mercredi 28 mai 2008

POLÉMIQUE/ «La Reine-nègre», dit de madame Michaelle Jean, l'écrivain Victor-Lévy Beaulieu


La Gouverneure générale du Canada, Michaelle Jean,
en compagnie du Génral Rick Hillier
(photo Robert Skinner, La Presse)
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L'écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu


(photo publiée par Radio-Canada, 28 mai 2008)


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Source: L'AUT'JOURNAL

La Reine nègre
23 mai 2008
Victor-Lévy Beaulieu


Quand elle fit ses débuts comme journaliste à la télévision de Radio-Canada, Michaëlle Jean n’y obtint pas un grand succès : elle n’était pas à l’aise avec les autochtones québécois.

Maniérée, parlant une langue française à l’accent si pointu qu’elle en était toute désincarnée, Michaëlle Jean avait l’air d’une extraterrestre même si on l’appelait déjà la petite reine de Radio-Canada.

En fait, elle fitait si peu dans le décor qu’on lui confia bientôt l’animation d’une émission qui correspondait davantage à ce qu’elle était : en interviewant durant de longues entrevues les intellectuels français à la mode, elle pouvait donner la pleine mesure d’elle-même : poser peu de questions, mais intervenir souvent dans le discours de l’autre pour lui faire voir jusqu’à quel point elle était intelligente et capable de discuter aussi bien, voire mieux que lui.

Ce n’était là qu’un réflexe de colonisée, mais pourquoi Michaëlle Jean s’en serait-elle rendu compte ? Après tout, n’avait-elle pas épousé un intellectuel français qui, flirtant avec les sympathisants felquistes, faisait au Québec des films engagés et des documentaires, notamment sur Jacques Ferron ?

Une bonne prise pour le gouvernement canadian

Quand, dans la foulée du scandale des commandites, Paul Martin, premier ministre du Canada, voulut redorer au Québec la blason du Parti libéral et celui de la fonction de gouverneur-général du Canada, elle aussi entachée par le règne dépensier d’Adrienne Clarkson, il songea aussitôt à Michaëlle Jean : elle était noire, jeune, jolie, ambitieuse et, à cause de son mari, sûrement nationaliste aussi – mais nationaliste, qui ne l’est pas au Québec ?


De toute façon, Paul Martin et ses conseillers, sachant que c’est la fonction qui crée l’organe, n’entretenaient aucun doute sur Michaëlle Jean : quand on lui en donne la chance, et les billets verts du Dominion, rien de plus facile pour le colonisé que de devenir colonisateur.


Michaëlle Jean fut donc une bonne prise pour le gouvernement canadian : la petite reine noire de Radio-Canada trouva vite plus agréable de trôner dans le fauteuil à braquettes dorées du gouverneur-général du Canada, en Reine-Nègre accomplie, au service d’un régime cherchant à tout prix à faire du multiculturalisme la pierre d’assise du pays.


La nation québécoise à la Harper


L’arrivée de Stephen Harper au pouvoir n’a fait que renforcer le rôle joué jusqu’alors par Michaëlle Jean. Le Bloc québécois et le Parti québécois contribuèrent pour beaucoup dans ce renforcissement-là. Quand le Parti conservateur proposa à la Chambre des communes cette motion qui reconnaissait le Québec comme nation distincte, mais à l’intérieur d’un Canada uni, bloquistes et péquistes donnèrent leur aval.


Ils auraient dû s’opposer violemment mais n’en firent rien : la chose n’est que symbolique, dirent-ils pour se justifier, mais elle nous fait faire un pas en avant. Drôle de pas en avant que celui-là, et qui m’a convaincu une fois de plus que le Bloc québécois, loin d’être un élément politique qui nous soit profitable dans notre quête de libération, en est devenu le plus pitoyable frein.


C’est la leçon qu’il faut tirer du passage de la Reine-Nègre du Canada en France : elle n’a fait que respecter la logique qui découle de cette loi votée par la Chambre des communes sur le Québec comme nation distincte à l’intérieur d’un Canada uni ; bien sûr, Stephen Harper y a ajouté son grain de sel en élargissant la notion de nation distincte du Québec à tous les groupes canadiens-français de partout ailleurs au Canada.


On parlera désormais de nation canadienne-française, ce qu’entérineraient les auteurs du rapport Bouchard-Taylor en nous demandant d’admettre que nous ne sommes plus des Québécois de souche, mais des Québécois d’ascendance canadienne-française.


Les fédéralistes ne sont pas naïfs comme les députés du Bloc et du Parti québécois, ils savent l’importance que les symboles peuvent avoir et d’autant plus si ces symboles-là, truqués, sont acceptés par ceux-là même qui devraient les rejeter sans compromis.


Le débat qui n’a pas eu lieu


La décision du gouvernement d’Ottawa de continuer de faire la guerre en Afghanistan jusqu’en 2011 n’a pas suscité au Québec le débat qu’il aurait dû y avoir. Nous qui avons toujours été une nation pacifique, nous voilà maintenant partie prenante dans une guerre impérialiste qu’une diplomatie efficace aurait pu empêcher.


Mais de cela, Stephen Harper et la Reine-Nègre du Canada s’en lavent les mains : le Canada, pour faire plaisir à ses marchands de canon, doit devenir une puissance militaire, et on y investira 30 milliards de dollars dans les prochaines années.


La Reine-Nègre


Le voyage de la Reine-Nègre en France aurait pu pourtant apporter beaucoup d’eau au moulin des souverainistes québécois, mais pour en profiter, il leur aurait fallu aller plus loin que la niaiserie politicienne. En France, la Reine-Nègre n’a pas parlé que de la nation canadian : elle a aussi salué le courage de la France qui, prétendument au nom des droits de l’homme, a aboli l’esclavagisme en 1847.


Venant elle-même d’une nation qui a eu beaucoup à souffrir de l’esclavagisme, la Reine-Nègre aurait dû savoir qu’en France, la traite des Noirs était interdite déjà par une ordonnance royale du 8 janvier 1817. Elle aurait dû savoir et faire savoir également au président Nicolas Sarkosy que les Français se sont quand même livrés au trafic d’esclaves jusqu’à la guerre de Sécession aux États-Unis, en dépit de l’ordonnance de 1817 et de la loi de 1847.


Et s’ils ont cessé vers 1865 de faire véritablement le commerce des nègres qu’ils achetaient en Afrique, ce n’est ni par courage ni au nom du respect des droits de l’homme, mais sous la pression des colonisateurs français du Brésil et de Cuba qui y possédaient de riches plantations qu’ils avaient peur de perdre parce qu’on y importait trop de nègres et que ceux-ci risquaient de devenir bientôt une majorité qu’on ne pourrait plus contrôler.


Voilà notamment une des choses que les souverainistes auraient pu apprendre à la Reine-Nègre du Canada s’ils voulaient noircir son voyage en France.


Ils auraient pu en ajouter et assister à son retour en terre canadian en imitant les esclavagistes français quand ils faisaient commerce avec les Rois-Nègres de l’Afrique équatoriale : on leur faisait cadeau d’une couronne de roi de théâtre, pour qu’ils puissent jouer par-devers eux-mêmes et leurs sujets la grande comédie de la souveraineté, et qui était déjà celle de nations distinctes à l’intérieur d’un continent uni de force par les spéculateurs étrangers, les multinationales de l’exploitation et les marchands d’armes dont la France, si courageuse au nom des droits de l’homme, est la troisième plus grande nation productrice au monde, et probablement la première en Afrique !

Victor-Lévy Beaulieu

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Le texte ci-dessus est publié dans L'AUT'JOURNAL à l'adresse ci-après:
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http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=888
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Devant la pluie de protestations qui a suivi la publication du texte de M. Beaulieu, M. Pierre Dubuc, éditeur de L'AUT'JOURNAL, a publié la mise au point suivante:

Source: L'Aut'Journal


À propos de l’article de VLB « La reine-nègre »
26 mai 2008
Pierre Dubuc

Nous savions que le titre était choquant, voire provoquant, mais nous n’avions nullement l’intention d’insulter la communauté noire.


L’article faisait référence au concept de « roi-nègre » qui a été maintes fois utilisé au cours de l’histoire du Québec pour dénoncer ceux qui trahissaient les intérêts nationaux des « nègres blancs ». Duplessis, Bourassa, pour ne citer que ces deux-là, ont été traités de « rois nègres ». André Laurendeau a même écrit en 1958 une série d’articles sur « la théorie des rois nègres ».


Avec ce titre, l’objectif de l’article au style pamphlétaire de VLB était, avions-nous compris, de susciter un débat sur le rôle politique que s’est attribuée Michaëlle Jean.


Plutôt que de se cantonner dans un simple rôle protocolaire, comme c’était la coutume avec celles et ceux qui ont occupé auparavant cette fonction, elle est intervenue à de multiples reprises, tantôt pour légitimer la guerre en Afghanistan à laquelle s’oppose massivement la population québécoise, tantôt pour faire écho au discours chauvin de Stephen Harper sur le Québec, comme ce fut le cas lors du lancement des activités du 400e anniversaire de Québec en France.


D’ailleurs, la seule présence à ces cérémonies de la représentante de la Reine d’Angleterre – présentée de surcroît comme la descendante de Champlain – était une insulte à la nation québécoise comme l’ont souligné plusieurs commentateurs politiques.

L’article de Victor-Lévy Beaulieu critiquait aussi l’hypocrisie des célébrations marquant la fin de l’esclavage auxquelles Mme Jean s’est associée lors de son voyage en France. Nous pourrions ajouter : son enthousiasme pour Nicolas Sarkozy, un président pourtant vilipendé en Afrique et en France pour son discours sur l’Afrique prononcé à Dakar, en juillet 2007.

À notre connaissance, personne de la communauté noire de Montréal n’a critiqué ces activités de la Gouverneure générale.


Notre objectif était donc de lancer le débat sur le rôle politique de la Gouverneure générale.


Jamais, il n’a été dans nos intentions d’insulter la communauté noire. L’aut’journal a toujours combattu la discrimination, particulièrement à l’endroit des Noirs, et a toujours soutenu la communauté haïtienne.


À cet égard, rappelons que nous avons publié dans L’Apostrophe, la revue de l’aut’journal, un volumineux dossier de Michel Chossudovsky sur le coup d’État qui a délogé le président Aristide, un dossier qui met entre autres en lumière le rôle du Canada dans cette histoire. Nous avons également organisé la projection du film L’agronome, racontant la vie du journaliste haïtien Jean Dominique.


Nous faisons cette mise au point parce qu’il nous apparaît important qu’il n’y ait entre nous et la communauté noire aucun malentendu. Et en espérant que pourra vraiment avoir lieu un véritable débat sur le rôle, les activités et les positions politiques de la Gouverneure générale.


Pierre Dubuc
éditeur
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La mise au point ci-haut vient de:
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http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=880
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Voici quelques liens permettant de prendre la mesure des réactions qu'a suscitées la sortie de M. Victor-Lévy Beaulieu:

1) Radio-Canada:

Polémique: VLB écorche Michaëlle Jean
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http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/05/24/001-beaulieu-jean-polemique.shtml?ref=rss
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2) Cyberpresse: dimanche 25 mai 2008

Dans son blog (carnet), l'éditorialiste André Pratte publie un texte intitulé : « Les rois aigres », auquel ont réagi un très grand nombre d'internautes (plus de 70, en date du 28 mai). Vous pourrez lire ces commentaires sur le site de Cyberpresse, à la fin du papier de M. Pratte:

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http://blogues.cyberpresse.ca/edito/?p=201
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Les rois aigres

Par André Pratte

L’écrivain Victor Lévy-Beaulieu vient de commettre un texte dans lequel il s’en prend à la gouverneure générale, Michaëlle Jean, qu’il appelle «la Reine-nègre». Le texte est bourré d’insultes, à commencer bien sûr par le titre.

«Reine-nègre», cela renvoie notamment aux éditoriaux signés il y a 50 ans par le journaliste André Laurendeau, qui accusait les anglophones du Québec de fermer les yeux sur les abus de démocratie commis par Maurice Duplessis comme le faisaient les Britanniques à l’endroit des «rois nègres» de leurs colonies.

J’ai toujours été à la fois étonné et inquiet par la présence au sein du mouvement indépendantiste d’une frange substantielle chez qui la calomnie sert de principal argument. À ces militants, il ne suffit pas de critiquer le point de vue des fédéralistes. Il leur faut les insulter, mettre en cause leur honnêteté, leur amour pour le Québec. Les Québécois qui s’opposent à la séparation sont à leurs yeux des traîtres et des vendus. Ainsi, dans cette diatribe publiée dans l’Aut’Journal, VLB ne se contente pas de déplorer ou de dénoncer tel ou tel propos de Mme Jean. Non, il affirme qu’elle était une mauvaise journaliste et il l’accuse d’avoir abandonné ses convictions contre de l’argent: «Quand on lui en donne la chance, et les billets verts du Dominion, rien de plus facile pour le colonisé que de devenir colonisateur».


Lévy-Beaulieu rejoint ainsi le club des rois aigres, ces indépendantistes qui passent leur frustration en insultant ceux qui osent avoir une autre vision du Québec. Au sommet trône le cinéaste Pierre Falardeau, dont on se souvient qu’il s’était réjoui de la mort de Claude Ryan, le traitant de «bonhomme Carnaval». On y trouve aussi le prolifique Patrick Bourgeois, du journal Le Québécois. Et quelques autres, sans compter les militants qui abreuvent de courriels haineux les commentateurs fédéralistes de mon genre.

Le plus frappant, c’est que rares sont ceux, au sein du mouvement souverainiste, qui osent prendre leurs distances de ces insulteurs professionnels. Les indépendantistes sont pourtant rapides comme l’éclair quand il s’agit de dénoncer les écarts de langage commis par leurs adversaires ou les propos racistes des Don Cherry de ce monde. Et du côté fédéraliste, on laisse passer, peut-être de peur d’être à son tour visé. Quelqu’un, quelque part va-t-il défendre Michaëlle Jean?

Rendons hommage à la députée bloquiste Vivian Barbot, qui n’a pas tardé à dénoncer le texte de VLB: «C’est un parfait torchon. On peut très bien trouver que le rôle de gouverneur général est archaïque. Mais s’en prendre à la personne de façon aussi diffamatoire? Non.»

Samuel Pierre, auteur d’un ouvrage sur les Québécois d’origine haïtienne, dit avoir bien hâte de voir la réaction des Québécois d’origine canadienne-française au texte de VLB. Pour l’instant, c’est le silence…

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3) La Presse: Réaction de l'écrivain Dany Laferrière, ami de Victor-Lévy Beaulieu

Reine-nègre : une insulte !

Par Dany Laferrière
L’auteur est écrivain. Il répond ici au texte signé Victor-Lévy Beaulieu et publié dans L’Aut’journal, au sujet de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean.

Personne n’ignore qu’au Québec on vit de symboles. On n’a qu’à toucher à notre langue, à notre fierté, à nos rêves, et même depuis peu à notre religion pour que nous nous mettions debout comme un seul être. Le moindre animateur de télévision française (Thierry Ardisson) ou écrivain (Françoise Sagan) ou académicien autrefois aimé ici (Maurice Druon) qui rigole à propos de notre accent se retrouve instantanément dans l’eau bouillante. L’homme de la rue, comme le politicien influent, ou la mondaine réagissent de la même manière sur ce délicat sujet. Voilà ce qu’on appelle un puissant symbole collectif.
Ce qui ne veut pas dire qu’on ne discute pas ici de la question de la langue. C’est notre sport national, parfois même avant le hockey. La qualité de la langue, sa place dans l’histoire, tout cela nous touche au plus haut point. J’ai su que j’étais québécois quand pour la première fois en 1982, un étranger a fait une remarque à propos de l’accent du Québec et que j’ai senti mon sang faire un vif tour dans mon corps (l’amour est physique). S’il avait raison (on a tous un accent et il est souvent étrange pour l’autre), je sentais qu’il se cachait autre chose derrière son argumentation. Le désir de blesser n’y était pas absent.
Au Québec, on vit de symboles en ignorant parfois que les autres peuvent en avoir aussi. On doit savoir que nous ne sommes pas les seuls à réagir vivement quand on touche à ce qui fait notre matière première. Nous avons l’habitude de croire, dès que nous nous installons dans une légitimité politique ou morale, que nous pouvons détruire l’autre. Le gifler, l’insulter, le traîner dans la boue. C’est un comportement d’enfant. L’adulte doit chercher plutôt à convaincre. Sauf s’il est à court d’arguments. Cela part d’un simple principe : du moment qu’on ne touche pas à la personne physique, on peut y aller comme on veut. Lynchage psychologique, lapidation symbolique, exil mental (on efface le coupable du portrait de groupe) : c’est une société qui pratique une terrifiante violence abstraite. Ce qui parfois n’est pas loin de la violence physique. On poignarde sans couteau, enlevant ainsi à la victime son premier droit : celui de se plaindre.
Depuis quelque temps, on semble avoir trouvé une expression pour désigner Michaëlle Jean, la gouverneure générale du Canada : « la reine-nègre ». On l’a appelée au début « la princesse noire » toujours dans le but d’insulter. Je le dis à cause du contexte de l’article. Car, comme vous le savez, le contexte existe. On n’est pas assez bête pour ne pas sentir une gifle. Et il n’y a pas pire gifle que quand on part de ce que vous êtes pour vous ridiculiser. C’est le principe même de la colonisation : l’humiliation. Il faut trouver un moyen à ce que l’autre ait honte de ce qu’il est. Et quand on a vécu cela, on a toujours envie spontanément de le faire subir à un autre. Est-ce une malédiction que, pour sortir de sa condition de colonisé, il faut chercher à coloniser un autre plus faible ? Je sais que le Québec a assez de force d’âme pour rompre avec ce cercle vicieux. Mais pour cela, on ne peut pas se contenter de regarder ailleurs quand quelqu’un se fait ainsi humilier dans sa personne. L’insulte publique est un acte qui regarde la collectivité. Ce silence, quand un autre dont on ne partage pas le point de vue se fait insulter, finira par anesthésier notre sensibilité profonde. L’expression « reine-nègre » est, pour moi, une insulte. Peut-être même plus. Pour se défendre, on répond que c’est une expression généralement employée contre celui qu’un État colonisateur place au pouvoir pour en faire une marionnette. Je veux bien, alors pourquoi on ne l’a pas employée pour Jeanne Sauvé ou pour personne d’autre ici ? Pourquoi comme par hasard Michaëlle Jean est noire ? Et on ose dire que c’est parce qu’elle est noire que cela provoque tant de bruits. Au pays même des symboles à ne pas toucher avec des pincettes.
lundi 26 mai 2008

//Le texte de Dany Laferrière vient du lien ci-après:
http://www.cyberpresse.ca/article/20080526/CPOPINIONS02/80526013/6737/CPACTUALITES
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mardi 27 mai 2008

Bernier forcé de démissionner


Le ministre Maxime Bernier et sa «conjointe», la charmante Julie Couillard
(photo La Presse canadienne)

Par Hélène Buzzetti
Le Devoir du 27 mai 2008
Le ministre a laissé des documents secrets chez Julie Couillard.
Ottawa -- Le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a été éjecté de manière spectaculaire du cabinet, hier soir, après s'être accusé lui-même auprès du premier ministre d'avoir laissé traîner dans un endroit non sécurisé des documents secrets. Stephen Harper a toutefois affirmé que ce départ n'était en rien relié aux révélations du Devoir selon lesquelles l'ex-conjointe au passé trouble du ministre, Julie Couillard, s'est intéressée à la sécurité des aéroports.
Cliquez sur le lien suivant pour lire toute l'histoire:
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Bernier left sensitive documents in girlfriend's apartment, Couillard says

Mrs. Julie Couillard , Minister Maxime Bernier
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By Nelson Wyatt

The Canadian Press, Tuesday May 27, 2008

MONTREAL - Ex-foreign minister Maxime Bernier left sensitive government documents in her Montreal residence, where she alleged that evidence found recently suggested her bed had been bugged, Julie Couillard revealed Monday in a candid interview.

Please, click below to read the story:

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http://ca.news.yahoo.com/s/capress/080527/national/bernier_girlfriend

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lundi 26 mai 2008

Muhammad Yunus: «Vers un nouveau capitalisme»

C'est le titre du dernier ouvrage du prix Nobel de la paix.
L'auteur est docteur en économie.

Son livre est publié chez Lattès en 2008. C'est la traduction du livre «Creating a world without poverty».

Dr. Yunus est fondateur et directeur de la Grameen Bank au Bangladesh.

Son livre et ses réalisations peuvent fournir des idées aux compatriotes haïtiens et sortir Haïti des griffes du FMI et de la Banque mondiale, sans cesser de faire des affaires avec ces deux institutions ...sur de nouvelles bases.

Voici un petit extrait du livre:

pp.41-43 : De la Banque mondiale…

« Des campagnes ont été menées en faveur de la fermeture de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). J’y ai toujours été opposé. Ce sont des institutions importantes créées pour servir de très bonnes causes. Plutôt que de les fermer, il faudrait les moderniser de fond en comble…»
« Si on me demandait mon avis sur ce sujet, j’insisterais sur les points suivants :
Une Banque mondiale rénovée devrait être ouverte aux gouvernements comme aux investisseurs privés. Les investissements privés devraient suivre le modèle d’économie sociale que je vais décrire.
Elle devrait travailler avec les gouvernements, les ONG et les organisations d’un genre nouveau dont je propose la création dans ce livre : le social-business.
Le président de la Banque mondiale devrait être choisi par un comité de sélection qui examinerait les candidatures de personnalités qualifiées venant du monde entier.
La Banque mondiale devrait agir au travers de succursales nationales semi-autonomes disposant de leur propre comité consultatif plutôt qu’au moyen de bureaux nationaux dépourvus de pouvoir.
L’évaluation du personnel devrait reposer sur la qualité de son travail et sur l’impact de celui-ci, non sur le volume de prêts négociés. Si un projet échoue ou si ses résultats sont décevants, le membre du personnel qui l’a conçu et mis en œuvre devrait être tenu responsable.
La Banque mondiale devrait évaluer chaque année les projets qu’elle finance sur la base de leurs résultats en matière de réduction de la pauvreté. Chaque bureau national devrait être évalué de la même manière.»


pp. 51-66 : «Ce qu’est le social-business et ce qu’il n’est pas »

« …nous devons introduire un autre type d’activité économique qui prend en compte le caractère multidimensionnel de la nature humaine. Alors que les entreprises traditionnelles ont pour objectif la maximisation du profit, celles dont nous proposons la création se consacreraient au social-business. Les entrepreneurs fonderaient des social-business non pour réaliser des gains privés, mais afin de poursuivre des objectifs sociaux spécifiques.»

«…la liberté de marché ne serait pas menacée si toutes les entreprises ne cherchaient pas à maximiser le profit. Le capitalisme peut certainement être amélioré…En posant que les entreprises doivent nécessairement rechercher un profit maximal, nous avons créé un monde qui ignore le caractère multidimensionnel de la nature humaine. L’activité économique demeure par conséquent incapable de répondre aux problèmes sociaux les plus pressants.»

«…il nous faut créer un nouveau type d’activité économique visant des buts autres que la maximisation du profit – une activité économique totalement dédiée à la résolution des problèmes sociaux et environnementaux.»

«Ces nouvelles entreprises ressemblent par bien des traits à celles que nous connaissons. Mais elles s’en distinguent par leurs objectifs. Comme toutes les entreprises, un social-business emploie des travailleurs, produit des biens et des services, et les propose à ses clients à un prix cohérent avec son objectif. Mais son but ultime – et le critère au moyen duquel l’entreprise sera évaluée – est de créer des bénéfices sociaux pour ceux qui se trouvent à son contact. L’entreprise elle-même peut réaliser des profits, mais les investisseurs qui la soutiennent ne retirent aucun bénéfice de son activité : ils ne font que récupérer leur mise initiale après un certain laps de temps. Un social-business est une entreprise orientée vers une cause davantage que vers le profit; elle a de la sorte la possibilité d’agir comme un vecteur de changement. »

«Un social-business n’est pas une organisation charitable. C’est une entreprise au plein sens du terme. Elle doit couvrir l’ensemble de ses coûts tout en atteignant un objectif social.»

«…Ce que nous savons aujourd’hui nous permet de distinguer deux types de social-business.»
«J’ai déjà décrit le premier: il s’agit d’entreprises qui cherchent à produire des avantages sociaux plutôt qu’à maximiser le profit revenant à leurs propriétaires. Elles sont détenues par des investisseurs désireux de contribuer à procurer des bénéfices sociaux comme la réduction de la pauvreté, les soins médicaux pour les pauvres, la justice sociale, le développement durable, etc. Ces investisseurs renoncent à une rémunération financière au profit de satisfactions psychologiques, émotionnelles et spirituelles. »

«Le second type de social-business fonctionne de manière assez différente. Ce sont des entreprises cherchant classiquement à maximiser le profit, mais détenues par des pauvres ou par des personnes défavorisées. Dans ce cas, l’avantage social découle du fait que les dividendes et la valorisation de l’entreprise bénéficieront aux pauvres, les aidant de ce fait à lutter contre la pauvreté et même à y échapper.»

«Notez les différences qui séparent ces deux sortes de social-business. Dans le premier cas, c’est la nature des produits, des services ou du mode d’exploitation de l’activité qui crée le bénéfice social. Ce type de social-business peut fournir des produits alimentaires, des logements, des soins médicaux, de l’éducation et d’autres biens susceptibles d’aider les pauvres ; il peut dépolluer, réduire les inégalités sociales, ou travailler à soulager des maux comme la toxicomanie ou l’abus d’alcool, les violences conjugales, le chômage ou le crime. Toutes les entreprises qui réussisent à couvrir leurs coûts en vendant des produits ou des services et ne versent pas de dividendes à leurs investisseurs peuvent être qualifiées de social-business.»

«Dans le cas des social-business du second type, les biens et les services produits pourront ou non créer un bénéfice social. Le bénéfice social issu de ces entreprises viendra de leur mode de détention. Car les actions de l’entreprises appartiendront aux pauvres ou aux défavorisés (satisfaisant à des critères précis et transparents développés et appliqués par les directeurs de la société). Tous les bénéfices financiers produits par l’activité de l’entreprise iront aider ceux qui sont dans le besoin. »

«Imaginez qu’une région rurale pauvre soit séparée des principaux centres commerciaux du pays par une rivière trop profonde, trop large et trop sauvage pour être traversée à pied ou en utilisant des véhicules ordinaires. Seul un bac permet de la traverser ; mais il est cher, lent, et n’assure pas un service régulier…nous supposons que les gouvernements nationaux et locaux sont incapables de régler le problème en raison du manque d’argent, de l’indifférence du pouvoir politique, ou d’autres dysfonctionnements.»

«Supposons à présent qu’une société privée soit créée pour construire une nouvelle autoroute ainsi qu’un pont moderne et sûr permettant de relier cette zone rurale au cœur économique du pays. Cette société pourrait être structurée sous forme de social-business, et ce de deux manières. »

«Elle pourrait tout d’abord offrir aux habitants disposant de faibles revenus un accès à tarif réduit, alors qu’elle appliquerait le plein tarif aux habitants appartenant à la classe moyenne ou supérieure ainsi qu’aux grandes organisations commerciales…Les recettes du péage couvriraient les coûts de construction, d’entretien, de maintenance du pont et de l’autoroute ; au-delà elles permettraient de rembourser les fonds initialement fournis par les investisseurs. Ces investisseurs ne participeraient pas aux profits. Si des profits supplémentaires étaient dégagés, ils pourraient servir à financer une infrastructure complémentaire bénéficiant à la communauté rurale : davantage de routes et de ponts, par exemple, ou peut-être des social-business susceptibles de dynamiser l’économie locale et de créer des emplois. »

«La propriété de la société gérant le pont et l’autoroute pourrait en second lieu être attribuée aux habitants à bas revenus de la région rurale. Ce résultat serait obtenu en leur vendant des actions à bas prix ; ils les achèteraient grâce à des prêts émanant d’organisations de micro-crédit ou au moyen de crédits qu’ils rembourseraient ultérieurement avec les profits de l’entreprise. Les profits supplémentaires générés par les péages pourraient être soit investis dans de nouveaux projets d’infrastructures, soit restitués sous forme de dividendes aux détenteurs de la société.»

«La Grameen Bank consent aux pauvres de petits prêts sans garantie et à un coût raisonnable. Ils peuvent ainsi démarrer ou agrandir une petite affaire et, à terme, sortir de la pauvreté. Si elle était détenue par des investisseurs aisés, la Grameen bank serait une entreprise cherchant à maximiser son profit. Mais il n’en est rien. La Grameen Bank est détenue par les pauvres : 94% de ses actions appartiennent aux emprunteurs eux-mêmes. »

«La structure de son actionnariat fait donc de la Grameen Bank un social-business. Si une grande banque comme la Grameen peut être détenue par les femmes pauvres du Bengladesh, n’importe quelle compagnie importante peut appartenir aux pauvres si nous parvenons à développer des modèles concrets de gestion de la propriété. »

«Et oui, un social-business pourrait également combiner ces deux manières de faire bénéficier les pauvres de son activité : il pourrait suivre un modèle économique conçu pour produire des bénéfices sociaux grâce à la nature des biens ou services crées et vendus, et aussi être détenu par des pauvres ou les désavantagés… »

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stateMEnt

Saturday, June 21, 2008

5:00 p.m. to 8:00 p.m.

At CASEGHA

218-46 Hempstead Avenue
Queens Village, NY

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marylinorama@gmail.com

Montrealer kidnapped in Haiti

Thu May 22, 7:26 AM
MONTREAL (CBC) - A Montreal woman was kidnapped early Wednesday in Haiti's capital while working on a learning exchange.
Police in Haiti said Nadia Lefebvre, 32, was abducted while driving through Port-au-Prince around 2 a.m. in a vehicle owned by the international aid organization with which she is volunteering.
The incident happened in a well-to-do residential area of the capital.
Haitian police said they have spoken with Lefebvre and she seems to be doing well.

Please click below to read the entire article:
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http://ca.news.yahoo.com/s/cbc/080522/canada/montreal_mtl_haiti_kidnap_1
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vendredi 23 mai 2008

Mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société: le coefficient de Gini

Le coefficient de Gini est un indice qui mesure le degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée (un pays donné).

Cet indice s'exprime par un nombre compris entre 0 et 1 (ou entre 0% et 100%): 0 signifie l'égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien).

Selon Wikipédia:

  1. Les pays historiquement égalitaires ont un coefficient de l'ordre de 0,2 (Bulgarie, Hongrie, Slovaquie, Tchecoslovaquie, Pologne,...).
  2. Les pays les plus inégalitaires au monde ont un coefficient de 0,6 (Brésil, Guatémala, Honduras, ...).
  3. En France, le coefficient de Gini est de 0,36 (source : INSEE revenus fiscaux 2004). Celui de la Chine est en train de monter et dépasse maintenant 0,5.

Haïti est, selon mes calculs, dans la catégorie 2. (les pays les plus inégalitaires), avec G=0,60.

Vous pouvez cliquer sur le lien ci-après pour consulter une liste de 124 pays classés en fonction de leur coefficient de Gini:
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Haïti ne figure pas sur cette liste.
Voir aussi les données de la banque Mondiale par le lien suivant:
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On notera sur la liste de Wikipédia que le Mali, par exemple a un coefficient de Gini G=0,505 (valeur identique à celle utilisée dans le DSNCRP pour Haïti).
On peut consulter le rapport final DSNCRP en cliquant sur le lien suivant:
Pour obtenir le coefficient de Gini, on commence par tracer la courbe de Lorenz. Ne vous laisser pas intimider par ces grands noms. Il s'agit de la courbe obtenue en portant en abscisses sur une échelle graduée en pourcentages, le pourcentage cumulé de la population (associé au pourcentage cumulé du revenu en ordonnées). Pour chaque point de pourcentage en abscisse, on porte donc en ordonnées le pourcentage cumulé du revenu. On joint ensuite les différents points par un polygone qui est toujours situé au-dessous de la première bissectrice du repère (diagonale du carré de côté 1 (ou 100%)).
Désignons par A, l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz, et, par B, l'aire de la zone situé au-dessous de la courbe de Lorenz, alors le coefficient de Gini est:
G= A/(A+B)
Notez que:
A+B=0,5 (la moitié de l'aire du carré de côté 1),
et que: A et B sont tous deux des aires comprises entre zéro et 0,50.
Calcul de Gini pour Haïti en 2007.-
La courbe de Lorenz pour Haïti passe par les points suivants (en plus des points (0,0) et (1,1)):
Point B(0,40, 0,059): 40% de la population n'ont accès qu'à 5,9% des revenus;
Point C(0,80, 0,32) : seulement 20% de la population bénéficient de 68% des revenus;
Point D(0,98, 0,74) : les 2% les plus riches de la population bénéficient de 26% des revenus.
À l'aide de ces données tirées du DSNCRP, j'ai calculé sur la figure suivante le coefficient de Gini pour Haïti:

***


Coefficient de Gini pour Haïti en 2007 calculé par Dr. Pierre Montès (mai 2008)

***


//En français
//
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coefficient_de_Gini
//
//Gini en anglais
//
http://en.wikipedia.org/wiki/Gini_coefficient
//


En utilisant les données fournies dans le DSNCRP, on trouve que, pour Haïti en 2007, le coefficient de Gini est: G=0,5992 (soit en pourcentage 59,9).

Dans le DSNCRP, il est clairement indiqué que le coefficient de Gini utilisé dans le modèle (de Ravallion) de croissance et de réduction de la pauvreté est G=0,505 ( soit en pourcentage 50,5).

L'élasticité de la croissance de la pauvreté par rapport à la croissance du PIB est E=-1,13 dans le DSNCRP, pour G=50,5.

En prenant la valeur plus réaliste G=59,9 pour Gini, Le coin de Pierre a estimé cette élasticité et a obtenu la valeur E= -0,60 (toujours avec le modèle de Ravallion).

Pourquoi le MPCE, dans le DSNCRP, a-t-il utilisé la valeur G=50,5 ?
Il aurait été plus simple de placer son calcul en annexe du rapport DSNCRP.
Le modèle de Ravallion utilise un G initial. Il paraît évident que le G initial pour Haïti n'est pas du tout égal à 50,5 en 2007, ni en 2006. Et il n'atteindra pas cette valeur en 2011, et peut-être même pas en 2015, à moins que les haïtiens ne prennent le taureau par les cornes, en adoptant par exemple, les recommandations de l'économiste Muhammad Yunus et donc, en ne mettant pas tous leurs oeufs dans le seul et même panier du FMI et de la Banque Mondiale. Nous y reviendrons bientôt.

Nous reviendrons aussi bientôt pour présenter succinctement le modèle de Ravallion et celui plus général de Kakwani et Son.
_________
Pour lire une critique préliminaire du DSNCRP, cliquez sur le lien ci-après:
//
http://jfjpm.blogspot.com/2008/05/dsncrp-rsum-suivi-dune-critique.html

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jeudi 22 mai 2008

Québec/CCPARDC (Commission Bouchard-Taylor) : Rapport final

Liste des 37 recommandations du rapport final de la commission Bouchard-Taylor

Montréal, le jeudi 22 mai 2008. –

La Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (CCPARDC) a rendu publiques aujourd’hui les 37 recommandations de son rapport final.

Voici la liste complète de ces recommandations :

A L’apprentissage de la diversité

A1 Que l’État octroie beaucoup plus de moyens aux organismes dont le mandat est d’informer et de protéger les citoyens. Nous pensons en priorité à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et au Conseil des relations interculturelles.

A2 Que l’État encourage les projets et les initiatives permettant aux membres des minorités ethniques de se faire davantage voir et entendre devant le grand public (programmes de radio ou télé, journées thématiques, etc.).

A3 Que l’État accroisse le soutien financier à des organismes comme la Fondation de la tolérance, l’Institut du Nouveau Monde et Vision Diversité. Il devrait encourager également la création d’autres projets du même genre à l’échelle du Québec dans l’information, la formation, l’action intercommunautaire, le débat interculturel, la diffusion du pluralisme.

A4 Que l’État accroisse également son appui aux initiatives analogues, aussi prometteuses, déjà en cours ou en préparation dans le monde scolaire et dans le secteur de la santé.

B Les pratiques d’harmonisation

B1 Que l’État s’emploie davantage à promouvoir le cadre civique commun ou ce que nous avons appelé les valeurs publiques communes au sein de diverses institutions et dans le public en général.

B2 Que les gestionnaires d’institutions publiques intensifient leurs efforts pour :
Adapter à leur milieu et traduire en directives concrètes les grandes balises devant guider la gestion des demandes d’ajustement;
Poursuivre l’implantation de l’approche dite contextuelle, délibérative et réflexive.

B3 En conformité avec l’objectif de déjudiciarisation des pratiques d’accommodement, que l’État favorise la responsabilisation des acteurs ou intervenants des milieux institutionnels en s’assurant qu’ils ont reçu une formation adéquate. Par exemple, modifier le programme de formation des futurs enseignants pour y ajouter un apprentissage des questions interculturelles, et organiser des sessions spécialisées à l’intention du personnel en exercice.

B4 Que l’État s’assure que les établissements de soins disposent d’un budget suffisant pour combler leurs besoins en services d’interprète.

B5 Que l’État veille à mettre sur pied les mécanismes nécessaires pour que :
Se constitue au sein de chaque institution une expertise pratique en matière de traitement des demandes d’ajustement;
Soit diffusé au sein de chaque établissement, en particulier auprès du nouveau personnel, le savoir accumulé par les intervenants;
S’instituent des activités d’échange et de concertation entre les unités d’un même établissement ou entre établissements d’un même secteur ;
Les parents nouveaux immigrants soient mieux informés sur les pratiques d’ajustement et sur le fonctionnement du système scolaire.

B6 Nous approuvons l’initiative en cours à l’Assemblée nationale pour insérer dans la charte québécoise une clause interprétative établissant l’égalité hommes-femmes comme une valeur fondamentale de notre société.

B7 Que l’État mette sur pied un Office d’harmonisation interculturelle prenant la forme d’une instance paragouvernementale relevant de l’actuel Conseil des relations interculturelles. Œuvrant en complémentarité avec d’autres organismes déjà existants dans des domaines connexes, cet Office remplirait notamment des fonctions d’information, de formation, d’animation, de conseil, de recherche, le tout centré sur les pratiques d’harmonisation interculturelle, y compris interconfessionnelle, dans notre société.

B8 En matière de congés religieux :
Que l’État encourage les administrateurs publics et privés à s’orienter vers la formule dite des congés payés avec contrepartie, assortie de diverses possibilités d’aménagement;
Que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse produise un avis établissant des repères pratiques à l’intention des gestionnaires de tous les milieux de travail : explication du cadre juridique, conception d’outils pour statuer sur les demandes de congés religieux et proposition d’un éventail de formules conformes aux jugements antérieurs des tribunaux et adaptables à chaque milieu de travail ;
Concernant les problèmes liés au régime de congés religieux en vigueur dans les commissions scolaires (à savoir des congés supplémentaires payés), que l’État forme un comité d’experts mandaté pour trouver une solution équitable et conforme au cadre juridique actuel du régime des congés religieux et ce, après consultation des principaux acteurs intéressés.

B9 Que l’État valorise l’excellence en matière de pratiques d’harmonisation dans les milieux de travail :
En incitant les grandes sociétés d’État à affirmer un leadership dans ce domaine ;
En honorant publiquement les employeurs publics ou privés qui se sont signalés par leurs efforts d’intégration et d’harmonisation.

C L’intégration des immigrants

C1 En matière de planification des taux d’immigration, que l’État s’assure de maintenir en équilibre le nombre d’entrées avec les ressources disponibles pour l’accueil, notamment l’insertion à l’emploi et la francisation.

C2 Afin de combler une grave déficience qui se fait sentir présentement, que l’État hausse le financement consacré aux groupes communautaires et autres organismes de première ligne œuvrant à l’accueil et à l’intégration des immigrants, notamment pour consolider et développer le réseau d’organismes existants en évitant le saupoudrage.C3 Que l’État intensifie ses efforts en matière de francisation et d’intégration des immigrants par :
Une meilleure coordination des programmes de francisation des immigrants entre les ministères concernés;
La mise sur pied d’un groupe d’étude pour revoir toute la question de la sous-représentation des membres des minorités ethniques dans les postes de l’administration publique et concevoir une démarche plus efficace;
Une gestion plus concertée des programmes et des mesures d’intégration au sein de l’appareil gouvernemental, plus particulièrement entre les ministères de l’Immigration, de l’Éducation, de la Santé et de l’Emploi;
Une meilleure articulation des politiques d’immigration et d’intégration aux objectifs de développement économique et social de notre société;
Un effort intensif pour réduire le taux de chômage extrêmement élevé parmi les Québécois nés en Afrique et établis au Québec depuis moins de cinq ans.

C4 Que l’État intensifie les mesures pour accélérer le processus de reconnaissance des compétences et des diplômes acquis à l’étranger. Parmi les mesures pressantes, nous recommandons :
La mise sur pied d’un comité d’enquête indépendant mandaté pour faire la lumière sur les pratiques des ordres professionnels en matière de reconnaissance des diplômes;
L’établissement d’une instance indépendante permettant aux immigrants de formuler des plaintes et de demander une révision des décisions prises par les ordres professionnels;
La clarification des rapports entre, d’une part, le Conseil interprofessionnel du Québec, l’Office des professions du Québec et les ordres professionnels et, d’autre part, les universités, les cégeps et l’Office québécois de la langue française, afin de dénouer les impasses qui empêchent de donner suite aux exigences de formation d’appoint imposées aux immigrants.

C5 Que l’État intensifie ses efforts afin de stimuler la régionalisation de l’immigration. Dans cet esprit, il conviendrait de :
Instituer des mesures incitatives pour les entreprises qui recrutent des immigrants (par exemple, des mesures fiscales) afin de stimuler la régionalisation de l’immigration;
Accorder un financement ad hoc aux municipalités et aux nombreux organismes d’accueil et d’encadrement qui ont été mis sur pied hors de Montréal, afin de renforcer le réseau actuel;
Accorder une attention particulière à la Capitale nationale de façon à en faire un deuxième pôle métropolitain d’accueil des nouveaux venus;
Inviter les régions à faire connaître leurs besoins et à formuler des projets mettant à profit la main-d’œuvre immigrante;
Encourager et donner de l’expansion aux ententes de stages et d’échanges d’étudiants comme celles qui existent présentement entre la France et le Québec et qui amènent dans nos régions des étudiants étrangers;
Déléguer plus de responsabilités aux instances régionales.

C6 Pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, que le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles crée à leur intention un portail interactif afin de centraliser toute l’information sur les ressources et les services institutionnels (incluant : municipaux et communautaires), qu’il s’agisse d’emploi, de logement, de santé, d’éducation, etc.

C7 Que l’État accroisse le soutien financier aux organismes d’appui aux femmes immigrantes. C8 Que le ministère de l’Immigration prenne les mesures appropriées pour mettre à profit le bénévolat québécois aux fins de l’accueil et de l’intégration des immigrants, notamment pour leur donner accès aux réseaux sociaux.

C9 Que le ministère actuellement responsable de l’immigration s’appelle désormais le ministère de l’Immigration et des Relations interculturelles.

D L’interculturalisme

D1 Que l’État entreprenne une vigoureuse campagne afin de promouvoir l’interculturalisme au sein de notre société, afin qu’il soit davantage connu.

D2 Pour mieux établir l’interculturalisme comme modèle devant présider aux rapports interculturels au Québec, que l’État en fasse une loi, un énoncé de principe ou une déclaration en veillant à ce que cet exercice comporte des consultations publiques et un vote de l’Assemblée nationale.

D3 Que l’État encourage sous toutes sortes de formes les contacts interculturels comme moyens de réduire les stéréotypes et de favoriser la participation et l’intégration à la société québécoise. Dans cet esprit :
Mettre en œuvre des programmes d’immersion, de mentorat et de tutorat ainsi que de parrainage ou de jumelage, notamment sur le modèle de l’ancien programme d’échange d’étudiants entre Montréal et les régions. Dans le même esprit, intensifier les pratiques scolaires interculturelles, les diverses initiatives municipales et les programmes déjà existants;
Encourager sous toutes ses formes l’action intercommunautaire;
Accentuer les efforts pour stimuler le tourisme régional auprès des membres des minorités ethniques montréalaises.

D4 Créer un Fonds d’histoires de vie des immigrants, placé sous la gestion de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

D5 Que l’État prête attention aux représentations qui ont été faites concernant les écoles dites ethnoconfessionnelles.

E Les inégalités et la discrimination

E1 Que l’État s’emploie à mieux connaître et combattre les diverses formes de racisme – en particulier l’ethnicisme – présentes dans notre société. Dans cet esprit :
Qu’une attention particulière soit portée à la lutte contre les crimes haineux et à la protection de toutes les personnes sujettes à la discrimination multiple (homosexuels, handicapés, etc.);
Que la charte québécoise interdise l’incitation publique à la discrimination;
Que des initiatives exceptionnelles soient prises pour lutter contre l’islamophobie et l’antisémitisme et pour combattre la discrimination dont sont l’objet tous les groupes racisés, notamment les Noirs;
Que plus de ressources et de moyens soient donnés à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

E2 Que les mandataires et les organismes de l’État soient imputables de leurs résultats en matière de lutte contre le racisme et la discrimination, et à cette fin, mettent en place des mécanismes de reddition de compte fondés sur des indicateurs de performance.

E3 Que l’Assemblée nationale donne suite à une recommandation de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse visant à renforcer les droits économiques et sociaux reconnus aux articles 39 à 48 de la charte québécoise :
« La Commission recommande que les droits économiques et sociaux reconnus aux articles 39 à 48 de la Charte soient renforcés en fonction des trois axes suivants :
Ajout d’une disposition générale, avant l’article 39, prévoyant que la loi doit respecter le contenu essentiel des droits économiques et sociaux;
Extension aux articles 39 à 48 de la primauté sur la législation, prévue par l’article 52 de la Charte;
Entrée en vigueur graduelle de ladite primauté, limitée dans un premier temps aux lois postérieures, puis étendue aux lois existantes. »

F La langue française

Note. – Il n’y a aucune recommandation formelle dans le rapport puisque la CCPARDC a jugé que ce thème était à la limite de son mandat. Cela dit, les coprésidents ont procédé à une revue de la situation dans leur rapport.

G La laïcité

G1 Que le gouvernement produise un Livre blanc sur la laïcité, dont le but serait de :
Définir ce qu’est la laïcité à partir de ses quatre principes (les deux premiers correspondant à ses finalités profondes et les deux autres se traduisant dans des structures institutionnelles essentielles);
Rappeler les grands choix faits par le Québec en matière de laïcité ;
Défendre la conception ouverte de la laïcité choisie et mise en œuvre par le Québec;
Clarifier et soumettre au débat public les questions au sujet desquelles des consensus restent à construire.

G2 Concernant le port de signes religieux par les agents de l’État :
Qu’il soit interdit aux magistrats et procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison, aux président et vice-présidents de l’Assemblée nationale.
Qu’il soit autorisé aux enseignants, aux fonctionnaires, aux professionnels de la santé et à tous les autres agents de l’État.

G3 Que des mesures soient prises afin de rendre certaines pratiques en cours dans nos institutions publiques conformes aux principes de la laïcité ouverte. En conséquence, au nom de la séparation entre l’État et les Églises et au nom de la neutralité de l’État, nous recommandons que :
Le crucifix au-dessus du siège du président de l'Assemblée nationale soit retiré et replacé dans l’Hôtel du Parlement à un endroit qui puisse mettre en valeur sa signification patrimoniale;
Les conseils municipaux abandonnent la récitation de la prière durant leurs séances publiques.

G4 Que le gouvernement fasse une promotion vigoureuse du nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse qui doit entrer en vigueur en septembre 2008.

G5 Que l’État produise et diffuse chaque année auprès des gestionnaires d’institutions et d’organismes publics ou privés un calendrier multiconfessionnel indiquant les dates des diverses fêtes religieuses.

H Les recherches à mener

H1 Que l’État libère des fonds de recherche additionnels qui seraient consacrés, notamment, aux sujets suivants :
La situation de l’interculturalisme;
Le double rapport, chez l’immigrant, à la culture d’origine et à la culture de la société d’accueil;
L’évolution des concentrations ethnoculturelles et leur signification en termes d’intégration ou de cloisonnement;
L’état et l’effet intégrateur de l’action intercommunautaire;
Le développement d’indicateurs permettant de mesurer l’effet des nombreux programmes gouvernementaux liés à l’accueil, à l’emploi, à la lutte contre la discrimination, à l’intégration sociale et culturelle;
La situation et le parcours des sous-groupes défavorisés (jeunes issus de minorités racisées, femmes immigrantes, et autres);
L’évolution du lien social dans les quartiers à forte concentration d’immigrants;
Les formes de l’islamophobie et les correctifs à apporter;
Les manifestations d’antisémitisme et les correctifs à apporter.

H2 Que l’État crée un fonds spécial de subvention réservé aux universités et aux cégeps des région, pour des recherches appliquées sur la thématique générale de l’immigration et de l’intégration dans les régions.

La Commission

À la demande du premier ministre, M. Jean Charest, la CCPARDC a dressé un portrait des pratiques d’accommodement, mené une consultation publique dans l’ensemble du Québec et étudié les enjeux en cause.

Plus de 900 mémoires provenant de citoyens, de groupes et d’associations ont été déposés et 241 témoignages ont été entendus durant les 31 jours d’audiences. Un total de 3 423 personnes ont participé aux 22 forums régionaux et plus de 800 aux quatre forums nationaux. Treize recherches ont été commandées à des spécialistes de différentes universités québécoises et 31 groupes-sondes ont été organisés à travers le Québec avec des personnes de divers milieux.

Lorsqu’elle mettra fin à ses activités en juin, la CCPARDC aura dépensé un montant de 3,7 millions de dollars sur un budget total de 5,1 millions de dollars. Le rapport final et les autres documents afférents peuvent être consultés en ligne à l’adresse :
www.accommodements.qc.ca

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//Site Web de la Commission
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http://www.accommodements.qc.ca/
//
//Rapport final et intégral en français
http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports/rapport-final-integral-fr.pdf
//
//Rapport final et abrégé en anglais
http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports/rapport-final-abrege-en.pdf
//

mercredi 21 mai 2008

OGM et anti-OGM

Amies et amis internautes,

Certaines des références ci-après sont à lire avec discernement, comme Wikipédia vous le mentionnera:

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http://fr.wikipedia.org/wiki/OGM
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http://en.wikipedia.org/wiki/Genetically_modified_organism
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_anti-OGM
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http://www.arte.tv/monsanto
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Les OGM de Monsanto

Après Christiane Charette, Pierre Maisonneuve poursuit avec la question des OGM.
Cliquez sur le lien suivant pour avoir le point de vue des invités de l'émission Maisonneuve en direct, aujourd'hui 21 mai 2008:

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http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/21052008/101733.shtml
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Marie-Monique Robin, seule contre Monsanto


Marie-Monique Robin (photo Christiane Charette, Radio-Canada, 21 mai 2008)
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Source: Radio-Canada, mardi 21 mai 2008

« On ne peut pas laisser le contrôle de la chaîne alimentaire planétaire entre les mains de compagnies comme Monsanto. »

La journaliste Marie-Monique Robin est en campagne pour nous sensibiliser aux agissements de la multinationale Monsanto, pionnière des OGM. Elle a réalisé un film et a écrit un livre sur le sujet, Le monde selon Monsanto - De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien.

Cliquez sur le lien ci-après pour en savoir plus...

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mardi 20 mai 2008

Forte hausse des prix alimentaires depuis l'automne en France, selon l'INSEE

Fruits et légumes (photo morguefile.com)
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Source: The Associated Press - Mardi 20 mai, 14h55

PARIS - Beaucoup de consommateurs l'avaient constaté en faisant leurs courses, l'INSEE l'a confirmé mardi: les prix alimentaires ont fortement augmenté en France depuis l'automne, notamment ceux des produits laitiers et à base de céréales.

Le regain d'inflation observé ces derniers mois dans le pays "est surtout imputable aux produits énergétiques et aux produits alimentaires", écrit l'Institut national de la statistique et des études économiques dans une étude consacrée aux variations de prix des produits alimentaires.

Ainsi, entre février 2007 et février 2008, les prix alimentaires ont progressé de 5% en France et de façon similaire dans les principaux pays européens (+5,8% pour la zone euro et +6,6% pour l'ensemble de l'Union européenne).

"La hausse a été particulièrement forte pour les produits à base de céréales et plus encore pour les produits laitiers", souligne l'INSEE. Par exemple, pour le poste "lait, fromage et oeufs", les prix se sont envolés de près de 10% (9,8% exactement) en France en l'espace de six mois, entre septembre 2007 et février 2008, alors même que la hausse n'avait été que de 2,1% au cours des six années précédentes (septembre 2001-septembre 2007). Evolution comparable pour le poste "huiles et graisses", qui inclut le beurre.

Parmi le millier de produits suivis pour le calcul de l'indice des prix, trois produits alimentaires de base, couramment consommés, retiennent l'attention: les pâtes alimentaires supérieures, le beurre extra-fin et le lait UHT demi-écrémé, dont les prix ont grimpé respectivement de 9,3%, 8,9% et 8,6% en trois mois, entre novembre 2007 et janvier 2008, selon l'Institut.

Ces hausses moyennes, déjà élevées, dissimulent en outre de fortes disparités d'évolution selon le lieu de vente où a été effectué le relevé. Ainsi, pour le beurre extra-fin, les statisticiens de l'INSEE font état de variations allant localement de -33,1% à +68,9%, avec une majorité de hausses comprises entre 10% et 40%. Pour les pâtes, la hausse maximale ponctuelle relevée s'établit à 48,6% durant cette période et, pour le lait, à 42,3%.

Toutefois, selon l'INSEE, malgré le caractère spectaculaire de ces quelques hausses, "les variations restent, dans leur majorité, d'ampleur modérée".

Lors d'une conférence de presse au siège de l'Institut, le directeur général de l'INSEE Jean-Philippe Cotis a présenté mardi de nouveaux indices affinés d'évolution du pouvoir d'achat, censés refléter davantage la perception qu'en ont les ménages.

Ainsi, à côté du traditionnel pouvoir d'achat du revenu disponible brut (RDB) apparaissent désormais le pouvoir d'achat du RDB par unité de consommation (différents consommateurs composant le foyer) ainsi que le pouvoir d'achat du revenu "arbitrable" (revenu qu'on peut choisir ou non de dépenser) par unité de consommation.

Surtout, l'INSEE a aussi décidé de prendre en compte le poids des dépenses pré-engagées (logement, remboursements d'emprunts, impôts et assurances, télévision et télécommunications) dans le revenu courant des Français. Il apparaît ainsi que, pour les 20% des ménages les plus modestes, le poids des dépenses courantes de logement dans leur revenu courant est passé de 31% en 2001 à 44% en 2006.
AP

//L'article ci-dessus provient du lien:
//
http://fr.news.yahoo.com/ap/20080520/tfr-alimentation-prix-insee-56633fe.html
//
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//À ne pas confondre avec l'indice des prix à la consommation (IPC/CPI). Pour une description de l'IPC voir par exemple les liens suivants:
//
http://fr.wikipedia.org/wiki/Niveau_g%C3%A9n%C3%A9ral_des_prix
//
//
http://en.wikipedia.org/wiki/Consumer_price_index
//

Canada slips out of top 10 most peaceful countries; Iceland most peaceful

Source: The Associated Press (May 20, 2008)

LONDON (AP) - Canada has slipped out of a rating of the world's top 10 most peaceful countries.
The reason is Canada's involvement in Afghanistan and the addition of 19 more countries to the list, says David Crichton, a research director at Britain's Economist Intelligence Unit which conducted the Global Peace Index.

Canada was ranked number eight in last year's index but slipped to 11th place this year.

Crichton says that really isn't significant, given the number of countries evaluated.

He says the addition of 19 new countries to the list, bringing it up to 140 this year and including Iceland and Luxembourg, has dragged Canada down out of the top 10.

He also cited Canada's loss of lives in the conflict in Afghanistan as a factor.

The index, which ranks a number of internal and external factors, found Scandinavian countries among the most peaceful, taking the top three spots.

Canada came in one spot ahead of Switzerland and two ahead of Sweden.

That compared with Britain at 49th spot and the United States at 97, a ranking that had it behind countries such as Kuwait, Nicaragua and Libya.

The index, now in its second year, ranks countries according to their relative states of peace, based on factors such as military expenditure and respect for human rights, the homicide rate and other things.

This year, Iceland was selected the most peaceful place, beating last year's winner Norway, which came in third. Denmark was No. 2.

Israel, Afghanistan, Sudan, Somalia and Iraq were at the bottom of the list.

The idea for the index came from Steve Killelea, an Australian businessman and philanthropist who wanted to identify just what creates a peaceful country.
//
//The article comes from:
http://ca.news.yahoo.com/s/capress/080520/world/peace_index
//
//GPI in 2007:
http://en.wikipedia.org/wiki/Global_Peace_Index
//
//GPI en 2007:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Global_Peace_Index
//

La chanteuse québécoise Céline Dion de retour devant son public parisien

Céline Dion à Paris en mai 2008 (photo Pierre Verdi, AFP)
***
Source: AFP
mardi 20 mai 2008, 10h53 PARIS (AFP) - La chanteuse québécoise Céline Dion s'est produite lundi soir à Paris, où elle n'avait pas chanté depuis neuf ans, et à offert à un public conquis d'avance un spectacle parfaitement rodé.

Cliquez sur le lien suivant pour lire l'article:
//
http://fr.news.launch.yahoo.com/dyna/article.html?a=/20052008/202/la-chanteuse-quebecoise-celine-dion-de-retour-devant-son-public.html&e=l_news
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vendredi 16 mai 2008

PROSPECTIVES POUR UNE RENAISSANCE HAITIENNE (PAGES RETROUVÉES - X)

Par Paul G. Magloire
(c) 1986, 2008

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD (10/05/08)

En 1986, le pays avait connu également une crise de la vie chère, en beaucoup de points semblable à celle d’aujourd’hui, mais d’intensité moindre. En effet, les prix avaient subi une montée vertigineuse et cette période marquée par ce qu’on a appelé la bamboche démocratique était accompagnée d’une diminution de l’approvisionnement en céréales et en vivres alimentaires sur le marché local, due en partie à une suite de mauvaises récoltes dans le pays. Et d’un autre coté, avec les changements sociaux-politiques créés par la chute du régime dictatorial et la montée des revendications de la population pour un mieux être, le terrain était propice pour l’adoption de mesures populaires, comme la réduction des tarifs sur les produits agricoles et l’importation massif de riz et d’autres produits alimentaires, afin de compenser le déficit temporaire de la production nationale et abaisser les prix. Malheureusement, ces mesures vont rester et même seront renforcées au détriment de la production nationale. A l’époque, en tant qu’agriculteur et voyant le danger pour nous les producteurs locaux, nous avons suggéré, de préférence, de transformer la crise en opportunité pour lancer un effort national et adopter un Plan d’Urgence capable de créer des emplois pour augmenter les revenus des familles. On devrait adopter aussi des mesures d’austérité pour réduire les dépenses de l’Etat et dégager des ressources pour financer ce plan. Mais, d’autres facteurs politiques ont prévalu sur l’intérêt national. (Nous publions en fin de texte le Plan d’Urgence que nous avions envisagé en 1986.)

L’ampleur de la crise aujourd’hui est bien plus grande. Elle a déjà créé des émeutes dans plusieurs villes du pays et dans la capitale. D’essence conjoncturelle, cette crise pourrait devenir structurelle, si les mesures appropriées ne sont pas adoptées à temps. Ainsi, nous proposons un Plan d’Urgence sur une période de trois ans qui prend en compte la nécessité de procéder à des réformes dans la gestion de l’Etat, des mesures temporaires pour abaisser le coût de la vie, et le lancement de plusieurs grands chantiers pour créer du travail, tout en mettant en place des structures pour la décentralisation du pays. Car, comme pour les dernières émeutes, nous pouvons prévoir d’autres bien plus graves qui pointent déjà à l’horizon.

SCHEMA DU PLAN D’URGENCE

I. Adoption de mesures d’austérité pour dégager du trésor public 6 milliards de gourdes l’an pour alimenter 3 Banques de Développement Régionales qui grace à des instruments financiers émis par un Fond de Développement Régional solliciteront les investisseurs Haïtiens dans le pays et à l’étranger à participer à cet effort national axé sur des pôles de développement régionaux.
II. Modernisation et équipement de trois villes régionales, Cap-Haitien, Cayes et Hinche, qui devront servir de points focaux pour les Pôles de Développement articulés dans le Grand-Nord, le Grand-Sud et le Grand-Centre du pays.
III. Passation par le parlement d’une résolution pour reconnaître comme un cas de force majeure que la capitale du pays, le siège du gouvernement, soit établi chaque année, alternativement, dans l’une des trois régions pour, de ce fait, servir à dynamiser la modernisation desdites régions et leur valorisation.
IV. Restructuration du Budget National pour allouer un minimum de 20% des fonds à la déconcentration administrative et à la décentralisation qui inclurait une dotation financière des mairies sur une base proportionnelle et une partie des fonds servirait à financer des projets municipaux selon les critères établis par le gouvernement central.
V. Négocier un Moratoire avec les bailleurs de fonds internationaux afin que les mesures de développements régionaux qui visent à relancer la production, créer de multiples nouvelles entreprises et de la richesse, et générer du travail pour les milliers de chômeurs sans ressources, puissent commencer à avoir leurs effets positifs avant de procéder au licenciement massif dans le cadre de la reforme des entreprises publiques. Les négociations porteront aussi sur l’utilisation rationnelle d’une partie des réserves de la Banque Nationale (BRH) dans le financement du programme de développement des pôles régionaux.
VI. Compte tenu de la dégradation de la vie quotidienne et de la frustration manifeste de la population face à la montée des prix, dans l’intérêt de la paix des rues, des dispositions devaient être prises pour apporter un soulagement aux groupes les plus sensibles de la population. Ces dispositions pourraient s’étendre sur une période de 3 à 6 mois et les manques à gagner qu’ils pourraient entrainer pour le trésor public seraient absorbées par la réduction des dépenses prévues dans les mesures d’austérité dans le gouvernement.
Les Mesures d’Austérité et de Réforme Administrative
Le but de ces mesures serait de réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat et de dégager la somme de 6 milliards de gourdes pour financer le Plan d’Urgence. La moitié de cet argent, soit 3 milliards, doit servir de capital initial pour un Fond National de Développement Régional (FNDR) qui à travers 3 Banques Régionales de Développement (BRD) financera une série d’activités dans les 3 Pôles de Développement Régionaux (PDR). Les mesures d’austérité seront les suivantes :
1- Réduction du Budget de la Présidence de 50%
2- Réduction du Budget de la Primature de 50%
3- Redistribution des Portefeuilles Ministériels afin d’économiser 20% du budget de fonctionnement et de rendre le cabinet ministériel du gouvernement plus efficient, et doter les ministères de missions capables de répondre aux exigences du moment. Le nombre des Ministères se réduirait à 10 dans le respect des prescriptions constitutionnelles et seraient répartis de la façon suivante :
1) La Primature :
Le Secrétariat à l’Orientation, la Coordination et l’Evaluation Administrative
Le Secrétariat à la Modernisation et à la Réforme Administrative
Le Secrétariat à la Communication
2) La Chancellerie Haïtienne :
Le Secrétariat des Affaires Etrangères et des Cultes
Le Secrétariat de la Coopération Bilatérale, Multilatérale et Décentralisée
Le Secrétariat des Haitiens Vivants à l’Etranger
Le Secrétariat du Tourisme et du Développement des Sites d’Accueil
Le Secrétariat de Coordination des Organisations Non-Gouvernementales
3) Le Ministère de l’Intérieur :
Le Secrétariat de la Défense Nationale et des Affaires Frontalières
Le Secrétariat des Collectivités Territoriales et de la Décentralisation
Le Secrétariat de la Protection Civile et de la Prévention des Désastres
Le Secrétariat de l’Emigration et de l’Immigration
Le Secrétariat pour lutter contre le Trafic de la Drogue et la Contrebande
4) Le Ministère du Progrès Economique et des Ressources Humaines :
Le Secrétariat du Travail, de l’Emploi et du Niveau de Vie
Le Secrétariat de la Formation Professionnelle et Technique
Le Secrétariat de la Condition Féminine, de la Famille et de l’Enfance
Le Secrétariat de Support aux Handicapés et aux Personnes Agées
Le Secrétariat pour l’Intégration des Zones Marginalisées
5) Le Ministère de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et du Sport :
Le Secrétariat de la Formation Académique et Universitaire
Le Secrétariat à l’Education Permanente
Le Secrétariat de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs
Le Secrétariat de la Culture et des Fêtes Populaires
Le Secrétariat des Activités Civiques et Communautaires
6) Le Ministère de la Santé Publique de la Population:
Le Secrétariat de la Santé Publique et de la Prévention Sanitaire
Le Secrétariat des Soins Médicaux
Le Secrétariat aux Affaires d’Alimentation et de la Qualité de la Vie
Le Secrétariat des Urgences Nationales, Régionales et Locales
7) Le Ministère de la Justice et de la Protection des Vies et des Biens :
Le Secrétariat des Affaires Judiciaires
Le Secrétariat de l’Etat Civil et de l’Identification Nationale
Le Secrétariat de la Police et de la Sécurité des Vies et des Biens
8) Le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement National :
Le Secrétariat de l’Aménagement Territorial, du Cadastre et au Logement
Le Secrétariat des Travaux Publics, de l’Energie et des Mines
Le Secrétariat de la Technologie et des Télécommunications
Le Secrétariat de l’Environnement et des Ressources Naturelles
Le Secrétariat du Transport Aérien, Ferroviaire, Maritime et Routier
9) Le Ministère de l’Economie et des Finances Nationales et Régionales
Le Secrétariat des Finances, de la Taxation et des Revenus
Le Secrétariat du Budget National et Régional
Le Secrétariat de l’Ordonnancement et des Normes
10) Le Ministère de la Production et du Commerce
Le Secrétariat de la Production Alimentaire
Le Secrétariat de la Production Industrielle et Artisanale
Le Secrétariat de la Promotion des Entreprises
Le Secrétariat du Commerce et du Contrôle de la Qualité
Il est bon de noter que dans la nouvelle formulation du Cabinet Ministériel, seuls les Ministres formeront le Cabinet Ministériel. Et chaque Ministre d’Etat aura son propre cabinet formé de Secrétaires d’Etat, de Directeurs Généraux et de Directeurs Centraux. Dans le cadre de l’application des mesures de déconcentration administrative, certains Secrétaires d’Etat pourraient avoir leur office dans une capitale régionale dans le but de se trouver à proximité de leur centre d’opération et de renforcer l’administration régionale.

LES LIGNES DE FINANCEMENT DES BANQUES REGIONALES
Chaque Banque de Développement Régionale (BDR) sera dotée par le Fond National de Développement Régional (FNDR) d’un capital initial de 1 milliard de gourdes tiré des 6 milliards dégagés par les mesures d’austérité. Le Fond continuera à faire appel à des capitaux par la vente de bons à terme émis avec des coupons de $10, pour permettre d’attirer la participation des investisseurs à faible revenu du pays et dans la diaspora. Les estimations préliminaires font prévoir que la levée de fond par le FNDR pourrait être de $150 millions en moyenne l’an, soit $50 millions par région. Cette prévision représente aujourd’hui à peu prés 10 % du transfert annuel de la diaspora vers Haiti.

Ces fonds seront régis par les règlements internationaux dans le domaine, et consacrés à financer les 3 régions désignés et des activités rentables uniquement, telles que :
1- Construction de bâtiments, de centres commerciaux et de logements
2- Développement de 3 campus universitaires pouvant accueillir un minimum de 15 mille étudiants, soit le nombre d’étudiants haïtiens qui étudient actuellement en République Dominicaine
3- Développement d’un réseau régional de Collèges Techniques, d’Art et Métiers avec la capacité d’accueillir 9 mille étudiants pour supporter le plan régional
4- Développement d’un système de service de soins de santé avec une capacité intégrée de 3 mille lits d’hôpitaux
5- Développement d’un réseau de lacs artificiels pour l’approvisionnement en eau d’irrigation pour l’agriculture et en eau potable pour la population des villes et des villages
6- Développement de systèmes de production et de distribution de l’énergie solaire, éolienne, et de bioénergie telle que le biodiesel et l’éthanol
7- Développement d’un réseau d’auberges pour accueillir les touristes locaux et étrangers
8- Financement de petites et moyennes entreprises dans le secteur industriel, de l’agro-industrie, des coopératives agricoles, d’élevages et d’artisanats
9- Financement de coopératives de distribution commerciale et de service
10- Financement d’entreprises professionnelles organisées en réseau régional

Il faut noter que le financement du FNDR représentera l’étape initiale du financement d’un Pôle Régional de Développement (PRD). Une fois le test de résultat traversé, il y aura d’autres efforts du FNDR pour obtenir le financement d’institutions financières internationales spécialisées et le Fond cherchera également à attirer des investisseurs du marché financier international qui s’intéressent au pays en développement. L’objectif final serait d’absorber un financement d’environ $1 milliard par région. Nous avons, dans la diaspora, des financiers avec la compétence et l’expérience nécessaire pour prendre charge du Fond National de Développement Régional et le conduire pour le succès de sa mission. Ses compétences n’attendent que l’opportunité de contribuer.
LES MESURES IMMEDIATES DE REDUCTION DE LA VIE CHERE
Les mesures d’urgence de réduction de la vie chère seraient envisagées pour avoir une application provisoire et certaines auront une application limitée et circonscrite à une région spécifique. La situation de vie chère qui affecte la population est directement liée au déficit dans la production alimentaire par rapport aux demandes, l’augmentation des prix du pétrole et ses conséquences sur les prix des produits, et le transport, l’absence de travail pour créer des revenus et permettre à la population de payer pour les biens et services, même quand leurs prix augmentent. Les manques à gagner et les dépenses qu’entraineront ces mesures seront compensées par la réduction des dépenses de fonctionnement envisagées dans les mesures d’austérité. Ces mesures pour soulager la population seront de plusieurs ordres :
Administratives et Fiscales : Les ports des villes de province seront ouverts et leur contrôle administratif renforcé afin de leur permettre de recevoir les marchandises alimentaires qui bénéficieront, sur une période de trois mois, d’une réduction de 30% du tarif douanier courant. Les tarifs seront rétablis à leur niveau actuel, graduellement, sur la période de trois mois qui suit.
Les matériaux de construction, tels le fer, le ciment et autres, bénéficieront de cette réduction aussi sur la base de ces mêmes périodes.
Alimentaire : Des coupons pour l’achat de produits alimentaires seront offerts à travers les mairies et les écoles de certaines zones ciblées, pendant une période de 3 à 6 mois.
Transport Public : Des coupons de réduction de prix du gallon de gazoline et de diesel seront délivrés aux chauffeurs des véhicules de transport public, à travers les syndicats de transport. De sorte que les prix chargés aux passagers pourront être réduit sur la base du montant des coupons qui seront négociés avec les syndicats du transport en commun.
Les taxes sur l’immatriculation et les vignettes des véhicules publics seront calculées sur une période de 3 ans. Pour la première année, le paiement de ces taxes seront de 20% du montant à payer sur les 3 ans ; de 30% la deuxième année et de 50% la troisième année, basée sur un protocole qui sera signé avec les syndicats du secteur transport.
Emplois pour les Jeunes : Environ 3000 étudiants seront engagés pour des emplois temporaires de 3 à 6 mois. Leur occupation sera, en grande partie, dans l’exécution des mesures d’urgence, et les plus qualifiés parmi eux seront engagés pour des stages dans l’administration publique.
Les mairies dans certaines zones ciblées recevront une dotation pour engager des jeunes pour créer des pépinières forestières communales. Ces pépinières, d’essences diverses, viseront à préparer des millions de plantules dans le cadre d’un programme national de reforestation.
Toutes ces séries de mesures viendront en complément à celles déjà en cours et devront être consolidées pour éviter les répétitions et le gaspillage dans cette période d’austérité nationale.

En effet, le 9 mars dernier, nous avons lancé l’avertissement dans L’AVANT PROPOS du texte I, de la série « AVANT QU’IL SOIT TROP TARD », pour dire que le risque d’avoir des émeutes dans le pays était imminent. Nous avons tenu compte d’un seul facteur qui est la récession qui frappe actuellement les Etats-Unis, là d’où vient la plus grande partie des transferts de la diaspora qui tiennent l’économie du pays à flot et qui permettent à une bonne partie de la population du pays de survivre, de trouver de quoi manger, d’envoyer leurs enfants à l’école, de payer pour les soins médicaux, de payer leur loyer etc. etc. etc. Mais, nous savons tous, en plus de la récession américaine, les prix des produits que nous importons ont augmenté et continuerons à augmenter. Cela est dû à la hausse des prix du pétrole et une forte augmentation de la demande pour les produits alimentaires sur le marché international qui dépasse l’offre des pays grands exportateurs. Une situation de rareté qui est très favorable à la spéculation également.

Considérons d’abord la récession économique aux Etats-Unis et son impact sur la diaspora haïtienne dans ce pays. C’est le troisième mois successif que les entreprises aux Etats-Unis ont envoyé au chômage plusieurs dizaines de milliers de travailleurs. Nos compatriotes qui sont en situation illégale sont très affectés par cette situation. En fait, le nombre d’Haitiens licenciés n’apparaît pas dans les statistiques, car ils ne sont pas en position d’aller réclamer des allocations de chômage. Etant des employés sans qualification technique et sans papiers légaux, ils sont les premiers à être renvoyés par les entreprises de service et les petits employeurs là où ils travaillent. Ensuite, ils ne sont pas membre de syndicat ou d’aucune autre structure à travers lesquels ils pourraient faire passer leurs revendications. Ils sont obligés de prendre leur drame au cœur et de vivre sur leur épargne. Nous devons savoir que ce groupe de la diaspora est de souche récente et a laissé de la famille aux pays et des relations de bon voisinage de cousins et cousines. Donc, c’est ce groupe qui supporte le plus le pays et envoie des provisions et de l’argent régulièrement, et pour toutes les occasions, à la famille et au voisinage.

Visitant un ami de Floride qui est sans papier, il nous a raconté, c’est la première fois qu’il est en train de vivre une situation si pénible. D’après ce qu’il nous a dit, il envoie la plus grande partie de ce qu’il gagne en Haiti. Une partie va à sa famille et ses voisins. Le reste, on le dépose pour lui dans un compte d’épargne de Port-au-Prince, d’où il tire des fonds pour financer la construction d’une petite maison pour son père, sa mère, sa femme et ses enfants et quelques parents qui habitent avec eux dans une maison qu’il a affermée au bas de Delmas. Sa famille est de la province du Sud, et il est très fier d’avoir pu les faire rentrer à la capitale et considère un succès d’avoir pu faire tout cela. Mais, avec le prix du ciment et du fer qui avait augmenté considérablement, il avait pris la décision de camper sur le chantier de la maison ; et il a du prendre de ces fonds pour aider sa famille à tenir les deux bouts, car tout est devenu plus cher depuis la rentrée des classes, l’année dernière. Entretemps, il a perdu son job et ne sait pas à quel saint se vouer. Il ne gardait pas d’argent, ici, en Floride, car sans papier, il ne pouvait pas prendre la chance d’aller à une banque faire un dépôt. Il a toujours eu, à la maison, juste de quoi tenir jusqu'à la prochaine paie à son travail. Maintenant, il a déjà demandé à sa famille de retirer un peu d’argent qu’il avait à la banque en Haiti, et de le lui envoyer afin qu’il puisse vivre en attendant qu’il trouve un travail pour se débrouiller. Mais, il nous a dit, son plus grand problème c’est la peur. Il a toujours peur. Peur quand il va au travail, car s’il voit un policier venir dans sa direction, il a peur que cet agent procède à son arrestation et le déporte en Haiti. Il a peur quand il monte dans un autobus, car si quelqu’un le regarde trop, il pense qu’il pourrait être un agent de l’immigration des Etats-Unis qui l’arrêterait pour le déporter en Haiti. Il a peur le soir quand il est sur son lit et que quelqu’un frappe à la porte, car il se pourrait que ce soit un agent qui veut l’arrêter pour le déporter en Haiti. Il a beaucoup peur d’être déporté en Haïti. Malgré qu’il aime beaucoup son pays, il a du se refugier à Miami pour avoir la chance de trouver un job et gagner honnêtement sa vie. Mais, maintenant, il a très peur, que déporté en Haïti, il va se trouver dans la même situation qu’avant, sans travail, sans avenir, dans le pays. Sa situation est semblable à celle de milliers d’autres Haitiens qui vivent dans la diaspora.

Les Haïtiens qui jouissent de la résidence légale ne sont pas mieux lotis. Ils subissent la crise de façon très dure, et un consultant des organisations de base, en Floride, nous a dit que plusieurs milliers de membres de la diaspora ont déjà perdu leurs maisons ou sont en voie de les perdre dans le tumulte de la crise immobilière. D’après son analyse, les couches les plus faibles de la société américaine sont les premières victimes de la crise immobilière aux Etats-Unis. Cette crise, rappelons-nous, a pour base que des entreprises d’hypothèques avaient financé des maisons pour des milliers d’acheteurs qui n’étaient pas qualifiés pour obtenir une hypothèque, soit par manque de ressources financières pour faire un acompte ou pour payer l’hypothèque régulièrement. Les financiers ont, en réalité, fermé les yeux sur ces détails pour entrer sur ce marché où ils ont chargé des taux d’intérêts très élevés et ont réalisé des commissions exorbitantes. Ils ont vendu à ces acquéreurs non avertis des hypothèques qui n’exigeaient pas de gros versements de départ, mais exigeaient des paiements croissants. Ce marché de dupes s’est effondré quand les paiements mensuels vinrent à dépasser largement les revenus de ceux qui ont fait l’acquisition de leur maison avec ces contrats contraignants. Les vendeurs de ces genres d’hypothèques avaient ciblé les couches sociales économiquement faibles, comme les membres de la diaspora Haïtienne pour qui avoir une maison aux Etats-Unis est un rêve très caressé, comme aussi envoyer leurs enfants à l’université et obtenir la résidence légale. Donc, actuellement, la communauté Haïtienne est très affectée par la crise immobilière qui peut se traduire par une chute importante dans les transferts d’argent qu’ils font pour leurs parents et amis restés au pays. Ceux qui avaient acheté leurs maisons dans de bonnes conditions, le plus souvent prenaient une seconde hypothèque pour financer la construction d’une maison en Haïti, pour leur famille et leur retraite. Donc, la tendance est pour eux, aujourd’hui, de cesser ces investissements. Cela va ralentir le secteur de la construction, le plus dynamique de l’économie du pays.

Il y a de nombreux autres points, révélés par une enquête réalisée récemment par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) sur des communautés d’immigrés aux Etats-Unis, qui peuvent s’appliquer à la communauté Haïtienne également.

La question de la vie chère dans le pays, comme nous le savons, est très marquée par le prix du pétrole qui a presque doublé en moins de deux ans. D’après les prévisions sur le marché international, les prix continueront à augmenter dans les prochains mois. Ainsi, cela va continuer à affecter le coût de la gazoline et du diesel dans le pays qui est utilisé pour le transport public. Donc, les travailleurs, les petits commerçants, les élèves et étudiants qui utilisent ce service de transport auront, dans les mois qui viennent, une situation encore plus difficile que maintenant si un Plan d’Urgence ne prend pas en compte leur situation.

Les prix des céréales, comme le riz et le blé, pourraient baisser avec l’augmentation de la production dans les grands pays exportateurs. Car, les producteurs vont chercher à prendre avantage des prix élevés sur le marché international. Mais les analystes croient que la production restera en-dessous de la demande due à la consommation qui va continuer à augmenter dans les pays comme l’Inde et la Chine où les populations ont beaucoup plus de revenus et consomment beaucoup plus de nourriture qu’avant. Certes, il faut ajouter à tout cela la spéculation qui va empêcher au prix de revenir au niveau des années précédentes.

Donc, la vie chère va continuer dans le pays tant que la production n’augmentera pas. Mais, s’il n’y a pas de travail, même si les prix baissaient un peu, les gens continueront à ne pas avoir d’argent pour en acheter. Donc, sitôt que la saison des fruits passera, nous allons recommencer à ressentir cette faim atroce. La population va être à nouveau très mécontente. Ainsi, le risque de voir surgir une situation chaotique généralisée avec une tendance anarchique et des émeutes partout, n’est pas à écarter. Si la situation de la population continue à se dégénérer et que les mesures seraient de diminuer le nombre des emplois au lieu de les augmenter, et qu’on ne sait plus à quel saint se vouer pour enrayer le mal, il va arriver un moment où les forces de sécurité perdront le contrôle des rues. La pression continue sur les forces de sécurité, si elle prenait des proportions très importantes, pourrait aussi forcer des pays qui composent la MINUSTHA à faire le retrait de leurs troupes. Ceux qui ont faim n’entendront pas raison. Car, ventre affamé n’a pas d’oreilles. Ils voudront avoir des solutions concrètes à leur problème. N’attendons pas trop avant de trouver les solutions. Gouverner c’est prévoir.

Par deux fois, nous avons essayé d’attirer l’attention du Président de la République sur le sujet. Le patriotisme nous a porté à écrire au Président. Dans la première lettre datée du 19 avril 2007, nous avions mentionné que des dispositions pourraient être prises afin de mobiliser les ressources humaines, financières et techniques, tant sur le plan local que dans la diaspora, en vue de supporter un effort national pour relancer le programme de déconcentration et de décentralisation qui a le potentiel de créer au moins cent quatre vingt mille (180.000) emplois dans les municipalités de nos provinces, pendant son quinquennat, en mettant l’accent sur les jeunes, le renforcement des mairies et la création de milliers de petites entreprises capables de générer ces emplois.

Dans une nouvelle lettre datée du 4 février 2008, pour le remercier de son amabilité de nous avoir envoyé une carte de fin d’année qui faisait les souhaits d’un pays plus juste et prospère, nous nous sommes permis de répéter au Président que les Haitiens ont soif de travailler pour leur pays et qu’il avait une occasion historique de les entraîner dans cette voie et de leur donner satisfaction. Ainsi, il y aurait lieu de lancer un plan très ambitieux afin de les mobiliser et créer un vrai engagement pour le progrès du pays.

Comme l’a dit récemment, Robert Zoellick, le Président de la Banque Mondiale, « les pauvres et les affamés ne peuvent pas attendre. » Il faut un Plan d’Urgence. Mais, nous devons profiter aussi de ces circonstances graves pour mettre au point un Plan de Développement Régional afin de décentraliser le pays, et poser les jalons pour un plan de Modernisation sur les 25 prochaines années qui est un souhait cent fois répétés du Président René Préval. Nous devrions faire en sorte que ces situations d’urgence ne continuent plus à se répéter, comme quoi, nous avons une manie de ne pas anticiper ce qui peut arriver.


SCHEMA DU PLAN D’URGENCE PROPOSE EN DECEMBRE 1986

Pour sortir de la crise que nous vivons actuellement un train de mesures s’impose pour apaiser la situation des couches les plus défavorisées de la population.

1- Austérité : Il y a moyen d’adopter des dispositions, pour dégager de nos propres ressources un budget exceptionnel de CINQUANTE MILLIONS DE DOLLARS, au moins. Mais il faut nécessairement la volonté d’appliquer ces mesures.
a) Réduire le salaire des membres du gouvernement de 50% (CNG et Cabinet ministériel).
b) Ramener les plus hauts salaires et allocations, dans tous les bureaux de l’Etat, sans exception, à un niveau supportable dans l’immédiat.
c) Vendre toutes les voitures de luxe, indistinctement en usage dans les services de l’Etat. (les réexporter s’il y a lieu)
d) Transférer un certain nombre de ministères au palais national, qui deviendra de ce fait, le palais du gouvernement.
e) Vendre les bâtiments logeant des ministères, comme celui de l’information, de la justice, des sports etc.…
f) Vendre tous les biens ayant appartenu à l’ex-président qui sont localisables, ou saisis par l’Etat Haïtien à l'extérieur.
g) Fermer provisoirement les représentations diplomatiques d’importance secondaire.

2- Création d’Emplois : Au fur et à mesure que les fonds dégagés des mesures d’austérité seront collectés, ils seront alloués à des activités à haute utilisation de main-d’œuvre.
a) Travaux de construction : Entamer les travaux pour la deuxième route de Carrefour, débuter celle qui reliera le Plateau Central à l’Artibonite, en passant par Mirebalais, réparer et agrandir la route qui relie Gonaïves à Port-de-Paix, améliorer la route d’Ennery, St Michel de L'Attalaye, entamer la route de Baradères-Jérémie, commencer les travaux de réparation du Bassin Général (Plaine du Cul-de-Sac), également ceux de la Rivière du Limbé, et des travaux de protection contre la crue des ravins à la Gonâve.
b) Travaux forestiers et agricoles : Préparation d’une pépinière de six millions de plantules, d’essence diverses, reparties dans dix zones de plantations. Création d’un programme de plantation de dix mille hectares de terre en ananas, dans plusieurs régions du pays. Création d’un programme de plantation de vingt mille hectares de terre en manioc, dans cinq régions du pays.
c) Artisanat : La passation d’une commande, d’un million d’exemplaires, de lanternes décoratives en « Kit », des adolescents désœuvrés de la capitale. La passation d’une commande de plusieurs millions d’exemplaires d’articles en latanier, sisal, baneco, céramiques, etc.… des artisans ruraux.
d) Travaux d’embellissement : Repeindre tous les édifices publics des villes et encourager le commerce et l’industrie à en faire autant. Réaménager toutes les places publiques des villes. Monter des brigades, sous contrat, pour ramasser les détritus dans toutes les villes.

3- Abaissement du coût de la vie : D’autres mesures devront suivre ces dernières, pour abaisser le coût de certains produits, surtout en ce qui concerne les produits agricoles.
a) Importation du bois brut, et du charbon en vrac par le port de Miragoâne.
b) Importation du ciment par le port des Gonaïves.
c) Elimination de toutes les taxes sur l’irrigation pour l’année fiscale 1986 – 1987.
Il serait sage qu’un tel plan soit mis en place avant le début des élections, bien que cela pourrait impliquer le report de la date desdites élections. La situation est explosive, et les élections ne feront qu’exacerber les clivages, et occasionner des affrontements entre les forces en présence. Aucun vrai patriote ne souhaite, en fait, voir la population s’entretuer et pratiquer un suicide collectif.