettant en évidence les convaincants objectifs de résorber la misère et procurer le mieux-être à des êtres souffrants, de protéger l’environnement en péril.
5) En conclusion
Le Premier ministre ne devrait pas du tout présenter le Programme traditionnel, mais soumettre aux Chambres législatives et à la Nation un exposé clair et net précisant :
A. Les voies et moyens que le gouvernement va adopter pour combattre la vie chère
B. Les voies et moyens pour augmenter en urgence la production agricole.
C. Les ententes qu’il va faire avec la Caricom
D. Les structures qu’il va mettre en place pour implémenter le DSNCRP, surtout les structures de gestion, de contrôle et d’exécution
6) Choix du Premier ministre
En conséquence, l’issue de cette crise et la relance de l’économie du pays dépendront en grande partie du choix du Premier ministre, de sa personnalité, de ses qualités de LEADERSHIP, de sa capacité à INNOVER et de la LIBERTE qui lui sera laissée de choisir ses collaborateurs pour AGIR sans contraintes. Il faut un Premier ministre dynamique, capable de répondre aux problèmes prioritaires mentionnés, capable de convaincre la nation et la communautáe internationale de l’importance de la Régionalisation économique dans laquelle chacun trouvera son intérêt, sa place, ses possibilités de participer à la grande Kombite de développement. En attendant que cesse la division malheureusement entretenue par des articles rétrogrades de la Constitution, il ne devra pas hésiter à faire appel aux nombreux cadres techniques disponibles en diaspora, surtout aux « développeurs » capables d’aider à assurer la mise en place d’un management moderne.
Alors, Haïti se mettra enfin en route pour regagner sa dignité dans la Caraïbe ou, pourquoi pas, reconquérir la place de leadership qu’elle a toujours occupée dans l’histoire du monde.
Il ne faut surtout pas tarder à démarrer de tels programmes car ce serait la grande catastrophe ! C’est donc, pour le gouvernement, un difficile mais impératif défi à relever.
Alea jacta est !
Odette Roy Fombrun
14 avril 2008
__________________
(*) «Qui assurera la gestion des fonds du DNSCRP ?....Il faut reconnaître que le plan mis sur papier présente une fière allure, respectant les normes de management public moderne. Mais il faudrait que les joueurs sur le terrain, les membres de l’administration publique, puissent démontrer leur capacité à délivrer la marchandise. D’où l’éternelle question de capacités d’absorption » (Le Matin du 4-6 avril 2008).
(**) Le Nouvelliste du 7 avril 2008
(***) Voir la présentation du Projet REGIONALISATION ECONOMIQUE du Konbitisme.
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//L'article de Madame O. Roy Fombrun est publié dans Le Matin du vendredi 18 avril 2008.
//Le lien est le suivant:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12305
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jeudi 17 avril 2008

Haïti, 8 avril 2008: attaque contre le Palais présidentiel par des casseurs

Amies et amis internautes,

Voici quelques photos des événements du mardi 8 avril 2008.
Je remercie et salue l'ami ingénieur (internaute sur le terrain en Haïti) qui m'a aimablement communiqué le lien.
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1.- Opération ouverture barrière principale (celle située à gauche (côté Mupanah))
(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)
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2.- Ouverture barrière principale réussie

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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3.- Populace massée devant la barrière principale ouverte

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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4.- Les Forces de sécurité du Palais se dirigent vers la barrière principale ouverte

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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5.- Les Foreces de sécurité du palais se déploient sur la pelouse du Palais

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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6.- Assaillant cagoulé, muni d'un pneu et portant un T-shirt imprimée de la photo de Jean-Bertrand Aristide

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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7.- Policiers couchés au sol en position de tir

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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8.- Utilisation d'une poubelle sur roulettes par la populace enhardie

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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9.- Réponse des Forces de la Minustah appelées au secours par le Président Préval

(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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10.- Les soldats de la Minustah lancent du gaz lacrymogène pour repousser et disperser les assaillants
(Photo:Watson Joseph/Alerthaïti/8 avril 2008)

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//Source:

http://www.alertehaiti.ht/actualitedetail.php?pageNum_rsselphoto=9&totalRows_rsselphoto=10&VARdossier=834&VARidgal=509

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À la recherche d’un gouvernement

Par Claude Moise
claudemoise@lematinhaiti.com

La question à l’ordre du jour est, à n’en pas douter, la formation d’un nouveau gouvernement. Elle préoccupe tous ceux qui, à un titre ou à un autre, dans les institutions nationales et internationales, sont partie prenante de la gestion du pays. Fortement dépendante de l’aide extérieure, dont la présence de la Minustah n’est pas qu’un symbole, Haïti est l’objet de la sollicitude des principales puissances. Si, situation de crise oblige, la conférence internationale des bailleurs de fonds prévue auparavant le 25 avril a été reportée sine die, deux de ses principaux membres, la France et le Canada, ont annoncé une initiative de proposer une conférence internationale centrée sur le développement économique d’Haïti. La réunion aurait lieu l’été prochain ou à l’automne. D’ici là, on le croit, on le souhaite, le prochain gouvernement aurait déjà été formé. Le peuple haïtien, de son côté, appelle de ses vœux la formation de la nouvelle équipe gouvernementale pour que celle-ci se coltine sans délai les questions qui tenaillent son quotidien.

En attendant au pays et en diaspora, c’est à un nouveau jeu que l’on s’adonne. Toutes les spéculations sur les personnalités qui seraient pressenties pour le poste de Premier ministre sont permises. Au-delà, la répartition des portefeuilles ministériels entre les forces en jeu (partis, personnalités, blocs majoritaires, société civile) autorise de savants calculs. Quelques rappels de l’histoire de la formation des gouvernements issus de la Constitution de 1987 – en excluant la période du coup d’État (1991-1994) – pourront faire ressortir que, plus que le parcours à obstacles établi par la Constitution, ce sont les conjonctures politiques et le jeu des forces qui déterminent la désignation et la confirmation plus ou moins aisées d’un Premier ministre et de son cabinet.

Accédant à la présidence en janvier 1988 sous la surveillance ombrageuse des militaires à la suite de l’avortement sanglant des élections de novembre 1987, Leslie Manigat n’a pas eu de difficulté à confier le poste de Premier ministre à un fidèle. Il a d’ailleurs composé un cabinet ministériel à sa convenance, quitte à y accueillir un militaire en activité de service, le général W. Régala en qualité de ministre de la Défense. Certains ont mis en doute la validité constitutionnelle de cette décision selon une interprétation stricte de l’article 267. L’expérience n’a pas été concluante en raison de sa brièveté.

Jean Bertrand Aristide, dans un premier temps, à la faveur de son triomphe électoral en décembre 1990, n’eut pas à négocier son choix de René Préval comme chef de gouvernement en dépit de la configuration du Parlement d’où ne se dégagèrent ni un parti majoritaire ni une majorité présidentielle. Mais, très vite, les rapports se sont détériorés entre les Pouvoirs exécutif et législatif. Une première fracture apparut dans le mouvement lavalas. L’animosité se développa entre le secteur présidentiel et le FNCD qui avait parrainé la candidature d’Aristide. Le coup d’État de septembre 1991 a mis un frein à cette autre tentative de normalisation.

Dans un deuxième temps, de retour d’exil en octobre 1994, porté par la communauté internationale, accueilli en vainqueur, Jean Bertrand Aristide put reconstituer sans entrave un nouveau gouvernement sous la direction de Smark Michel, puis un autre avec Claudette Werley comme Premier ministre. La 45e Législature se délitait et le mandat présidentiel devait se terminer le 7 février 1996.

Élu en décembre 1995, entré en fonction le 7 février 1996, René Préval a eu, semble-t-il en raison de l’opposition de l’ex-président Aristide, du mal à choisir un Premier ministre parmi les membres de la force dominante au Parlement, en l’occurrence l’Organisation politique lavalas (OPL) dont le dirigeant principal, Gérard PierreCharles, était le favori. Finalement, Rosny Smarth fut désigné après plus d’un mois de tractations. Une deuxième fracture ne tarda pas à se produire dans le mouvement lavalas. Interpellé le 26 mars 1997 à la Chambre des députés, le Premier ministre en sortit victorieux. Mais il démissionna quelques mois plus tard. Une nouvelle épreuve se dessina pour le régime. Le président Préval ne réussit pas à faire accepter les candidatures successives d’Ericq Pierre et de Hervé Denis (deux fois). Enfin, le choix de Jacques-Édouard Alexis fut ratifié en décembre 1998, mais ce dernier ne put présenter sa déclaration de politique générale pour cause de caducité de la 46e législature le 11 janvier 1999. La crise gouvernementale aura duré de juin 1997 à janvier 1999, laissant un vide institutionnel majeur qui se sera transformé en crise politique suite aux élections de l’année 2000 fortement contestées.

De retour à la présidence en 2006, René Préval a opté pour un gouvernement pluriel dont la formation exprime plus ou moins la configuration du Parlement. C’est ce gouvernement qui vient d’être renversé alors que la répartition des forces au Sénat et à la Chambre des députés n’a subi apparemment aucune modification. Mais les conditions du départ d’Alexis, la crise alimentaire, le bouillonnement politique grandissant posent de nouveaux problèmes politiques à résoudre. Quels sont-ils ? Comment conditionnent-ils le choix d’un nouveau Premier ministre et la constitution d’une nouvelle équipe gouvernementale ?
jeudi 17 avril 2008

//Source:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12260
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mercredi 16 avril 2008

Le droit à la sanction

NDCDP.-
M. Lyonel Trouillot du journal Le Matin a bien parlé.
Il rejoint, à mon sens, le Professeur de Politique Publique, Robert Rotberg, qui disait, avant l'interpellation de M. J.E. Alexis:
«In that sense, » (c'est-à-dire, the own voice of the legislature, ou, le droit à la sanction), « it's an enormously good thing for Haiti ».

D'autre part, la Conférence épiscopale d'Haïti a résumé le sentiment de la population dans son message du 11 avril 2008. Dans le préambule, elle déclare:
« Le droit de manifester et de transmettre ses revendications s’accompagne toujours du devoir impérieux de protéger les vies et les biens, de respecter la loi et de protéger l’environnement.»

Et au point 8, la CEH ajoute:

« La CEH rappelle que si le droit de manifester est sacré, ceci n’autorise personne à porter atteinte à la vie et aux biens d’autrui. En ces sens, il est du devoir de ceux qui sont responsables de l’ordre public de protéger les vies et les biens et de sanctionner ceux qui enfreignent la Loi

Il a été rapporté dans les nouvelles qui nous venaient d'Haïti, durant la période des émeutes de la faim, que, pendant deux jours au moins, à Port-au-Prince, la population était livrée à elle même, sans défense et qu'elle était forcée de s'enfermer chez elle pour se protéger: l'État (ou son organe, le Gouvernement) était quasiment absent de la scène à ce moment-là. À mon sens, c'est aussi cela que le Sénat a sanctionné, sans le dire. Le Premier Ministre sortant n'est peut-être pas le seul responsable dans cette affaire. Aussi, pensons-nous que le Président de la République aurait, un jour, à répondre devant la population et devant l'histoire, de sa quasi-inaction durant les émeutes de la faim.

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Le droit à la sanction

Par Lyonel Trouillot


Loin de moi l’idée d’accuser, de juger, de condamner. L’histoire, le temps jugeront de l’action du gouvernement de Jacques Édouard Alexis. L’histoire, le temps jugeront de la lenteur du Pouvoir exécutif à montrer qu’il entendait, pas même qu’il écoutait, les discours revendicatifs et accusateurs qui ne pouvaient que monter le ton jusqu’à devenir clameurs.
Que nous soyons parlementaires, responsables du Pouvoir exécutif, analystes, chroniqueurs ou simples citoyens, l’évaluation ne nous appartient pas sur le temps long, nous ne pouvons qu’agir au présent, au mieux de nos capacités et de notre intelligence des choses. La raison qui guide nos actes et nos propos est celle de la vie immédiate. L’autre, celle qui entrera plus tard dans les manuels, celle du regard froid sur le réel d’antan n’appartient en propre à personne. Nous ne sommes, hélas, que de pauvres humains, pas des oracles.
Mais il est un point sur lequel je voudrais insister : c’est l’entrée de la sanction dans la vie politique, et le caractère formel, voire formaliste que prend ce droit, parfois ce devoir, de sanctionner. Caractère formel et formaliste avec des repères juridiques, la constitution et la loi. Sans nier la manifestation parfois d’excès, chez les uns comme chez les autres. Toutes les instances de pouvoir, ou plus exactement des représentants des trois pouvoirs, ont à un moment ou à un autre excédé leurs prérogatives ou boudé les autres pouvoirs. À titre d’exemple, on ne m’enlèvera pas de l’esprit que la tenue d’une réunion au Palais national par le président de la République au moment même où le Sénat délibérait sur le sort du Premier ministre est une bouderie, une banalisation d’une haute instance de la République plus digne d’un anarchisme d’adolescent que de la sérénité d’un premier mandataire de la nation. On a aussi vu, Claude Moïse le rappelait dans un récent éditorial, des excès des parlementaires. Le Pouvoir judiciaire a aussi en plusieurs fois débordé les limites à lui assignées. Il y a deux façons de mal faire dans ce domaine : dépasser ses pouvoirs ; donner des signes de mépris ou de condescendance vis-à-vis des autres pouvoirs. En cela, nos trois pouvoirs sont égaux, et je n’ai guère envie de faire le tri de leurs débordements respectifs. C’est une chose à combattre, et c’est le devoir des citoyens de rappeler à tous nos dirigeants non seulement leurs abus de pouvoir, mais aussi, quand cela se produit, leur manque de tenue. D’une certaine façon, tout citoyen haïtien a presque le devoir de se transformer en constitutionnaliste.
Cela n’enlève rien à la nécessité de la sanction. Autrefois, souvent la sanction venait d’en haut et ne frappait que les subalternes. Le grand chef décidait de sanctionner tel petit chef. Au XIXe siècle, elle venait par les jacqueries. Aujourd’hui, avec des erreurs, parfois même des grossièretés, elle vient de l’opinion majoritaire et d’instances institutionnelles. Elle ne se réalise pas de façon pure, elle a son lot de maladresses. La sanction contre la corruption proclamée par l’Exécutif est-elle aussi efficace qu’il souhaitait l’être ? Les bonnes intentions des parlementaires s’accompagnent parfois de discours ou de procédures, sinon de procédés, lapidaires. Rien n’est parfait. Mais il commence à entrer dans la vie politique le principe de la sanction. Pénale. Morale. Sociale. Chaque adjectif couvre un domaine. Il importe donc de distinguer ces domaines et de ne pas prendre une sanction pour une autre.
Trop longtemps, les dirigeants politiques haïtiens, abitid se vis, ont eu pour interlocuteurs leurs supérieurs hiérarchiques, « le blanc » et leurs partisans. De ce point de vue là, quelque chose est en train de changer. On sait désormais, ou l’on commence à savoir que la sanction existe. Haïtienne. S’exprimant parfois mal. Mais il faut compter avec elle.
J’ai dit qu’on commence à savoir qu’elle existe. Peut-être existait-elle déjà sous une forme institutionnelle. C’était hier : l’anecdote est célèbre qui rapporte les souffrances d’un ministre du Commerce soumis à la verve et aux questions d’un député du peuple. Je tairai le nom du ministre. Inutile de le réveiller dans sa tombe pour lui rappeler un mauvais souvenir. Le député, vous le connaissez, un certain Fignolé…
mercredi 16 avril 2008
//L'article ci-dessus provient du lien ci-après:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12226
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mardi 15 avril 2008

Ce n’est qu’un début …

Par Claude Moise
claudemoise@lematinhaiti.com

Il s’est passé beaucoup de choses durant la semaine qui vient de s'écouler. On a l’habitude sitôt après des événements d’entendre dire qu’il faut en tirer les leçons. Pour l’avenir. Si tant est que l’avenir est déjà dans le passé.

1.- L’explosion de mécontentement populaire prévisible et très vite infiltrée par des groupes violents dont l’objectif évident est de provoquer un chambardement général à la faveur duquel des plans politiques auraient des chances d’être exécutés. Ceux pour qui l’instabilité permanente est nécessaire au développement de leurs affaires, de leurs activités illicites traquent les points faibles du gouvernement. Ils gagnent à tout coup, s’abritant astucieusement derrière l’intérêt général, dénonçant l’inertie des dirigeants, le peu de résultat de leur action, maintenant la suspicion. L’agitation s’alimente aux provocations de rue de sorte que la démonstration est faite de l’incapacité des forces de sécurité de protéger effectivement la population. Au fait, la fragilité et l’impuissance de l’État arrangent bien des gens. Plus l’État est faible, mieux on est en mesure d’accaparer les lieux de pouvoir. Et l’État faible, dépourvu de moyens, dépendant de l’assistance étrangère, incapable de rétribuer convenablement ses fonctionnaires, ses policiers, ses juges, expose ses employés inexorablement à la corruption. Ces derniers deviennent des proies faciles pour les prédateurs, trafiquants, contrebandiers et aventuriers de toutes sortes.

Les manifestations populaires de protestation contre la cherté de la vie constituent donc la toile de fond de cette actualité. Les réactions viennent de partout. Oublions pour le moment le tapage médiatique qu’elles alimentent. Quelle a été la réponse des dirigeants?

2.- Le gouvernement semblait pris au dépourvu. Il faut rappeler que le Premier ministre, convoqué en commission parlementaire sénatoriale, les mardi 12 et mercredi 13 février, a établi un plan d’intervention d’urgence qui, s’il n’a pas complètement satisfait aux attentes des sénateurs, a été accueilli comme une bonne base de travail. C’est au lendemain de cette séance que la Chambre basse à son tour prit l’initiative d’interpeller le gouvernement. La motion de censure présentée au terme du débat a été rejetée par la majorité des députés.

Un mois s’est donc écoulé entre l’interpellation et le déclenchement des manifestations dans le sud. Le gouvernement a-t-il tardé à mettre en application les mesures adoptées ? A-t-il sousestimé l’ampleur du mécontentement ? A-t-il négligé d’intervenir auprès des populations par une campagne d’explication efficace ? Toujours est-il que le développement de la situation lui a effectivement échappé et que, passant du sud à la région de la capitale, la violence s’est généralisée au point d’affoler de nombreux citoyens. Ces derniers attendaient une réaction énergique de la part du gouvernement pour contenir l’action des casseurs, mais la gestion précautionneuse de la répression par les forces de sécurité a valu à ces dernières les félicitations du président de la République et du Premier ministre. De plus, le message du chef de l’État très attendu a laissé plus d’un sur leur faim. M. Préval a négligé de mettre l’accent sur le programme d’urgence élaboré par le gouvernement au profit de solutions à long terme. Ce qui lui a valu de sévères critiques.

3.- Là où la situation commençait à devenir malsaine au niveau des institutions du pouvoir central, c’est l’ahurissante intervention de 16 sénateurs qui ont adressé une lettre au Premier ministre pour le menacer d’une interpellation s’il ne démissionne pas dans les 24 heures. Les parlementaires ne sauraient être des pétitionnaires. Ils exercent leur pouvoir dans leur assemblée respective. L’initiative des sénateurs signataires de la lettre est un outrage à la République. Cela équivaut à un chantage sur la personne du chef du gouvernement. Qu’est-ce qui les empêchait de délibérer sur la question et de prendre une décision en bonne et due forme? Il est vrai que ce Sénat n’est pas à une initiative douteuse près. Que l’on se rappelle la résolution nuitamment concoctée à l’occasion de l’Affaire de la Socabank. Il en est de même de l’Affaire du sénateur Boulos. La même majorité qui avait élu ce dernier à la vice-présidence du grand corps au moment même où le débat faisait rage dans l’opinion sur la double nationalité de ce dernier est celle-là même qui l’a déboulonné au terme d’une résolution dont le bien-fondé constitutionnel est largement contesté.

On remarquera que, dans chaque cas, la décision du Sénat donne lieu à des controverses. Aujourd’hui également, des voix se sont élevées pour contester aux sénateurs le droit d’interpeller le Premier ministre en vertu de l’article 129-6, après l’interpellation par la Chambre des députés où la motion de censure avait été rejetée. Il s’agit dans chaque cas d’interprétation unilatérale de clauses constitutionnelles dont la formulation prête à confusion. Or le Sénat n’a ni le pouvoir d’interpréter la Constitution ni le privilège de s’ériger en tribunal, sauf lorsqu’il est transformé en Haute Cour de Justice.

4.- Si chacun des grands pouvoirs de l’État se met à interpréter la Constitution selon son bon vouloir, on est loin de la normalisation institutionnelle espérée. Si, par exemple, l’Exécutif s’était rebiffé et avait prévalu de sa propre interprétation de l’article 129-6, qu’est-ce qui se serait produit? Le blocage institutionnel. Le brouillage du jeu politique et l’affrontement des partis. Le chef de l’État et le Premier ministre ont dû choisir de ne pas aggraver la crise. Car, dès lors que les signataires de la lettre comminatoire s’étaient avancés et lancés dans des agitations médiatiques, la lutte de pouvoirs avait déjà pris un tour dramatique sur fond de désordre généralisé que les groupes stipendiés n’auraient pas manqué d’alimenter. Aussi, comprend-on que le chef du gouvernement, dont la mise à mort était déjà programmée, se soit présenté et adressé brièvement aux sénateurs, un geste de respect au moins de l’institution dont ces derniers devaient garantir la dignité.

5.- Mais ce n’est pas terminé. Ce n’est qu’un début. Un autre champ de bataille est ouvert. Un sénateur d’un parti régional a appelé ses collègues à serrer les rangs pour la suite. Entendons, le partage du pouvoir. Le processus constitutionnel de la formation du gouvernement n’est pas de tout repos.

6.- On me permettra, pour terminer, de saluer le départ de Jacques Édouard Alexis. Travailleur acharné, serviteur dévoué, dirigeant courageux, je le tiens, jusqu’à preuve du contraire et malgré ses déboires politiques et ses échecs, pour un homme honnête qui a servi son pays au meilleur de ses capacités. J’aimerais tellement pouvoir en dire autant, à l’occasion, de ceux et celles qui ont planifié «la mise à mort d’un gouvernement inoffensif ».

mardi 15 avril 2008

//L'article ci-dessus provient du lien ci-dessous:

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http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=12189

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NDCDP.-

Le Coin de Pierre ne partage pas le point de vue du Professeur Moïse sur le renvoi du Premier Ministre Alexis et de son gouvernement par le Sénat. Rappelons ce qu'a dit (*) Monsieur Robert Rotberg, professeur associé de Politique Publique à la John F. Kennedy School of Government de l'Université Harvard, avant le vote de censure : «... a no-confidence vote would be a serious blow to Preval...» Et il a ajouté: « Ironically, this was only happening because Preval had opened up democracy in Haiti to a far greater extent than before and given the legislature its own voice. In that sense, it's an enormously good thing for Haiti ».

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(*) Voir sur le Coin de Pierre, la dépêche de Joseph Guyler C. Delva:

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http://jfjpm.blogspot.com/2008/04/haitian-senate-poised-to-fire-prime.html

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Quatre cent cinquante mille (450 000) tonnes de riz en Haïti à produire : un rêve ou un leurre !

Par Michel William, agronome

Source: Stanley Lucas


Lorsqu'on est président, on est vraiment emprisonné par un cercle d'amis qui vous conduisent à votre perte. Qui aurait cru qu'on emmènerait le président à prendre l'exemple du riz, quand l'organisme officiel de l'Etat placé pour encourager la culture du riz, l'ODVA, se retrouve dans un état de dysfonctionnement. En effet depuis plus de 10 années, l'ODVA qui demande un budget de fonctionnement de 257 million de gourdes rien que pour nettoyer 189 kilomètres de canaux et drains principaux ayant 5 à 7 mètres de profondeurs, 115 kilomètres de canaux et drains latéraux, 1082 kilomètres de canaux et de drains secondaires et tertiaires, à coté de 338 kilomètres de routes secondaires, ne reçoit que 30 millions de gourdes. Cette structure ainsi que les structures départementales du MARNDR, placées pour exécuter la politique du MARNDR sont dans un état lamentable, résultat d'une confusion dans le choix des priorités politiques du gouvernement. Elles ont été réduites à de simples figurines au profit des ONGs qui ont reçu tout le financement qui était destiné à leur fonctionnement.

Qui aurait cru qu'en ces moments de contestation nationale d'une politique qui a déçu tout le monde, il y aurait un conseiller pour suggérer au président de même effleurer le nom de lait à GOGO qui est la négation même de la direction de la production animale appelée pourtant à faciliter l'exécution de la politique du gouvernement en matière d'élevage. L'exemple du riz et celui de lait à GOGO pris par le président pour relancer la production nationale, montre à quel niveau il est emprisonné par un groupes d'amis qui ne songent qu'à leurs intérêts dans les moments les plus critiques de la politique du pays. Cette équipe de conseillers persiste à contribuer à faire mentir le président à la nation à la manière des hommes de Goebel qui disaient : " mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ".

Essayons de voir plus claire dans ce qu'a dit le président tout en lui reconnaissant le bien fondé de sa proposition qui reste une proposition de long terme, moyennant que les dispositions structurelles de renforcement institutionnel soient prises dès maintenant pour concrétiser dans un délai de huit à douze mois en terme de plan, programmes et projets les idées du président, qui, a -t-il fait remarquer ne sont pas des promesses mais des propositions de travail.

1-Les zones rizicoles d'Haiti mesurent 38.750 has reparties comme suit :

Nord-Ouest :Berger, Rivière Salée, Bonneau, Denis, Meance, Fonds Roquefort 1000 has
Versant sud mer Caraïbes : St louis du Sud, Plaine des Cayes, les Anglais 2.250 has
Versant Sud golfe de la Gonâve : Petit Goave, Orouck, Petite Rivière de Nippes ,Fond des Nègres 3.500 has
Département du Nord : Limbe, Plaine du Nord, Grison Garde, St Raphael 4.000 has
Vallée de l'Artibonite : 28.000 has.

2-Production de riz
Les chiffres avancés par le Président de la République font état d'une production de 90.000 tonnes de riz blanc. Si on accepte que l'on fait deux récoltes par an sur 80% de ces terres , la superficie est doublée soit 38.750X 80% X 2 , ou 62.000 has. Le rendement national moyen devient 90.000t/62.000 has ou 1,45 T/ has. La vallée de l'Artibonite est responsable de 75% de la production ou 67.500 tonnes .

La situation des terres irriguées dans la vallée de l'Artibonite

La vallée de l'Artibonite compte 45.000 has dont 32.000 has irrigables et 13.000 non irrigables. Des 32.000 irrigables il ya 28.000 has « irrigués » qui sont plantés en riz .La production du riz dans la vallée varie avec la disponibilité de l'eau offerte par l'EDH à partir de l'exploitation électrique du Barrage Péligre et se fait suivant deux saisons.

Une grande saison qui permet d'irriguer 15 à 20.000 has et une petite saison qui permet l'irrigation de 10 à 12.000 has. Le rendement à l'ha varie d'une zone à une autre avec l'aménagement hydro agricole qui a été fait et selon le pourcentage du paquet .technologique appliqué. 5.160 has bien irrigués et drainés avec un paquet technologique complet incluant le crédit produisent 4,20 T de riz blanc /h. 6.450 has plus ou moins irrigués et drainés avec un paquet technologique diminué et le même crédit produisent 2,74 T/ha. 16.383 has irrigués mal drainés sans crédit produisent 1,39T /has.
En expérimentation sur la ferme de Maugé, le PIA a atteint 6,4 Tonnes/ha. Ce paquet ne peut être appliqué par les riziculteurs dans les meilleurs terrains à cause de l'inexistence du crédit et de la structure officielle pour l'organiser.

Le politiquement correcte de la parole du Président

Le président Préval , parlant dans un contexte d'émeutes de la Faim, a dit que le pays peut produire les 450.000 tonnes de riz en Haiti sur 62.000 has , ce qui revient à produire le riz avec un rendement de 7,25 T de riz à l'ha. Nous disons que c'est du politiquement correcte mais c'est loin d'être faisable sur le terrain, parce que dans les meilleurs moments de l'ODVA, l'organisme arrivait à irriguer correctement à peine 10.000 has de terre que soutenaient un crédit moyen et un montage institutionnel fort à l'époque de Réné Destin et vers le commencement de la Gestion de André Victor.
Aujourd'hui ODVA se voit accordé un budget de 30millions de gourdes sur 257 millions demandés, le crédit n'existe pas ,le personnel d'encadrement est peu efficace, en raison de l'inexistence de budget. Des canaux et des drains ont plus de vingt ans depuis qu'ils ne sont pas nettoyés. Pour réhabiliter 17.000 has, la BID a mis 10 ans pour faire ce travail, 5 années d'étude et cinq années d'exécution. Il reste 13.000 has qui attendent un travail de réhabilitation qui n'est même pas étudié encore.

Les crues du fleuve Artibonite devenues très fréquentes avec trois à quatre cyclones à l'année causent des dégâts dans tout le système d'irrigation y compris dans la partie en train d'être réhabilitée et pour laquelle les fonds ne sont pas prévus si un dommage quelconque se produirait. La berge Gauche du Barrage Canot responsable de l'irrigation des 28.000 hectares menace de s'effondrer avec les prochaines pluies entrainant avec lui la destruction du barrage de Canot et la destruction complète du système d'irrigation de l'ODVA. Le PIA ne peut réparer cette dernière partie parce qu'elle n'était pas prévue dans le projet BID.Si le gouvernement n'arrive pas à gérer le quotidien, dans combien de temps, et avec quel moyen ,il compte rendre le pays autonome en terme de consommation de riz.

Qui dans le gouvernement a pu conseiller au président Préval d'avancer une telle stupidité dans un message à la nation pour calmer des esprits chauffés par la famine et la vie chère. On a fait commettre au Président la même erreur en le laissant mentionner le nom de lait à GOGO qui est le corollaire de la destruction du programme d'Etat de la production animale. En d'autre termes, si le Veterimed disparaissait maintenant le MARNDR aurait trouvé un sursis pour restructurer la direction de la production animale et la production laitière en encadrant 10 à 20.000 éleveurs au lieu des 200 éleveurs d'échantillons de VETERIMED qui ne fait que masquer le problème réel en permettant à l'état affaibli de se cacher derrière cette ONG et de fuir sa tâche régalienne de promouvoir la production du lait dans tout le pays.

Nous accueillons favorablement les idées de subvention de la production agricole nationale. Elles ne pourront se faire qu'à moyen et long terme. Elles ne pourront se faire qu'en mettant à leur vraie place les ONGs. Elles pourront se faire lorsque dans chaque section communale toute la structure administrative des pouvoirs déconcentrés et décentralisés seront mis en place dans le communes et dans les sections communales pour garantir la sécurité des investissements. Aujourd'hui nous attendons un mot économique du président sur les produits stratégiques comme les œufs, le poulet de chair, l'huile, en terme de subvention même pendant un mois . Nous attendons du président un mot politique pour redonner confiance à la nation dans un gouvernement qu'elle n'a pas vu encore à l'œuvre.

Agronome Michel William
10-04-2008