Il y a quelques mois, mon ami et collègue Lemane Vaillant invitait les membres de son intéressant et sélect forum à échanger sur le thème de l'amitié. Je m'étais alors spontanément rappelé l'amitié de deux hommes Pierre D. Montès (mon père) et François Georges (Toutou pour les intimes); mais je n'ai pas pu intervenir sur le forum, le temps me faisant défaut.
Il y a trente ans François décédait à Port-au-Prince; c'était, je me le rappelle très bien, en août 1979. Mon père, lui nous quittera pour l'au-delà quatorze ans plus tard, en décembre 1993.
Aux funérailles de Toutou, son ami frère Pierre prononça le discours funèbre que je reproduis intégralement ci-dessous.
Il y a trente ans François décédait à Port-au-Prince; c'était, je me le rappelle très bien, en août 1979. Mon père, lui nous quittera pour l'au-delà quatorze ans plus tard, en décembre 1993.
Aux funérailles de Toutou, son ami frère Pierre prononça le discours funèbre que je reproduis intégralement ci-dessous.
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Mesdames,
Messieurs,
C’est le 3 juillet 1979 que j’adressais un court billet à mon ami François Georges dans lequel je voulais condenser tout ce que représente pour moi son amitié toujours simple dans ses manifestations parce que sincère.
«Mon cher Toutou, lui disais-je, il y a une quarantaine d’années quand on s’était rencontré, dans des circonstances à peu près banales, rien ne pouvait laisser prévoir que ce serait le point de départ d’une amitié sincère et profonde que le temps n’a jamais pu ternir de son ombre mais qui plutôt s’est raffermie chaque jour davantage. Ami timide et effacé pendant mes bons jours mais frère empressé, généreux et désintéressé pendant mes temps de détresse et de difficulté, je rends grâces à Dieu de t’avoir placé sur mon chemin, comme un bon Samaritain qui n’a d’égal que celui de l’Évangile. Que le Seigneur daigne te bénir richement et t’accorder encore de très longues années de Santé et de Bonheur.»
Il y a donc un mois, je te souhaitais, dans l’intérêt de ta famille, de tes proches, de tes amis, encore de longues années. Quelle ironie ! On comprend alors que, aveuglé par la douleur profonde, frustré dans son amitié, le commun, un instant, terrassé par l’irréparable, se pose des questions qui traduisent déjà un soupçon de doute et demande à la Foi de se justifier.
C’est parce que tu étais d’une rectitude parfaite, c’est parce que tu étais une leçon vivante de l’amitié vraie et de l’honnêteté facile que l’on éprouve aujourd’hui, la douleur d’avoir perdu avec toi, une éloquente expression du Beau et du Bien.
C’est à ton âme ardente, belle et généreuse que Dieu accordera alors la richesse de ses bénédictions et pendant de très longues années s’imposera à tous ceux qui eurent le bonheur de t’approcher, le souvenir enrichissant de ton passage parmi les humains. Il faut croire que tes multiples expériences ici-bas, tes nombreuses et profondes méditations et la nature même de tes pensées murissaient ton âme. Elle s’en est allée, haut, très haut au-dessus de la médiocrité humaine, pour une demeure à la dimension de ses aspirations. Mais ta famille, tes amis ne cesseront pas pour autant, de regretter l’absence ; tout cela ne va pas faire sécher les joues ruisselantes de pleurs. Il est dur à porter le deuil d’un époux, d’un père ! Dans la maison, les choses de tous les jours, les meubles, les riens d’hier, aujourd’hui parleront avec une éloquence trop grande pour ne pas être douloureuse de l’absence désormais maladive.
Parents rudement éprouvés, c’est à vous autres, maintenant et c’est à nous autres aussi les amis, à commencer une chose nouvelle. Nous devons apprendre à vivre autrement avec lui. Autrement, c’est-à-dire spirituellement, autrement c’est-à-dire en faisant les choses telles que lui les aurait faites. Alors cette continuation de sa vie par relais nous fera renouer avec lui par delà sa disparition, une autre vie que celle-là ne finira que pour la grande réunion générale des âmes de tous les temps, une autre vie que celle-là ne finira que pour commencer celle qui est éternelle.
Dans Sa Bonté et Sa Miséricorde, Dieu nous fera la grâce de pouvoir supporter chrétiennement notre chagrin immense et Il saura ouvrir les bras, pour accueillir sur le seuil, l’âme de celui que nous pleurons aujourd’hui.
Pierre D. Montès
Port-au-Prince, Haïti
6 août 1979
1 commentaire:
Thank you for posting this poetic eulogy written for my Godfather.
cm
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