dimanche 13 novembre 2011

‎100 LEÇONS POUR ECRIRE UN ROMAN (suite 5)

Par Michel Bertrand
Romancier



Facebook, 30 octobre 2011
28e leçon

Combien de pages pour en faire un chapitre ?

Lors d'une causerie, quelqu'un m'avait posé la question suivante : Généralement, un chapitre se compose de combien de pages? Il n'y a vraiment pas une mesure ou une quantité imposée, mais je peux quand même faire des suggestions. C'est certain que plus les chapitres sont courts, plus c'est facile pour le romancier débutant de bien mener son travail de rédaction. C'est plus facile de contrôler rapidement ce qu'on a déjà écrit, de voir si on est dans l'histoire qu'on raconte. Les chapitres courts permettent de ne pas tomber dans les pièges tels que la fatigue, le verbiage, le bavardage, le remplissage, les temps morts, le manque de précision et de clarté. Les chapitres du roman moderne sont courts et concis.
 
A remarquer que quelqu'un qui feuillette un roman dont les chapitres sont courts, cela lui donne l'impression que c'est un livre qui peut se laisser lire rapidement, en deux temps trois mouvements. Les chapitres courts apportent l'illusion qu'il y a des pages blanches, donc pas beaucoup de choses à lire.
En résumé, le romancier débutant n'a pas intérêt à écrire des chapitres dépassant dix pages dactylographiées. Un minimum de trois pages et un maximum de 7 pages, c'est l'ideal. Et puis, petit à petit l'oiseau fait son nid.
 
Michel Bertrand
Tous droits réservés.
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Facebook, 31 octobre 2011
29e leçon



N'arrête pas de raconter ton histoire à toi-même et à tes amis...

Au fur et à mesure que tu avances, raconte l'histoire de ton livre à toi-même et à tes amis. Demande à tes amis ce qu'ils en pensent. Moi, quand j'écris un livre, je raconte l'histoire d'abord à moi-même très souvent avant de dormir et ensuite à mes proches amis. C'est vrai que c'est bon de rêver, de créer à partir d'un travail d'imagination ou d'observation, mais il y a aussi un plaisir personnel de constater que ton travail arrive à attirer l'attention, à plaire aux autres. Tu peux être surpris(e) de voir avec quelle attention on t'écoute, on te suit en racontant ton oeuvre même inachevée.
Faire choix du métier d'écrire, c'est accepter d'assumer ce que tu as écrit ou écriras plus loin. Tout romancier, particulièrement un débutant, doit reconnaître que la critique, même négative, est nécessaire. Il y a toujours une leçon à tirer de ce qu'on a dit de mauvais à propos d'un livre ou de toute oeuvre d'art. La critique peut être un guide. Les suggestions et le regard que quelqu'un projette sur ton livre, surtout si c'est ton premier roman, ont toujours leur importance si tu en tiens compte et corriges ce qu'il faut corriger. Et puis, n'oublie jamais que personne n'écrit un livre tout seul. Il y a toujours quelque part la contribution de quelqu'un. Si un jour une critique te laissera triste et blessé( e), pour te consoler, tu te souviendras que "la critique est aisée, mais l'art est difficile." Amen !

Michel Bertrand
Tous droits réservés.

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Facebook, 2  novembre 2011
30e  leçon

Ecrire: plaisir, passion et découragement...

Le plaisir d'écrire, de créer, de produire une oeuvre d'art est toujours conditionné par une force impulsive intérieure et souvent incontrôlable. Dès qu'on commence la rédaction d'un roman, on voudrait aller jusqu'au bout, en voir vite la fin. C'est un moment très exaltant, plein de passion et surtout si on est un romancier débutant. Chaque page écrite a la valeur d'un trésor et conduit certainement vers la réalisation d'un rêve très cher. Secrètement ou intimement, on se sent écrivain, on se le dit en soi ou on le dit hors de soi, entre amis. Quelle passion ! Quelle exaltation !
 
Mais, tout n'est pas toujours rose. Il y a des moments où c'est le découragement, où l'on a envie d'abandonner, de déposer la plume. A ce moment-là, il faut arrêter d'écrire, ne pas forcer les choses, mais on doit toujours penser à l'histoire qu'on veut raconter, qu'on est en train de raconter. En d'autres termes, on arrête de l'écrire, mais on y pense toujours. Et puis, brusquement, tu peux retrouver ton énergie créatrice, ta passion et recommencer de plus belle.
Ecrire est une activité humaine, c'est probablement pourquoi il y a des hauts et des bas.
 
 Michel Bertrand
Tous droits réservés.
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Facebook, 3 novembre 2011
31e leçon
L'histoire de ton livre est à 70% racontée.

Tu es sur le point de terminer ton livre, disons de préférence que tu vas finir d'en raconter l'histoire. Bref, ton travail est 70% achevé. Le pourcentage de 30% qui te reste est très important. Il ne faut pas le négliger. C'est dans cet intervalle que tu dois résoudre tous les problèmes posés, répondre aux questions en suspens, créer plus de suspense pour tenir le lecteur ou la lectrice accroché(e )davantage à la fin de l'histoire. Pas de présence de temps morts. Pas de style confus. Pas de situations équivoques sauf si elles sont voulues. A un pourcentage de 30% de sa fin, c'est le moment où le livre a besoin de plus de clarté et de précision. Le lecteur doit être bien pénétré de l'histoire que tu lui racontes et dont la fin approche. S'il lui reste un dernier intérêt comme lecteur, c'est celui de voir comment va finir ton livre ou qu'est-ce qui va se passer? Ce n'est pas le moment d'inventer d'autres personnages. Le personnage principal, sache qu'on le surveille de près; on l'aime ou on le hait davantage; on projette sur lui un regard permanent parce qu'on veut le suivre, le poursuivre à travers son aventure, son rôle, ses audaces, ses qualités, ses défauts ou tout simplement à travers la mission qui lui a été attribuée.

Dans certains romans, la vérité à savoir est sue presque avant la dernière page.
L'écrivain met fin à son livre quand il est certain que tout est dit, que tout est fait, que tout est réglé et que la personne qui le lit restera accrochée jusqu'à la fin et qu'elle n'aura qu'à faire un dernier geste: fermer le livre avec la satisfaction d'avoir lu une bonne histoire.
 
Michel Bertrand
Tous droits réservés. 
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Facebook, 4 novembre 2011
32e leçon

Enfin, toute l'histoire est racontée, mais le livre n'est pas prêt pour être publié.

Un bel effort d'avoir pu arriver au dernier chapitre de ton roman. Finalement, ton histoire est sortie de ton esprit. C'est l'accouchement pur et simple de ton premier bébé. Tu te sens libéré après le dernier chapitre et tu peux même arriver à sourire de satisfaction ou à crier au fond de toi : j'ai écrit mon livre !!! Et c'est surtout avec fierté que tu as terminé le dernier chapitre en écrivant au-dessous de la dernière ligne: FIN.
 
Romancier débutant ou romancier expérimenté, il y a toujours ces questions à se poser après avoir terminé la rédaction de son roman, à savoir: Y a-t-il des fautes? Y a-t-il des errata ou coquilles? Le plus souvent, pour ne pas dire toujours, la réponse est OUI. Puisque c'est oui, un travail d'une autre nature commence. Un travail qui peut nécessiter la compétence d'un spécialiste, d'un grammairien si tu n'es pas suffisamment autonome. De grands écrivains peuvent avoir un problème d'orthographe et soumettent leurs oeuvres à des spécialistes en la matière.
Il est formellement interdit de publier un livre sans en avoir révisé le manuscrit. Paulo Coelho, grand romancier devant l'Eternel, a dit dans une interview qu'il lui est souvent arrivé de réviser un texte cinq, sept ou même dix fois. Réviser un texte, c'est l'examiner de nouveau, le modifier si c'est nécessaire. Moi, ton serviteur, j'ai le souvenir d'avoir éliminé les deux premiers chapitres de mon 5e roman et de le commencer à partir du troisième chapitre. Les premiers chapitres font souvent preuve de tâtonnement, d'un manque d'assurance, de précision, de cohérence, surtout quand on est débutant.
Il faut toujours et toujours réviser ton texte en tenant surtout compte des suggestions ou des critiques...Si je ne me trompe pas, c'est Boileau qui disait: CENT FOIS SUR LE METIER.
 
 Michel Bertrand
Tous droits réservés.
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Facebook, 6 novembre 2011
33e leçon

La première révision proprement dite.

La révision du texte est aussi importante que la phase de la rédaction. Elle est de nature à conduire à un travail fini. Le romancier débutant doit, dans le cadre de cette révision, pouvoir répondre aux questions suivantes sans orgueil:
  1. Ai-je lu et relu mon texte attentivement?
  2. Ai-je déjà corrigé les fautes dont je me suis moi-même rendu compte et celles signalées par mes amis ou autres personnes avisées qui ont lu le manuscrit?
  3. Ai-je tenu compte des suggestions et des critiques de ceux ou de celles qui ont lu le manuscrit?
  4. Après les corrections, ai-je pressé SAVE?
  5. Après la première révision, ai-je transféré sur USB la bonne version?
  6. Suis-je assez patient pour réviser mon texte chaque fois que cela est nécessaire?
  7. Le nombre de pages dactylographiées ne va-t-il pas donner naissance à un roman trop volumineux après la pagination? (250 pages ou plus, c'est contraire aux romans modernes)
  8. Suis-je capable de raconter verbalement l'histoire de mon roman à mes amis ou à travers les presses écrite, parlée et télévisée ?
  9. Dois-je déchirer mon texte si je n'ai pas la possibilité financière de le publier tout de suite?
  10. Suis-je capable de conserver mon manuscrit en lieu sûr?
Le romancier débutant, qui est capable de répondre franchement à ces 10 questions, a la chance que son projet devienne une réalité.

Michel Bertrand
Tous droits réservés.

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Facebook, 8 novembre 2011
34e leçon

La deuxième révision du texte.

Comme la première et encore plus, la deuxième révision du texte impose des méthodes et des exigences. La tendance et l'envie de publier chez le romancier débutant, c'est de croire, après la première révision, que le texte est publiable. Non! Il y a encore du travail et du travail important. Par exemple, c'est la phase de se pencher sérieusement sur le côté grammatical, sur la concordance des temps et même sur la possibilité de réduire ou d'allonger le texte, de l'examiner en profondeur, de le fignoler en rêvant d'un travail parfait.
La deuxième révision permet de voir si les rapports logiques qui existent entre les faits avancés, entre les personnages eux-mêmes sont bien étudiés. Quant aux personnages, leurs traits de caractère permettent-ils de les voir différents les uns des autres ? Paraissent-ils trop fictifs ou trop éloignés de la manière dont les choses se passent vraiment dans la vie réelle ? C'est une histoire imaginée, c'est vrai, mais il faut voir si elle est suffisamment vraisemblable ou trop invraisemblable. Certaines histoires fictives ou imaginées sont tellement bien pensées, le lecteur ou la lectrice se demande, pendant ou après lecture, est-ce vrai ou faux?
 
Le romancier débutant n'est pas souvent en mesure d'analyser la structure de son oeuvre. C'est pourquoi il doit être très patient et prudent avant de contacter une maison d'édition. Qu'il sache que la patience ne tue pas, mais elle mûrit.

Michel Bertrand
Tous droits réservés.
 
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Facebook, 9 novembre 2011
35e leçon

Après la dernière révision du texte...

Le texte est SUFFISAMMENT révisé. Deux pages blanches, susceptibles d'être utilisées pour les dédicaces, doivent précéder le premier chapitre. Tous les chapitres sont minutieusement numérotés de 1 à x. Le choix définitif du caractère des lettres est fait. Ce caractère peut être 12, 13 ou 14, mais généralement 12. Maintenant, que reste-t-il à faire? A cette phase, voyons ensemble ce qu'íl faut faire:
  1. On enregistre, via USB, la dernière version corrigée du texte;
  2. On imprime cette version que contient le USB;
  3. Le texte, une fois imprimé en deux ou même trois copies, on le relit, le fait lire par des amis capables d'apprécier ou de critiquer une histoire romanesque. En fait, on veut, avant la phase de la pagination, avoir les opinions des autres, savoir ce qu'ils en pensent;
  4. S'il y a des opinions, des suggestions ou des critiques valables, il faut avoir le courage de réviser une dernière fois le texte.
  5. N'oublie jamais d'enregistrer, via USB, cette dernière version corrigée compte tenu de son importance. C'est elle qui sera utilisée pour la phase de la pagination...
  6. Ne jamais supprimer le texte au niveau de l'ordinateur malgré l'existence du USB le contenant. Il faut toujours et toujours attendre la parution du livre. 
  
 Michel Bertrand
Tous droits réservés.
  

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Facebook, 10  novembre 2011
36e leçon

La pagination ou la numérotation des pages 

Je me rappelle avoir dit qu'un manuscrit, qui varie entre 90 et 110 pages dactylographiées, peut, après le travail du graphiste ayant la charge de paginer le livre, produire un roman variant entre 140 et 160 pages. Pour un romancier débutant, un ouvrage ainsi volumineux, c'est l'idéal.
Une fois que les dernières corrections sont minutieusement effectuées et enregistrées via le USB, le romancier débutant a pour devoir de:
  1.  Contacter un graphiste pour la pagination et la page de couverture ou toute autre personne qui s'y connaît. A remarquer que la pagination d'un roman qui n'est pas trop volumineux peut se faire en moins de trois heures d'horloge;
  2. Réclamer une copie du graphiste et cette copie sera lue attentivement afin de bien vérifier si les chapitres sont bien placés du point de vue esthétique. C'est très esthétique de commencer chaque chapitre à droite...Il faut aussi vérifier les paragraphes avant l'impression du livre. J'ai un roman, LA VEUVE ET L'AUTRE, dont un paragraphe, après la pagination, a été éclaté en deux parties;
  3. Réclamer un CD qui sera remis à la maison chargée d'imprimer le livre. Ce CD peut contenir le livre paginé et aussi la page de couverture. Certains écrivains ne passent pas par le graphiste pour faire paginer leurs livres. Ils remettent directement le USB à la maison d'édition qui, elle-même, se charge de faire tout le travail( page de couverture, pagination et impression).
Cher débutant ou chère débutante, ton rêve, à cette phase, se dirige vers sa concrétisation. Tant mieux.
  

Michel Bertrand
Tous droits réservés.
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Facebook, 12  novembre 2011
37e leçon

La décision de contacter une Imprimerie ou une Maison d'édition.

En Haïti, d'une façon générale, il n'y a que des imprimeries, ce qui revient à dire que l'écrivain, débutant ou expérimenté, se voit dans l'obligation de publier à compte d'auteur, sauf s'il a bénéficié du support de certains sponsors ou si l'oeuvre est primée suite à un concours. Autrement, il apporte son oeuvre, son argent et on lui donne le service dont il a besoin. C'est différent dans les pays, par exemple, comme le Canada, la France, l'Angleterre et les Etats-Unis où il y a beaucoup de Maisons d'édition qui se chargent de publier elles-mêmes des oeuvres qu'elles jugent susceptibles d'être des best-sellers ou du moins de connaître un grand succès.
La prise de contact avec une Imprimerie se fait de la manière suivante:
  1. Tu te présentes à l'Imprimerie et dis que tu veux publier ton livre;
  2. On va te demander de fournir le CD ou le USB;
  3. L'Imprimerie fait une copie du contenu du CD ou du USB, c'est-à-dire une copie de la version paginée de ton roman;
  4. L'Imprimerie vérifie le nombre de pages pour pouvoir fixer le prix;
  5. Tu dois t'attendre à cette question: tu veux imprimer ton livre en deux ou en quatre couleurs? (c'est encore pour fixer le prix). Une impression en deux couleurs veut dire "noir et blanc" et en quatre couleurs suppose que la page de couverture aie une couleur, le titre aie une couleur, la photo de l'auteur aie sa couleur, le nom de l'auteur aie sa couleur et tout ceci pour arriver à fixer le montant à payer;
  6. L'Imprimerie te parlera, au moins, de deux types de papier ( question de qualité et toujours dans le cadre du prix);
  7. Maintenant, la grande question arrive en ce qui concerne le prix : Combien d'exemplaires voulez-vous imprimer? Généralement en Haïti, cela varie entre 500 et 2000 exemplaires. L'idéal, c'est le choix de 1000 exemplaires parce que, ce qui est paradoxal, il n'y a pas une grande différence entre le prix de 500 et le prix de 1000 exemplaires. Ex: 500 exemplaires pour 1500 dollars américains et 1000 pour 2100 dollars américains. A toi d'en juger...
  8. Le prix est fixé;
  9. La date de livraison;
Remarque: La 37e leçon n'est pas terminée...

Michel Bertrand
Tous droits réservés. 

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Facebook, 12  novembre 2011
38e leçon

Le devoir de l'Imprimerie avant l'impression.

Au cours de la leçon précédente, j'ai laissé voir que l'auteur doit remettre le CD ou le USB à l'Imprimerie. Ce n'est pas un cadeau, l'Imprimerie fera une copie du CD ou du USB et te le remettra tout de suite. 

Avant l'impression définitive de ton roman, l'Imprimerie a pour devoir de te remettre un exemplaire/modèle que tu vas lire attentivement chez toi. Cet exemplaire, c'est le livre(aspect physique) moins la page de couverture.
Pendant qu'il est temps, il faut vérifier l'ordre régulier des chapitres, voir s'il n'y a pas de paragraphes éclatés en plusieurs parties. C'est aussi le moment de porter une dernière correction. Et si finalement tout est correct, l'Imprimerie, pour se protéger, te demandera de signer cet exemplaire . Ta signature apposée au bas de la première page signifie que tu es entièrement d'accord et qu'on peut procéder à l'impression de ton livre. Tu vas attendre deux semaines ou un mois...

A cette phase de voir ton premier bébé naître, l'attente paraît toujours longue. Tu voudras même avoir accès à la cuisine de l'Ímprimerie pour voir comment se fait l'accouchement définitif.

 Michel Bertrand
Tous droits réservés.

samedi 12 novembre 2011

Le Droit pour Monsieur et Madame Tout le Monde - No. 5

  
Un très très court survol de la Responsabilité Civile
Par Guy Lamothe


Ce titre m’est venu à l’esprit, en osant penser aux deux Tomes de plus de six cents pages chacun écrits en caractères moyens, véritable monument juridique dans lequel l’auteur René Savatier développe l’unique thème de la Responsabilité Civile; il y fait montre, entre autres, d’une beauté de raisonnement poussé jusqu’à l’extrême limite de la capacité de l’esprit humain.

Revenons à nos moyens infiniment plus modestes.
Notre tâche consiste à essayer de mettre l’accent  sur quelques articles les plus utilisés en matière de responsabilité civile tirée de notre Code Civil, en les illustrant, selon le cas, par un ou deux exemples qui seront beaucoup plus faciles à retenir que les numéros d’articles. Vous conviendrez avec moi qu’il serait fastidieux d’écrire au complet chaque article. Voilà pourquoi nous nous arrêterons à la première ligne ou phrase de l’article à commenter suivi de son numéro.

Nous avons classé en cinq groupes les articles en question :

1o) Introduction à la notion de responsabilité civile.
«Toute personne doit respecter les règles qui s’imposent à elle pour ne pas causer préjudice à autrui, que ce préjudice soit corporel, moral ou matériel.» (art.1457)
Cet article à lui seul renferme, en grande partie, toute  la responsabilité civile: le préjudice est corporel, quand on ne respecte pas autrui dans sa personne ; le préjudice est moral, quand on ne respecte pas autrui dans sa réputation ; le préjudice est matériel, quand on ne respecte pas autrui dans ses biens. Outre le caractère juridique de cet article, quelle belle leçon de savoir-vivre, de savoir-faire, de civisme même il nous donne !

2o) Responsabilité de sa propre faute.
«Toute personne a le devoir d’honorer les engagements qu’elle a contractés.» (art.1458)
Dans un contrat d’acquisition,  l’acheteur s’engage à payer le prix, et le vendeur à livrer la chose vendue. Si l’une des deux parties n’exécute pas son engagement,  elle sera poursuivie par l’autre, en dommages et intérêts, pour préjudices moraux et matériels causés.
Remarque importante.- Un contrat  est parfait du moment qu’il y a eu accord sur la chose et sur le prix ; on n’a pas besoin d’un écrit ; en droit, ce n’est pas l’«écrit» qui constitue, qui donne naissance au contrat, il ne fait que le constater ; il est un instrument. On a recours à l’«écrit» pour plus de garantie ; car  s’il n’y a pas d’«écrit», l’existence du contrat sera plus difficile à prouver au moyen d’autres preuves.

3o) Responsabilité du fait ou de la personne d’autrui.
«Les parents ou celui des deux qui exercent l’autorité parentale sont responsables du préjudice causé par leurs enfants mineurs de moins de quatorze ans.» (art. 1459).
Votre enfant mineur commet un acte répréhensible quelconque, vous êtes tenus pour responsables.
«Le titulaire de l’autorité parentale est responsable du préjudice causé par le mineur qu’il a sous sa garde.» Mais le titulaire de l’autorité parentale n’est pas responsable, s’il arrive à prouver : a) qu’il n’a lui-même commis aucune faute dans la garde, la surveillance ou l’éducation de l’enfant ; b) que le mineur n’est pas responsable du préjudice qui lui est imputé; c) que le mineur est un malade mental.      

3o) Responsabilité du fait ou de la personne d’autrui (suite).
Le commettant et la faute du commis ou du préposé :
a) Vous avez un commerce de livraison par camions de marchandises. Le chauffeur, dans l’exercice de sa fonction commet un accident, vous êtes tenu pour responsable, mais vous n’aurez aucune somme à verser, en raison de vos types d’assurance-responsabilité.
Par contre, si votre chauffeur a utilisé le camion à des fins personnelles et qu’il a un accident, le responsable est le chauffeur et non la compagnie. Dans les deux cas la loi ne fait qu’identifier le responsable et l’assurance-responsabilité sans égard à la faute et une assurance-accident du chauffeur qui dédommagent.
b) Vous marchez normalement et attentivement, en hiver, sur un trottoir glacé qui n’a pas été nettoyé. Vous faites une vilaine chute et vous vous cassez un bras. La Ville est responsable de cet accident.
Mais si elle arrive à prouver que vous couriez ou que les semelles de vos bottes étaient élimées, elle ne sera pas tenue pour responsable.

4o) Responsabilité du fait des animaux.
«Le propriétaire d’un animal est tenu de réparer le préjudice causé par son animal.» (art.1466).
Vous avez un chien; il n’est pas attaché et mord quelqu’un; vous êtes responsable.
Par contre, si le chien est bien attaché dans une cour, l’enfant du voisin, à l’insu de tout le monde, est venu l’agacé et s’est fait mordre. Là il n’y a aucune faute de la part du propriétaire du chien, en vertu du principe :«Il n’y a aucune responsabilité de la part de l’auteur apparent d’un dommage, quand il y a eu faute de la part de la victime
Ce principe s’applique dans tous les cas de responsabilité où il y a faute de la part de la victime.

5o) Certains cas d’exonération de responsabilité.
a) Exonération légale.

Elle est celle qui est prévue par la loi :«Toute personne peut se dégager de sa responsabilité pour le préjudice à autrui, en cas de force majeure (séisme, inondation, ouragan).
Vous êtes le gardien d’un cheval ; celui-ci est emporté par les eaux en furie d’une vaste inondation. Vous n’êtes pas responsable.
b) Exonération consensuelle (les parties sont d’accord ou même l’une d’elle).
«On ne peut se disculper à l’avance, dans un contrat, de toute responsabilité.» (art. 1477)
Pourtant ces sortes d’avis pullulent et poussent comme des champignons et se retrouvent souvent écrits en petits caractères, sans qu’on le sache, au verso de certains documents, tels des billets de stationnement, de nettoyage… : «Nous ne sommes pas responsables des dommages causés à votre voiture…Nous ne sommes pas responsables des dommages causés à votre linge…» Sachez que de tels écrits n’ont aucune valeur aux yeux de la loi. Nous allons plus loin, même si vous y avez acquiescé en signant de tels documents, cela ne vous enlève pas le droit de poursuivre leurs auteurs advenant un préjudice de leur part.

À cette phase de notre tâche, nous nous voudrions de ne pas parler de la Diffamation qui chevauche le Code Civil et le Code Criminel; car je n’aurais peut-être plus l’occasion d’y revenir.

La diffamation.

La diffamation est une déclaration écrite ou verbale par laquelle on porte atteinte à la réputation d’autrui. L’action en justice par laquelle on demande réparation de cette déclaration s’appelle une action en diffamation.
Parfois une action en diffamation sert d’épouvantail, elle est entreprise, pour intimider autrui, en lui réclamant des sommes astronomiques soi-disant pour préjudices causés. Puis, une fois obtenu ce que le demandeur voulait de lui, pas nécessairement de l’argent, par exemple des excuses, il renonce à l’action avant le procès.
Quelles sont donc les conditions pour qu’une action en diffamation soit valable ?
Deux conditions sont nécessaires pour qu’une action en diffamation soit valable:

a) Il faut qu’elle ait un caractère de publicité.

b) Il faut qu’elle soit une fausse accusation.

S’il manque l'une de ces conditions, l’action sera rejetée. Par exemple, si quelqu’un est voleur, et presque tout le monde le sait, son action en diffamation sera rejetée parce que votre déclaration est vraie, elle n’est pas fausse, même si elle a été faite en public. L’action sera encore rejetée si seul, dans votre bureau, vous dites à quelqu’un qu’il est un voleur, alors qu’il  ne l’est pas, son action sera rejetée pour défaut de publicité, alors que la déclaration est injuste.
Y-a-t-il lieu à une action en diffamation, lors d’une campagne électorale ?
Si lors d’une campagne électorale, le candidat X  dirige des attaques injustifiées contre son adversaire, le candidat Y. Celui-ci ne peut diriger aucune action en diffamation contre celui-là. Car le simple fait de participer à une campagne électorale, en qualité de candidat, entraine automatiquement  une renonciation tacite réciproque à l’action en diffamation. Le candidat Y peut répliquer ou se taire. C’est à peu près le même principe que dans un combat de boxe : aucun boxeur ne peut porter plainte devant un  tribunal pour avoir été tabassé dans un ring, durant un match de boxe; si l’un des deux meurt à la suite d’un combat, il n’y a aucune poursuite possible, et l’on attribue cette mortalité à un accident, à une fatalité.
La leçon à tirer d’une campagne électorale est la suivante: le candidat potentiel qui est trop sensible pour sa réputation ou n’aimerait pas s’entendre dire certaines choses vraies ou fausses est prié de s’en abstenir.

Certes, la notion de Resposabilité  Civile n’a plus le lustre qu’elle avait à l’époque de  Savatier (1939), et cela s’explique: les lois sont toujours en retard sur les mœurs et coutumes qui leur ont donné naissance et qu’elles sont appelées à régir. À plus forte raison s’il s’agit de sociétés industrielles; car chez ces dernières, les mœurs et les coutumes changent beaucoup plus vite que dans nos sociétés en voie de développement.

De nos jours, on a vu la sphère d’application de la Responsabilité se rétrécir en raison de certaines lois spéciales: a) dans le cas des accidents d’autos, le fardeau de la preuve  renversée (c’est au défendeur à prouver qu’il n’est pas coupable) est déjà désuet et remplacé par l’assurance-responsabilité sans égard à la faute (le No Fault); b) l’assurance-chirurgie qui protège les chirurgiens contre des erreurs possibles… Mais elle reste et demeure encore l’instrument par excellence pour trancher les conflits sociaux et assurer la bonne marche de nos sociétés.
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NDCDP.- Le lecteur intéressé à l'auteur René Savatier et à son oeuvre pourra consulter les articles accessibles par les liens suivants:

mercredi 2 novembre 2011

Jérémie (Haïti)

Amies et amis internautes,

Voici un vidéo sur la ville de Jérémie, Haïti.

L'architecte Juliette Nicolas vous fera découvrir son accueillant petit hôtel, Auberge Inn, à Jérémie. Elle vous présentera également d'autres petits projets qui lui tiennent à coeur.

Monsieur Maurice Léonce vous fera visiter l'église Saint-Louis et d'autres coins de la ville de Jérémie. 

Jérémie, Haïti, Joel Trimble, telelouange, 28 min 31 sec