mercredi 21 janvier 2009

Le discours d’investiture du président des Etats-Unis, M. Barack Obama

Source: Ambassade des États-Unis en Haïti

«Nous avons choisi de faire triompher l’espoir sur la peur», affirme le président.

Le président Barack Obama
Discours d’investiture
Mardi 20 janvier 2009
Washington

Mes chers concitoyens,

Je me présente devant vous aujourd’hui en toute humilité face à la tâche qui nous attend, reconnaissant de la confiance que vous m’avez accordée et conscient des sacrifices consentis par nos ancêtres. Je remercie le président Bush des services rendus à notre nation, ainsi que de la générosité et de la coopération dont il a fait preuve durant toute la transition.

Quarante-quatre Américains ont désormais fait ce serment présidentiel. Ces mots ont été souvent prononcés dans la marée montante de la prospérité et dans les eaux calmes de la paix. Mais il est arrivé que ce serment ait été prononcé alors que le temps était orageux et que la tempête faisait rage. En ces moments-là, l’Amérique a persévéré non seulement du fait des compétences et de la perspicacité de ses dirigeants, mais parce que nous, le Peuple, sommes demeurés loyaux envers les idéaux de nos ancêtres et envers les documents fondateurs de notre nation.

Il en a été ainsi. Et il doit en être ainsi pour cette génération d’Américains.

Le fait que nous traversons une crise est désormais bien compris. Notre pays est en guerre contre un réseau tentaculaire de violence et de haine. Notre économie est gravement affaiblie, conséquence de la cupidité et de l’irresponsabilité de certains, mais aussi de notre incapacité collective de faire les choix difficiles et de préparer notre nation à une nouvelle donne. Des domiciles ont été perdus; des emplois ont été éliminés; des entreprises ont été brisées. Notre système de santé est trop coûteux; nos écoles mènent trop souvent à l’échec; et chaque jour amène de nouvelles preuves que la façon dont nous utilisons l’énergie renforce nos adversaires et menace notre planète.

Ce sont là des indices de crise qui se prêtent aux analyses de données et aux statistiques. Moins mesurable mais tout aussi profonde est la perte de confiance qui sévit dans tout le pays – une peur tenace que le déclin de l’Amérique soit inévitable et que la prochaine génération doit revoir ses ambitions à la baisse.

Aujourd’hui, je vous dis que les défis que nous devons relever sont réels. Ils sont graves et ils sont nombreux. Ils ne seront pas faciles à relever, et cela ne pourra pas se faire rapidement. Mais sachez-le bien, Amérique, nous les relèverons.

Nous sommes assemblés en ce jour parce que nous avons choisi de faire triompher l’espoir sur la peur, et l’unité de notre dessein sur le conflit et la discorde.

Nous sommes venus en ce jour proclamer la fin des mesquineries, des fausses promesses, de la récrimination et des dogmes dépassés qui étranglent notre vie politique depuis trop longtemps.

Nous demeurons une jeune nation, mais comme il est dit dans les Écritures, il est temps de dépasser les enfantillages. Il est temps de réaffirmer notre ténacité; de choisir ce qu’il y a de mieux dans notre histoire; de préserver ce don précieux, cette noble idée transmise de génération en génération: la promesse divine que nous sommes tous égaux, que nous sommes tous libres, et que nous méritons tous la chance de poursuivre la pleine mesure du bonheur.

En réaffirmant la grandeur de notre nation, nous comprenons que cette grandeur n’est jamais un dû. Il faut la mériter. Notre trajectoire n’a jamais reposé sur des raccourcis ou sur l’acceptation de moindres biens. La voie que nous avons empruntée n’a jamais été pour les craintifs – pour ceux qui préfèrent le loisir au travail, qui ne recherchent que le plaisir de la richesse et de la célébrité. Elle est plutôt pour ceux qui prennent des risques, qui agissent, qui fabriquent des choses – certains sont célèbres mais, le plus souvent, ce sont les hommes et les femmes qui travaillent dans l’ombre qui nous ont entraînés le long du chemin ardu qui mène vers la prospérité et la liberté.

Pour nous, ils ont emballé leurs maigres possessions et ont traversé des océans à la recherche d’une nouvelle vie.

Pour nous, ils ont peiné dans des ateliers de misère et colonisé l’Ouest ; ils ont enduré la morsure du fouet et labouré la terre dure.

Pour nous, ils se sont battus et sont tombés sur divers champs de bataille, à Concord et à Gettysburg, en Normandie et à Khe Sahn.

Encore et encore, ces hommes et ces femmes ont lutté, se sont sacrifiés et ont travaillé à s’écorcher les mains, afin que nous ayons une meilleure vie. Ils savaient que l’Amérique était plus grande que la somme de leurs ambitions individuelles ; plus grande que les différences de naissance, de richesse ou de faction.

C’est sur cette trajectoire que nous continuons aujourd’hui. Nous demeurons une nation prospère et puissante dans le monde. Nos travailleurs ne sont pas moins productifs que lorsque cette crise a commencé. Nos cerveaux ne sont pas moins créatifs, nos biens et services ne sont pas moins nécessaires qu’ils ne l’étaient la semaine dernière, le mois dernier ou l’année dernière. Notre capacité demeure intacte. Mais le temps de rester inactif, de protéger des intérêts étroits et de repousser des décisions déplaisantes est définitivement révolu. À partir d’aujourd’hui, nous devons nous relever, secouer la poussière de nos sandales et nous atteler à la reconstruction de l’Amérique.

En effet, partout où nous regardons, il y a du travail à faire. L’état de notre économie exige des actions audacieuses et rapides, et nous agirons – non seulement pour créer des emplois, mais pour poser une nouvelle fondation de la croissance. Nous construirons des routes et des ponts, et installerons des réseaux électriques et des lignes numériques qui alimenteront notre commerce et nous relieront les uns aux autres. Nous replacerons la science à sa juste place, et nous nous servirons des merveilles de la technologie pour améliorer la qualité des soins médicaux tout en en réduisant les coûts. Nous exploiterons le soleil, le vent et les sols pour alimenter nos voitures et faire marcher nos usines. Et nous transformerons nos écoles, nos collèges et nos universités de façon à répondre aux exigences d’une nouvelle ère. Tout cela, nous pouvons le faire. Tout cela, nous le ferons.

Maintenant, il y a ceux qui remettent en question l’étendue de nos ambitions – qui estiment que notre système n’est pas en mesure de tolérer trop de grands projets. Leur mémoire est courte. Car ils ont oublié ce que ce pays a déjà accompli ; ce que des hommes et des femmes libres peuvent faire quand l’imagination se marie à un objectif commun, et la nécessité au courage.

Ce que les cyniques ne comprennent pas, c’est que le terrain sous leurs pieds a glissé – que les arguments politiques dépassés qui nous ont dévorés pendant trop longtemps ne sont plus valables. La question que nous posons aujourd’hui n’est pas de savoir si notre gouvernement est trop grand ou trop petit – mais s’il peut aider les ménages à trouver un emploi convenablement rémunéré, des soins médicaux qu’ils peuvent se payer, et une retraite qu’ils vivront dans la dignité. Là où la réponse sera oui, nous avons l’intention de continuer. Là où la réponse sera non, les programmes en question seront supprimés. Et ceux d’entre nous qui gèrent les fonds publics seront tenus responsables de leurs actions – dépenser avec sagesse, réformer les mauvaises habitudes, et œuvrer dans la transparence – parce que c’est seulement ainsi que nous pourrons rétablir la confiance vitale entre un peuple et son gouvernement.

Et la question devant nous n’est pas non plus de savoir si les marchés financiers sont une force de bien ou de mal. Leur pouvoir de générer des richesses et de répandre la liberté est sans pareil, mais cette crise nous a rappelé que, sans un œil vigilant, les marchés peuvent perdre pied – et qu’une nation ne peut pas prospérer pendant longtemps si elle favorise uniquement ses membres déjà prospères. La réussite de notre économie a toujours dépendu non seulement du niveau de notre produit intérieur brut, mais aussi de l’étendue de notre prospérité ; de notre habileté à étendre cette chance à toutes les personnes de bonne volonté – non pas par charité mais parce qu’il s’agit là du moyen le plus sûr de parvenir au bien commun.

Concernant notre défense commune, nous rejetons comme faux le choix entre notre sécurité et nos idéaux. Nos Pères fondateurs, face à des dangers que nous pouvons à peine imaginer, rédigèrent une charte qui garantit la primauté du droit et les droits de chaque être humain, une charte renforcée depuis par le sang des générations. Ces idéaux éclairent encore le monde, et nous ne les abandonnerons pas par opportunisme.

Ainsi donc, à tous les peuples et gouvernements qui nous regardent aujourd’hui, des plus grandes capitales au petit village natal de mon père : sachez que l’Amérique est l’amie de chaque nation et de chaque homme, femme et enfant qui aspirent à un avenir de paix et de dignité, et que nous sommes prêts, de nouveau, à assumer notre rôle dirigeant.

Rappelez-vous que les générations précédentes ont combattu le fascisme et le communisme au moyen non seulement de missiles et de chars, mais aussi d’alliances solides et de principes durables. Elles avaient compris que notre puissance à elle seule ne pouvait nous protéger et ne nous donnait pas non plus le droit de faire tout ce que nous voulions. Ces générations savaient, en revanche, que notre puissance ne pouvait que croître quand nous nous en servions prudemment ; que notre sécurité provenait de la justesse de notre cause, de la force de notre exemple, et des qualités modératrices d’humilité et de retenue.

Nous sommes les gardiens de cet héritage. Guidés, une fois de plus, par ces principes, nous pouvons affronter toutes ces nouvelles menaces qui exigent un effort encore plus important – une coopération et une entente renforcée entre pays. Nous commencerons par laisser l’Irak à son peuple, en nous y prenant de manière responsable, et par établir une paix durement remportée en Afghanistan. De concert avec de vieux amis et d’anciens ennemis, nous œuvrerons sans relâche à réduire la menace nucléaire et à éloigner le spectre du réchauffement de la planète. Nous ne nous excuserons pas de notre mode de vie, de même que nous ne vacillerons pas dans sa défense, et à ceux qui cherchent à parvenir à leurs objectifs en semant la terreur et en massacrant des innocents, nous disons aujourd’hui: notre esprit est plus fort et ne peut être brisé; vous ne pourrez pas l’emporter à l’usure, et nous vous vaincrons.

Car nous savons que nos origines hétéroclites constituent une force et non une faiblesse. Nous sommes une nation de chrétiens, de musulmans, de juifs et d’hindous – ainsi que de non-croyants. Nous sommes façonnés par toutes les langues et toutes les cultures, originaires de tous les coins du monde; et parce que nous avons goûté à la lie amère de la guerre civile et de la ségrégation, et que nous sommes sortis de ce sombre chapitre renforcés et encore plus unis, nous ne pouvons qu’être convaincus du fait que les vieilles rancunes disparaîtront un jour; que les divisions tribales seront bientôt dissoutes; qu’au fur et à mesure que le monde deviendra plus petit, notre humanité commune se révélera au grand jour; et que l’Amérique doit jouer le rôle qui est le sien pour assurer l’avènement d’une nouvelle ère de paix.

Au monde musulman: nous cherchons une nouvelle façon d’avancer, fondée sur les intérêts communs et sur le respect mutuel. Aux dirigeants de par le monde qui cherchez à semer le conflit ou à faire porter à l’Occident les maux de votre société: sachez que votre peuple vous jugera selon ce que vous aurez bâti et non pas selon ce que vous aurez détruit. À ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption et le mensonge et qui étouffent la dissension: sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire; mais nous vous tendrons la main si vous êtes disposés à desserrer votre poing.

Aux peuples des nations pauvres: nous promettons de travailler avec vous à faire prospérer vos fermes et couler des eaux limpides; à nourrir les corps décharnés et les esprits affamés. Enfin, aux pays qui, comme le nôtre, jouissent d’une relative abondance, nous disons que nous ne pouvons plus nous permettre l’indifférence face à la souffrance extérieure, ni consommer les ressources de la terre sans égard aux conséquences. Car le monde a changé, et nous devons changer avec lui.

En contemplant la route qui s’ouvre devant nous, avec humilité nous adressons une pensée reconnaissante aux courageux Américains qui, à cette heure précise, patrouille dans des déserts et des montagnes lointains. Ils ont quelque chose à nous dire aujourd’hui, tout comme nos héros disparus, qui reposent à Arlington et nous murmurent à travers les âges. Nous les honorons, non pas seulement parce qu’ils sont les gardiens de notre liberté, mais aussi parce qu’ils incarnent la volonté de servir, une disposition à trouver un sens dans une chose qui les dépasse. Et pourtant, en ce moment même – en ce moment qui va définir une génération – c’est précisément cet esprit qui doit nous habiter.

Car pour tout ce que le gouvernement peut et doit faire, c’est en fin de compte sur la foi et la détermination du peuple américain que notre pays s’appuie. C’est la gentillesse d’accueillir l’étranger quand la digue se rompt, c’est la générosité du travailleur qui préférerait réduire ses heures plutôt que de voir un ami perdre son emploi, qui nous font traverser nos heures les plus sombres. C’est le courage dont fait preuve le pompier quand il s’engouffre dans un escalier enfumé, mais c’est aussi la volonté d’un parent d’élever un enfant, qui finalement déterminent notre destin.

Nos défis peuvent être nouveaux, tout comme les instruments au moyen desquels nous les relevons. Mais les valeurs dont notre succès dépend – le travail acharné et l’honnêteté, le courage et le fair-play, la tolérance et la curiosité, la loyauté et le patriotisme, ces valeurs-là sont anciennes. Elles sont vraies. Elles constituent la force tranquille du progrès depuis le début de notre histoire. Ce qui s’impose, maintenant, c’est un retour à ces vérités. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est une nouvelle ère de responsabilité, la reconnaissance de la part de chaque Américain que nous avons des devoirs envers nous-mêmes, la nation et le monde, des devoirs que, loin d’accepter à contrecœur, nous assumons avec joie, forts de notre conviction qu’il n’est rien de plus satisfaisant pour l’esprit ni de plus propre à notre caractère que de nous donner entièrement à une tâche difficile.

Tels sont le prix et la promesse de notre citoyenneté.

Telle est la source de notre confiance: la certitude que Dieu nous appelle à façonner un destin incertain.

Tel est le sens de notre liberté et de notre credo, la raison pour laquelle des hommes, des femmes et des enfants de toute race et de toute foi peuvent s’unir joyeusement sur cette magnifique esplanade, et qu’un homme dont le père, il y a moins de soixante ans, n’aurait peut-être pas été servi dans un restaurant local peut aujourd’hui se tenir debout devant vous pour prononcer le serment le plus sacré.

Aussi, marquons ce jour du souvenir de qui nous sommes et de la distance que nous avons parcourue. L’année de la naissance de notre pays, au plus froid de l’hiver, une petite bande de patriotes s’était serrée autour de feux de camps mourants, sur les rives d’un cours d’eau glacé. On avait abandonné la capitale. La neige était maculée de sang. Et c’est à l’heure où l’issue de notre révolution était le plus incertaine que le père de notre nation ordonna que les paroles suivantes fussent lues à la population:

« Qu’il soit dit au monde à venir (…) qu’au plus profond de l’hiver, alors que rien ne pouvait survivre hormis l’espoir et la vertu, que cette ville et ce pays, alertés par un danger commun, se levèrent à sa rencontre. »

Chers concitoyens, face aux dangers communs, en cet hiver de rigueur, rappelons-nous ces mots intemporels. Avec espoir et vertu, bravons une fois de plus les courants glacés et endurons les orages à venir, afin que les enfants de nos enfants puissent dire de nous qu’au moment de l’épreuve nous avons refusé d’abandonner la route, nous n’avons ni reculé ni fléchi et, les yeux fixés sur l’horizon et forts de la grâce de Dieu, nous avons porté ce grand don de la liberté et l’avons transmis, sain et sauf, aux générations futures.

(Fin du texte)
____________
Document reçu de l'ingénieur Lemane Vaillant.

mardi 20 janvier 2009

Haïti/Économie/Réflexions sur le projet de budget 2008-2009

Le projet de budget 2008-2009, déposé au Parlement à la fin de l’année 2008 par le gouvernement Préval-Pierre-Louis, a été analysé dans la presse haïtienne, et, des échos sont parvenus jusqu’à nous ((1) et (4)).

D’après les chiffres révélés dans les média, nous réussissons à nous faire une bonne idée de la répartition des crédits budgétaires pour l’année 2008-2009. En gros, la répartition des crédits entre les différents ministères et les autres institutions publiques n’est pas vraiment différente de celle des années précédentes. La décentralisation n’a pas gagné du terrain, en dépit de ce qu’en dit le Ministre de l’Économie et des Finances, Daniel Dorsainvil. Il semble, selon les propos tenus par ce dernier devant la presse au sortir du Parlement, que, pour lui, les termes «déconcentration» et «décentralisation» soient synonymes : parlant de son budget, il dit faire de la décentralisation quand il n'est en train de faire que de la déconcentration. Il semble donc clair que le grand argentier n’ait pas la même définition de la décentralisation que le reste du monde, incluant son collègue, Monsieur Jean-Max Bellerive, Ministre de la Planification et de la Coopération Externe.

Laissons de côté la querelle sémantique pour commenter un peu les chiffres qui circulent dans la presse et les comparer à d’autres données dont nous disposons.

Le total des crédits budgétaires s’élèverait à environ 100 052 501 191 gourdes (100 milliards de gourdes environ, ou 100 Gg), soit environ 2,2 G$ (2,2 milliards de dollars sur la base du taux de change : 45,50 gourdes pour $ 1,00).
En guise de comparaison, mentionnons que le total des crédits alloués par l’ONU à la Minustah, pour l’année 2008-2009 seulement, s’élève à US$ 601 580 100 (601,58 M$), soit 27,3% du projet de budget de l’État haïtien pour la même année. (Réf. Rapport A/RES/62/261, 25 juillet 2008 (2)). En gros, la Minustah dépense 50 millions de dollars par mois ! Ces crédits sont financés par les états membres et les Etats-Unis y contribuent pour 22% (Réf. A/RES/61/237, 13 février 2007 (3)). La contribution d’Haïti dans ce budget de la Minustah serait minime (de l’ordre de 12 k$ ou 12 000 dollars US).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs aux crédits budgétaires du Ministère des TPTC pour la même période qui s’élèvent à 25,5 Gg ou 560,4 M$).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs à la somme des crédits budgétaires de trois Ministères réunis : Agriculture (6,8 Gg), Éducation Nationale (8,9 Gg) et Santé Publique (8,8 Gg), soit un total d’environ 24,5 Gg ou 538,5 M$.

Ces comparaisons entre les crédits alloués par l’ONU à la Minustah et les crédits budgétaires accordés aux ministères et autres administrations permettent de comprendre le Président Préval quand il demande à la Minustah de remplacer les tanks par des tracteurs.

En outre, le budget de l’État haïtien pour 2008-2009 sera financé par des recettes internes (35%) et par des fonds externes (65%). Quand on sait que les dépenses de fonctionnement du gouvernement haïtien s’élèveront à 32 Gg, on conclut qu’elles seront financées par les recettes internes et qu’il ne restera presque rien à l’État pour financer ses projets de développement. L’État, comme d’habitude, comptera presque entièrement sur l’aide étrangère pour financer ses projets de développement pour l’année 2008-2009. Et, ce qui est une constante de l’économie haïtienne depuis des décennies, on peut s’attendre à ce que la plupart de ces projets de développement restent sur les tablettes parce que l’État ne sera pas capable de dégager des fonds internes excédentaires pour constituer le montant de la contrepartie haïtienne corequise (nécessaire) au déblocage des fonds externes promis pour chacun des projets.

Il apparaît clair que l’État haïtien doive entreprendre une démarche de réflexions sérieuses pour identifier des actions à prendre pour se sortir de ce cercle vicieux. Il semble que les têtes pensantes de l’Université d’Haïti pourraient aider dans ce genre de réflexions.

Il apparaît tout aussi évident que l’État devra compter sur la Diaspora haïtienne pour l’aider à lever les défis auxquels il devra faire face.

Il apparaît évident l’État doit aider les dix Départements géographiques du pays à se structurer pour qu’ils se développent de manière harmonieuse.

Depuis quelques décennies, parce que l’Administration publique est corrompue, les donneurs d’aide ont pris l’habitude de financer de nombreux projets en faisant affaire avec des organismes dits non gouvernementaux (ONG) basés en différents points du territoire. Au risque de se faire dire qu’il s’agit d’une fiction comptable, il apparaît évident que l’État devrait comptabiliser les montants de tous les projets de tous les ONG dans son budget annuel de développement, même s’il ne voit pas nécessairement la couleur de ces argents. Et l’on peut se demander pourquoi l’État n’aurait pas le droit de percevoir une taxe sur le montant de chacun de ces projets. Les sommes perçues seraient alors ajoutées aux crédits alloués aux administrations des collectivités territoriales pour qu’elles offrent plus de services aux citoyens. Il apparaît évident qu’en exerçant un contrôle des activités des ONG sur le territoire national, l’État serait amené à leur faire orienter leurs actions et leurs projets dans le sens défini par les stratégies de développement retenues par les autorités régionales et centrales. L’État doit faire sentir sa présence et sa puissance sur tout le territoire national.

Parlant de puissance, si l'on lit entre les lignes du rapport des Nations Unies, A/RES/62/261, on a l’impression que la Minustah se préparerait à réduire son action en Haïti à partir de juillet 2009. Si cette lecture est juste, alors on peut se demander qu’est-ce que le gouvernement Préval – Pierre-Louis attend pour mettre sur pied une force publique, différente de la PNH, qui sera appelée à prendre la relève de la Minustah. Et si rien n’est fait en ce sens, la nature ayant horreur du vide, la nation serait acculée à retarder la date de la réduction de l’action de la Minustah, voire celle de son départ définitif. Le budget 2008-2009 ne semble faire aucunes provisions en vue de la création d’une telle force publique indigène.
Enfin, il peut être utile de prendre connaissance du message d'Hedi Annabi pour qui « Haïti flotte entre inquiétude et espoir» (5). Annabi y mentionne aussi la visite en Haïti en décembre 2008 du professeur Paul Collier (Université d'Oxford) dont le rapport aux autorités haïtiennes et à la communauté internationale, espère-t-il, permettra « d'actualiser et d'enrichir » le Document de Stratégie Nationale sur la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP). S'agit-il, d'une reconnaissance de la faiblesse du modèle de Ravallion et des carences inhérentes au document DSNCRP, choses que Le Coin de Pierre avait mises en évidence l'année passée.
____________________
(1) «Les limites du Budget de la République », par Kesner Pharel:
(2) Rapport A/RES/62/261
(3) Rapport ONU: A/RES/61/237
(4)L'AHE opine
(5) MINUSTAH/BILAN ET PERSPECTIVES / « Haïti flotte entre inquiétude et espoir», selon Hedi Annabi
_________

mercredi 14 janvier 2009

Le mécanisme de crise économique selon la théorie de Keynes

NDCDP.- Dans la préparation de cet article nous avons consulté, entre autres documents, l’ouvrage de John Maynard Keynes, La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (*), et, nous avons bénéficié du travail de vulgarisation du professeur Frédéric Poulon dont le manuel d’introduction à l’économie intitulé, Économie générale (**), a particulièrement retenu toute notre attention. Nous avons ajouté, comme d’habitude, notre touche personnelle, dans la Figure 1, au Tableau 1, dans l'arrangement du fond et dans la forme, animés de l'intention de rendre le tout encore plus simple, donc accessible, tout en maintenant la rigueur la plus élevée.

Le circuit keynésien ouvert.-

Dans le circuit keynésien, les intermédiaires financiers (banques), les entreprises et les ménages sont les trois catégories fondamentales d’agents économiques. À ces trois catégories d’agents correspondent plus ou moins les trois grandes fonctions de base du système de production capitaliste : la fonction de financement, la fonction de production et la fonction de dépense. Cependant, chaque fonction peut concerner plusieurs catégories d’agents.
L’État est un agent économique à part. Son activité embrasse les trois fonctions de base : le Trésor Public (financement), la production de biens publics ou de services collectifs, la fonction de dépense ou de consommation publique des citoyens.

On utilise un schéma simple à cinq pôles (ou comptes) pour un pays donné, (B, E, M, A, RdM) :
B = Banques,
E = Entreprises,
M = Ménages,
A = Administration (l’État),
RdM = Reste du monde


Les flux sont des transferts de monnaie d’un agent vers un autre agent économique.
Le circuit keynésien est une suite de flux hiérarchisée, c’est-à-dire ordonnée à partir d’une origine qui est l’origine de la monnaie mise en circulation par les intermédiaires financiers (banques). L’ordre des flux est commandé par l’ordre de circulation de la monnaie entre les agents. Le pôle B est le point de départ de la circulation monétaire.

On définit les flux suivants :
F : financement net ; il exprime la quantité de monnaie injectée par B dans le circuit au cours de la période considérée ;
I : investissement net de E, achat de nouvelles machines venant accroître la capacité de production de E ;
U : la somme de la consommation intermédiaire (matières premières, par exemple) et de la consommation de capital ou amortissement (remplacement de machines usagées par d’autres de même capacité) ; on l'appelle avec Keynes: coût d’usage de la production ; les flux inter-entreprises correspondent à la somme U+I ;
Y : revenus versés aux ménages par les entreprises ;
C : dépenses ou consommation des ménages ;
S : épargne des ménages ;
T : recettes fiscales de l’État ; pour simplifier, on suppose quelles proviennent intégralement de M ;
J : investissement public de l’État (A), correspondant à l’achat auprès de E de biens d’équipement et de biens intermédiaires ;
Z : salaires et traitements versés par A aux ménages (M) ;
D : déficit public de A ; il a lieu si les dépenses de l’État, Z+J, dépassent les recettes T ; on a D = (Z+J) – T ;


On suppose qu’entre le pays et le reste du monde les flux pour la période considérée soient de trois sortes seulement :
Le flux de recettes pour le pôle E du pays : exportations vers le reste du monde, X ;
Le flux d’achats de biens par E au reste du monde : importations, H;
Le flux financier entre B et RdM dû au solde commercial, L = (X-H), positif, nul ou négatif.

On fait l’hypothèse d’une monnaie unique (hypothèse de changes fixes) entre le pays et le Reste du Monde.

La figure 1 illustre les flux monétaires entre les cinq pôles du circuit keynésien ouvert.



Figure 1.- Le circuit keynésien ouvert sur le reste du monde
(Cas où les exportations sont supérieures aux importations)


Le tableau 1 ci-après montre les flux entrants (ressources) et les flux sortants (emplois) entre les cinq pôles (ou comptes) pour un pays donné et pour une période donnée. Il présente un portrait comptable de chaque catégorie d’agents en dressant sur deux colonnes les montants des flux : la colonne de gauche contient les ressources (flux entrants), tandis que celle de droite, les emplois (flux sortants). On applique le principe fondamental de comptabilité :
« Tout flux entrant dans un (sortant d'un) compte entraîne un flux sortant d'un (entrant dans un) autre compte de même valeur
En effet, le lecteur ayant des notions rudimentaires de comptabilité reconnaîtra ici le principe classique d’équilibre comptable : « Tout débit dans un compte entraîne un crédit dans un autre compte pour le même montant, et réciproquement
Le tableau 1 contient 13 transactions. Le principe comptable utilisé implique que pour chacun des pôles ou comptes, et pour une période donnée, la somme des ressources et égale à la somme de emplois.
Si le budget de l’État (compte A) est déficitaire, le déficit D est financé par les banques (compte B).
L’équilibre du circuit keynésien est caractérisé par la condition d’égalité entre la somme des flux entrants et la somme des flux sortants en chacun des pôles.


Tableau 1.- Le circuit keynésien ouvert sous forme comptable

(cas où les exportations sont supérieures aux importations)

Le concept d’équilibre suppose que tous les flux sont recensés et que leur mesure n’est pas entachée d’erreur. Ainsi, dans le cas du circuit keynésien ouvert à cinq pôles, les équations d’équilibre aux pôles s’écrivent successivement:

Pôle B : S = F + D + L (1)
Pôle E : F + J + C + (U + I) + X = Y + H + (U + I) (2)
Pôle M : Y + Z = S + C + T (3)
Pôle A : T + D = J + Z (4)
Pôle RdM : H + L = X (5)

Condition keynésienne de crise économique.-

Keynes analyse la crise capitaliste dans son ouvrage : Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. Partant du Principe de la Demande effective, il montre que l’emploi total est fixé par les entreprises à un niveau auquel les coûts de production, incluant les marges bénéficiaires, sont exactement payés par les recettes attendues. Ces recettes attendues, provenant des dépenses de consommation des ménages et des dépenses d’investissement des entreprises, constituent la demande effective, c’est-à-dire, la demande globale anticipée par les entrepreneurs. Tout le système repose sur les anticipations de la demande globale : si elles sont pessimistes, le niveau de l’emploi mobilisé est faible et le niveau du revenu global d’équilibre correspond au sous-emploi (situation de chômage).

On considère le cas du circuit keynésien ouvert sur le reste du monde pour mettre en évidence et comprendre l’origine de la crise capitaliste.

La condition de crise, dans le modèle keynésien ouvert, découle de la définition du revenu global.

Deux des cinq pôles, l’État (A) et les entreprises E contribuent à la formation du revenu global R :

R=RA + RE (6),


où RA et RE sont les contributions respectives de A et de E dans le revenu global.


On a immédiatement :

RA = Z (7)

Par définition, RE est la somme, nette du coût d’usage de la production, des recettes des entreprises provenant de la vente de biens et services qu’elles produisent. La figure 1 et le tableau 1 montrent que les recettes de E sont données par la somme : (U + I + J + C + X), le flux entrant F étant une ressource d’emprunt (restituable), il n’est pas compté comme recette de E.
On ne doit considérer dans cette somme que les recettes émanant de la vente de biens et services produits par E. Donc, dans la somme (U + I + J + C + X), il faut retrancher la valeur des importations H pour obtenir la somme des recettes émanant de la vente de biens et services produits par E, soit (U + I + J + C + X - H). En retranchant de cette dernière somme le coût d’usage U, on obtient le revenu global dû à E :

RE = I + J + C + X - H (8)

L’équilibre au pôle E permet d’écrire :

RE = Y + I – F (9)

Et le revenu global s’écrit, à l’aide de (6), (7), (8) et (9) sous les deux formes équivalents suivantes :

R = Z + I + J + C + X – H (10)

R = (Y + Z) + (I – F) (11)

Nous faisons remarquer que l’expression du revenu global keynésien sous la forme indiquée par l’équation (10) est identique à celle du Produit Intérieur Net (PIN) définie dans la comptabilité nationale.

L’expression du revenu global sous la forme indiquée par l’équation (11) permet d’y distinguer deux parties. La première, (Y + Z), est le revenu total des ménages qui constitue le revenu distribué. La deuxième, (I – F), est le revenu des entreprises qui constitue le profit net non distribué.

Ce n’est pas la seule interprétation possible de la quantité (I – F). Elle exprime la partie de l’investissement I autofinancée ; elle exprime aussi l’épargne des entreprises.

Cette quantité (I – F) riche de sens est un élément central de la condition keynésienne de crise économique.

· Si (I – F) est positif, c’est-à-dire, I > F, alors l’investissement net des entreprises durant la période est supérieur à leur endettement net envers le pôle B durant la même période. Les créanciers de E, voyant que leurs débiteurs sont solvables et savent faire fructifier leur argent, inciteront ces derniers à s’endetter davantage. L’économie se trouve alors dans un état de croissance et de prospérité.

· Si (I - F) est nul, I est suffisant pour rembourser les dettes F. Les banquiers accepteront de renouveler les crédits, mais ne pousseront pas les entreprises à s’endetter davantage. L’économie est alors dans une zone d’équilibre nouveau, dit équilibre fort, différent de l’équilibre faible (comptable) du circuit qui, lui, est toujours réalisé, contrairement à la condition d’équilibre fort.


· Enfin, si (I – F) est négatif, c’est-à-dire, si I inférieur à F , l’enrichissement I des entreprises est un gage insuffisant pour rembourser les dettes F. Quand l’inégalité (I inférieur à F) est répandue dans une grande partie de l’économie, cette dernière atteint un état général de crise économique. La crise est d’autant plus grande que (F – I) est grand.


Facteurs causant la crise dans le circuit keynésien.-

Partons de l’équilibre des flux aux pôles E et A :

U + Y + (I – F) = (U + I) + C + J + (X – H) (12)

J = D + T – Z (13)

On remplace dans (12) J par son expression donnée par (13), puis on transpose à gauche (T-Z) :

U + (Y + Z – T) + (I – F) = (U + I) + C + D + (X – H) (14)


Dans (14), la variable (I – F) est la variable expliquée. Elle dépend des six (6) variables explicatives :
C : la consommation finale des ménages ;
Y + Z – T : le revenu disponible des ménages ;
(U + I) : les dépenses inter-entreprises ;
U : le coût d’usage de la production des entreprises ;
D : le déficit public ;
(X – H) : le solde commercial.
Parmi ces six variables, deux sont des variables autonomes (ou exogènes) : D et (X – H). Leur évolution est largement indépendante de celles des quatre autres. Le déficit dépend de la politique budgétaire de l’État ; le solde commercial dépend de la politique commerciale et d’un nombre de facteur si grand que l’on peut le considérer comme une variable autonome. On considère les quatre autres variables étroitement liées entre elles, ce qui permet de réduire le nombre de variables influençant réellement (I – F). Sur le circuit keynésien, au nœud M, on définit la propension à consommer,c, la propension à épargner, s, et le taux de pression fiscale, t, dans les expressions suivantes:

C = c (Y + Z – T) (15)

S = s (Y + Z – T) (16)

T = t (Y + Z) (17)

De plus, à court terme, le coût le coût salarial est un pourcentage stable du coût total de production de E. Ce pourcentage est contrôlé par les techniques en vigueur qui ne changent qu’avec le renouvellement du capital fixe (machines), donc à moyen et long termes. On a donc :

Y = y (U + Y),

ou :

Y = [y / (1-y)] U (18)

Enfin, dans un pays donné, on observe une grande stabilité, au moins à court terme, entre la part du revenu des salariés de l’État et celle du revenu des salariés des entreprises :

Y = p (Y + Z) (19)

Dans ces expressions, les constantes c, s, t, y et p sont chacune un nombre réel compris entre 0 et 1. De plus,

c + s = 1.

En combinant (17), (18) et (19), on obtient :

Y + Z – T = [y(1-t) / ( p(1-y))] U (20)

À l’aide de (15), de (16) et de (20), on transforme la relation (14) pour obtenir :

(I – F) = U [I/U - a] + D + (X – H) (21)

dans laquelle:

a = [s y(1-t) / ( p(1-y))]

est une constante positive.

La relation (21) permet de constater que, mises à part les deux variables exogènes D et (X–H), les variables pouvant amener (I – F) à une valeur négative, se réduisent finalement à une seule : I/U. Si, en effet, on suppose temporairement que D et (X – H) soient fixées, on voit que (I – F) dépend seulement des variables I et U et du rapport I/U. Dans le cas où on a à la fois l’équilibre budgétaire, D = 0, et l’équilibre commercial, (X - H) = 0, la quantité (I – F) prend des valeurs négatives (critiques), une fois que I/U devient inférieur à a. On peut retarder ce moment en provoquant un excédent commercial, (X – H) > 0, et/ou un déficit budgétaire, D > 0. Une telle politique a ses limites. En effet, un déficit budgétaire élevé favorise la demande, incluant la demande de biens importés et favorise plus un déficit commercial qu’un excédent. Dans un pays donné, pour un solde commercial habituel de ce pays, et, pour un déficit budgétaire maximum compatible avec ce solde commercial, il existe un seuil minimum pour I/U au-dessous duquel la variable (I – F) sera négative, ce qui correspondra à une situation de crise économique.

La compréhension des raisons pour lesquelles U croît plus vite que I permet de déterminer les causes de la crise dans le circuit keynésien.

La rotation du capital est un facteur important à considérer. L’accélération de la rotation du capital correspond à une durée de vie économique plus courte, c’est-à-dire un coût de remplacement du capital réparti sur une plus courte durée. Il en résulte une augmentation de la charge de consommation annuelle de capital qui impose une réduction équivalente dans un montant d’investissement brut donné, la part de l’investissement net. Dans ces conditions, le rapport I/U, dont le dénominateur U (la consommation en capital) croît plus vite que le numérateur I (l’investissement net), diminue rapidement et passe en dessous de la constante a de l’équation (21), si l’accélération de la rotation du capital est suffisamment importante. C’est l’apparition de la condition de crise. Il faut donc identifier la cause de l’accélération de la rotation du capital.

Le progrès technique explique cette rotation. Plus le rythme du progrès technique est rapide, plus rapidement se fait la rotation du capital. Le progrès technique dépend de la concurrence qui existe entre les entreprises. La volonté de faire mieux et plus vite que leurs concurrents amène les entreprises à mettre en œuvre de nouvelles techniques et de nouveaux procédés. Et le progrès technique est d’autant plus important que la concurrence est intense.

En un mot, plus la concurrence est intense, plus vite l’économie tend vers la crise. L’économie capitaliste est une économie de concurrence ; elle est par conséquent en permanence en crise ou bien sous la menace d’une crise.

Il ne faut pas pour autant détester la concurrence, car elle crée une émulation parmi les entreprises et maintient chez elles une volonté de fabriquer de bons produits et de nouveaux produits. Mais la leçon à tirer de notre analyse est une mise en garde contre les graves conséquences de la concurrence démesurée et le libéralisme aveugle qu’on tente constamment de nous faire accepter. L’idéal à chercher à atteindre serait «un libéralisme éclairée» où la société orienterait la concurrence de telle manière qu’elle soit de nature à favoriser l’épanouissement des libertés individuelles et non leur écrasement.

Les conclusions auxquelles conduit l’analyse du circuit keynésien ouvert sont proches de celles auxquelles conduit l’analyse de Karl Marx. Ce dernier avait vu dans la concurrence capitaliste la fatalité de la crise ; il prédisait son autodestruction et souhaitait même qu’elle arrive à terme. À l’inverse de Marx, Keynes ne croyait pas que l’autodestruction arriverait à son terme et ne le souhaitait pas. C'est pourquoi il luttait pour une nouvelle régulation du capitalisme.


Mécanismes régulateurs et politique régulatrice de l’État.-

Pour Keynes comme pour Marx, les mécanismes régulateurs sont les moyens que peuvent utiliser les entreprises pour sortir de la crise. Ces moyens sont utilisés pour chercher à redresser les profits. Chez Marx, ils conduisent à l’aggravation du chômage accompagnée d’une baisse des prix et des salaires. Chez Keynes, le chômage, qui permet aux entreprises de chercher à réduire leurs coûts de production (à travers le coût salarial), est toujours présent, mais la baisse des prix et des salaires n’est plus possible, à cause de la force des syndicats. Ainsi, dans la régulation keynésienne, les deux mécanismes conjointement utilisés par les entreprises sont le chômage et l’inflation (stagflation). Face à cette situation, l’État, au lieu de rester passif, comme chez Marx, intervient pour aider les entreprises à redresser leurs profits et, par ainsi, aider l’économie à sortir de la crise.

La politique keynésienne est fondamentalement le refus du laissez-faire. Keynes ne croit pas à ce qu’Adam Smith appelle la main invisible. Pour Keynes, le marché doit être encadré, surveillé, régulé par l’État sans supprimer la liberté individuelle.

Pour Keynes, le refus du laissez-faire s’accompagnait du refus du laissez-passer, c’est-à-dire, qu’en plus de l’intervention de l’État dans les affaires économiques intérieures, il fallait ajouter l’intervention de l’État dans les échanges économiques extérieurs au pays. La concurrence capitaliste étant reconnue dans le circuit keynésien comme un facteur important de crise, la concurrence extérieure y joue un rôle prépondérant : elle est la plus destructrice de capital et la plus génératrice de crise. Keynes, voulant protéger le capitalisme, manifestait donc une très grande méfiance vis-à-vis le libre-échange. Aussi, écrivait-il, « Les idées, le savoir, l’art, voilà des choses qui par nature devraient être internationales. Mais il faut que les marchandises, soient de fabrication nationale chaque fois que cela est possible et raisonnable. Quant à la finance et à la monnaie, elles doivent être prioritairement nationales. »

Toute la doctrine de Keynes est contenue dans ces trois phrases. Ces affirmations, venant d’un libéral comme Keynes, scandalisent de nombreux libéraux fidèles à la doctrine de Smith et de Ricardo.

La crise économique mondiale qui s’est initiée en 2008 remet les idées de Keynes à l’ordre du jour.
________________

(*) Keynes, John Maynard, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Petite Bibliothèque Payot, 1982, 383 pages. Traduction française par Jean de Largentaye de: The General Theory of Employment, Interest and Money, Macmillan, Londres, 1973; 1ere édition, 1936.

(**) Frédéric Poulon, Économie générale, Dunod, Paris, 2008 ; 6eme édition, 336 pages.

__________

Mises à jour:

15 janvier 2009

16 janvier 2009

lundi 5 janvier 2009

France/Grandes écoles : quand les filles prennent le pouvoir par le savoir

École Supérieure de Journalisme (ESJ), Lille, France, 83e promotion: 43 filles, 13 garçons
(Photo Rue89.com)

Par David Servenay, Rue89.com, 4 janvier 2009

Plus studieuses, plus matures, mieux organisées, les étudiantes sont souvent majoritaires dans les établissements prestigieux.

L'idée de cet article m'est venue en me retrouvant face à la 83e promotion des étudiants de l'ESJ de Lille. Un amphithéâtre de 56 étudiants avec seulement 13 pauvres garçons, faciles à compter au milieu de cette marée de filles.
A dire vrai, je me suis tout de suite demandé si l'autre moitié de l'humanité était bien en train de prendre le pouvoir par le savoir... Soulevez le sujet autour de vous et vous aurez droit à deux types de réaction :
* 1)Les filles et quelques garçons: "Mais c'est quoi le problème?"
* 2)Les autres garçons, bravaches: "J'aurais préféré faire mes études aujourd'hui"
J'avais un peu oublié la question, lorsque je suis tombé sur les décrets publiant les listes d'admission des candidats à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), l'un des grands temples de la méritocratie républicaine. Alors là, record battu. Vous ne devinerez jamais combien de futures magistrates sortiront de l'ENM dans trois ans?
* Sur le seul concours externe, celui des étudiants, les filles représentent 82% des admis
* Du coup, l'administration a visiblement tenté de corriger le tir, avec 6 garçons pour 17 admis au concours interne et sur dossier
Tous les professionnels du droit vous le diront: ces dernières années, les femmes ont massivement investi les tribunaux. La justice serait-elle une exception?
Les filles s'imposent dans tous les concours de la République, sauf l'X
Visiblement, non. En vérifiant les derniers chiffres disponibles auprès des grandes écoles, il est facile de voir se dessiner un large mouvement. Jugez plutôt :
* Après des décennies de conservatisme (voir les photos encravatées des promos des Trente Glorieuses, quatre femmes sur 48 étudiants dans la promotion de Jacques Chirac en 1959), la dernière promotion de l'Ecole nationale d'administration (ENA) est composée de 28% de filles
* Tendance accentuée à l'Ecole normale supérieure (ENS), où en 2008 les admissions sur dossier sont dominés par les candidates: 51% dans les départements scientifiques et 47% dans les départements lettres.
* En revanche, le concours de l'ENS, en sciences, tourne à l'avantage des garçons : 5/43 filles en maths-physique-info, 3/21 en physique-chimie, 0/8 en informatique et 12/21 en biologie(soit moins de 25%)) d'après les chiffres fournis par utilisateur-anonyme.
* Le seul bastion à résister vaillamment aux hordes féminines est l'école Polytechnique, où elles ne constituent que 13,5% de la dernière promotion
Sur cette dernière exception, les études les plus sérieuses comme celle menée par l'OCDE en 2000, par l'Insee en 2003 ou par le ministère de l'Education nationale en 2008, ont mis en évidence -pour simplifier- la supériorité littéraire des filles et leur corrélatif manque d'intérêt pour les mathématiques. Le tout sur fond de tenaces clichés sur l'orientation dévolue aux uns et aux autres: aux garçons les choses sérieuses (les sciences), aux filles les futilités (la littérature).
En guise d'explication, Marie-Sophie Keller, notre experte des questions de genre, me renvoie à l'étude de Christine Guionnet et Erik Neveu, "Féminins, Masculins, Sociologie du genre" (éd. Armand Colin):
"La difficulté récurrente de certains garçons face à la maîtrise linguistique s'explique en partie par un rapport distinct à l'école.
Souvent moins scolaires et appliqués, plus libres de sortir, ils consacrent moins de temps au travail à la maison que les filles, sauf dans certains milieux sociaux, où celles-ci doivent effectuer de nombreuses tâches domestiques et s'occuper des plus jeunes enfants du foyer (Hoff Sommers, 2000).
Si les moyennes dissimulent les puissants processus de présélection, les filles paraissent néanmoins mieux adaptées au "« métier" d'étudiant(e). Elles sont plus studieuses, mieux organisées, plus assidues que les étudiants. Elles notent les cours avec plus d'application, demandent plus d'explications aux enseignants, adoptent des méthodes de révision plus élaborées."
Pourquoi les filles ratent-elles l'oral d'HEC?
Qu'en est-il lorsque l'on aborde les écoles du (vrai) pouvoir économique ? En scrutant les derniers résultats du concours 2008 des Hautes études commerciales (HEC), j'ai cru un instant que là aussi les filles étaient en train de gagner, à la force de leurs neurones, leur place au paradis des managers. A première vue, on peut le croire: sur plus de 4 000 candidats, les filles représentent 47% de la promotion de la prestigieuse école de commerce.
Mais, Guillemette Faure -qui dans une autre vie a fréquenté les bancs d'une grande école de commerce- m'a mis la puce à l'oreille. Elle m'assure que la part des filles s'effondre curieusement après les oraux, parce qu'elles font baisser les salaires de sortie, sur lesquels s'appuient les classements des écoles. Vérification faite, Guillemette soulève un vrai mystère. Suivez bien:
* Au dernier concours d'HEC, il y avait 1 873 candidats et 2 154 candidates (53%)
* Puis, parmi les 700 admissibles: 342 garçons et 358 filles (51%)
* Pour arriver aux admis: 202 garçons et 178 filles (46%)
Questions: que s'est-il passé entre l'écrit et l'oral? Les filles se sont-elles subitement liquéfiées? Les garçons ont-ils révélé d'implacables qualités de businessman? Les permanents de l'ESJ de Lille, qui font passer l'épreuve orale de leur concours, m'ont toujours assuré du contraire.
A cet âge -entre 22 et 25 ans- les femmes sont en général plus mûres, plus déterminées et plus volontaires que leurs petits camarades. Autre hypothèse: la direction d'HEC fait, sans le dire, un peu de discrimination positive en faveur des hommes.
Dans les universités françaises, 58% des étudiants en LMD sont des filles
En tout cas, le phénomène est bien plus massif qu'il n'en a l'air. Lisez bien: dans les universités françaises, en 2006-2007, la répartition par sexe des étudiants en LMD (licence, master, doctorat) s'établissait ainsi:
"Sur un total de 1 191 170 étudiants, on recense 503 732 garçons (42%) et 687 438 filles (58%)"
Les grincheux pourront bien arguer que les hommes restent majoritaires au niveau du doctorat, l'évolution semble inéluctable. J'ai d'ailleurs dressé le même constat en corrigeant les travaux des étudiants lillois: les filles sont meilleures enquêtrices que les garçons. Avec mes cinq confrères masculins, nous avons d'ailleurs eu du mal à justifier l'absence de consoeurs à nos côtés.
Le dernier rapport d'activité de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes de l'Assemblée nationale.
Addendum, le 4/01/08, à 20h : correction sur les chiffres des dossiers d'admission de l'ENS et sur celui du concours dans les filières scientifiques.
______________________
//Grandes écoles : quand les filles prennent le pouvoir par le savoir

http://fr.news.yahoo.com/69/20090104/tfr-grandes-coles-quand-les-filles-prenn-b8d393e.html
//
//
http://www.rue89.com/2009/01/04/grandes-ecoles-quand-les-filles-prennent-le-pouvoir-par-le-savoir
//
http://www.esj-lille.fr/
//

dimanche 4 janvier 2009

Haïti en quatre photos sur deux siècles et plus ?

Au début du XXI ième siècle...


Une jeune fille du plus grand bidonville de Port-au-Prince, Haïti: Cité Soleil.
Photo Alice Smeets (2008). «Meilleure photo» selon l'UNICEF !
***

Place Saint-Pierre, Pétionville, Haïti. Photo Le Matin (2007)
***
*

À la fin du XIX ième (?) et au début du XX ième siècles...

Photo Direction Générale des Travaux Publics (vers 1928)
***
*

Au début XIX ième siècle...

Citadelle Henri Christophe bâtie entre 1807 et 1820. Photo récente
***
*
La première photo provient du lien suivant:
//Courage to live in the face of adversity
//
Elle exprime l'échec et l'absence de l'État. Elle dénonce l'ensemble des responsables, voire la société tout entière, ... l'UNICEF incluse.
Mais cette photo dit aussi que c'est aux Haïtiens de se prendre en main pour changer l'image d'Haïti.

vendredi 2 janvier 2009

Des vœux pour 2009

La tradition veut qu’au passage d’une année à l’autre l’on fasse une pause, le temps de faire le bilan de l’année qui s’achève et de prendre des résolutions pour celle qui commence.

L’année 2008 a été riche en événements heureux ou malheureux aux quatre coins de la planète :

  1. Les forces armées colombiennes ont réussi à libérer Ingrid Bétancourt et quatorze autres prisonniers des mains des FARC à la suite d’une opération militaire soigneusement préparée.
  2. La Chine, pays organisateur des jeux olympiques, s’est révélée à la face du monde comme une nouvelle puissance économique ayant un potentiel impressionnant, capable de se développer à un niveau sinon supérieur, du moins équivalent à celui des pays développés.
  3. Les Etats-Unis d’Amérique ont écrit une nouvelle page d’histoire en élisant à la tête de leur fédération, pour la première fois, un afro-américain, Barack Obama, qui, avant la convention démocrate de 2004, il y a quatre ans à peine, était très peu connu sur la scène politique américaine.
  4. Des émeutes de la faim ont ébranlé les assises politiques de plusieurs dizaines de pays dont Haïti.
  5. Au cours de l’été, des ouragans ont causé des dégâts importants en vies humaines et en biens dans différents pays de la Caraïbe, en Haïti en particulier.

De grands défis attendent les dirigeants de nombreux pays développés et sous-développés, les dirigeants d’institutions internationales et les dirigeants de nombreuses grandes entreprises dans cette période de crises financière et économique.

Le Coin de Pierre souhaite que ces dirigeants fassent preuve de sagesse, d’esprit d’initiative et de bon sens pour, en bons pères de famille, prendre des décisions dont les effets soient bénéfiques pour tous et chacun des agents économiques (personnes physiques ou morales) dans tous et chacun des pays, petits ou grands.

En 2006, j’avais proposé, entre autres choses, de revisiter les théories expansionnistes de Keynes en économie, dans un processus de recherche d’une solution aux problèmes d’Haïti. J’avais alors dit que les valeurs auxquelles je crois, sur le plan politique haïtien en particulier, me portaient à être (et je le suis encore) « pro-keynésien ». J’avais également mentionné que ma formation de chercheur m’empêchait d’écarter a priori une théorie avant d’en avoir analysé les forces et les faiblesses vis-à-vis une situation donnée ou un problème donné. Ayant appris à faire reculer les frontières de la connaissance scientifique et étant entraîné à former d’autres chercheurs, je crois avoir acquis la capacité de remettre en question des théories établies, d’en proposer des améliorations ou de mettre au point de nouvelles. Ce point de vue n’a pas changé depuis.

A la fin de 2008, soit environ deux ans plus tard, pour faire face à la crise économique (récession) qui fait suite à la crise financière (crise des prêts hypothécaires dits des «subprimes») et qui finira par affecter pratiquement tous les pays du monde d’une manière ou d’une autre, j’entends presque quotidiennement, et brusquement, dans les médias, que les idées de Keynes redeviennent à la mode : on appelle les chefs d’état et de gouvernement à intervenir dans l’économie, en adoptant, en autres choses, des budgets expansionnistes, voire déficitaires, pour initier des grands travaux et aider les entreprises en difficulté à faire face à la crise dont l’ampleur et la durée ne sont pas encore déterminées.

On sait qu’aux trois grandes catégories d’agents économiques que sont : les intermédiaires financiers, les entreprises et les ménages, correspondent plus ou moins respectivement les trois grands types de fonctions (ou décisions) économiques que sont : le prêt, l’investissement et la consommation.

L’État est un agent économique à part dont les activités se répartissent suivant les trois fonctions ci-dessus, c'est-à-dire : trésor public (financement), production de biens publics et de services collectifs (investissement), dépenses de consommation publique des citoyens.

Le marché, lieu d’échanges de biens et de services entre les individus (les agents économiques), doit être régulé, surveillé, encadré par l’État sans supprimer la liberté individuelle. Sans ce contrôle par l’État, le marché s’autodétruirait par suite de ses excès de liberté débridée. C’est le cas du marché mondial jusqu'en 2008.

Il est en effet inconcevable et inadmissible :

  1. que des banquiers accordent des prêts hypothécaires à risque (trop élevés) à des ménages qui soient ensuite incapables d’effectuer de façon continue les paiements de leur hypothèque (crise des subprimes) ;
  2. que des banquiers s’accordent des boni de fin d’année de l’ordre de plusieurs dizaines de millions de dollars (de 25 millions à plus de 150 millions de dollars par banquier);
  3. que des banquiers et des dirigeants de grandes entreprises se paient, aux restaurants réservés à eux seuls, US $ 10 000 pour un petit verre d’apéritif ;
  4. que des personnes bardées de dipômes et un très grand nombre de travailleurs ne gagnent qu’un salaire à peine au-dessus du seuil de la pauvreté ;
  5. que le salaire des ouvriers n’a pratiquement pas augmenté de façon sensible depuis plus d’un quart de siècle ;
  6. que le Sida et la faim affectent une proportion de plus en plus grande de l’humanité.

Il est indéniable donc que de grands défis attendent le nouveau président américain Barack Obama et tous les autres dirigeants du monde entier.

Au nouveau président américain, Le Coin de Pierre souhaite, pendant la durée de son mandat, d’atteindre et de dépasser des réussites similaires à celles du président Franklin Delano Roosevelt, en coopération avec les autorités chinoises et les dirigeants des autres puissances, tout en tendant la main aux dirigeants et aux peuples des autres pays moins avancés, quelles que soient leurs idéologies, dans une sorte d’œcuménisme (réunion) politique mondiale.

À Haïti, notre cher pays d’origine, Le Coin de Pierre souhaite qu’à partir de 2009, enfin, les autorités politiques haïtiennes se ressaisissent pour organiser le pays et permettre à la démocratie de fleurir, comme un vaste jardin de roses où les jardiniers, au moment de prendre leur retraite, soient fiers de transmettre à leurs fils et à leurs filles un champ de fleurs de grande qualité qu’ils (elles) auront appris à cultiver, « si bien qu’au bout de l’an il en rapportera davantage ». Car leurs parents leur auront appris que « le travail est un trésor ». Haïti a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles, tant de l’intérieur que de la Diaspora, maintenant et pour toujours.