mercredi 25 juin 2008

Oui à la Manifestation du 27 juin devant l’ONU, mais seulement si…

Par Gérard Bissainthe

Je vois que nous préparons une nouvelle manifestation devant l’ONU. Je trouve tout cela très gentil. Mais désolé, messieurs, et je vous en prie, ne le prenez pas mal, car je ne doute pas de votre patriotisme, moi j’ai mes réserves.

Si c’est pour réaliser le programme que vous avez écrit, nous allons étaler à la face de la planète notre impuissance à régler nous-mêmes nos problèmes et nous allons une fois de plus être la risée du monde entier. Vous voulez trop ménager la chèvre et le chou. D’une main vous caressez encore la Minustah, dont vous attendez encore (vous êtes des anges de patience) des “résultats concrets”, et de l’autre l’Armée. Minustah et Armée “cé citron ak lait”.

Qu’est-ce que c’est que cette histoire de demander à l’ONU de justifier les fonds dépensés pour Haïti? On n’en à rien à cirer. C’est leur fric; qu’ils se le mangent. Demandons-leur seulement d’aller le manger ailleurs.

L’urgence ce n’est pas de mettre en branle l’international, mais d’arriver à créer une “coopération nationale” entre tous les secteurs, tous les segments de notre vie nationale. Autrement, messieurs dames, vous êtes, nous sommes foutus.

L’insécurité, je vous l’ait dit, c’est une forme de “guérilla urbaine” qui a déjà commencé et qui bientôt va vous exploser à la figure. C’est la révolte des démunis. Si jamais c’est Aristide qui est derrière cette insécurité, ce qui pour moi n’est pas prouvé, cela voudra dire tout simplement que nous n’avons jamais su rien trouver pour remplacer Aristide: nos masses affamées sont toujours affamées et sur le terrain aucune force ne travaille vraiment à les tirer de leur faim. Alors pour elles dans ce sens “déchoukag-la poco fini”. “Leu ou pas gain maman ou tété gran’n”.

J’accuse l’ONU et l’OEA d’exercer en Haïti une action criminelle qui objectivement aboutit à créer une situation de génocide dans le pays par l’appui qu’elles apportent à un Gouvernement finalement irresponsable, puisqu’il refuse la seule solution capable de nous tirer du marasme actuel, à savoir l’établissement d’une autodéfense collective avec des forces militaires indigènes, autochtones ; et cela dans les meilleurs délais, NOW!

Alors pour que la manifestation du 27 juin devant l’ONU soit valable, ne demandez pas mille choses, car lorsque vous demandez des tas de choses, en général vous n’avez rien. Oubliez tout le reste et exigeons une seule chose, pas deux:
LE DEPART DE LA MINUSTAH NOW!
ce qui va automatiquement de pair avec
le retour Now! de l’armée indigène.
Tout le reste c’est de la littérature et on n’a pas de temps pour ça.

Si vous faites autre chose, les médias étrangers se feront un plaisir de venir couvrir et filmer ce qu’ils présenteront à leurs publics toujours friands de spectacles folkloriques comme un beau défilé de raras. Croyez-moi, je les connais plus que vous. Vous n’avez jamais lu leurs commentaires? « C’est ça les fils des titans que furent leurs ancêtres: rien que des mendiants politiques pouilleux, incapables de gérer eux-mêmes leur merde et qui n’ont même pas honte de venir l’étaler devant le monde entier. ». Comme toujours ça me fera très mal, car lorsqu’on vous ridiculise, c’est aussi moi qu’on ridiculise.

Pour l’armée, cette fois-ci construisons-la bien avec tous les garde-fous et les balises nécessaires pour prévenir, autant que faire se peut, les bavures et les dérives futures. C’est un grand défi. Mais il nous faudra tous ensemble relever ce défi. Ce sera là notre grandeur.

Gérard Bissainthe
24 juin 2008
Source: Haiti-nation, 25 juin 2008

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
J'aimerais savoir si vous vivez en Haiti ou pas car pour ceux qui y vivent au quotidien, c'est une gestion sans relache du stress lie a l'insecurite. Aussi, ne demandez pas le depart de la MINUSTHA si vous n'avez aucune solution de rechange car se serait jeter Haiti dans la fosse aux lions. Pensez a vos freres qui y vivent car faire de la politique quand on est a l'exterieur d'Haiti est chose tres tres tres facile.