samedi 29 décembre 2012

Histoires d'objets: l'ingénierie du soutien-gorge et plus ...

Le présent article va vous fournir un lien vers une émission de Radio-Canada sur le soutien-gorge.

On a observé que la taille moyenne du soutien-gorge a augmenté.

Des  hommes de différentes générations opinent sur les soutiens-gorge.

Un journaliste vous entretiendra à propos de sa visite du siège social de Wonderbra à Montréal. On vous apprendra que le soutien-gorge compte une trentaine de morceaux. Sa conception serait-elle aussi complexe que celle d'un pont ou celle d'un gratte-ciel ?

Sans plus attendre, cliquez sur le lien suivant pour écouter l'émission:

Radio-Canada/Histoires d'objets: le soutien-gorge, 14 février 2012, durée: 51 minutes

mardi 9 octobre 2012

Au secours, je suis amoureuse d'un gigolo !

Source:  plurielles.fr, 11 février 2010
Par Saliha Hadj-Djilani
 

Nul besoin d'être une vieille dame édentée ou une riche héritière pour tomber sur un gigolo ! Ils peuvent dépouiller toute fille aveuglée par l'amour ! On vous aide à les démasquer...

Le profil type du gigolo

Les gigolos modernes sont généralement des garçons beaux à se damner. Ils savent parler aux femmes et les faire fondre en quelques secondes. De grands séducteurs devant l'éternel qui maitrisent parfaitement l'art de la manipulation. Et on y voit que du feu ! Celui de la passion évidemment.

De véritables romantiques, pense-t-on. Ils savent si bien jouer la sérénade à leur belle...Poèmes, chansons personnalisées, déclarations enflammées à la Roméo. Tout est bon pour faire craquer leur jolie proie.

Ils n'ont d'yeux que pour vous, disent se moquer de l'argent, veulent vivre d'amour et d'eau fraîche. C'est tellement beau qu'il est quasi impossible de leur résister !

Vous avez vraiment envie d'y croire au lover rebelle parce que vous êtes déjà amoureuse !
Mais tout est allé si vite... Et vous avez parfois l'impression étrange qu'il profite de vous.

Comment en avoir le cœur net ?

Les signes qui ne trompent pas

- Il n'a jamais vraiment travaillé et dès que vous évoquez le sujet, il est fuyant. Bizarre.

- Ca fait à peine quelques semaines que vous sortez ensemble et il veut déjà s'installer chez vous. Par amour, dit-il. Mais en réalité, ça fait plusieurs mois qu'il ne paie plus son loyer et son propriétaire vient de le mettre à la porte.

- Il vous invite au restau mais au moment de l'addition, il n'a jamais de liquide sur lui, a oublié sa carte bleue, n'a plus de chèques.... Bien sûr, vous payez. Le hic c'est que ça arrive très régulièrement.

- Vous découvrez qu'il doit de l'argent à ses amis ou à des ex.

- Il adore le luxe, les vêtements de marque, aime faire la fête dans les endroits très branchés sans dépenser un sou. Normal, c'est encore vous qui mettez la main au porte-monnaie... Il vous promet qu'il va vous rembourser dès qu'il aura trouvé un travail. Mais pour cela, encore faudrait-il qu'il en cherche du travail !

- Votre banquier vous appelle parce que vous êtes sérieusement dans le rouge. Vous n'avez jamais dépensé autant d'argent d'ailleurs. Il ne comprend pas. Il semblerait que votre nouveau Jules commence à vous coûter très cher....

Si vous reconnaissez votre chéri dans deux ou plus de ces signes, prenez vos jambes à votre cou !

Comment s'en sortir ?

Se débarrasser d'un gigolo n'est pas si facile... C'est une véritable sangsue qui a besoin de vous pour mener la grande vie, sans se fatiguer. Vous l'avez trop bien habitué alors il est prêt à tout pour garder ce petit confort quotidien.
Même si vous le laissez tomber de la façon la plus odieuse qui soit, il fera tout pour vous récupérer.
Sa meilleure arme ? Vous regarder avec des yeux de chien battu en vous jurant qu'il vous aime sincèrement. Ne tombez pas dans le panneau. Dès que vous lui aurez accordé votre confiance à nouveau, le naturel reviendra au galop et il se pourrait bien qu'il finisse par vous ruiner pour de bon, cette fois !

S'il ne veut rien entendre, voici deux astuces pour avoir la paix définitivement:
-Coupez-lui les vivres: il finira par partir de lui-même
-Présentez-lui une fille plus riche que vous. Il devrait assez vite tomber amoureux d'elle. Comme par hasard.

dimanche 26 août 2012

Pour dire «Au Revoir à M. André Robert et M. André Jean»

Source : lenouvelliste.com, 21 août 2012

Par Adeline P. Malette,  Lycée de Jeunes Filles (1947-1954)

J’ai appris avec beaucoup de tristesse la mort de deux éminents professeurs : André Robert et André Jean. Ils ont quitté cette terre à quelques jours d’intervalle, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit.

J’ai eu le privilège de rencontrer ces deux hommes remarquables au lycée de Jeunes Filles; André Robert enseignait les mathématiques et André Jean le latin.

Professeur de mathématiques en troisième et seconde, Maître Bob, comme on l’appelait ordinairement, avait une attention spéciale pour les élèves de la section B du lycée. «Vous êtes des élèves modèles» ne cessait-il de répéter. Élèves du Lycée de Jeunes Filles, nous n’avions rien de spécial, nous étions à l’école pour nous instruire et nous étions studieuses. Nous avions d’excellents professeurs – en français, physique, chimie, anglais, etc. – des hommes et des femmes dignes d’éloges.

Monsieur Jean a cheminé avec nous de la sixième – aujourd’hui septième année fondamentale – jusqu’à la classe de rhéto. Je revois le directeur du lycée accompagné d’un jeune homme un peu frêle, entrer dans la salle de classe, «Je vous présente M. André Jean, votre professeur de latin» nous dit-il. Monsieur Jean avait en face de lui une trentaine d’adolescentes le visage attentif. Il nous dévisagea quelques secondes puis prit un bâton de craie et commença son cours.

Pendant six années consécutives cet excellent pédagogue nous a appris à aimer le latin. Il ne cessait de rappeler le plaisir qu’il éprouvait à dispenser ses cours à des élèves avides de savoir.

Après les études secondaires, je perdis de vue les professeurs et les élèves du lycée. Des années plus tard, quand je sus que mes deux anciens professeurs dirigeaient un Collège à l’Avenue John Brown «Le collège Classique d’Haïti», je voulus les revoir. Ce furent de vraies retrouvailles, nous avons évoqué les bons moments passés au lycée. Ce n’était plus l’élève qui visitait ses professeurs mais des amis qui s’étant perdus de vue, se retrouvaient. Je les ai revus, des années plus tard, à l’Avenue Jean Paul II dans un beau bâtiment que le séisme du 12 janvier 2010 détruisit. Après cette catastrophe, ils paraissaient découragés et avaient du mal à retrouver leur joie d’antan.

Quand j’ai su que la Fondation Digicel, dans un élan de solidarité, avait reconstruit le bâtiment du Collège Classique d’Haïti, je m’empressais de visiter mes chers anciens professeurs. Ils me reçurent avec joie. Je me réjouis qu’ils aient eu l’opportunité de revoir leur collège «debout». J’entends encore le discours de Monsieur Jean, prononcé avec beaucoup d’émotion le jour de l’inauguration du nouveau bâtiment.

Hommes intègres, hommes de devoir, André Jean et André Robert ont inculqué à des générations de jeunes l’amour de l’étude.

J’ai entendu Monsieur Jean dire au Seigneur : «Je ne peux pas laisser Bob partir seul. Pendant plus d’un demi-siècle nous avons travaillé ensemble, nous avons partagé nos déceptions, nos soucis, nos joies, je ne peux pas le laisser partir seul».

Le Seigneur de répondre «Vas-y, accompagne ton ami».

Je les vois marchant allègrement, le cœur léger, la conscience tranquille, heureux d’avoir rempli jusqu’au bout la mission qui leur a été confiée.

André Robert et André Jean, merci pour ce que vous avez été pour les jeunes qui ont eu la chance de croiser votre chemin.

Au nom de mes compagnons du lycée, je vous remercie pour votre patience, votre bienveillance. Merci de nous avoir inculqué le goût du travail bien fait.

Vos noms ne sont pas inscrits au tableau d’honneur du ministère de l’Éducation nationale, mais ils sont gravés au cœur de chacun de nous.

Vous avez bien rempli votre journée! Un cortège d’anges vous accompagnent vers la maison du Père.


Bonne route vieux frères, mes prières vous accompagnent.

 

vendredi 17 août 2012

Haïti/ Le Campus Roi Henri Christophe à Limonade - Université d'État d'Haïti (CRHCL-UEH)

Mise à jour: 18 août 2012

Par Dr. Pierre Montès


Le CRHCL
J'ai écouté attentivement l'entrevue de Monsieur Jean-Marie Théodat sur Vision 2000 avec Valéry Numa. Monsieur Théodat était l'Invité du jour ce vendredi 17 août 2012. Il est Docteur en Géographie (Paris); il est l'actuel Président du conseil de gestion de quatre membres qui dirige le Campus Roi Henri Christophe à Limonade - Université d'État d'Haïti que je désignerai ici sous le sigle CRHCL-UEH, ou plus simplement CRCHL.
Le CRHCL servira de prototype (ou laboratoire) à l'UEH.

Le CRHCL est une institution publique qui fait partie de l'Université d'État d'Haïti. Les conditions d'admission à l'UEH sont les mêmes qu'au CRHCL.

L'ouverture officielle des cours de Première année aura lieu le 8 octobre 2012, jour anniversaire de la mort du Roi Henri. Mais le CRHCL accueillera les étudiants  un mois plus tôt (septembre).

On veut accueillir 1 500 étudiants en Première année, dont les deux tiers seraient dirigés vers les filières technologiques et le tiers vers les sciences sociales et humaines. On vise également un corps professoral de 150 professeurs. On veut lancer sur le campus, dès le début de septembre, la construction d'une résidence pour les étudiants et d'une résidence pour les professeurs pouvant abriter respectivement 200 étudiants et 50 professeurs.

Le CRCHL dispose d'un fonds de démarrage de 60 millions de gourdes (1,5 M$).
Les frais d'inscription exigés à chaque étudiant est de 500 gourdes comme pour l'UEH. Il n'y a pas d'autres frais prévus.

Plusieurs questions me sont venues à l'esprit au cours de l'audition de cette entrevue. J'énoncerai un certain nombre un peu loin.


Une première interrogation

Est-ce que le CRHCL est prêt pour recevoir les étudiants inscrits ?

Monsieur Théodat répond par l'affirmative. Les salles de cours, la bibliothèque, le matériel seraient déjà prêts à fonctionner.


Une deuxième interrogation

Le gestionnaire Jean-Marie Théodat parle d'un dépliant qu'a publié le CRHCL à l'occasion de l'ouverture prochaine. Mais le CRHCL a-t-il un annuaire, c'est-à-dire un livret contenant les règlements, les différents programmes offerts, la liste des cours, la description des cours, le cheminement des cours dans chaque programme, etc ? 

Monsieur Théodat n'a pas parlé d'un tel document qui devrait être le fruit d'un long travail de conception et d'analyse mené en équipe par l'ensemble des responsables académiques de l'université. Je me demande si la préparation d'un tel document est suffisamment avancé pour justifier l'ouverture imminente des cours au CRHCL.


Un article de Jean Merveille

Dans un article de 7 pages intitulé: "Quels programmes d'études pour le Campus Roi Henry Christophe de l'Université d'État d'Haïti ? ", et posté sur le site Web de l'ADIHA (Association des Ingénieurs Haïtiens et Américains, adiha.org), Jean Merveille (que je ne connais pas), exprime clairement ce qu'il faudrait faire en 10 points auxquels est annexée une liste de 18 programmes (au lieu de 21, car je me permets de suggérer de réunir les quatre (4) programmes de génie hydraulique, de génie civil, de génie sanitaire et de génie des transports sous un seul programme de génie civil avec des orientations en dernière année dans différentes spécialités incluant celles qu'il a mentionnées sans s'y limiter). Bien sûr il y a quelques points de détail sur lesquels je ne suis pas complètement d'accord avec l'auteur. Mais son article traduit bien la position que j'exprime publiquement sur ce sujet depuis des années, et,  l'auteur a pris la précaution de mentionner dès le début qu'il s'agit d'un document provisoire.

L'approche de Jean Merveille épouse clairement le modèle nord-américain. J'aime beaucoup ça.
Au point 9 de son document, on lit ceci:

«À terme, la nouvelle université nationale d'Haïti devrait être en mesure de dispenser un enseignement de qualité au moins comparable à celle d'autres centres d'enseignement supérieur dans la région de l'Amérique latine et des Caraïbes. Le régime pédagogique s'alignera en grande partie sur celui d'Amérique du Nord considéré comme l'un des meilleurs pour sa simplicité, sa souplesse et son efficacité, avec ses trois cycles et son système de crédits. »


Une troisième interrogation

Le CRCHL optera-t-il pour l'approche nord-américaine ou pour l'approche française ?

À entendre parler le Dr. Théodat, je reste avec l'impression (jusqu'à preuve du contraire) que le CRHC-UEH semble opter pour un régime pédagogique calqué sur celui de la France. Je sens qu'il aurait été décidé, encore une fois en Haïti, de continuer d'essayer  d'utiliser le modèle universitaire français, sans tenir compte de ce qui se fait en Amérique du Nord. En effet, le gestionnaire Théodat parle de L.M.R. (Licence, 3 ans; "Mastère", 2 ans; Doctorat, 3 ans): c'est en tout cas, le vocabulaire utilisé dans le système universitaire français. Il reste à voir la description des programmes pour  confirmer ou non notre première impression.

Au lieu d'avoir les yeux tournés seulement vers la France, l'UEH et le CRHCL auraient intérêt à prendre un virage et essayer le système nord-américain comme le préconise Jean Merveille.


Quelle entité contrôlera la qualité de l'enseignement supérieur au CRHCL et dans les autres institutions supérieures et universitaires de la République ?

Il s'agit ici d'un nouvel organisme de contrôle à mettre en place. Il est prévu dans la Constitution de 1987 amendée. En effet l'article 211 se lit désormais comme suit:

« Il est créé un organisme public chargé de la régulation et du contrôle de qualité de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique sur tout le territoire. Cet organisme exerce son contrôle sur toutes les institutions publiques et non publiques travaillant dans ces deux domaines. Chaque année, il publie un rapport sur la qualité de la formation et établit une liste des institutions performantes. La loi détermine la dénomination, fixe le mode d'organisation et de fonctionnement de cet Organisme.»

Nous souhaitons la mise en place de cet organisme dans les meilleurs délais. Il viendra définir au préalable les critères auxquels doive satisfaire chacun des programmes d'études universtaires et vérifiera périodiquement le respect de ces critères par chacune des institutions universitaires dont le CRCHL.
Dans le processus de création et de mise en oeuvre d'un tel organisme, on pourra s'inspirer de ce qui se fait en Amérique du Nord, au Canada par exemple: il ne sera pas nécessaire de réinventer la roue.  

lundi 13 août 2012

Un échantillon représentatif de mes résultats scolaires au primaire et au secondaire

Mise à jour: 16 août 2012

Par Dr. Pierre Montès

«Si une personne au monde maîtrise un savoir, presque toutes les autres personnes le peuvent si on leur donne les conditions d'apprentissage appropriées.»

Cette affirmation est attribuée à Blum. Une directrice d'école primaire à Montréal, à qui je disais que je faisais de cette affirmation mon credo, m'avait alors dit qu'elle traduisait parfaitement la pensée d'Alain.


On trouvera ci-après quelques résultats obtenus au cours de mes études primaires et secondaires à Port-au-Prince, Haïti, entre 1958 et 1970. Il y sont présentés en huit images.

1) Les deux premières images se rattachent aux études primaires à l'École République du Libéria: 3e trimestre des cours Préparatoire II (11e) et Moyen I (8e). Les résultats que j'avais obtenus de mois en mois et d'année en année, de la 11e à la 7e, entre 1958 et 1963, ressemblaient à ceux montrés sur ces deux images. En général j'étais le premier de la classe. La deuxième place était généralement disputée par trois ou quatre camarades: Éric Sénat ou Henri-Victor Beaulieu et parfois Litz Domingue ou Kénel Antoine, de la 11e à la 7e. Il m'arrivait très rarement de perdre la première place (environ deux fois en 5 ans).

2) La troisième image contient les résultats semestriels au Lycée Anténor Firmin en classe de 6e .(*)

3) La quatrième, la cinquième et la sixième contiennent les résutats de fin d'année en 5e, 2e et 1ère (Rhétorique) respectivement au Collège Classique d'Haïti. Les résultats que j'avais obtenus de mois en mois et d'année en année, de la 5e à la 1ère, entre 1964 et 1969, ressemblaient à ceux montrés sur ces trois images. En général j'étais le premier de la classe. La deuxième place était disputée par trois ou quatre camarades; mais assez souvent, mon ami Keller Roc arrivait en deuxième place. Il m'arrivait très rarement de ne pas occuper la première place (quelques mois en 5e à mes débuts au CCH et une ou deux fois au cours des quatre années suivantes).(**)

4) La septième image est celle qui contient les résultats obtenus aux premier et deuxième trimetstres en classe Philo au CPRA en 1969-1970, le CCH n'ayant pas de classe de Philo à ce moment-là.

5) La huitième image contient les résultats des examens officiels du Baccalauréat 1ère partie (juillet 1969) et du Baccalauréat 2e partie (juillet 1970).
Aux examens du Baccalauréat 2e partie (Philo C), je fus classé premier (le lauréat) parmi l'ensemble des candidats de Philo de la République entière ! Et la même année (octobre 1970), je fus aussi Lauréat au concours d'entrée en Année Préparatoire à la Faculté des Sciences.
Ma performance aux examens du Baccalauréat deuxième partie ne fut pas soulignée dans les journaux de la Capitale comme c'était généralement le cas dans le passé. Cependant, lorsqu'au début de septembre 1970, je suis allé chercher une attestation de ma réussite au baccalauréat au local du Ministère de l'Éducation Nationale, au Bi-centenaire, j'ai croisé le Directeur Général de l'enseignement secondaire de l'époque, maître Gérard André (un ancien directeur du Lycée Toussaint Louverture où avait travaillé l'une de mes soeurs, et, un ami de la famille). Maître André, m'ayant reconnu parmi la foule d'étudiants venus chercher leur attestation de réussite, s'est alors arrêté pour me dire à haute et intelligible voix: «Pierre, tu m'as prouvé que tu es vraiment le plus fort». En effet, quand j'ai terminé la classe de 4e au CCH, promu en classe de 3e, il m'arrivait, pendant l'été 1966, de prendre de l'avance en étudiant les mathématiques du niveau des classes de 3e et de 2e. Alors, Maître André ne manquait pas de m'exhorter à faire autres choses pendant mes vacances; je lui avais alors répondu sans ambages: «J'étudie pour être sûr d'être plus fort que chacun des étudiants du monde entier qui sont arrivés au même niveau scolaire que moi». Quatre ans plus tard (1970), il se souvenait encore de cette affirmation hasardeuse. 
 
 
 

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À lire aussi:


samedi 11 août 2012

Lycée Anténor Firmin (Haïti) / Mon Bulletin en classe de 6e (secondaire 1) en 1963-1964

Par Dr. Pierre Montès

Dans mon hommage aux codirecteurs du Collège Classique d'Haïti (1), j'ai parlé de mon passage au Lycée Anténor Firmin où j'ai fait la classe de 6e en 1963-1964.

Les deux images suivantes sont tirées de mon bulletin (carnet scolaire) au lycée.

La première image montre, d'un côté, un extrait des règlements, de l'autre, la première page du belletin où sont indiqués: mon nom, mon prénom, l'année académique, ma classe.

La deuxième image  contient les résultats (cotes, totaux, moyennes, classement) que j'avais obtenus aux examens du premier et du deuxième semestres. On y voit la signature du Directeur, Maître Léonard Dubuisson. On voit clairement en grandes lettres manuscrites que j'étais bien admis en classe de 5e II à la fin de l'année scolaire 1963-1964.



Image 1.- Bulletin de Pierre Montès au Lycée Anténor Firmin
en classe de 6e III, année 1963-1964
Extrait des règlements et première page





Image 2.- Bulletin de Pierre Montès au Lycée Anténor Firmin
en classe de 6e III, année 1963-1964
Résultats aux examens semestriels



J'avais passé une mauvaise année de 6e au lycée: c'était l'annus horribilis (2). Malgré tout, j'ai eu de très bons résultats aux examens de fins de semestre. On voit en effet qu'aux examens des deux semestres, j'étais bien premier de la classe et que j'étais bien admis en 5e II. Aux examens du deuxième trimestre, j'étais non seulement premier de ma classe, mais l'un de mes professeurs m'avait alors confirmé que j'étais le premier des premiers de tout le lycée ! Un tel événement s'était déjà réalisé dans le passé, à quelques occasions en classes primaires.  Je suis certain que, au Lycée Firmin, un tel événement a dû aussi retenir l'attention du Directeur Léonard Dubuisson. Je ne me rappelle pas avoir reçu aucun prix pour avoir réalisé cet exploit, sauf quelques compliments et mots d'encouragement de la part de quelques rares professeurs.

En octobre 1964, les cours reprirent au lycée. J'entrai en classe de 5e II. Auncun appel nominal ne fut fait durant le mois d'octobre, ni au début du mois de novembre, si je me souviens bien.

Vers la première semaine novembre 1964, le Directeur du lycée, Maître Léonard Dubuisson se présenta dans notre classe de 5e II avec une liste: celle des élèves de la classe de 5e II. Il procèda à l'appel nominal. Environ une douzaine d'élèves de la classe incluant moi-même dont les noms ne figuraient pas sur la liste de Maître Dubuisson furent chassés de l'École. En créole, on appelle les jeunes qui sont dans cette situation des «dasomans» (voyez-y le mot français «assaut» et le mot anglais «man»); cela signifie des intrus qui se trouvent dans un lieu (école, cinéma, bal, mariage, etc.) sans y être admis ni invités.

Vous avez compris: le premier de la classe de 6e III en juin 1964 a été chassé du Lycée en classe de 5e II en novembre 1964 par le Directeur en personne car son nom ne figurait pas sur les listes d'élèves du Lycée ! C'était incroyable, mais c'était vrai: la vérité du Directeur du lycée, Maître Léonard Dubuisson.

Je n'ai jamais su ce qu'il était advenu des autres camarades qui avaient été chassés en même temps que moi.

Je retournai à la maison en pleurant. Je m'étais dit que j'allais prendre mon bulletin à la maison, l'amener au Directeur Dubuisson, et ainsi le convaincre que j'avais été bien admis en classe de 5e II en juin 1964. Mais les choses ne sont pas passées comme je les avais imaginées. 

Dieu place toujours sur votre chemin un bon samaritain à qui il confie la mission de vous aider à poursuivre ce chemin.

En ce début de novembre 1964, ce bon samaritain, était le cher frère Pierre E. Leury, Directeur de l'École République du Libéria où j'avais fait de brillantes études primaires (1958-1963).

Le lendemain de mon renvoi du Lycée Firmin par Maître Dubuisson, je suis allé voir le frère Pierre pour lui raconter ma mésaventure. C'était lui qui, en été 1963, après ma réussite aux examens officiels du CEP (fin d'études primaires) organisés par le Ministère de l'Éducation nationale, m'avait envoyé au lycée avec un billet adressé à Maître Ford, un membre de la Direction du Lycée Firmin, pour y passer le concours d'entrée en 6e.

Après avoir entendu le récit de ma mésaventure, le frère Pierre ne m'incita pas à retourner au lycée avec mon bulletin de 6e III pour prouver à Maître Dubuisson que je n'étais pas un «dasoman», mais il me laissa entendre qu'il allait faire des démarches auprès de Maître André Robert, pour obtenir en ma faveur une bourse d'études au Collège Classique d'Haïti. Le reste de mon histoire est résumé dans mon hommage aux codirecteurs du Collège Classique d'Haïti (1).

Avant de me rendre au Collège Classique accompagné de ma mère le lundi suivant mon renvoi du lycée, je me le rappelle, le vendredi précédant ce lundi, ma mère m'accompagna au lycée à 8h AM. Après la rentrée des classes, nous sommes entrés sur la cour du lycée où le Directeur Dubuisson y était. Il était seul. Nous nous sommes approchés de lui. Après les salutations d'usage, nous lui avons montré mon bulletin de 6e III attestant que j'avais bel et bien réussi et que j'étais admis en 5e II. En guise de réponse, Maître Dubuisson nous a offert l'opportunité de me réintégrer en 5e II. Il nous a alors appris que durant l'été 1964, il y eut un incendie à la direction du lycée et qu'au cours de cet incendie, des listes avaient été détruites dans les flammes. Nous avions accepté poliment ses arguments. Nous lui avions appris que j'allais  changer d'école et qu'il pouvait considérer que je ne faisais plus partie du Lycée Anténor Firmin.

Aujourd'hui, quarante-huit ans après cet événement malheureux, je me demande encore quelle avait été la vraie raison pour laquelle je fus chassé du lycée ? Quelle que fût cette vraie raison, je n'ai gardé aucune rancune ni amertume à l'égard de Maître Dubuisson (3). Mon départ du lycée a été la meilleure chose qui pouvait m'arriver à ce moment-là. Je n'ai pas regretté d'avoir été chassé du lycée en 1964, mais j'ai regretté plutôt d'y être entré en automne 1963. 

Une chose est certaine: en me chassant du lycée, le Directeur Dubuisson m'a rendu un grand service. Il a créé, sans le savoir, les conditions qui allaient permettre le déclenchement du processus par lequel j'allais passer du lycée Firmin au Collège Classique d'Haïti.

Le récit de cette aventure au lycée Firmin permettra aux lecteurs de comprendre avec quelle détermination, en janvier-février 1986, j'avais décidé d'entreprendre de mettre de l'ordre dans les lycées de la République, si mon passage à la tête du Ministère de l'Éducation nationale n'avait pas été si bref (39 jours).


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(2) Nous avions passé une mauvaise année de 6e: l'annus horribilis. Certains professeurs ne venaient pas faire leurs cours régulièrement (absentéisme). D'autre part, nous étions souvent obligés de nous asseoir sur le mur froid de six rangées de blocs de ciment de 1,20 mètre de hauteur qui bordait le hangar d'un peu moins de 5 mètres par 5 mètres qui nous servait de salle de classe. Il y avait 130 élèves en 5e II et il n'y avait pas 130 places assises sur les bancs disponibles. Ce n'était pas la peine d'arriver plus tôt que les autres pour avoir une place, car étant parmi les plus petits de la classe, les plus grands, assis jointivement par un mouvement de translation horizontale (glissement), nous débarquaient (poussaient hors) des bancs, si nous avions osé nous asseoir avant eux sur un banc vide.

La situation s'est améliorée un peu pour nous quand les plus grands ont vu qu'ils pouvaient compter sur nous pour les aider éventuellement à réussir leurs examens. Nous avions alors eu droit à une place assise sur un banc à la condition que nous leur promîmes de leur permettre de lire un extrait de ce que nous écrivions sur nos copies d'examen, entre autres choses du genre.

En 5e II, il y avait un peu moins d'élèves dans une classe de même grandeur que la 6e III et qui lui était contiguë.

(3) J'ai appris que Maître Léonard Dubuisson, maintenant octogénaire, vit dans un chic arrondissement de Montréal (Mont-Royal). Il jouit d'une retraite bien méritée; il écrit et publie. Je prendrais plaisir à échanger avec lui, en toute sagesse, en toute civilité, si l'occasion se présentait.

jeudi 9 août 2012

Liens vers quelques chansons

Travail en cours...

Dernière mise à jour:  samedi 25 mai 2013

-A-
  1. Charles Aznavour/ La Mama
-B-
  1. Bïa Krieger/ Tao sentimental
  2. Bïa Krieger/ Les mûres sauvages (+ d'autres chansons)
  3. Jacques Brel/ Ne me quitte pas
  4. Buena Vista Social Club/ Chan Chan et autres chansons (gipsyplayer85, 29 juillet 2008)
-C-
  1. Gregory Charles/ jouant à deux pianos (court extrait)
  2. Grégory Charles/La cour des grands (accompagnement au piano: l'amour existe encore et d'autres chansons)
  3. Gregory Charles / I think of you
  4. Gregory Charles/ Fly me the moon (demandes spéciales)
  5. Gregory Charles/ La bastringue
  6. Nat King Cole/ Unforgettable
  7. Compay Segundo/ Chan Chan et autres chansons (ruisdechavez, 7 février 2010)

-D-
  1. Carole Demesmin/ Lè la libéré Ayiti va bel
  2. Céline Dion/ L'amour existe encore
  3. Guy Durosier/ Chacha Ye Cha
-E-
  1. Cesaria Evora/ Angola
  2. Cesaria Evora/ Besame mucho
  3. Cesaria Evora/ Petit Pays
-F-
  1. Jean Ferrat/ Que serais-je sans toi ?
-G-
  1. Serge Gainsbourg/ Je t'aime. Moi non plus
  2. Barbara Guillaume/ A la Peyi Soufri
-H-

-I-
  1. Julio Iglesias/ Le mal de toi
  2. Julio Iglesias/ (1) Pauvres diables (Vous les femmes)
  3. Julio Iglesias/(2) Pauvres diables (sons et images)
  4. Julio Iglesias/ J'ai besoin d'un peu d'amour
  5. Julio Iglesias/ Souriez Madame
-J-
  1. Oliver Jones/ Gershwin Medley (piano)
  2. Julie Jourdan/ Une femme amoureuse
-K-

-L-
  1. Serge Lama/ Je t'aime (pour Lara Fabian) 
  2. Philippe (Toto) Laraque/ Montréal Deploge (guitare)
  3. Pat Lawson/ Smile again
  4. Félix Leclerc/ Le p'tit bonheur (+ d'autres chansons)
-M-
  1. Peterson Mead (et Toto Laraque (guitare))/ Haïti
  2. Katie Melua & Eva Cassidy/ What a wonderful world
  3. Michel Martelly/ Pa manyen fanm nan (1)
  4. Michel Martelly/ Pa manyen fanm nan (2)
  5. Emeline Michel/ Gadé Papi
  6. Emeline Michel/ Moso Manman
  7. Yves Montand/ Le télégramme
  8. Yves Montand/ Les feuilles mortes (Live à l'Olympia)
  9. Georges Moustaki/ Haïti chérie
  10. Georges Moustaki/ Le Métèque

-N-

-O-

-P-
  1. Omara Portuondo et Ibrahim Ferrer/ Silencio
  2. Omara Portuondo et Compay Segundo/veinte anos
  3. Omara Portuondo et l'OSM/veinte anos
  4. Omara Portuondo à Montréal/Dos gardenias/ Besame mucho
  5. Oscar Peterson/ piano (solo)

-Q-

-R-
  1. Ginette Reno/ L'essentiel (Live)
  2. Ginette Reno/L'essentiel (autre version)

-S-
  1. Shakira/ Waka Waka
  2. Cornelia Schutt (Ti Corn)/ Colibri
  3. Mercedes Sosa/ Gracias a la vida
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  1. Sylvie Vartan/ Une femme amoureuse
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jeudi 12 juillet 2012

Hommage à Maître Antoine GUERRIER, à Maître André JEAN, à Maître André ROBERT et à Maître Charles PASQUIS, fondateurs et codirecteurs du Collège Classique d’Haïti.


Par Dr. Pierre Montès
Mise à jour: 12 juillet, 20 juillet 2012


Ancien local du Collège Classique d'Haïti, Avenue John Brown (Lalue)
Crédit photo: Dr. Johnny Sandaire




Mon histoire avec le Collège Classique d’Haïti (CCH) commence au milieu du mois de novembre 1964 en classe de 5e, au moment où je venais d’obtenir une bourse pour y poursuivre mes études secondaires, après avoir fait la classe de 6eIII au Lycée Anténor Firmin (1963-1964) et avoir été promu en classe de 5e II avec la moyenne générale la plus élevée de toutes les classes de cet établissement public, soit 8,67 sur 10 aux examens de fin d'année.
 Je quitte donc le Lycée Anténor Firmin (et mes condisciples de la classe de 5e II dont Michel Bertrand et Jacques Sampeur, pour ne citer que ceux-là) pour entrer en classe de 5e au CCH.
Je me le rappelle très bien : c’était un lundi; il était exactement midi quand ma mère m’amena au local du CCH à l’avenue John Brown (Lalue).
 Nous nous attendions à rencontrer Maître André Robert qui avait accepté de me placer en classe de 5e sans examens, sur recommandations du Frère Pierre E. Leury, directeur de l’École République du Libéria (ERL), 1ère impasse Lavaud, Bois-Verna,  où j’avais fait la majeure partie de mes classes primaires (11e - 7e) entre 1958 et 1963. 
Nous étions accueillis, ma mère et moi, à la direction du CCH par un homme de petite taille, en tenue de ville, Maître Antoine Guerrier. Il s’était présenté comme l’un des quatre codirecteurs du Collège. Ce fait me paraissait un peu insolite, moi qui venais d’un lycée ayant à sa tête un seul Directeur, Maître Léonard Dubuisson.
Sans perdre de temps, Maître Guerrier nous confirma que Maître Robert l’avait informé de mon admission au CCH et il procéda rapidement à mon inscription en 5e. Il nous a ensuite montré la localisation de la classe de 5e: elle était située dans le hangar à gauche pour un observateur debout regardant l’entrée principale. Je crois me souvenir que j’avais commencé à assister aux cours le même jour, en après-midi. Je crois avoir rencontré Maître Robert au début de l’après-midi. C’est lui qui m’introduisit dans la classe de 5e, je me le rappelle.
Ma nouvelle classe avait un peu moins de quarante (40) élèves. La 5e II au lycée en octobre 1964 était au moins deux fois plus peuplée. Et ma classe de 6e III au même lycée en 1963-1964 ne comptait pas moins de 130 élèves!  La taille des classes au CCH me rappelait celle des classes à l’ERL; ce fait était de nature à me rassurer, moi qui venais d’un lycée dont les classes étaient anormalement surpeuplées.
En tant que boursier, j’allais passer, de novembre 1964 à juillet 1969, cinq belles années d’études au CCH.
 Le CCH avait donc quatre codirecteurs : Antoine Guerrier, André Robert, André Jean et Charles Pasquis.  En ce temps-là, j’avais compris que la tâche de direction était divisée entre les quatre codirecteurs formant ainsi une équipe. Je vais ci-après dire comment j’avais perçu chacun de ces codirecteurs durant mon passage au CCH. Il m’arrivera de parler d’eux également pour une  période allant bien au-delà de mon séjour au CCH, en fonction de ce que j’ai vécu avec eux par la suite, chacun en ce qui le concerne. 

Maître Antoine Guerrier.-
Chaque matin, huit heures précises, « rigouaze» en main, comme nous le rappelle Nicole Bernard Delpêche,  Maître Guerrier dirigeait la prière des élèves alignés en deux rangées par classe dans la cour arrière du CCH; il nous faisait entonner en chœur un couplet de la Dessalinienne et il nous faisait prêter le serment au drapeau avant de nous diriger vers nos salles de classe respectives. Voici le serment au drapeau:
«Je jure devant Dieu et devant la nation d’en être le gardien intraitable et farouche. Qu’il flotte désormais dans l’azur, pour rappeler à tous les haïtiens, les prouesses de nos sublimes martyrs de la Crête-à-Pierrot, de la Butte-Charrier et de Vertières, qui se sont immortalisés, sous les boulets et la mitraille, pour nous créer une patrie où le nègre haïtien se sente réellement souverain et libre
Vers la fin de matinée jusqu’au début de l’après-midi, Maître Guerrier s’absentait du CCH. Son chauffeur, Monsieur Ally, le conduisait au Ministère de l’Information, au Palais national, où il a occupé le poste de Secrétaire Général pendant de nombreuses années. De retour au CCH en après-midi, Maître Guerrier organisait le renvoi des élèves en fin de journée.
Ses heures d’enseignement étaient placées tôt les matins ou tard dans l’après-midi. Il enseignait la littérature haïtienne en seconde et en rhétorique, la littérature française en rhétorique. C’était lui qui préparait à chaque fin de  mois les bulletins des élèves du secondaire. J’avais fini par découvrir la technique ingénieuse qu’il utilisait pour abattre plus facilement ce travail mensuel ardu. Il s’était bâti des tables numériques dans lesquelles était calculée à l’avance la moyenne associée au total des points de chaque classe. Par exemple, si le total des points des matières d’une classe donnée était de 160 et qu’un élève donné avait obtenu 130,5 sur 160, il consultait sa table à la ligne 130,5 pour lire la moyenne précalculée, soit  8,16 sur 10.
C’était également Maître Guerrier qui prenait avec sa caméra, les photos de groupe pour chacune des classes de l’École. Je crois qu’il les développait aussi lui-même dans une chambre noire installée chez lui.
La rigouaze de Maître Guerrier ?  Il n’en faisait usage que sporadiquement.
Maître Guerrier était un pilier important au CCH. Il était d’une sagesse exemplaire et son autorité était naturellement acceptée au sein de la direction, selon notre perception.
Quand il nous enseignait la littérature  haïtienne en classes de 3e, 2e et de Rhétorique, la littérature française en classe de Rhéthorique,  Maître Guerrier nous fit découvrir les grandes figures de la littérature haïtienne d’une part, et celles de la littérature française aux 18e et 19e siècles, d’autre part.
Il était arrivé une fois aux élèves de la classe de lui demander pourquoi il n’avait pas écrit, ni publié dans sa vie. Il leur répondit sans hésiter en leur racontant sommairement un événement tragique qui s’était produit dans sa jeunesse. Il faisait partie d’un groupe de jeunes qui luttaient par la plume contre l’occupation américaine (1915-1934). À un moment donné, il fut arrêté et  jeté en prison avec certains de ses camarades. Une tante qui l'aimait beaucoup  ayant appris la nouvelle, perdit instantanément la vue. À sa sortie de prison, le jeune Antoine Guerrier, bouleversé, et marqué pour la vie, fit alors la promesse à sa tante devenue soudainement aveugle, et à la demande de celle-ci, de ne plus jamais écrire, ni publier à l’avenir. Il tint scrupuleusement cette promesse.
Il nous raconta aussi, une autre fois,  qu’au tout début de son règne, le Président François Duvalier prenait le temps de se faire lire, à son bureau au Palais, les meilleures dissertations qu’écrivaient les élèves aux épreuves du baccalauréat et il les commentait avec ses proches collaborateurs. C’était sa façon à lui de se tenir informé du niveau de la culture et de la qualité des écrits des jeunes de cette époque. Mais cela se passait bien avant les dérives du régime despotique qui allait durer quatorze ans (1957-1971).  

Maître André Jean.-
Il était présent au CCH généralement vers la fin de la matinée et principalement en début d’après-midi pour y procéder au retour des élèves en classe pour les cours de l’après-midi.   La discipline au CCH, s’était l’affaire de Maître Jean et de Maître Guerrier. Et à notre époque, les élèves le surnommaient : «chen méchan», tellement il était sévère. Les élèves avaient plus peur de Maître Jean à la voix grave que de Maître Guerrier avec sa rigouaze, c’est bien ce que nous rappelle Marie-Ange Lescouflair Mexile quand elle dit : «Maître Jean était le plus redouté».
Maître Jean était franc, direct, spontané.  Il ne passait pas par quatre chemins pour vous exprimer sa façon de pensée.  En pensée et en action, il allait droit au but. Je dirais de Maître Jean qu’en tout temps, il était plus de tempérament américain que latin, si je peux m’exprimer ainsi.
Maître Jean enseignait le latin en section B. Il enseignait aussi l’anglais et l’espagnol. Je crois me souvenir, alors que nous étions en classe de 4e avec Maître Pasquis pour professeur de mathématiques, Maître Jean eut à nous dire qu’il avait lui-même enseigné auparavant les mathématiques en classe de quatrième, au Lycée du Tri-cinquantenaire (le Lycée des Jeunes Filles, à la rue Capois).
 Au CCH, Maître Jean organisait avec passion et avec professionnalisme ses cours de langues vivantes (anglais et espagnol) destinés aux professionnels du milieu; ces cours se donnaient en fin d’après-midi et en début de soirée,  une fois les cours secondaires classiques terminés. Les langues vivantes étaient une spécialité qu’il avait acquise aux États-Unis, à Falmouth, dans le Massachusetts.
Si Maître Guerrier préparait les bulletins mensuels, c’est à Maître Jean qu’il revenait de les distribuer en classe aux élèves. Cette opération me rappelait en tous points la distribution des bulletins mensuels en classes primaires par le cher frère directeur de l’ERL.   Dès que Maître Jean entrait dans une classe avec le lot de bulletins à distribuer, les élèves devaient se mettre debout pour l’accueillir et se préparer à céder leur place aux plus méritants. Chaque élève avait une place fixe dans la classe qui lui était assignée pour le mois, selon son rang au classement mensuel : au premier de classe est assignée la première place par Maître Jean, au deuxième, la deuxième place, et ainsi de suite jusqu’au dernier de la classe qui avait la dernière place. C’était, pour les élèves, un moment excessivement stressant, celui de la remise des bulletins mensuels. On n’était jamais certain de conserver sa place au classement, ou d’occuper une place plus en avant; on craignait de se faire déloger par un camarade plus studieux que soi. Il fallait à chaque fois gagner sa place par le travail soutenu dans les différentes matières. À la vérité, moi personnellement, je m’en sortais toujours bien, mais je détestais la compétition que nos Maîtres entretenaient entre nous. Cependant, j’ai la conviction que Maître Jean ainsi que les trois autres codirecteurs du CCH, croyaient comme moi, et comme la plupart de nos autres enseignants, en cette règle d’or qu’un auteur  exprimera par la suite dans cette phrase : «Si une personne maîtrise un savoir,  presque toutes les autres personnes le peuvent, si on leur donne les conditions d’apprentissage appropriées».
Maître Jean qui ne m’enseignait pas au CCH, m’avait, un moment, naturellement suggéré de faire le choix de la section  B, à partir de la classe de 3e, en 1965-1966. Mais dès le début de l’année en 3e, je laissai tomber cette section B, j’optai plutôt pour la 3eC et je décidai de poursuivre mes études en section C, à la grande déception de Maître Jean. Les mauvaises conditions d’apprentissage que j’ai eues dans le cours de latin en classe de 6e au Lycée Firmin avaient créé des lacunes que je n’avais pas eu le temps ni l’opportunité de le combler. Maître Jean l’avait compris et respectait mon choix.
Vingt ans plus tard...
Durant la période allant de la fin de 1985 au début de 1986, quand j’occupais la fonction de Ministre de l’Éducation nationale pendant les trente-neuf (39) derniers jours de la présidence de M. Jean-Claude Duvalier, j’avais retrouvé Maitre Jean à la Direction Générale du MEN. C’était une agréable surprise tant pour lui et que pour moi. Parachuté dans un milieu hostile que je ne connaissais pas assez, politiquement parlant, la présence de Maître Jean à mes côtés faisait de lui, à mes yeux et tacitement, à la fois un paratonnerre qui me protégeait de la foudre des adversaires, et un socle sur lequel je pouvais prendre appui au besoin pour rebondir avec force, en toutes circonstances. À l’exception de certains de mes anciens professeurs au CCH que je retrouvais, à ce moment-là, dans des postes de direction au MEN (e.g., Maître Jean Saint-Fort, Madame Théard, Maître Christophe Mervilus que j’avais choisi et nommé à la Direction des Affaires Administratives à la toute fin de janvier), les gens ne savaient pas quels liens intimes existaient entre le Directeur Général du Ministère, Maître André Jean et le nouveau Ministre, le Dr. Pierre Montès. Lui et moi, nous étions sur la même longueur d’onde et il jouissait de mon entière confiance. Malheureusement, c’était la fin d’un régime. Sinon, j'aurais accompli avec lui et notre équipe au MEN de grandes choses dans le domaine de l’Éducation en Haïti, si mon passage n’avait pas été si bref. Et Maître Saint-Fort, Directeur de l’Enseignement Secondaire était venu en visite chez moi, quelques jours après la chute du régime, alors que le pays était en effervescence, pour, spontanément, me féliciter de ce que j’avais pu faire durant mon court passage au MEN. Et il me fit alors part de la réflexion de Maître Innocent, Directeur du Personnel au MEN, mon ancien professeur de latin en 6e au Lycée Firmin; quand Maître Innocent a vu que j’avais remplacé le Directeur des Affaires Administratives démissionnaire par nul autre que le Professeur Christophe Mervilus, il n’a pas caché sa satisfaction en disant à Maître Saint-Fort : «Le Ministre Montès est vraiment venu ici pour travailler et changer les choses».  Oui, j’aurais certainement commencé à changer les choses si mon passage au MEN n’avait pas été si éphémère. On n’aurait sûrement pas attendu un quart de siècle pour que l’enseignement devienne gratuit et obligatoire. L’éducation  aurait été déjà la priorité des priorités. Je pouvais compter sur l’appui du Président qui m’avait, en quelque sorte, donné carte blanche pour organiser le ministère et entreprendre les réformes nécessaires.

Maître André Robert.-
Il venait généralement l’après-midi au CCH.
Il y avait à la direction deux bureaux au fond, de chaque côté d’une porte qui donnait accès à un couloir conduisant, à la fois, au reste du rez-de-chaussée, à l’escalier vers l’étage supérieur, où se donnaient les cours primaires, et à la cour arrière où se situaient des hangars logeant des salles de classe du secondaire. 
Maître Robert siégeait derrière le bureau de gauche. Maître Guerrier  utilisait aussi ce bureau. Peut-être Maître Jean utilisait-il aussi ce même bureau, mais je n’en suis très sûr.  Une chose est certaine en tout cas, le bureau de droite était presqu’exclusivement utilisé par Maître Pasquis, responsable de l’économat (perception des frais de scolarité, comptabilité).
Maître Robert enseignait les mathématiques en 2e. Il n’enseignait pas d’autres matières, ni n’enseignait dans d’autres classes au CCH. Il donnait des cours de mathématiques également au Lycée Toussaint Louverture en classe de Philosophie; il enseignait aussi les mathématiques à l’École Normale d’Instituteurs (ENI) à la première impasse Lavaud, au Bois-Verna. C’est à l’ENI que Maître Robert a lié connaissance avec le Frère Pierre E. Leury. En effet, l’ERL que dirigeait le frère Pierre, était annexé à l’ENI et servait de champ de pratique pour les étudiants normaliens.  Les deux écoles, ENI et ERL étaient logées dans des locaux situés sur la même propriété à la première impasse Lavaud. J’avais donc, avant d’entrer au CCH, pris l’habitude d’observer, de ma classe étant, ou sur la cour de récréation,  Maître Robert qui enseignait les mathématiques aux normaliens. À ce moment-là, je trouvais qu’il existait une certaine ressemblance entre Maître Robert et Maître Joseph Adrien, agronome, qui enseignait aussi aux normaliens.
Comme j’habitais le même quartier (le CCH et l’ERL n’étaient pas trop éloignés l’un de l’autre), j’avais l’occasion d’apercevoir à distance Maître Robert également à proximité du local du CCH. En effet, la mère de Maître Robert habitait un logement à Lalue. Une grande maison située sur une propriété presque aussi vaste que celle du CCH, séparait la demeure de la mère de Maître Robert du local du CCH. Et, réuni avec des amis du quartier, au coin de la ruelle Dufort et de l’avenue John Brown (Lalue), j’observais souvent Maître Robert qui passait, au cours de la pause du midi, du local du CCH à la demeure de sa mère où, me semblait-il, il prenait parfois un repas.  Il ressemblait à sa mère «comme deux gouttes d’eau». C’était entre 1962 et 1964.
Comme je l’écrivais sur LCDP récemment, Maître Robert était un gentilhomme.
Ses élèves l'aimaient beaucoup, même ceux qui n'aimaient pas les mathématiques. On l'appelait très affectueusement: «Maître Bob».

À ma connaissance, il était peut-être le seul professeur de mathématiques, dans les années 60, à entreprendre avec ses élèves la résolution de problèmes de géométrie sans filet. Il avait, en effet, l'habitude de demander à ses élèves de choisir au hasard un problème de géométrie dans livre Monge et Guinchan, classe de 2e; puis, il cherchait avec eux la solution du problème choisi, car il n'en avait pas a priori la solution. C'était sa manière à lui de leur apprendre à cerner la définition du problème posé, à chercher et à découvrir la stratégie de résolution, puis à rédiger la solution.

Nous avions ainsi beaucoup appris de lui: nous apprenions, par son enseignement et par son exemple, à découvrir le mécanisme du raisonnement mathématique.
En classe de seconde (1967-1968), il est arrivé à quelques reprises que Maître Robert ait eu à quitter un moment la salle de classe pour aller régler un problème urgent à la direction, les autres codirecteurs étant alors absents. Si au moment de se déplacer, il était en train de résoudre avec les élèves un problème, il m’ordonnait alors tout spontanément : «Montès, continuez pour moi!» Je quittais alors ma place en première rangée pour prendre la craie, et la règle, si nécessaire,  et poursuivre, comme si de rien n’était, la résolution du problème que Maître Robert avait entamée. Quand il retournait en classe quelques instants plus tard, il ne m’interrompait pas, et me laissait terminer la solution du problème. De retour à la maison, je m’empressais de transcrire de mémoire dans mon cahier la partie de la solution que j’avais écrite au tableau à sa demande. 
Il était donc naturel, je me le rappelle, à la fin de l’année scolaire 1967-1968, que Maître Robert me demandât de préparer pour lui, pendant l’été 1968, deux cahiers contenant la solution complète d’un certain nombre de problèmes de géométrie que j’avais la liberté de choisir dans les différents chapitres du manuel de géométrie de la classe de 2e par Monge et Guinchan. Par la suite, des amis appartenant aux promotions qui ont suivi la nôtre m’ont appris que Maître Robert utilisait souvent ces deux cahiers de problèmes dans son enseignement au CCH en classe de 2e et qu'il ne manquait jamais l'occasion de faire savoir aux élèves que ces cahiers étaient l’œuvre d’un ancien du CCH qu’il admirait beaucoup. Je n’ai gardé aucune trace de ce travail manuscrit. Aujourd’hui, quarante ans plus tard, j’aurais aimé avoir en ma possession une copie papier, ou une copie PDF, ou des images JPG de ces deux cahiers. Ce serait alors pour moi un précieux souvenir que je prendrais plaisir à publier sur LCDP-Mathématiques appliquées. Je demanderais donc à mon jeune ami Gilbert Mervilus de contacter le fils de maître Robert, l’ingénieur Emmanuel Robert dans le but d'obtenir de lui pour moi, si possible, une copie électronique de ces deux cahiers. Je lui en serais reconnaissant.  

Après mes études au CCH en 1969, Maître Robert et moi, sommes devenus amis. J’ai enseigné la Physique en classe de 3e au CCH entre 1971 et 1974, alors que je poursuivais mes études de génie civil à la Faculté des Sciences (FDS).
En été 1971, je donnais des leçons particulières (cours de rattrapage) à un groupe d’élèves du CCH. Un jour, je me souviens, Maître Robert revenait d’une séance de travail à huis clos au MEN durant laquelle les questions d’examens de mathématiques aux deux niveaux du baccalauréat étaient choisies. Il était environ huit heures du matin, il me tendit le questionnaire de l’examen de mathématiques du baccalauréat deuxième partie (Philo C) et me demanda de préparer pour lui un solutionnaire, ce que je fis le jour même. Il me confia qu’il allait l’utiliser par la suite dans la correction des copies, une tâche à laquelle il devait participer au MEN. Quelle marque de confiance ! Nous étions devenus collègues à ce moment-là.
Durant mes études de génie à la FDS, il m’arrivait de rendre visite à Maître Robert chez lui, Rue 6, une grande maison qui appartenait au Professeur Parnell Marc, qui avait émigré au Québec (Canada).  J’ai eu la chance et bonheur de visiter la bibliothèque de Parnell Marc qui était installée au troisième étage du bâtiment. Aujourd’hui, avec le recul, je peux affirmer que, lorsqu’on est dans la bibliothèque de Parnell Marc, on pourrait croire que l'on fût dans une petite bibliothèque municipale dans la grande région de Montréal, mais avec, dans les rayons, des livres techniques et scientifiques dans plusieurs langues. Maître Robert me permettait d’emprunter un livre à la fois de cette riche bibliothèque. C’était entre 1971 et 1974.
Hommage du MEN à Maître Robert...
Le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), le 17 mai 2012, a rendu hommage (1) à Maître André Robert et à neuf autres personnalités au niveau national et à 20 enseignants des dix directions départementales.
Voici en quels termes le ministère a souligné la carrière de Maître Robert:
«Jean-François André ROBERT est cofondateur et codirecteur du Collège Classique d'Haïti. Né le 22 juillet 1921, il a débuté sa carrière en 1942 au Collège Bolivar. Il a passé 42 ans de vie active comme professeur de mathématiques et de physique à l'enseignement public et un peu plus à l'enseignement privé. Il a enseigné notamment au lycée Toussaint Louverture, au lycée Alexandre Pétion et au lycée du Cent-cinquantenaire. Ensuite, il se consacre uniquement à la gestion de son école qu'il dirige jusqu'à date avec un codirecteur. Et c'est religieusement qu'on le retrouve tous les matins en train de superviser les activités à son établissement. Cela fait exactement 71 ans au service de l'éducation. Un record sans nul doute.
Le ministère de l'Education rend hommage à ce grand esprit, à ce grand homme qui a formé et éduqué tant de générations d'hommes et de femmes.»
Je suis d'opinion que cet hommage du Ministère de l’Éducation peut s’étendre sans aucun doute au trois autres codirecteurs du CCH : Maîtres Guerrier, Jean et Pasquis. Ils le méritent tous.

Maître Charles Pasquis.-
Je le connaissais de visu avant d’entrer au CCH. C’était au Lycée Firmin. Il y enseignait les mathématiques en classe de Philosophie (Philo C). C’était en 1963-1964, l’annus horribilis dans ma vie d’écolier, alors que j’étais en classe de 6e III au même Lycée. J'inviterais le poète et ami, Monsieur Michel Bertrand ou bien le directeur de media et ami, Monsieur Jacques Sampeur, à parler, s’ils le désirent, de cette période passée ensemble dans la même classe en 1963-1964, au même Lycée Firmin, avenue Charles Sumner.
Il y avait certainement de bons professeurs au lycée dans toutes les matières; mais il y avait un certain nombre, qui s’absentaient trop souvent et qui, de ce fait, ne nous donnaient pas la formation requise, ni ne comblaient suffisamment notre soif de savoir.
J’observais Maître Pasquis enseignant en classe de Philosophie les mathématiques que je ne pouvais pas comprendre du tout, moi qui débutais à peine en classe de 6e au secondaire. Et je m’interrogeais alors sur ma capacité de comprendre un jour la matière aride qu’enseignait Maître Pasquis à ses élèves qui l’écoutaient studieusement et qui semblaient bien décoder le langage de leur professeur. Je ne savais pas, à ce moment-là, que Maître Pasquis était aussi codirecteur du CCH.
Quelle ne fut donc ma surprise de découvrir, en novembre 1964, que Maître Pasquis faisait partie de la direction du CCH.
Des quatre codirecteurs, il était le moins bavard. On dirait qu’il était avare de mots.   Et pourtant, il avait une voix qui portait. Quand j’étais au lycée, de ma classe en 6e III, on pouvait entendre la voix de Maître Pasquis qui faisait son cours en Philo C, dans un hangar, un bon décamètre plus loin.
J’ai eu Maître Pasquis comme professeur de mathématiques en classe de 4e. Sa méthode d’enseignement était spéciale, je veux dire très différente de celle des autres professeurs de mathématiques. Ce n’était certainement pas la méthode qu’il utilisait au lycée. D’abord, en 4e au CCH, il était le plus souvent assis derrière le petit bureau réservé au professeur. Il envoyait les élèves au tableau pour résoudre des problèmes et il les guidait, quand c’était nécessaire, vers les pistes les conduisant à la solution du problème posé.
Avec Maître Pasquis, il fallait absolument avoir son livre de mathématiques Monge et Guinchan, classe de 4e, édition Belin. Il avait cours chaque matin, à la première heure. À la fin de son cours, il nous indiquait les pages du livre correspondant à la matière à étudier ou à lire pour le prochain cours, c’est-à-dire, le lendemain. C'était ainsi qu'il nous faisait apprendre la théorie. Et si l'on ne comprenait pas certaines notions par nous-mêmes, on lui posait les questions au cours du lendemain et il nous aidait à surmonter les difficultés rencontrées au cours de nos lectures hors classe faites la veille.

En géométrie, les cas d’égalité des triangles ayant été vus en long et en large en 5e avec Maître Thébaud, alors Maître Pasquis nous initiait, en géométrie, à l’étude des quadrilatères quelconques, à celle des quadrilatères inscrits dans un cercle, au parallélogramme, au rectangle, au trapèze, aux angles inscrits, aux angles intérieurs et extérieurs,  au triangle rectangle inscrit dans un cercle, à l’étude du cercle. En algèbre, il y avait au programme l’étude des proportions, la résolution des équations du premier degré à une inconnue, la résolution d’inéquations du premier degré à une variable, le traitement des problèmes d’algèbre conduisant à la résolution d’une équation du premier degré à une inconnue, etc.
Maître Pasquis écrivait peu au tableau noir. Et quand il le faisait, il commençait souvent par écrire de la main gauche et terminait la ligne en écrivant de la main droite, question de minimiser ses déplacements, peut-être ! Et il n’y avait pratiquement aucunes différences observables à l’œil nu entre les deux écritures.

Pour finir, quelques remarques et informations additionnelles.-
Le CCH a maintenant un demi-siècle d’existence.
Le CCH a formé plusieurs générations d’hommes et de femmes. Cette institution a été créée par des hommes hors du commun dont la principale motivation était de former les jeunes. Maître Guerrier avait un jour déclaré qu’un pays qui ne prend pas en mains la formation de sa jeunesse est condamné à disparaître. Il est clair pour moi qu’une telle affirmation révèle combien forte était la volonté de ces quatre leaders qui ont uni leurs énergies, conjugué leurs efforts pour, ensemble, mener à bien le projet du CCH. Il est évident que l’argent n’était pas le mobile qui les guidait.  De  plus, ils ont réussi à attirer et à maintenir de bons professeurs dans les différentes matières enseignées au programme même si le salaire horaire payé était relativement bas.  Un calcul rapide permettrait de découvrir que, dans les années 60, les frais de scolarité payés par les élèves au CCH ne pouvaient que correspondre à environ trois dollars par heure de cours ($3,00/h) pour chacune des classes, à une époque où cinq gourdes (5 Gdes) valaient un dollar ($1) américain. Avec une telle valeur, il est clair que la portion des frais de scolarité affectée aux dépenses en salaires payés aux professeurs au CCH ne pouvait qu’osciller entre $1,00 et $1,50/heure par professeur. Ce simple petit exemple, même s’il ne se base que sur des données très approximatives, fournit un ordre de grandeur sûr qui permet d’apprécier la force de l’honnêteté de ces quatre grands hommes du CCH qui ont su résister à la tentation d’augmenter de manière exagérée la population étudiante dans les différentes classes dans le but d’accroître le profit sans se soucier outre mesure de la qualité de l’enseignement; ou encore d’augmenter de façon  excessive les frais de scolarité, et de réduire, par voie de conséquence, l’accessibilité des classes moins nanties à une éducation de qualité. De plus, il faut aussi reconnaître ici la noblesse de cœur des enseignants du CCH qui ont accepté de gagner un faible salaire tout en offrant aux élèves un enseignement de haute qualité.

Pour dresser un portait plus complet de l'enseignement des mathématiques reçu au CCH, à notre époque, je dois mentionner le travail de Maître Thébaud en 5e (1964-1965), de Maître Sanon en 3e (1966-1967) et en Rhétorique (1968-1969).

Maître Thébaud introduisit, dès octobre 1964, les premières notions de la théorie des ensembles qui ne nous étaient pas enseignées au Lycée Firmin. Étant entré au CCH à la mi-novembre, on comprend donc que j'avais un mois et demi de retard à rattraper. J'ai dû attendre les vacances de Noël 1964 pour combler seul mes lacunes sur ce sujet et poursuivre avec aplomb mon apprentissage en classe en janvier 1965.  Je dois mentionner ici que j'ai participé aux examens du premier trimestre en 5e, malgré mon entrée tardive, et, refusant l'offre de Maître Robert de me dispenser des examens du premier trimestre de la classe de 5e, j'ai passé tous ces examens, j'obtins une moyenne générale de 6,13 sur 10 et fus classé 6e sur 38 élèves, ce qui permit à Maître Marc Fareau de prédire que j'allais être classé premier de cette classe dans les mois qui allaient suivre: il ne s'était pas trompé dans sa prédiction.

Maître Thébaud nous enseigna, en géométrie, les cas d'égalité des triangles et nous apprit à résoudre les des problèmes d'algèbre se traduisant en une équation du premier degré à une inconnue.

En classes de 3e et de Rhétorique, nous avions eu la chance de bénéficier de l'enseignement de Maître Sanon. Ce professeur nous a appris à introduire chacune des lignes de solution d'un problème de mathématiques par une phrase concise et claire. Cette façon de faire a la vertu de rendre plus claire la présentation de la solution d'un problème ou la présentation d'une démonstration quelle qu'elle soit. Et j'ai pu constater que l'élève qui prend l'habitude de rédiger ses solutions à la manière de Maître Sanon, pour ainsi dire, est capable de terminer la rédaction de sa solution en un laps de temps étonnamment de même longueur, sinon plus que celui enregistré par ceux qui n'écrivent qu'une suite d'équations sans aucuns textes explicatifs.   J'ai adopté dans ma vie cette façon de faire, tant dans la suite de mes études secondaires que dans mes études universitaires et dans mon enseignement universitaire. Ainsi, Maître Sanon continue à vivre dans mon enseignement, dans mes travaux et dans mes recherches jusqu'à ce jour!     

Enfin, il ne m'est pas possible de passer sous silence l'enseignement de Maître René Carré: la littérature française en classe de seconde (16e et 17e siècles). Il avait une méthode très efficace pour nous faire étudier et aimer la littérature. On n'était pas obligé d'étudier par coeur la matière. Comme Maître Pasquis, il nous donnait de la lecture à faire hors classe (des pages du manuel de littérature française par Calvet); et nous devions résumer notre lecture sur une demi-page manuscrite que nous lisions à sa demande en classe le lendemain. De plus, il nous apprenait à analyser des passages des oeuvres de Corneille, de Racine, de La Fontaine et de Molière, ce qui fait que, dans nos dissertations, au lieu de rapporter les citations de Corneille, de Racine, de La Fontaine et de Molière, tirées du manuel de Calvet, nous étions capables de citer directement les passages appropriés, tirés directement des oeuvres de ces grands classiques. Cette pratique donnait une toute autre allure et une touche toute personnelle à nos dissertations.  De plus, Maître Carré nous a entrainés à écrire sans brouillon le développement de nos dissertations, une fois le plan bien bâti,  et, l'introduction et la conclusion rédigées à l'avance au brouillon avec soin. J'ai conservé cette habitude dans mes travaux par la suite (dissertations en littérature et en histoire d'Haïti en classe de Rhétorique; dissertations en histoire d'Haïti et en philosophie en classe de Philosophie, etc.) 



  Le CCH déclaré d'utilité en 1969 ... 
Un Arrêté présidentiel en date du 3 novembre 1969, considérant que le CCH «poursuit des buts à haute portée sociale en dispensant le bienfaits de l’Instruction et de l’Éducation», déclarait le CCH  «d’utilité publique» et lui conférait  ainsi «la jouissance des droits et prérogatives attachés à la personnalité civile» (2).
  
Au gré de mes souvenirs, voici les noms de quelques professeurs qui nous ont enseigné durant notre passage au CCH.
Année 1964-1965 - Classe de 5e.-
Français : Maître Marc Fareau
Mathématiques : Maître Thébaud
Latin : Maître Hénoch Dorismond
Grec : Maitre Dutailly
Histoire et Géographie d’Haïti: Jean Saint-Fort

Histoire et Géographie générales : Jean Saint-Fort
Sciences naturelles : Madame  Théard
Anglais : Maître (3)

Année 1965-1966 - Classe de 4e.-
Français : Maître Montilus
Mathématiques : Maître Charles Pasquis

Physique : Maître Martin Laporte

Latin : Maître Hénoch Dorismond
Histoire et Géographie d’Haïti: Maître Raymond Wainwight

Histoire et Géographie générales : Maître Raymond Wainwight
Sciences naturelles : Madame Théard
Anglais : Maître Fritz Dorsainvil
Espagnol : Maître Christophe Mervilus

Année 1966-1967 - Classe de 3e.-
Français et littérature française: Maître Châtelain

Littérature haïtienne : Maître Antoine Guerrier
Mathématiques : Maître Sanon
Physique : Maître Martin Laporte
Chimie : Maître Alexandre
Histoire et Géographie d’Haïti: Maître (3)




Histoire et Géographie générales : Maître (3)
Anglais : Maître Fritz Dorsainvil
Espagnol : Maître Christophe Mervilus

Année 1967-1968 - Classe de 2e.-
Français  et littérature française : Maître René Carré
Littérature haïtienne : Maître Antoine Guerrier
Mathématiques : Maître  André Robert
Physique :  Maître (3)
Chimie : Maître Francoeur
Histoire d’Haïti : Maître Gérard M. Laurent

Histoire et Géographie générales : Maître Raymond Wainwight
Anglais : Maître Fritz Dorsainvil
Espagnol : Maître Christophe Mervilus
Religion : Père Paddy Poux et Maître (3)


Année 1968-1969 - Classe de 1ere .-
Littérature française : Maître Antoine Guerrier
Littérature haïtienne : Maître Antoine Guerrier
Mathématiques : Maître  Sanon et Maître Joseph H. Blaise
Physique :  Maître (3)
Chimie : Madame Larose, Maître Francoeur
Physiologie : Madame Larose
Histoire d’Haïti : Maître Gérard M. Laurent

Histoire et Géographie générales : Maître (3)
Anglais : Maître Fritz Dorsainvil
Espagnol : Maître Christophe Mervilus
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(2)    Arrêté du 3 novembre 1969 :
    


(3)   Je me souviens du visage du professeur, mais pas de son nom.