vendredi 31 juillet 2009

Hommage à Léa Racine Bois

Par Madame Claudette Laurent
New York
Le 6 mars dernier, nous avons appris le départ d’une grande dame de notre pays à l’âge de 99 ans ; Mme Léa Racine Bois allait boucler ses 100 ans en juin, mais elle est partie un peu plus tôt. Elle a été une dame qui fut très chère aux Guides d’Haïti, puisqu’elle faisait partie du Comité des Dames de l’Association Nationale des Guides d’Haïti à côté de Mme Carmen Durocher, Mme Ena Haig, Mme Francesca Cuvilly, Mlle Jeanne Durocher, pour ne citer que celles-là.

Pour avoir connu Mme Bois depuis mon enfance, je m’en voudrais de ne pas évoquer certains souvenirs ; j’espère que ma mémoire ne me fera pas défaut. Très jeune, je fréquentais l ‘Ecole Annexe (annexe de l’Ecole Normale d’Institutrices) ; j’ai connu plusieurs directrices avant elle : Camille Munier, Mme Occuli Xavier, Mme Georges Honorat. Cependant, ce fut elle qui m’a surtout marquée. L’Ecole Annexe devint Ecole primaire République Argentine. Mme Bois passa trois ans à la tête de cette école : elle y avait placé ses filles, Marie-Denise, Eliane et Gladys. Pour ses élèves, elle était une maman affectueuse qui s’imposait par sa démarche vaillante et altière, elle était à la fois affectueuse, sévère et amoureuse de la discipline. Tout ceci excitait notre admiration. Mme Léa R. Bois ne marchandait jamais son concours tant chez les Guides que dans le domaine de l’éducation. Femme impartiale, elle n’épargnait pas ses propres enfants quand il fallait les punir ou les récompenser. En un mot, elle fut « une main de fer dans des gants de velours ».

Quand elle nous a laissées en 1950, c’était pour aller fonder le « Foyer Familial », une école primaire supérieure qui formait des jeunes filles. Quelques années plus tard, cette école se transforma en une plus grande sous le nom de Ecole République du Chili. Nous l’avons suivie dans sa carrière d’éducatrice quand elle est devenue inspectrice des écoles. Pensionnaire, elle continuait à dispenser ses services dans l’enseignement, plus précisément au Collège Catts Pressoir.

Nous n’allons pas oublier de si tôt cette femme extraordinaire qui a marqué plusieurs générations. Nous n’avons qu’à nous courber bien bas devant le départ de cette GRANDE DAME et présentons nos condoléances à ses enfants, ses petits-enfants et à toute sa famille.
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L'article original a été publié dans le Journal de CASEGHA (Association des Anciens Scouts et Guides d'Haïti)

jeudi 30 juillet 2009

Marie Curie (Marya Salomea Sklodowska), deux fois prix Nobel

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Marie Curie (7 novembre 1867 - 4 juillet 1934)

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Je viens de terminer la lecture du livre d'Henry Gidel intitulé: Marie Curie.

Loin des ordinateurs, d'Internet et du téléphone, mais près de ma chère moitié, j'ai pu, par intermittence, à l'intérieur de cinq jours consécutifs, lire (ou relire, comme disent les français) la biographie de cette femme exceptionnelle: Marie Curie.


Je recommande cette lecture aux internautes. Henry Gidel a fait un travail remarquable: la lecture de son livre est à la portée de tous, physiciens ou non, chimistes ou non. Monsieur ou Madame Tout-le-Monde pourra comprendre la vie et l'oeuvre de Pierre et Marie Curie décrites par Henry Gidel.


On peut lire ce qui est écrit sur la couverture du livre en cliquant ici ou en consultant la note ci-dessous (1).


La lecture terminée, dès que j'ai pu avoir accès à Internet, je me suis précipité sur le site Web de la BNF pour y lire la thèse de doctorat de Marie Curie.


La vie de Pierre Curie que l'auteur nous a brossée nous a particulièrement touchée. Nous avons cru déceler entre la vie de Pierre Curie et la nôtre quelques points de similitude, ... sur le plan professionnel.


On peut lire un résumé de la vie de Pierre Curie sur Wikipédia-P. Curie et celui de la vie de Marie Curie sur Wikipédia-M. Curie.


L'institut Curie présente ici quelques repères chronologiques utiles.
Voici quelques phrases tirées du livre d'Henry Gidel.
« Paris. Novembre 1891...»
«...l'université de Paris, l'objet constant de ses rêves depuis son adolescence, est maintenant à sa portée...»
«...La Sorbonne se dresse enfin devant elle...»
«...À la Sorbonne de l'époque, ce qui n'est pas pour lui déplaire, règne dans les amphithéâtres une atmosphère compassée: les professeurs enseignent tous en habit noir et cravate blanche. À ses yeux, c'est très bien ainsi, la Science mérite d'être respectée. Et puis Marie a la chance de se trouver devant l'élite des professeurs de l'Université française. C'est Gabriel Lippmann qui donne des cours de mécanique rationnelle (il obtiendra le Nobel en 1908). C'est Émile Duclaux, c'est Joseph Boussinesq qui, tous deux, séduisent son intelligence et avec lesquels elle va de découverte en découverte.»
«Il était temps d'ailleurs. Elle n'imaginait pas que ses lacunes fussent aussi béantes...»
«...En juillet 1892, elle renonce à passer ses vacances à Varsovie, à retrouver son père. Elle reste à Paris. Consciente de ses faiblaisses en mathématiques, elle a décidé de consacrer son été à compléter ses connaissances dans ce domaine. Elle va prendre quelques leçons particulières, puisant dans ses pauvres ressources et aidée par les Dluski (NDCDP.-sa soeur et son beau-frère)...»
«...Pendant toute cette année 1892-1893, elle continue à travailler d'arrache-pied ne s'accordant aucun répit, sauf une fois au printemps quand elle ira cueillir quelques fleurs dans une forêt toute proche...»
«...Elle travaille avec tant de volonté, d'application et d'intelligence que le jour de juillet 1893 où l'appariteur de la faculté vient afficher la liste par ordre de mérite des reçus à la licence ès sciences physiques, elle constate que son nom est le premier. Pourtant elle était arrivée à la Sorbonne malade d'angoisse, le coeur battant la chamade. L'idée qu'elle pût échouer la révoltait - ce qui n'aurait pourtant rien eu d'infamant au vu des conditions dans lesquelles elle s'était présentée: elle venait de l'étranger et elle était de sexe féminin.»
« Comment ne pas évoquer ici la situation particulière des femmes dans l'université française ? Elles y étaient rares. En effet, c'est seulement en 1880 que la loi de Camille Sée avait institué un diplôme de fin d'études secondaires délivré après un examen. Mais le baccalauréat était encore réservé aux seuls garçons. De plus, les matières enseignées n'étaient pas les mêmes; et l'enseignement dispensé aux jeunes filles ne donnait qu'une place minime aux mathématiques et aux sciences en général...Concrètement, les portes de l'université ne leur étaient qu'entrouvertes, la première d,entre elles n'y ayant été admise qu'en 1867.»
«...C'est seulement en 1875 qu'une Française obtient son doctorat en médecine. Et dans les années 1880, la première femme, Jeanne Chauvin, qui soutient sa thèse de droit est si chahutée par le public de l'amphithéâtre qu'elle doit poursuivre sa soutenance à huis clos. En 1891, année ou Marie s'inscrit à la Faculté des sciences, vingt-trois femmes, en tout et pour tout, figurent parmi les mille huit cent vingt-cinq étudiants inscrits.»
«Cette situation explique toutes les difficultés que rencontrera Marie dans sa carrière. Et Dieu sait si elles seront nombreuses.»
«...au fil du temps, elle s'est rendu compte qu'en physique comme en chimie, elle n'irait pas loin si sa formation mathématique demeurait aussi insuffisante. Il est donc indispensable qu'elle prépare maintenant une seconde licence, celle des mathématiques...»
«... son amie Dydynska...est parvenue...à lui faire obtenir la bourse Alexandrovitch, d'un montant de 600 roubles...destinée aux étudiants de mérite qui entendent poursuivre leurs études hors de Russie... Du coup, la voici absolument déterminée à préparer à la Sorbonne ce nouvel examen.»
«...Cette année encore, elle a de la chance. À la Sorbonne, elle suit les cours des plus brillants mathématiciens français, ceux de Paul Painlevé dont les travaux sur les courbes et surfaces algébriques, les équations différentielles et les fonctions elliptiques font autorité. Ceux, aussi, d'Henri Poincaré...qui a complètement renouvelé l'analyse mathématique. Ceux encore de Paul Appel, dont elle suit avec passion les leçons de mécanique rationnelle.»
« Ces enseignements procurent à Marie une espèce de volupté intellectuelle dont elle ne pourra plus se passer. Elle ne se lasse pas d'admirer la prodigieuse agilité de ces raisonnements mathématiques, de ces longues série de formules implacablement déduites les unes des autres et qui emplissent peu à peu l'intégralité du tableau noir. devant elle officient ces acrobates de la pensée qui n'ont pour outil qu'un humble morceau de craie. Seul son crissement occupe le silence des amphithéâtres où les étudiants, nuque penchée, recueillent pieusement les formules algébriques, écritures sacrées, signes mystérieux que destinent à leur fidèles ces grands prêtres de la Science. »

«... Marie va trouver sur son chemin (NDCDP.- en 1894) un autre adepte fanatique de la science... Cet homme, c'est Pierre Curie... »

«... alors que la jeune fille prépare sa licence de mathématiques, elle suit encore les cours de Gabriel Lippmann... (qui)...l'a recommandée à la Société pour l'encouragement de l'industrie nationale...»

«...cet organisme lui commande une étude sur les propriétés magnétiques de certains métaux. »

«... Marie s'aperçoit que l'espace qui lui est attribué (NDCDP.- à la Sorbonne par Lippmann) est beaucoup trop exigu.»

- «Je connais quelqu'un qui pourra peut-être vous trouver ce que vous cherchez », lui dit Josef Kowalski, professeur à l'université de Fribourg (Suisse) de passage à Paris.

«Ce quelqu'un n'est autre que Pierre Curie.»

«...Pierre Curie, contrairement aux espoirs de Kowalski, ne peut aider Marie à trouver un laboratoire. Lui même...ne dispose à l'École (NDCDP.- l'École de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris (E.P.C.I.)) que d'un passage étroit tout resserré entre un escalier et une salle de manipulations. »

«... Quand ils se séparent, ils sont absolument décidés à se revoir...»

«...(NDCDP.-début 1895) pendant qu'elle poursuit ses recherches sur la composition chimique des aciers, il achève lui-même la rédaction da sa thèse de doctorat sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures... Il soutient sa thèse le 6 mars 1895, à la Sorbonne.»

«...Au fil du temps, la solitaire qu'était Marie va "s'humaniser"...Si bien qu'à la fin du printemps, sa décision est prise: elle consent à épouser Pierre. Elle a vingt-sept ans, lui, trente-six.»

«... Pendant que Pierre travaille à ses cours, de son côté, elle prépare l'agrégation de physique... Au début de l'été 1896, Marie est reçue première au concours d'agrégation.»

«...Novembre 1897. Marie a trente ans. Elle vient de remettre à la société d,encouragement pour l'industrie nationale le mémoire que celle-ci lui avait commandé.»

«...Alors elle va préparer un doctorat...»

«...En avril 1897, après un peu plus d'un an de recherches, et la publication de plusieurs articles, estimant avoir épuisé le sujet, il (Becquerel) passe à d,autres travaux. et il renonce provisoirement à savoir..."où l'uranium emprunte l'énergie qu'il émet avec une si longue persistance".»

«Mais Marie voudra en savoir davantage...»

«... À la fin de juin (1898), les Curie parviennent à une conclusion surprenante. Ils cherchaient un élément dans la pechblende, ils en trouvent deux ! L'un étroitement associé au bismuth, l'autre au baryum. »

«... les Curie commencent d'abord sur l'élément lié au bismuth: ce qu'ils parviennent à obtenir n'est...qu'un peu de poudre noire...mais la radioactivité de cette poussière est si forte qu'il ne peut s'agir que d'un corps inconnu: ils en sont suffisamment persuadés pour faire lire par Henri becquerel, le 18 juillet (1898), devant l'Académie, un communiqué: "Sur une substance nouvelle radioactive contenue dans la pechblende". »

« Si l'existence de ce nouveau métal se confirme, déclarent-ils, nous proposons de l'appeler polonium du nom du pays de l'un de nous.»

« Novembre 1898. Devant l'entrée de l'École de physique et de chimie, s'arrête enfin un chariot chargé de lourds sacs de pechblende tant attendus. Une fois transportés dans la cour, Marie, un couteau à la main, se précipite pour les ouvrir. Son visage s'illumine, voilà les fameux résidus... Elle y plonge ses mains avec délices...»

«... nous pouvons de nos jours suivre ses efforts grâce au troisième et dernier cahier disponible dans les archives: il débute le 11 novembre 1898. »

«... D'abord sagement ordonnée, elle (son écriture) devient à mesure qu'elle s'approche du but, de plus en plus nerveuse et comme crispée. S'y ajoutent des notes de Pierre qui, au début de décembre 1898, écrit pour la première fois le nom que marie a forgé, radium (du latin radius, rayon), pour désigner le nouvel élément qu'ils viennent d'identifier. Ainsi, cette découverte a été faite en... un mois seulement... à côté d'une substance liée au bismuth qu'ils avaient baptisée polonium, ils savaient qu'il en existait une autre, liée, celle-ci au baryum, mais apparemment moins difficile à séparer de lui... ce nouvel élément était ... de deux cents à six cents fois plus radioactif que l'uranium et ouvrait des perspectives particulièrement intéressantes. »

« Impatiente de prouver aux autres et à elle-même la réalité de sa découverte, Marie se précipite chez Eugène Demarçay, spécialiste de la spectroscopie, pour faire analyser un échantillon du chlorure de baryum: il découvre qu'il contient effectivement des traces d'un élément inconnu qui laisse sur le spectre une raie caractéristique de son identité. Une raie que personne n'a jamais vue et qui est pour ainsi dire, sa signature. Ce radium est donc un nouveau corps qui va prendre rang parmi les autres.»

« Marie insiste alors pour que ces résultats soient communiqués à l'Académie des sciences. La note qui les expose est signée de Pierre Curie, Mme Pierre Curie et Georges Bémont, leur collaborateur. Elle sera lue par Lippmann lors de la séance du 26 décembre 1898, puis publiée. On en retiendra la phrase la plus citée et pour cause: "Les diverses raisons que nous venons d'énumérer nous portent à croire que la nouvelle substance radioactive renferme un élément nouveau auquel nous proposons de donner le nom de radium". »

« C'est cette découverte qui rendra Marie célèbre.»

«... pendant toutes les années qui suivent leur découverte, les Curie se font un devoir de distribuer gratuitement des échantillons du nouvel élément...Il y a plus, les Curie publient sans aucune restriction, tous les résultats de leurs recherches...»

«...25 juin 1903. La Sorbonne... pour la première fois, à l'université de Paris, une femme va soutenir une thèse de doctorat en sciences physiques. Et cette femme, c'est Marie... »

«...Le sujet est: "Recherches sur les substances radioactives"... parmi les membres du jury figurent M. le professeur Gabriel Lippmann, président,..., Édmond Bouty et Henri Moissan... Marie avait invité Jean perrin et Paul Langevin... Après la délibération du jury... c'est sans surprise que son président prononce la formule attendue: "L'université de Paris accorde à Madame Pierre Curie le titre de docteur ès sciences physique avec la mention très honorable". Il y ajoute les exceptionnelles félicitations du jury. Lippmann est quand même loin de se douter qu'il ne recevra le prix Nobel qu'en 1908, cinq ans après la candidate dont il juge en ce moment les travaux. »

«14 novembre 1903. Paris, boulevard Kellermann.Encore une lettre de l'étranger. Elle suit un télégramme. Elle va bouleverser l'existence des Curie. Elle est écrite par le professeur Carl Aurivillius, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Stockholm.»

"Monsieur et Madame Curie,

"Comme j'ai déjè eu l'honneur de vous le communiquer télégraphiquement, l'Académie des sciences, dans sa session du 12 novembre, a pris la décision de vous décerner la moitié du prix Nobel de physique de cette année (l'autre étant attribuée à Henri Becquerel)...»

«... Le prix Nobel permettra tout de même aux Curie d'améliorer leur situation professionnelle...»

«... le jeudi 19 avril 1906,...il parvient à l'endroit où la rue Dauphine rejoint les quais, face au Pont-Neuf. Le carrefour est terriblement encombré: tramways, voitures à cheval, automobilesé...La chaussée est glissante car il pleut sans trêve depuis la veille. Pierre, son parapluie ouvert, entreprend de traverser la rue. Mais un fiacre l'empêche de remarquer un grand fourgon attelé, venant du pont, aborde à vive allure la rue Dauphine; il heurte un des chevaux, il tombe sur l'asphalte. La roue gauche du lourd véhicule broie la tête du malheureux dont la mort est instantanée. »

«... elle ne se doute pas de la nouvelle qui l'attend, le 7 novembre (1911), à son laboratoire de la rue Cuvier. »

« - Un télégramme pour vous, madame, lui dit respectueusement l'appariteur de la Faculté des sciences en lui tendant une dépêche...»

« Elle l'ouvre tranquillement, s'imaginant qu'il s'agit d'une demande d'interview... Elle lit ces deux lignes si brèves, mais en même temps si importantes parce qu'elles impliquent: "Prix Nobel de chimie vous est attribué. Lettre suit. Aurivillius". »

« Ainsi Marie n'était pas seulement la première femme à avoir bénéficié d'un Nobel, elle était aussi l'unique personnalité scientifique au monde à en avoir reçu deux...»

À l'Institut du radium...« Veut-on avoir une idée de l'immense travail accompli sous sa direction ? De 1919 à 1934, quatre cent quatre-vingt-trois communications dont trente-quatre thèses et diplômes... Sur ces travaux, trente et une publications sont dues à Marie...»

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(1) En couverture du livre on lit ceci:


« Comment imaginer que Marya Sklodowska, jeune polonaise pauvre et sans appui arrivant à Paris à la fin du XIXe siècle, décrocherait deux prix Nobel et entrerait au Panthéon ? Plus connue sous son nom de femme mariée, Marie Curie et le couple de chercheurs qu'elle forma avec son mari Pierre font partie des figures légendaires de la science moderne.


Mais connaît-on vraiment le parcours qui l'a menée à identifier le radium et à bénéficier d'une renommée universelle, devenant celle qui donna l'espoir de sauver l'humanité du cancer ? Son enfance en Pologne, son exil vers la France, sa rencontre avec Pierre Curie, le début de ses recherches... Henry Gidel n'oublie rien quand il retrace la destinée de cette femme de caractère qui a su s'imposer au sein d'une communauté scientifique profondément misogyne.


Un réel tour de force qui témoigne d'une ténacité incroyable mais qui cache aussi une personnalité à fleur de peau, tolérant mal la célébrité et ses affres... D'autant que le scandale ne l'épargna pas. C'est l'existence dramatique de cette femme de légende, si forte et si faible, si dure et si émouvante, que retrace avec passion et brio Henry Gidel dans cette biographie dévoilant de multiples détails souvent ignorés de sa formidable carrière.


Un ouvrage dense et intense pour une vie et un parcours hors normes qui le furent tout autant
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Mise à jour du 31 juillet 2009

lundi 13 juillet 2009

Les expatriés de la Silicon Valley sont de retour

Par Annie Kahn
Source: lemonde.fr, 8 juillet 2009

La fuite des cerveaux aux Etats-Unis est souvent temporaire. La plupart des dirigeants des start-up françaises sélectionnées pour être présentées à une délégation d'investisseurs en capital-risque européens et américains, du 1er au 3 juillet, par les organisateurs du French Tech-Tour, ont fait leurs armes en Californie pendant dix ou vingt ans. Mais ils sont revenus.

C'est le cas de Didier Brédy, qui pensait pourtant finir sa carrière outre-Atlantique. Parti en 1985 à San José, dans la Silicon Valley californienne, pour un stage de six mois, alors qu'il était étudiant en troisième année à l'Ecole supérieure des télécommunications, il s'y trouvait toujours vingt ans plus tard. Enthousiasmé par son stage, M. Brédy avait fait des pieds et des mains pour obtenir un poste de coopérant au Consulat de France à San Francisco. En parallèle, il passait un Master of Business Administration à l'université à San José. Marié à une Américaine, il a travaillé dans des multinationales avant de créer puis de revendre sa société.

Une proposition pour un emploi qui devait être de courte durée le ramène en France. Finalement, il décide de rester plus longtemps. Un chasseur de têtes lui propose de prendre la direction d'Ekinops, une start-up française créée en 2003 et basée à Lannion (Côtes d'Armor), spécialisée dans les équipements pour réseaux de télécommunication en fibre optique. "J'ai retrouvé chez Ekinops la même ambiance, la même motivation, le même désir d'y arriver qu'aux Etats-Unis", apprécie-t-il.

Ce constat, François Lavaste, le patron de Netasq, société de logiciels de sécurité pour ordinateurs, le fait aussi. Parti aux Etats-Unis en 1994, il n'est rentré en France qu'après avoir concrétisé son rêve californien : créer puis revendre deux start-up. Certes, il trouve la fiscalité française lourde. "L'impôt sur la fortune est particulièrement désagréable. Mais l'impôt sur le revenu est comparable. À service équivalent, en matière de santé et d'éducation, on paie autant en France qu'aux Etats-Unis", relativise-t-il.

L'histoire de Didier Brédy et de François Lavaste n'est pas isolée. Pendant qu'ils se frottaient au management de start-up américaines, de multiples sociétés du même type se créaient en France. Grâce à un environnement devenu beaucoup plus favorable aux jeunes pousses. Avec le crédit impôt recherche, le statut de jeune entreprise innovante et son cortège d'avantages fiscaux et sociaux, les exonérations d'impôts accordées aux personnes actionnaires de PME. Entre autres.

Après deux ou trois ans d'existence, ces sociétés se cherchent souvent des dirigeants aguerris. Leur quête comble les désirs de retour des expatriés d'hier.
La crise ne fait qu'exacerber le phénomène. Certes, elle accroît le nombre de défaillances. Parmi les sociétés innovantes françaises comme ailleurs. Mais, pour celles qui résistent, grâce à une offre de produits ou de services bien adaptés, la crise augmente aussi les besoins en managers chevronnés. Parce que l'environnement économique est plus rude mais aussi parce que les investisseurs en capital-risque qui ont misé sur des start-up se voient contraints de garder leurs participations dans ces sociétés plus longtemps que prévu.

En temps normal, ils les auraient vendues au bout de quelques années à un groupe plus important ou les auraient introduites en Bourse. Mais aujourd'hui, avec l'effondrement des places financières et des opérations de fusion-acquisition, c'est quasiment impossible. Ils estiment donc souvent que les dirigeants initiaux n'ont pas les qualités nécessaires pour gérer une entreprise de plus grande taille.

Forts de leurs expériences à la tête de start-up, parfaitement bilingues, ces patrons de la Silicon Valley inspirent confiance aux investisseurs du monde entier et sont appelés à la rescousse pour continuer de financer la croissance de ces entreprises.

La crise profite aussi à certaines start-up. Celles dont les produits ou services permettent de réduire les coûts, ou d'être plus productifs. Les exemples ne manquent pas. Comme Criteo, par exemple, présentée lors du Tech-Tour. Cette start-up créée en 2005 accroît l'efficacité des bannières publicitaires sur Internet. Son chiffre d'affaires a décuplé en un an.
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L'article orginal est publié ici.