mercredi 12 janvier 2011

16h53: les Haïtiens se souviennent

Par Sebastian Smith et Clarens Renois
Agence France-Presse
Port-au-Prince
Source: cyberpresse.ca, 12 janvier 2011 à 09h47; mis à jour à 17h58

Les Haïtiens se sont figés mercredi dans le souvenir lors d'une minute de silence en mémoire des centaines de milliers de victimes tuées il y a tout juste un an lors du tremblement de terre qui a dévasté Port-au-Prince.

À 16h53 précises, heure à laquelle la secousse de magnitude 7 a dévasté la capitale haïtienne le 12 janvier 2010, des centaines de personnes se sont recueillies, la main sur le coeur, devant le palais présidentiel toujours en ruines.

Les automobilistes se sont arrêtés avant de redémarrer une fois passée la minute de silence.

Dans le parc du palais présidentiel, des policiers ont alors remonté le drapeau qui était en berne depuis un an en mémoire des 220 000 personnes tuées par le séisme.

Un homme d'une trentaine d'années restait à genoux devant le palais, entouré par l'immense camp de sinistrés qui s'est installé au coeur de la capitale il y a an. «Donnez-moi la force de continuer avec mes trois enfants», implorait l'homme dans sa prière.

Béatrice Paul, une jeune femme de 30 ans qui a perdu un bras dans la catastrophe, expliquait être sortie dans la rue parce qu'elle ne voulait pas rester chez elle à l'heure anniversaire de la secousse.

En matinée, les Haïtiens se sont rassembler dans le recueillement pour célébrer la mémoire des victimes du séisme.

À Port-au-Prince, la capitale, plusieurs milliers de personnes, portant leurs plus beaux vêtements et la Bible à la main, s'étaient rassemblées pour une messe en plein air à l'extérieur de la cathédrale catholique, qui n'est plus qu'un tas de décombres. Certains étaient juchés sur les gravats pour mieux voir.

À l'arrivée des prêtres en une longue procession, les fidèles ont chanté des hymnes et beaucoup d'entre eux essuyaient des larmes en scandant «Alleluiah».

«C'est un jour pour la réflexion, une journée pour la prière», a déclaré Roger Jean, 64 ans, disant s'adresser «au Seigneur avec une prière spéciale pour Haïti, pour qu'Haïti change, pour qu'Haïti vive encore». Roger Jean a perdu sa femme et trois enfants dans le séisme, «mais la vie continue», dit-il.

L'ambiance était au recueillement, bien avant la minute de silence qui doit être respectée à 16h53 précises, à l'heure exacte où le séisme de magnitude 7 a fait trembler la terre le 12 janvier 2010, causant la mort de 220 000 personnes et faisant 1,2 million de sans-abri.

Le président René Préval a posé la première pierre d'un mémorial qui sera érigé en face du palais présidentiel «pour ne jamais oublier les victimes», a-t-il déclaré. Le chef de l'État, vêtu d'un costume sombre, a assisté à une cérémonie du souvenir en compagnie de plusieurs membres du gouvernement et de l'ex-président américain Bill Clinton, très impliqué dans la reconstruction d'Haïti.

«Ce malheur doit nous réunir ensemble pour reconstruire Haïti», a dit M. Préval, visiblement ému, et appelant les Haïtiens à rester solidaires.

Une place doit être construite à l'endroit où se trouvait le plus grand bâtiment administratif d'Haïti, rasé par le séisme et où ont péri des dizaines de fonctionnaires. Plusieurs mémoriaux doivent aussi être érigés en province à la mémoire des victimes.

L'anniversaire du séisme devait être célébré également hors des frontières du pays, comme à Miami où vit une importante communauté haïtienne et où une fresque murale doit être inaugurée.

Un an après la tragédie, Haïti n'a pas pansé ses plaies.

L'économie et les infrastructures sont paralysées, une épidémie de choléra apparue en octobre et qui a fait 3759 morts continue de sévir, et plus de 800 000 personnes survivent toujours dans des camps de toile. La reconstruction a à peine commencé.

Les donateurs internationaux ont promis près de 10 milliards de dollars dont seule une fraction a été livrée, en attendant que la situation politique née du premier tour de l'élection présidentielle du 28 novembre se stabilise.

L'Organisation des États américains (OEA), dont le conseil permanent a observé une minute de silence à Washington, doit remettre dans les prochains jours au président Préval son rapport sur les élections qui, selon des fuites, recommande le retrait du candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, accusé de fraude.

La date du second tour, qui verrait alors s'affronter l'ex-première dame Mirlande Manigat et le chanteur populaire Michel Martelly, n'est en tout cas toujours pas fixée.

La France a recommandé mercredi à ses ressortissants en Haïti de rester chez eux, craignant «de nouveaux troubles» en raison de la situation politique «volatile».
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