mercredi 8 octobre 2008

RENTRÉE SCOLAIRE / Des milliers de parents aux abois

Par Marc-Kenson Joseph
Le Matin, lundi 6 octobre 2008

La rentrée est pour ce lundi 6 octobre. Des directeurs se frottent les mains … le temps de la moisson est venu. Les parents, eux, butent à d’énormes difficultés et ne savent à quel saint se vouer.

« Mon Dieu ! Que vais-je faire pour avoir ces livres ? », s’alarme Chrismène, mère de deux enfants, dans un supermarché de Delmas. « J’ai été en ville, dans les rues… pour me procurer des livres et autres fournitures exigées pour la rentrée. Dans la grande majorité, c’était des livres de deuxième main. Quand on les trouve neufs, ben… les prix sont exorbitants », se désole-t-elle.

Dans les parages, d’autres parents s’enflamment, critiquant les directeurs d’école qui ne font qu’augmenter délibérément, entre autres, les frais d’écolage. Les deux filles de Chrismène, Chriscarlhye, 10 ans, et Tecla, 8 ans, sont toutes deux en 5e année fondamentale dans une école privée de Delmas. Depuis juillet, elle se démène comme un diable dans un bénitier pour préparer la rentrée. Un combat herculéen !

Ancienne infirmière, Chrismène est au chômage depuis des lustres. Son mari, le père de ses deux filles, censeur depuis quatre ans dans une école de la capitale portant le nom d’un des premiers poètes créoles, est dans une situation de chômage déguisé. Les quelque 200 dollars américains (7 950 gourdes) envoyés de New York par sa sœur benjamine se sont avérés insuffisants pour répondre aux divers frais exigés par l’école (entretien et mobilier, sécurité, costume de sport, informatique, fourniture de base, assurance…). Des frais qui s’élèvent à environ 20 000 gourdes pour les deux enfants. Une vraie galère !

« Il n’y a pas que cela ! », soupire Chrismène, ajoutant que l’achat des tissus pour la confection des uniformes et celui des livres réclament aussi une forte somme d’argent. En effet, l’aune se vend à 285 gourdes et 500 gourdes sont exigées pour la confection de chaque uniforme. « J’ai versé 1 000 gourdes pour la confection et les tissus m’ont coûté 1 140 gourdes», précise-t-elle. Quant aux livres, elle doit se colleter avec une liste d’une vingtaine d’ouvrages différents coûtant entre 3 500 et 4 500 gourdes.

Chrismène, comme bon nombre de parents, ne sait que faire à l’occasion de la rentrée. Certains verseront pour les frais d’écolage une dizaine de milliers de gourdes, d’autres une quinzaine. Ce qui varie en fonction du milieu ou de l’institution fréquentée.

Pétion-Ville : triste réalité

La même situation s’enregistre dans d’autres coins de la capitale et d’autres villes du pays. À PétionVille, une école privée exige, pour un enfant de la 3e année fondamentale, l’astronomique somme de 9 675 gourdes comme frais d’écolage pour les quatre premiers mois.

« Parents, si vous ne payez pas l’écolage pour l’élève, elle perdra sa place. Vous trouverez livres et tissus en vente à la direction », lit-on dans une note remise à un parent qui joue le rôle de femme de ménage dans une maison privée de la commune. Triste réalité pour elle qui ne perçoit même pas 5 000 gourdes par mois.

En dépit du fait que la rentrée ait été reportée à deux reprises, les parents ont encore du mal, en raison du marasme socio-économique, à répondre aux frais exigés. Tandis que les professeurs continuent de gagner des miettes, les directeurs d’écoles, eux, ne cessent de réviser à la hausse les frais de scolarité. Ce qui aggrave davantage la situation précaire de centaines de milliers de parents.
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http://www.lematinhaiti.com/Article.asp?ID=14889
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N.D.C.P._
Taux de change:

1 dollar US envoyé par la diaspora en Haïti à un parent est échangé contre 39,00 gourdes.
1 dollar canadien envoyé en Haïti est échangé contre 40,10 gourdes.
1 euro envoyé en Haïti est échangé contre 56,35 gourdes.

(Pour acheter 1 dollar US en Haïti, un particulier doit fournir 40,5 gourdes.
Pour acheter 1 dollar canadien en Haïti, il faut 42,4 gourdes.
Pour acheter 1 euro en Haïti, il faut 58,6 gourdes.)

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