lundi 21 juillet 2008

Un retour possible du pendule

Par Maître Julius Grey
16/06/2008 10h03

Sources: Canoe.qc.ca, Journal de Montréal


La victoire de Barack Obama signifie non seulement un nouvel espoir pour l'Amérique, mais la possibilité réelle d'un retour du pendule vers la gauche à travers le monde.


Depuis trente ans, la droite gagne presque partout. Malgré l'inégalité grandissante, l'absence de progrès économique pour la majorité, la débandade culturelle et l'éclatement de la famille, les plus affectés par ces tendances continuent à voter pour les prophètes du libre marché. Comment expliquer ce phénomène?


Une partie de la réponse se trouve sûrement dans la science de plus en plus exacte de la campagne électorale. Avec suffisamment d'argent et l'emploi efficace de propagande de peur au sujet des criminels, de l'immigration et des impôts, il est facile d'embrigader les gens contre leur propre intérêt. Or, c'est la droite qui jouit depuis maintes années d'un financement abondant.

Ce n'était pas toujours ainsi. La gauche moderne est née avec la révolution industrielle. La création de grandes concentrations d'ouvriers a facilité la création des syndicats et des partis politiques de gauche. La structure de l'économie rendait possible le triomphe d'une alternative démocratique au capitalisme débridé.

L'éclipse de l'industrie lourde, la chute du pourcentage de travailleurs syndiqués, la sous-traitance et la mobilité du capital sonnent le glas de la social-démocratie traditionnelle. Il est de plus en plus difficile de rejoindre les travailleurs qui travaillent souvent seuls avec un ordinateur. La disparition de bons emplois et de la sécurité les rendent moins ouverts aux risques de l'activisme politique.

Pendant trois décennies de vaches maigres, la gauche essayait de palier au problème par l'imposition de limites sur les dépenses électorales. L'idée est bonne mais elle ne constitue pas le remède miracle. Même si les politiciens sont limités pendant les campagnes, les fondations de droite comme l'Institut Fraser, peuvent utiliser leurs immenses ressources entre les élections pour former l'opinion et pour perfectionner les techniques électorales. Ainsi, les «thinktank» ont joué un rôle crucial dans le déclenchement et le maintien de la vague conservatrice.



MACHINE PUISSANTE


Une lueur d'espoir est apparue pendant la campagne américaine de 2004 quand Howard Dean a démontré le pouvoir de l'Internet pour rejoindre les adhérents potentiels. Barack Obama a transformé ces techniques en machine puissante qui lui a permis de collecter plus de fonds et impliquer plus de gens qu'Hillary Clinton, qui était pourtant la candidate de «l'establishment» du parti. Il part maintenant avec une avance sur John McCain.

L'Internet pourra donc réparer les effets de la dispersion des salariés, de la faiblesse des syndicats et de la concentration de la richesse.

À bien y penser, il existe un avantage au divorce entre les syndicats et les partis politiques de gauche. Quoiqu'ils soient essentiels pour la protection des ouvriers, les syndicats représentent des intérêts sectaires qui ne coïncident pas toujours avec ceux de la société. Séparer les politiciens de gauche des lobbys de tout acabit pourrait les rendre plus populaires.

Il est à espérer que ceux qui sont frustrés par les triomphes récents de la droite et surtout ceux qui avaient déjà abandonné espoir ont observé avec attention le rôle joué par l'Internet dans la campagne d'Obama. Il a attiré les petites donations et impliqué les donateurs dans la vie politique. Il sera possible par ces mêmes moyens technologiques de livrer bataille aux grandes fondations de droite.

Pour la première fois depuis de longues années, il est permis de croire que les trois prochaines décennies appartiendront à la justice sociale, l'égalité et la paix.

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