mardi 22 avril 2014

Le ministre Manigat rassure les enseignants

Par Jocelyn Belfort
jbelfort@lenouvelliste.com
Source: lenouvelliste.com , le 21 avril 2014

Le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle(MENFP), Nesmy Manigat, a annoncé lors d’une conférence de presse à la Primature, qu’un montant additionnel de 688 millions de gourdes a été alloué à son ministère dans le cadre du budget révisé en vue de répondre aux engagements du protocole d’entente trouvé en janvier dernier. 
 
 
En date du 16 avril 2014, une résolution a été approuvée lors du Conseil des ministres organisé par le président de la République, le Premier ministre et les autres membres du gouvernement en vue d'octroyer une somme additionnelle de 688 millions de gourdes au ministère de l’Éducation nationale.Cette somme permettra, selon le ministre de l’Éducation, Nesmy Manigat, au MENFP de répondre de manière scrupuleuse aux exigences du protocole d’entente signé en janvier dernier entre la commission du gouvernement et la plateforme des syndicats d'enseignants. Pas moins de 27 920 enseignants et directeurs du fondamental et du secondaire du secteur public seront touchés par ce relèvement salarial. Une décision qui vient tout juste à un moment où les syndicats enseignants ont annoncé pour la semaine prochaine une nouvelle manifestation pour forcer le gouvernement haïtien à répondre aux exigences du protocole d'entente signé il y a plus de trois mois.
 
Cette augmentation permettra au ministère de revaloriser le salaire des enseignants pour les six prochains mois, dont le mois d’avril. Selon le ministre, le MENFP attend seulement la validation et le vote des parlementaires pour démarrer le paiement conformément aux exigences du protocole d’accord trouvé en janvier dernier. « Nous allons octroyer une revalorisation qui variera entre 30% et 60% sur le salaire de base des enseignants, a déclaré le ministre Manigat. A partir de ce mardi, nous allons rencontrer tous les signataires de ce protocole y compris les syndicalistes et les trois parlementaires.»
 
Le ministre Nesmy Manigat a en outre déclaré qu’un autre montant de 200 millions de gourdes a été alloué à son ministère dans le cadre de ce budget révisé pour traiter les arriérés de salaires et les nouvelles nominations. « Nous avons environ 7 000 dossiers qui sont déjà à l’étude et nous allons, sur une période de six mois intégrer de manière légale de nouveaux professeurs dans le système éducatif, a-t-il ajouté. Grâce à cette somme, nous pouvons offrir aux écoles du Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO), de nouveaux professeurs mieux qualifiés pour renforcer le système éducatif haïtien.»
 
Nesmy Manigat a également apporté certaines précisions sur le retard enregistré dans le cadre du paiement des enseignants faisant partie du programme PSUGO. Selon lui, son ministère est en train de procéder à une évaluation interne et externe de ce programme en vue de répondre de manière plus efficace à ce problème. « L’une des premières actions que nous allons entreprendre est la mise sur pied d’une carte scolaire géo-référenciée en vue d’avoir un meilleur contrôle sur l’effectif des écoles faisant partie du programme, a-t-il dit. La semaine prochaine, nous allons prendre des mesures nécessaires en vue d’accélérer le processus de paiement des arriérés du programme PSUGO.»
 
La plateforme des syndicats d’enseignants et la commission de négociation du gouvernement avaient trouvé au mois de janvier dernier une entente pour mettre fin à la grève. ledit protocole, qui avait prévu la revalorisation du salaire des enseignants, n’est pas encore effectif puisque le budget révisé n’étant jusque-là pas encore adopté. Ainsi donc, la matérialisation des engagements du gouvernement dépend maintenant, selon le ministre, du vote crucial du budget par le Parlement pour la libération du crédit afin de donner suite à l'ajustement salarial et au versement des salaires de nouveaux professeurs. La plateforme a ainsi annoncé pour le mercredi 23 avril une grève illimitée en vue de forcer l’État haïtien à respecter ses engagements pris en janvier dernier.
La revalorisation des salaires se fera comme suit pour la période allant du mois d’avril au mois de septembre 2014: Professeur à chaire simple passera de 8 100 gourdes à 11 000 gourdes Professeur suppléant : de 9 250 à 12 400 gourdes; Surveillant général : de 12 300 à 17 000 gourdes; Professeur à temps plein : 22 400 à 31 000 gourdes Censeur : de 23 500 à 33 000 gourdes; Directeur : de 25 600 à 36 500 gourdes; Instituteur : de 9 250 à 13 000 gourdes Directeurs d'école primaire: de 13 400 à 21 000.

L’ISTEAH, première institution de formation doctorale accréditée en Haïti

 Par Thomas Lalime
thomaslalime@yahoo.fr

Source: lenouvelliste.com , 21 avril 2014

« Après examen du dossier de l’Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti (ISTEAH) par les hauts responsables du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, sur recommandation expresse d’un comité d’experts internationaux et en reconnaissance de la qualité de ses programmes d’études supérieures, l’État haïtien délivre à l’ISTEAH ce certificat d’accréditation avec tous les privilèges et obligations qui s’y rattachent. Ce certificat, qui demeure valide pour une période de cinq ans, est délivré à l’ISTEAH pour servir et valoir ce que de droit. »
 
Voilà le contenu du certificat d’accréditation, daté du 31 mars 2014, qui vient d’être octroyé à l’ISTEAH par le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). Cette accréditation est décernée à l’ISTEAH spécifiquement pour des programmes universitaires de diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS), de maîtrise et de doctorat en sciences de l’éducation, assortis de 7 orientations disciplinaires : biologie et sciences de la vie, chimie, formation à distance et e-learning, gestion des systèmes éducatifs, mathématiques, physique, sciences de la terre et de l’atmosphère.
 
L’ISTEAH devient la première institution à obtenir une telle accréditation en Haïti, ce qui peut marquer un tournant au pays après que les autorités et des acteurs concernés par l’enseignement supérieur eurent réalisé des assises nationales sur la qualité de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Dans un environnement marqué par l’absence de normes de qualité et l’existence de programmes de formation mal conçus et inadaptés, l’accréditation, obtenue sur recommandation d’experts universitaires, peut constituer un signal de virage vers la qualité.
 
Les 60 étudiants qui constituent la première cohorte résident dans 14 communes du pays, de Jérémie à Port-de-Paix en passant par les Cayes, Jacmel et Gonaïves. Ces étudiants sont regroupés sur les campus du Cap-Haïtien, de Port-au-Prince et de Hinche. Ils termineront leur première année d’études d’ici la fin du mois de juillet prochain. Trente-cinq d’entre eux y poursuivent des études de doctorat (Ph.D.) alors que les vingt-cinq autres visent une maîtrise en sciences de l’éducation.
 
Sélectionnés par concours sur un échantillon de 135 candidats, ces étudiants se distinguent par leur qualité et leur motivation, selon le professeur Samuel Pierre, président du Conseil d’administration de l’ISTEAH, professeur titulaire de génie informatique à l’École Polytechnique de Montréal, directeur depuis 1999 du Laboratoire de recherche en réseautique et informatique mobile (LARIM) et du Groupe de recherche en réseautique et informatique mobile (GRIM). Il s’agit, indique-t-il, pour la plupart de hauts cadres de l'administration publique et surtout du MENFP, de professeurs et cadres à l'Université d'État d'Haïti et des universités publiques en région, de jeunes diplômés enseignant au secondaire et dans les universités privées, de jeunes professionnels de différentes disciplines dont des agronomes.
 
L’ISTEAH, selon le professeur Pierre, est une institution universitaire sans but lucratif. Son fonctionnement repose principalement sur le bénévolat de plusieurs professeurs et gestionnaires, ainsi que sur la générosité de donateurs qui soutiennent sa mission. En tant que premiers bénéficiaires de cette formation de haut niveau, les étudiants sont sollicités pour contribuer à cet effort collectif en payant des frais de scolarité représentant une infime partie des coûts de la formation reçue. Les frais de scolarité sont fixes et s’élèvent à 154 000 gourdes par année pour tous les programmes. L’ISTEAH s’efforce de mettre en place un programme de bourses basées sur le mérite pour supporter les meilleurs étudiants. La priorité d’octroi de ces bourses est accordée aux femmes, aux jeunes et aux handicapés.
 
La direction de l’ISTEAH vise à mettre la science et la technologie au service du développement d’Haïti, en formant des citoyens innovateurs et des leaders aptes à agir avec compétence aux échelles locale, nationale et régionale, en poursuivant un idéal d’excellence dans les actions et les interventions. Le document-cadre prend soin de préciser que l’institut ne vise pas à remplacer les institutions haïtiennes existantes, mais plutôt à prolonger leur action et à les renforcer durablement par l’apport de ressources complémentaires mutualisées dans des domaines spécifiques où l’expertise est sinon inexistante du moins insuffisante. « Il cherche à soutenir les institutions d’enseignement supérieur en augmentant leur capacité à faire face à la demande croissante de formation au pays et la nécessaire qualification des ressources humaines dont le pays a besoin pour se relever, selon une approche volontariste visant à terme l’autonomie de ces institutions », précise Samuel Pierre.
 
L’ISTEAH, poursuit-il, développera, avec les partenaires de la communauté universitaire haïtienne, un modèle haïtien de formation aux études avancées, en synthétisant les meilleures pratiques nord-américaines et européennes en matière de science et de technologie. Sur un horizon temporel de 10 ans, il envisage de former un contingent de 1000 scientifiques pour rehausser le niveau scientifique du pays et rendre le pays moins dépendant de l’étranger pour la formation de ses élites. Cet objectif découle du constat qu’aucun pays n’a réussi à se développer sans une maîtrise adéquate de la science et de la technologie. Haïti a grandement besoin d’un système d’éducation qui favorise cette maîtrise, ce à quoi le nouvel institut cherche à contribuer.
 
Les professeurs - plus de 85 pour le moment - viennent tant des universités locales qu’étrangères. Une douzaine d’entre eux vivent en Haïti et participent activement à l’enseignement dispensé par l’ISTEAH. Les autres professeurs viennent notamment de la Belgique, du Canada, des États-Unis, de la France et de la Suisse. Certains viennent enseigner sur place pendant quelques semaines. D’autres dispensent leur cours à partir de leur lieu de résidence par l’intermédiaire de la vidéoconférence.
 
L’ISTEAH entretient un réseau de 23 partenaires nationaux dont 21 institutions universitaires haïtiennes pour la plupart situées en région. Il est aussi appuyé par 7 partenaires internationaux : Dartmouth College (USA), École Polytechnique de Montréal (Canada), École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL, Suisse), Institut des sciences appliquées (INSA-Lyon, France), Université de Strasbourg (France), Université du Québec à Montréal (UQÀM, Canada), Télé-Université (Canada).
 
Fondé par le Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN-Monde), l’institut veut combler des besoins criants notamment dans certaines disciplines du génie, nous a confié Samuel Pierre. La gestion stratégique et le contrôle de cet institut sont assurés par un Conseil d’administration de 17 membres dont quinze résident en Haïti. Un conseil de direction de 10 membres en assure la gestion opérationnelle.
 
La devise de l’ISTEAH est : « l’excellence au service du bien commun ». Selon Samuel Pierre, il envisage de devenir l’une des meilleures institutions d’études avancées en science et en technologie dans la région de la Caraïbe. Un objectif partagé par des dizaines de scientifiques et de gestionnaires qui contribuent bénévolement à son déploiement dans diverses régions du pays, au bénéfice des générations futures et au service de la décentralisation tant souhaitée du pays.
 
Selon le président du GRAHN-Monde, le défi commun de toute la communauté universitaire haïtienne est de réduire le flot de nos jeunes qui, en quête d'une bonne formation universitaire, quittent le pays pour aller se former ailleurs, notamment en République dominicaine. Trop souvent, ils ne reviennent pas après leur formation. L’ISTEAH compte contribuer significativement à freiner cette fuite de cerveaux et de devises qui contribuent à perpétuer le sous-développement d’Haïti.