Le projet de budget 2008-2009, déposé au Parlement à la fin de l’année 2008 par le gouvernement Préval-Pierre-Louis, a été analysé dans la presse haïtienne, et, des échos sont parvenus jusqu’à nous ((1) et (4)).
D’après les chiffres révélés dans les média, nous réussissons à nous faire une bonne idée de la répartition des crédits budgétaires pour l’année 2008-2009. En gros, la répartition des crédits entre les différents ministères et les autres institutions publiques n’est pas vraiment différente de celle des années précédentes. La décentralisation n’a pas gagné du terrain, en dépit de ce qu’en dit le Ministre de l’Économie et des Finances, Daniel Dorsainvil. Il semble, selon les propos tenus par ce dernier devant la presse au sortir du Parlement, que, pour lui, les termes «déconcentration» et «décentralisation» soient synonymes : parlant de son budget, il dit faire de la décentralisation quand il n'est en train de faire que de la déconcentration. Il semble donc clair que le grand argentier n’ait pas la même définition de la décentralisation que le reste du monde, incluant son collègue, Monsieur Jean-Max Bellerive, Ministre de la Planification et de la Coopération Externe.
Laissons de côté la querelle sémantique pour commenter un peu les chiffres qui circulent dans la presse et les comparer à d’autres données dont nous disposons.
Le total des crédits budgétaires s’élèverait à environ 100 052 501 191 gourdes (100 milliards de gourdes environ, ou 100 Gg), soit environ 2,2 G$ (2,2 milliards de dollars sur la base du taux de change : 45,50 gourdes pour $ 1,00).
En guise de comparaison, mentionnons que le total des crédits alloués par l’ONU à la Minustah, pour l’année 2008-2009 seulement, s’élève à US$ 601 580 100 (601,58 M$), soit 27,3% du projet de budget de l’État haïtien pour la même année. (Réf. Rapport A/RES/62/261, 25 juillet 2008 (2)). En gros, la Minustah dépense 50 millions de dollars par mois ! Ces crédits sont financés par les états membres et les Etats-Unis y contribuent pour 22% (Réf. A/RES/61/237, 13 février 2007 (3)). La contribution d’Haïti dans ce budget de la Minustah serait minime (de l’ordre de 12 k$ ou 12 000 dollars US).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs aux crédits budgétaires du Ministère des TPTC pour la même période qui s’élèvent à 25,5 Gg ou 560,4 M$).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs à la somme des crédits budgétaires de trois Ministères réunis : Agriculture (6,8 Gg), Éducation Nationale (8,9 Gg) et Santé Publique (8,8 Gg), soit un total d’environ 24,5 Gg ou 538,5 M$.
Ces comparaisons entre les crédits alloués par l’ONU à la Minustah et les crédits budgétaires accordés aux ministères et autres administrations permettent de comprendre le Président Préval quand il demande à la Minustah de remplacer les tanks par des tracteurs.
En outre, le budget de l’État haïtien pour 2008-2009 sera financé par des recettes internes (35%) et par des fonds externes (65%). Quand on sait que les dépenses de fonctionnement du gouvernement haïtien s’élèveront à 32 Gg, on conclut qu’elles seront financées par les recettes internes et qu’il ne restera presque rien à l’État pour financer ses projets de développement. L’État, comme d’habitude, comptera presque entièrement sur l’aide étrangère pour financer ses projets de développement pour l’année 2008-2009. Et, ce qui est une constante de l’économie haïtienne depuis des décennies, on peut s’attendre à ce que la plupart de ces projets de développement restent sur les tablettes parce que l’État ne sera pas capable de dégager des fonds internes excédentaires pour constituer le montant de la contrepartie haïtienne corequise (nécessaire) au déblocage des fonds externes promis pour chacun des projets.
Il apparaît clair que l’État haïtien doive entreprendre une démarche de réflexions sérieuses pour identifier des actions à prendre pour se sortir de ce cercle vicieux. Il semble que les têtes pensantes de l’Université d’Haïti pourraient aider dans ce genre de réflexions.
Il apparaît tout aussi évident que l’État devra compter sur la Diaspora haïtienne pour l’aider à lever les défis auxquels il devra faire face.
Il apparaît évident l’État doit aider les dix Départements géographiques du pays à se structurer pour qu’ils se développent de manière harmonieuse.
Depuis quelques décennies, parce que l’Administration publique est corrompue, les donneurs d’aide ont pris l’habitude de financer de nombreux projets en faisant affaire avec des organismes dits non gouvernementaux (ONG) basés en différents points du territoire. Au risque de se faire dire qu’il s’agit d’une fiction comptable, il apparaît évident que l’État devrait comptabiliser les montants de tous les projets de tous les ONG dans son budget annuel de développement, même s’il ne voit pas nécessairement la couleur de ces argents. Et l’on peut se demander pourquoi l’État n’aurait pas le droit de percevoir une taxe sur le montant de chacun de ces projets. Les sommes perçues seraient alors ajoutées aux crédits alloués aux administrations des collectivités territoriales pour qu’elles offrent plus de services aux citoyens. Il apparaît évident qu’en exerçant un contrôle des activités des ONG sur le territoire national, l’État serait amené à leur faire orienter leurs actions et leurs projets dans le sens défini par les stratégies de développement retenues par les autorités régionales et centrales. L’État doit faire sentir sa présence et sa puissance sur tout le territoire national.
Parlant de puissance, si l'on lit entre les lignes du rapport des Nations Unies, A/RES/62/261, on a l’impression que la Minustah se préparerait à réduire son action en Haïti à partir de juillet 2009. Si cette lecture est juste, alors on peut se demander qu’est-ce que le gouvernement Préval – Pierre-Louis attend pour mettre sur pied une force publique, différente de la PNH, qui sera appelée à prendre la relève de la Minustah. Et si rien n’est fait en ce sens, la nature ayant horreur du vide, la nation serait acculée à retarder la date de la réduction de l’action de la Minustah, voire celle de son départ définitif. Le budget 2008-2009 ne semble faire aucunes provisions en vue de la création d’une telle force publique indigène.
D’après les chiffres révélés dans les média, nous réussissons à nous faire une bonne idée de la répartition des crédits budgétaires pour l’année 2008-2009. En gros, la répartition des crédits entre les différents ministères et les autres institutions publiques n’est pas vraiment différente de celle des années précédentes. La décentralisation n’a pas gagné du terrain, en dépit de ce qu’en dit le Ministre de l’Économie et des Finances, Daniel Dorsainvil. Il semble, selon les propos tenus par ce dernier devant la presse au sortir du Parlement, que, pour lui, les termes «déconcentration» et «décentralisation» soient synonymes : parlant de son budget, il dit faire de la décentralisation quand il n'est en train de faire que de la déconcentration. Il semble donc clair que le grand argentier n’ait pas la même définition de la décentralisation que le reste du monde, incluant son collègue, Monsieur Jean-Max Bellerive, Ministre de la Planification et de la Coopération Externe.
Laissons de côté la querelle sémantique pour commenter un peu les chiffres qui circulent dans la presse et les comparer à d’autres données dont nous disposons.
Le total des crédits budgétaires s’élèverait à environ 100 052 501 191 gourdes (100 milliards de gourdes environ, ou 100 Gg), soit environ 2,2 G$ (2,2 milliards de dollars sur la base du taux de change : 45,50 gourdes pour $ 1,00).
En guise de comparaison, mentionnons que le total des crédits alloués par l’ONU à la Minustah, pour l’année 2008-2009 seulement, s’élève à US$ 601 580 100 (601,58 M$), soit 27,3% du projet de budget de l’État haïtien pour la même année. (Réf. Rapport A/RES/62/261, 25 juillet 2008 (2)). En gros, la Minustah dépense 50 millions de dollars par mois ! Ces crédits sont financés par les états membres et les Etats-Unis y contribuent pour 22% (Réf. A/RES/61/237, 13 février 2007 (3)). La contribution d’Haïti dans ce budget de la Minustah serait minime (de l’ordre de 12 k$ ou 12 000 dollars US).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs aux crédits budgétaires du Ministère des TPTC pour la même période qui s’élèvent à 25,5 Gg ou 560,4 M$).
Les crédits alloués par les États membres à la Minustah sont donc supérieurs à la somme des crédits budgétaires de trois Ministères réunis : Agriculture (6,8 Gg), Éducation Nationale (8,9 Gg) et Santé Publique (8,8 Gg), soit un total d’environ 24,5 Gg ou 538,5 M$.
Ces comparaisons entre les crédits alloués par l’ONU à la Minustah et les crédits budgétaires accordés aux ministères et autres administrations permettent de comprendre le Président Préval quand il demande à la Minustah de remplacer les tanks par des tracteurs.
En outre, le budget de l’État haïtien pour 2008-2009 sera financé par des recettes internes (35%) et par des fonds externes (65%). Quand on sait que les dépenses de fonctionnement du gouvernement haïtien s’élèveront à 32 Gg, on conclut qu’elles seront financées par les recettes internes et qu’il ne restera presque rien à l’État pour financer ses projets de développement. L’État, comme d’habitude, comptera presque entièrement sur l’aide étrangère pour financer ses projets de développement pour l’année 2008-2009. Et, ce qui est une constante de l’économie haïtienne depuis des décennies, on peut s’attendre à ce que la plupart de ces projets de développement restent sur les tablettes parce que l’État ne sera pas capable de dégager des fonds internes excédentaires pour constituer le montant de la contrepartie haïtienne corequise (nécessaire) au déblocage des fonds externes promis pour chacun des projets.
Il apparaît clair que l’État haïtien doive entreprendre une démarche de réflexions sérieuses pour identifier des actions à prendre pour se sortir de ce cercle vicieux. Il semble que les têtes pensantes de l’Université d’Haïti pourraient aider dans ce genre de réflexions.
Il apparaît tout aussi évident que l’État devra compter sur la Diaspora haïtienne pour l’aider à lever les défis auxquels il devra faire face.
Il apparaît évident l’État doit aider les dix Départements géographiques du pays à se structurer pour qu’ils se développent de manière harmonieuse.
Depuis quelques décennies, parce que l’Administration publique est corrompue, les donneurs d’aide ont pris l’habitude de financer de nombreux projets en faisant affaire avec des organismes dits non gouvernementaux (ONG) basés en différents points du territoire. Au risque de se faire dire qu’il s’agit d’une fiction comptable, il apparaît évident que l’État devrait comptabiliser les montants de tous les projets de tous les ONG dans son budget annuel de développement, même s’il ne voit pas nécessairement la couleur de ces argents. Et l’on peut se demander pourquoi l’État n’aurait pas le droit de percevoir une taxe sur le montant de chacun de ces projets. Les sommes perçues seraient alors ajoutées aux crédits alloués aux administrations des collectivités territoriales pour qu’elles offrent plus de services aux citoyens. Il apparaît évident qu’en exerçant un contrôle des activités des ONG sur le territoire national, l’État serait amené à leur faire orienter leurs actions et leurs projets dans le sens défini par les stratégies de développement retenues par les autorités régionales et centrales. L’État doit faire sentir sa présence et sa puissance sur tout le territoire national.
Parlant de puissance, si l'on lit entre les lignes du rapport des Nations Unies, A/RES/62/261, on a l’impression que la Minustah se préparerait à réduire son action en Haïti à partir de juillet 2009. Si cette lecture est juste, alors on peut se demander qu’est-ce que le gouvernement Préval – Pierre-Louis attend pour mettre sur pied une force publique, différente de la PNH, qui sera appelée à prendre la relève de la Minustah. Et si rien n’est fait en ce sens, la nature ayant horreur du vide, la nation serait acculée à retarder la date de la réduction de l’action de la Minustah, voire celle de son départ définitif. Le budget 2008-2009 ne semble faire aucunes provisions en vue de la création d’une telle force publique indigène.
Enfin, il peut être utile de prendre connaissance du message d'Hedi Annabi pour qui « Haïti flotte entre inquiétude et espoir» (5). Annabi y mentionne aussi la visite en Haïti en décembre 2008 du professeur Paul Collier (Université d'Oxford) dont le rapport aux autorités haïtiennes et à la communauté internationale, espère-t-il, permettra « d'actualiser et d'enrichir » le Document de Stratégie Nationale sur la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP). S'agit-il, d'une reconnaissance de la faiblesse du modèle de Ravallion et des carences inhérentes au document DSNCRP, choses que Le Coin de Pierre avait mises en évidence l'année passée.
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(1) «Les limites du Budget de la République », par Kesner Pharel:
(2) Rapport A/RES/62/261
(3) Rapport ONU: A/RES/61/237
(4)L'AHE opine
(5) MINUSTAH/BILAN ET PERSPECTIVES / « Haïti flotte entre inquiétude et espoir», selon Hedi Annabi
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