Par Jean L. Théagène, 27 janvier 2011
Des œuvres légitimes d'Augustin Guerrier et de Thérèse Pierre-Louis naquirent Émilie, ma mère et Véronique, ma tante.Elles n'étaient pas des jumelles mais on ne voyait jamais l'une sans l'autre.Et vint un 28 Avril 1948 où ma mère tira sa révérence avec cette rare élégance dont tous ses actes étaient empreints de son vivant.Ses yeux, deux petits miroirs qui brillaient sur son visage se sont fermés à l'aube d'une saison qui ne ressemble nullement à celles que les Port-de-Paisiens ont
connues du temps de leur jeunesse délirante. Au souffle des zéphyrs et des alizés en provenance du Canal du Vent et des brises aquifères qui originent des grondements et des rugissements de Trois-Rivières, son cœur s'est arrêté de palpiter. Et depuis, Vévé n'a que le cœur pour parler aux cœurs, un cœur vivant pour enjoliver les souvenirs laissés par le corps mort d'une sœur.
Et voici que 63 ans après, Vévé renoue avec son destin de poussière pour rejoindre les siens partis trop tôt avant elle. Tout bien considéré, la Mort ne peut pas être apprivoisée malgré sa proximité avec la vie et en dépit de ses caractéristiques de complément dans l'incomplétude génétique. Et, à chaque fois qu'un Être cher disparaît, même quand la maladie et la vieillesse nous préparent à l'inéluctable, on a toujours cette terrible impression qu'un morceau de nous se détache de l'ensemble comme s'il voulait prendre les devants pour aller nous attendre à quelque carrefour,
sur le fil de quelque horizon. Puis, poursuivant son périple virtuel dans une conjoncture de réalité, l'homme passe, sans même s'en rendre compte d'un état à un autre.
Mais ce que je retiens de cet envol d'une âme pure vers ces sommets où serpentent des sentiers hautement parfumés, c'est que le Très-Haut a permis à Tante Vévé de jouer jusqu'au bout les diverses facettes de son rôle prestigieux de mère ,de tante, de grand'mère. Que gloire lui soit rendue! En dépit de notre tristesse démesurée, nous restons persuadés que l'œuvre de Dieu sera toujours assumée avec brio et efficacité par cette Perle rare qui, par delà la troisième dimension où elle se trouve à présent, continuera à chérir ses enfants, petits enfants et ses proches. Certes, on n'oubliera pas de si tôt la tante qui, à l'instar de la plupart des mères haïtiennes, s'attelait à transformer son quotidien en une unité faite de milliers
petits miracles pour aménager aux siens un espace de bonheur, si exigu puisse-t-il être. Toutes, elles préfigurent ces trésors enfouis au plus profond de notre cœur. Des trésors dont nous abusons toujours sans jamais parvenir à en épuiser, ne fût-ce qu'une infime parcelle, tant ils débordent de leur écrin originel.
Ma chère Tante, la mort n'est qu'une formalité par laquelle nous devons tous passer pour avoir droit à notre part d'éternité. Cet objectif ne sera atteint que dans la mesure où nous aurons compris que le véritable sens de la mort, c'est de nous rendre meilleurs les uns envers les autres. Dans cet ordre d'idées, repose en paix, ma chère Tante! Que pour toi, les sentiers de l'autre dimension soient jonchés de fleurs odoriférantes pour embaumer ton cheminement vers l'infini!
Ton neveu Jean
Jean L. Théagène
Président de l'UNDH
(Union Nationale des Démocrates Haïtiens)
Tel: 786-234-5905
jeanlt212@yahoo.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire