vendredi 28 décembre 2007

LE FONCTIONNAIRE DE L’ANNÉE / Lionel Isaac, l’homme de la situation

Source: Le Matin du 28 décembre 2007

Sa voix gronde à travers le téléphone. Presqu’assourdissant. Au bout du fil, sa gêne est palpable à l’annonce de sa désignation comme « fonctionnaire de l’année » par Le Matin. Avec visiblement beaucoup d’efforts, il m’accorde l’autorisation de photographier l’enceinte de l’aéroport et les nouveaux chantiers et la permission de discuter avec ses collaborateurs, en son absence. Le directeur de l’Autorité aéroportuaire nationale(AAN) est à Miami.


Lionel Isaac, ingénieur civil diplômé de la Faculté des Sciences d'Haïti

C’est « une chance » de l’avoir au bout du fil ,car rares sont ceux qui arrivent à lui parler au téléphone. Ne parlons pas de le voir. Généralement, sa secrétaire et son répondeur automatique sont les principaux interlocuteurs des plus têtus. Aussi infranchissables et impassibles que des barrages. Leurs réponses s’égrènent comme des litanies dans un rituel bien rodé: « Il n’est pas là », « Il est en réunion », « Il est en voyage », « Il n’est pas disponible »… Lionel Isaac est une personne rare à trouver ou du moins pour les journalistes. La raison ? Il ne tient pas en place. En fait, il n’a de place que « sur le chantier ». « Il n’est jamais à son bureau, toujours sur le terrain », témoignent ses collaborateurs.L’équipe de Lionel Isaac ne tarit pas d’éloges pour leur directeur général. Elle voit en lui un homme « très simple » qui n’a pas « la grosse tête ». Lionel, comme l’appellent ses collègues, « n’a que deux défauts : il est honnête, il est sérieux », affirme Jean-François Jeanty, le directeur financier de l’Autorité aéroportuaire nationale.

Jeune diplômé de la Faculté des Sciences, Lionel Isaac part en France d’où il reviendra avec une « maîtrise en pont et chaussée ». Nommé une première fois, directeur de l’AAN, il démissionnera en 1991. En 2000, il y revient comme chef de cabinet du directeur général d’alors, Edma Adler. Sa signature marque surtout dans le domaine des infrastructures de l’aéroport, dit-on. En 2004, il est nommé sans surprise directeur général. Le directeur de la sécurité à l’AAN, Serge Simon, lâche : « s’il y avait plus d’Haïtiens placés à ces postes qui soient capables de faire bouger les choses comme lui, le pays serait déjà bien loin ». Pour faire bouger les choses, Lionel Isaac est « l’homme de la situation » : l’aéroport est sur le point de doubler de surface sous sa direction. Pourtant, l’intéressé s’en défend : « Je ne suis pas directeur, je suis fonctionnaire de l’État », dit-il comme pour bien marquer la différence entre le bureaucrate et l’homme de terrain. Lionel Isaac « connaît son domaine. C’est formidable », s’entend-on dire en guise de critique. Côté relation avec ses subordonnés : « chacun a une place dans sa vision d’action ». Très entreprenant, il aime le dialogue. « c’est une exception », disent ses collaborateurs.

L’oeuvre
Un homme, une équipe et un projet commun, l’aéroport international Toussaint Louverture a hérité de tout cela à la fois. Longtemps blacklisté par la TSA (Transportation Security Administration) l’aéroport Maïs gâté, rebaptisé Toussaint Louverture, figurait dans le lot des aéroports les plus dangereux du monde. Une réputation qui a été renforcée après le 11 septembre 2001. Aujourd’hui, le Toussaint Louverture n’a rien à envier aux aéroports de la région, il pourrait même s’enorgueillir de trôner très bientôt parmi les grands. Sous la coupe de son ingénieur de directeur, cet aéroport n’arrête de bouger, de se transformer, de se moderniser. Dernière rénovation, l’installation de nouveaux modules d’embarquement et de débarquement « assortis de passerelles télescopiques ». Une petite révolution, dans l’histoire de l’aéronautique haïtienne. Coût « du confort et de la sécurité » : près de cinq millions de dollars américains des fonds publics, tout de même. Globalement pris en charge par l’AAN.En 2008, les voyageurs ne piétineront plus le tarmac et surtout éviteront inconfort de tout genre par temps de pluie ou par forte chaleur. Comme les aéroports de Paris, de New York, de Miami, le voyageur passera bientôt de l’avion directement à la salle de débarquement par … une passerelle. Vice-versa.

C’est le dernier-né des chantiers du directeur de l’AAN, car à l’intérieur de l’aéroport, les passagers peuvent depuis trois ans profiter du changement : agrandissement de la salle de débarquement, climatisation systématique, balisage et délimitation bien en vue, comptoirs d’immigration multiples installés selon les normes internationales, SAS de sécurité pour les visiteurs, scanner à rayons X… Lionel Isaac et son équipe n’ont pas chômé. Projet après projet, étape par étape, ils courent après leur principal objectif : « avoir un aéroport dont les Haïtiens puissent être fiers ».

C’est à cet homme, ce fonctionnaire que le journal Le Matin décerne cette année sa palme de « fonctionnaire de l’année ». Que cette modeste reconnaissance puisse être un encouragement pour l’équipe de l’AAN dirigée par Lionel Isaac à aller encore plus loin, et à tirer l’aéroport de Port-au-Prince toujours plus haut.
vendredi 28 décembre 2007
_________

Note du Dr. Pierre Montès:

Avec des hommes comme Lionel Isaac à l'AAN, Guillaume Innocent à l'AAN, Jean Lemerque Pierre à l'OFNAC, Frantz Vérella au MTPTC, tous diplômés de la FDS et assistés d'une équipe d'ingénieurs sortis de la même FDS, on doit s'attendre à de l'excellent travail.

Puissent-ils servir d'exemples aux autres professionnels, tant du secteur public que du secteur privé.

Aucun commentaire: