vendredi 12 juin 2009

Haïti : L’Egarement-La Solution

Par Jean L Théagène
Président de l’UNDH


« Toute vertu collective nait d’une communion. Et aucune communion profonde ne se limite au sentiment. »
André Malraux



Les nouvelles en provenance du pays depuis la crise universitaire font état d’étudiants bastonnés, emprisonnés, intoxiqués par gaz de combat. Le comble, on parle de mort d’étudiants. Souhaitons que ce ne soit qu’une simple rumeur mais qui aurait quand même la vertu d’interpeller le Chef de l’Etat sur le sens de ses responsabilités. Gouverner c’est plus que prévoir, c’est surtout agir dans le sens du bien public et étouffer dans l’œuf toute situation ou fait sociopolitique susceptibles de dégénérer en désordre ou de semer la discorde dans la cité. La mort d’un étudiant entrainerait certainement d’autres et provoquerait la rage de tous les citoyens et citoyennes en charge d’enfants. Déjà cette colère gronde sous les cris des malades de l’Hôpital de l’Université d’Etat, des petits jouant au jardin d’enfants, de paisibles résidents à l’intérieur de leurs maisons suffoqués par les effluves de gaz lacrymogène. Et la Police béatement se contente de se retrancher derrière l’excuse de (dommages collatéraux). Alors, qu’est-ce à dire lorsque le pays n’est pas en guerre? Le Chef de l’Etat se doit donc d’agir; car c’est le devoir du Roi de protéger ses citoyens, avons-nous appris dès la classe secondaire.

Ayant compris le jeu subtil d’une tendance néocolonialiste soigneusement dissimulée à travers le mouvement estudiantin, l’UNDH abandonne sa position de rigidité et d’inflexibilité, entend faire montre de souplesse et réintègre les rangs de la citoyenneté haïtienne avec droits et devoirs attachés à ce privilège. Ce faisant, il s’assure de ne pas se tromper d’ennemis et du même coup sortir Haïti de sa morosité sinon de son agonie lente et cruelle. A l’instar de tout parti politique responsable il entend éviter à son peuple et surtout à la jeunesse du pays de continuer à gravir son calvaire au nom d’une sacro-sainte démocratie sur papier imposée par les pays dits amis d’Haïti. Face à la situation actuelle qui a trop duré, où nos jeunes gagnent les rues dans la revendication de leurs droits légitimes dans un premier temps; et dans un second temps en réclament un peu plus de justice sociale pour un peuple qui se meurt, ce qui constitue une grande première dans notre histoire; nous, de l’UNDH, en pareille circonstance croyons de notre devoir de soumettre ces propositions qui suivent à l’Exécutif Haïtien avant qu’il ne soit trop tard.
  1. Le problème doit être posé en Conseil de Ministres réunis à l’extraordinaire à l’effet de promulguer la loi sur le salaire minimum déjà revêtue de l’approbation populaire.
  2. Statuer sur les mesures d’accompagnement à prendre en faveur des patrons.
  3. Libérer les étudiants incarcérés.
  4. Ordonner aux grévistes de regagner l’enceinte de leurs facultés respectives où les problèmes académiques doivent être résolus dans le cadre de l’autonomie universitaire.
  5. Laisser à la Police nationale le soin de patrouiller les rues pour assurer la paix des paisibles citoyens et non la Minustah.

Ces propositions de sortie de crise nous ont été dictées par cette compassion indéniable nous obligeant à nous remettre en question chaque fois que des menaces pèsent de toute leur dangerosité sur une nation comme la nôtre habituée à des victoires et des conquêtes historiques impensables. Notre intervention se situe uniquement dans le cadre de solution appropriée à la circonstance non pour soutenir un gouvernement d’handicapés historiques mais pour permettre aux Haïtiens fatigués de la cécité de l’interventionnisme étranger et de l’effort dans le mal qui a toujours caractérisé ses dirigeants politiques de se prendre en mains.

Que les Haïtiens se le tiennent pour dit : La communauté internationale n’a pas de provision politico-judiciaire pour reprendre les cantiques désuets de ses interventions apparemment injustifiées. Elle n’est pas non plus intéressée à répéter, par USA interposés, les débordements de la Saga Iraquienne, après avoir risqué sa crédibilité dans les aventures regrettables de Panama et de la Grenade. Par contre, elle peut toujours se servir d’une explosion sociale pour faire d’Haïti le trublion des Caraïbes et la faire passer de tutelle virtuelle à tutelle réelle effaçant par ainsi d’un trait de plume au tableau de l’histoire: 1804.

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