jeudi 29 novembre 2007

PRESSE/ MENACES / Guy Delva : « Ces menaces ne vont pas m’arrêter »

Par Jacques Desrosiers
jadesro@lematinhaiti.com

Environ 20 jours après son départ forcé pour l’étranger, Joseph Guyler C. Delva est de retour au pays. Au cours d’une rencontre avec la presse, hier lundi, le responsable de SOS journalistes haïtiens a expliqué les motifs de son départ.

Joseph Guyler C. Delva a souligné qu’il faisait l’objet de menaces depuis qu’il avait rapporté des informations selon lesquelles un sénateur de la République, le Dr Rudolph Boulos (Nord-Est,Fusion), serait détenteur d’une double nationalité. Une information contre laquelle d’ailleurs le sénateur s’était formellement inscrit en faux. Delva décida de se mettre à l’abri après avoir été poursuivi, le 5 novembre, à Pétion-Ville, par des inconnus au volant de deux voitures. Une « tentative d’assassinat », a-t-il déclaré.

De retour au pays ce lundi, Delva a déclaré : « Ces menaces ne vont pas m’arrêter dans ma lutte pour que justice soit rendue aux journalistes victimes ou assassinés ». Mais il n’était pas en mesure de dire si les menaces persistaient.Toutefois, le responsable de SOS journalistes haïtiens a précisé avoir obtenu des garanties pour sa sécurité. Avant son retour, il se serait entretenu avec le président René Préval, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me Claudy Gassant, et le directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Mario Andrésol.

Dossiers de justice et obstacles
Joseph Guyler C. Delva a profité de sa rencontre avec la presse pour faire le point sur l’avancement, au niveau de la justice, des dossiers de journalistes assassinés, notamment ceux de Jean Léopold Dominique et de Brignol Lyndor.Concernant le dossier Dominique, le juge instructeur Fritzner FilsAimé ferait face à des obstacles pour poursuivre son enquête. Des individus qu’il souhaite entendre refuseraient catégoriquement de répondre à ses invitations. Joseph Guyler C. Delva a informé par ailleurs du report au lundi 10 décembre du procès, à Petit-Goâve, des présumés assassins de Brignol Lyndor.

Sur tout un autre plan, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a procédé, jeudi dernier, à l’arrestation d’Aguillard Jean Hughens Adoplh, un technicien de Radio-Télé Ginen. Aguillard serait l’auteur intellectuel de la fusillade, le 6 novembre en cours, contre les locaux de la station à Delmas 31.Réalisateur, Aguillard Jean Hughens Adoplh a été rétrogradé au poste de simple metteur en onde. Furieux, il aurait engagé les services du gang « Base Cameroun ». Camille Marc Calixte, Johnny Carl Stanley et Brunet Mélier ont également été appréhendés dans le cadre de cette affaire. Ces derniers sont par ailleurs accusés de trafic de faux permis de conduire international.
mardi 27 novembre 2007
_________________________
// L'article ci-dessus provient du lien ci-dessous:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9782
//

Quelques photos d'Haïti et plus...

Amies et amis internautes,

Voici un site Web qui se consacre principalement à l'art haïtien.
Cliquez sur le lien suivant pour y accéder:
//
http://www.haitiphotos.com/
//

Vous pouvez aussi trouver un lien conduisant à ce site dans la colonne de droite du blog, rubrique "le coin des arts". Je l'y ai placé momentanément.

lundi 26 novembre 2007

LE SILENCE DU 18 NOVEMBRE 2007 : UN COUP MORTEL PORTÉ À L’IDENTITÉ CULTURELLE HAÏTIENNE

Texte soumis par le Dr. Hubert de Ronceray sur Haitianpolitics (26 novembre 2007)
Auteur: Jacques Pierre-Antoine

On ne tue pas un peuple seulement à coups de canon, de pneus incendiaires, de kidnappings, de pillages et de viols. On le tue aussi en détruisant ses racines historiques, ses institutions, son système de valeurs, ses normes, ses symboles. C’est sur la base de sa propre identité qu’un peuple peut forger les éléments de sa croissance et s’ouvrir à des aires culturelles différentes. Celui qui ne respecte pas cette donnée élémentaire ne peut ni comprendre son peuple ni contribuer à son développement.

Le 18 novembre 2007 les dirigeants haïtiens se sont tus. Ils ont ignoré les héros de Vertières qui ont voulu faire de nous des hommes et des femmes à part entière. En fermant ainsi le chapitre le plus glorieux de notre histoire, ils ont fait éclater au grand jour leur haine de l’institution militaire, leur mépris de la dignité et des couleurs nationales, leur mentalité de collabo et d’esclave.

On doit bien comprendre l’état d’esprit de ces nihilistes qui, pour récolter les cendres d’Haïti, ont promené pendant 17 ans la torche incendiaire dans tous les camps et à tous les niveaux. Ils sont convaincus que la médiocrité, le mensonge, la violence aveugle la corruption et la magie noire resteront toujours à leur portée pour mettre à mort la Constitution de 1987 et pérenniser la suprématie de leur tribu primitive.

Haïti est aujourd’hui la plaie honteuse de l’Amérique. Sa capitale offre le spectacle d’un dépôt d’immondices ceinturé de bidonvilles infectes. Son environnement rural méprisé et livré à la déforestation sauvage défie toutes les règles de l‘urbanisme. Les affamés gagnent de plus en plus les rues pour crier leur désespoir. Les cataclysmes naturels accélèrent le temps des inévitables explosions.

De l’extrême droite à l’extrême gauche, le mal haïtien a empiré. Il faut fustiger le silence du 18 novembre 2007 par une culture politique respectueuse de l’identité nationale, armée d’une idéologie du développement audacieuse et vivante, inventive et critique.

Jacques Pierre-Antoine
Japierro@hotmail.com

vendredi 23 novembre 2007

Guy Delva a quitté le pays sous la menace: RSF exprime son inquiétude

Source: Le Nouvelliste du 23 novembre 2007

Reporters sans frontières exprime son inquiétude après le départ forcé, le 9 novembre 2007, du journaliste Joseph Guyler C. Delva, cible de menaces de mort à répétition depuis le 25 octobre 2007.


Joseph Guyler C. Delva, président de la commission
chargée de lutter contre l'impunité dans les assassinats de journalistes

«Ce départ forcé d'un journaliste connu pour son engagement en faveur de sa profession montre que le combat pour la liberté de la presse reste d'actualité en Haïti. Joseph Guyler C. Delva est obligé de s'exiler trois mois après sa prise de fonction à la tête d'une commission chargée de lutter contre l'impunité dans les assassinats de journalistes. Cet épisode ne pouvait pas plus mal tomber. Nous exprimons notre solidarité à l'égard du journaliste et de sa famille et appelons les autorités à faire très vite la lumière sur les menaces et les intimidations qui l'ont conduit à quitter précipitamment le pays», a déclaré Reporters sans frontières.

Joseph Guyler C. Delva a été pris en filature par des inconnus, dans la soirée du 5 novembre 2007, alors qu'il circulait en voiture à Port-au-Prince. A plusieurs reprises, le journaliste a simulé un stationnement pour s'assurer qu'il était réellement suivi. «Arrivé à une station-service, Joseph Guyler C. Delva s'est arrêté pour faire le plein. A ce moment, les inconnus ont, à leur tour, garé leur véhicule. Certains en sont descendus et se sont dirigés vers sa voiture. Pris de panique, le journaliste est reparti dans son véhicule et est allé chercher de l'aide au commissariat de Pétion-Ville où des policiers l'ont accompagné à son domicile», a expliqué à Reporters sans frontières Jean Wilner Morin, porte-parole de la Commission indépendante d'appui aux enquêtes relatives aux assassinats de journalistes (CIAPEAJ), dont Joseph Guyler C. Delva est le président. Sur les conseils de sa famille, le journaliste a décidé de quitter provisoirement le pays. Il s'est réfugié aux États-Unis.

Destinée à lutter contre l'impunité entourant les principales affaires qui ont endeuillé la presse haïtienne, la CIAPEAJ a été instituée, le 10 août dernier, à l'initiative du président de la République René Préval. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les fonctions occupées par Joseph Guyler C. Delva à la tête de cette commission ne seraient pas la seule raison des menaces dont il est l'objet.


Correspondant de plusieurs médias étrangers à Port-au-Prince, dont la BBC et l'agence Reuters, Joseph Guyler C. Delva est aussi l'animateur d'un programme d'actualité de la station de radio Mélodie FM. Il a plusieurs fois évoqué à l'antenne des dossiers sensibles, dont celui d'un sénateur titulaire d'une double nationalité, une pratique pourtant interdite par la Constitution haïtienne de 1987.

Le 25 octobre, Joseph Guyler C. Delva avait été averti à deux reprises sur son portable «qu'il devait faire attention, que l'on savait où le trouver et qu'on allait l'avoir».
/////////
//L'article ci-dessus provient du lien suivant:
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50969&PubDate=2007-11-23
//

MATÉRIELS DU CENTRE NATIONAL D’ÉQUIPEMENTS / « La Cour supérieure des comptes a vendu !»

Par Jacques Desrosiers
jadesro@lematinhaiti.com

« La Cour supérieure des comptes a vendu ! » Tels sont les propos du député de Pétion-Ville, Steven Benoît (Lespwa), jeudi, en marge d’une rencontre entre les commissions Anti-corruption et éthique, Travaux publics et Finances de la Chambre basse et les ministres des Travaux publics, Frantz Vérella, de l’Économie et des Finances, Daniel Dorsainvil, et le responsable de la Direction générale des impôts (DGI), Jean Frantz Richard. Le dossier du Centre national d’équipements (CNE) était au centre des débats auxquels ont également participé les deux sénateurs de l’Artibonite, Youri Latortue (LAAA) et François Fouchard Bergromme (LAAA). Depuis plusieurs semaines, la nouvelle d’une vente à l’encan, peu conforme aux normes, de matériels du Centre national d’équipements (CNE) défraie la chronique. Le ministre des Travaux publics a admis, jeudi, devant les parlementaires, qu’il y a eu une sous-évaluation de ces matériels vendus sous le gouvernement Alexandre/Latortue. Frantz Vérella en a profité pour dénoncer une vieille pratique de dilapidation des biens de l’État. À son avis, c’est un problème qui doit être traité avec beaucoup de sérénité.


Frantz Vérella s’est dit bouleversé par la situation de son ancien collaborateur, Alex Lorquet, directeur du Centre national d’équipements, incarcéré depuis le 12 novembre dans le cadre de cette affaire. Néanmoins, il s’est gardé de juger les pratiques de gestion d’Alex Lorquet durant ces quatre ou cinq dernières années. Comme ministre des Travaux publics, il veut laisser le soin à la justice de suivre son cours.


La DGI se lave les mainsPour sa part, le directeur général Jean Frantz Richard a rejeté toute implication de la Direction générale des impôts (DGI) dans cette affaire. Selon Jean Frantz Richard, la DGI était intervenue seulement au niveau de la vente à l’encan. Il a signalé que l’évaluation des équipements et la fixation du prix plancher ont été effectuées par la Cour supérieure des comptes.


Par ailleurs, la presse locale a rapporté que les avocats et les proches du directeur du CNE, Alex Lorquet, ont indiqué, dans une note de presse rendue publique mardi, que les matériels, en question n’appartenaient pas au Centre national d’équipements. « Aucun équipement, matériel ou engin lourd considéré comme appartenant au CNE et ayant été inventorié officiellement soit en 2004, soit ultérieurement comme bien du CNE, n’a fait partie de la vente aux enchères réalisée en novembre 2005 par la Direction générale des impôts (DGI) », lit-on dans cette note. Clémence Jean Baptiste Lorquet et les avocats Grégory Mayard Paul et Lebon Ciclair, au nom du directeur du Centre national d’équipements incarcéré, ont également rejeté toute implication du CNE dans la vente aux enchères dénoncée aujourd’hui comme irrégulière. « Le seul rôle du CNE a été, le jour de l’inventaire effectué par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA), d’assister à l’identification des matériels des TPTC jonchant la cour et, ultérieurement, de s’assurer qu’aucun équipement du CNE ne sortait au moment des livraisons aux adjudicataires. »


Possibilité de mise en accusation de la Cour supérieure des comptesLe vice-président de la commission anti-corruption de la Chambre basse ne veut pas lâcher prise. Il projette d’inviter le président d’alors de la Cour des comptes, Julien Simon, à venir s’expliquer au Parlement. En cas de refus de ce dernier, Steven Benoît a annoncé qu’il procédera à la mise en accusation de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. Évoquant l’éventualité d’une mise en accusation de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, le député de PétionVille, Steven Benoît, s’est référé à l’article 186 de la Constitution. « La Chambre des députés, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres prononce la mise en accusation: a) du président de la République pour crime de haute trahison ou tout autre crime ou délit commis dans l’exercice de ses fonctions; b) du Premier ministre, des ministres et des secrétaires d’État pour crimes de haute trahison et de malversations, ou d’excès de pouvoir ou tous autres crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions; c) des membres du Conseil électoral permanent et ceux de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif pour fautes graves commises dans l’exercice de leurs fonctions; d) des juges et officiers du ministère public près de la Cour de cassation pour forfaiture; e) du Protecteur du citoyen ».


Autre scandale en perspective : l’affaire de trois chèques, respectivement de 521 000, 130 000 et 11 000 dollars américains, émis pour l’achat de trois dragues pour le compte du Centre national d’équipements. Matériels qui n’ont jamais été livrés au CNE. Le député Steven Benoît a dit attendre des explications des personnes impliquées dans cette affaire.
vendredi 23 novembre 2007
////////////////
//L'article ci-dessus provient du lien suivant (journal Le Matin):
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9730
//

mardi 20 novembre 2007

Lutte contre la corruption : attention danger

Par Claude Moïse
claudemoise@lematinhaiti.com

Les affaires haïtiennes ne semblent pouvoir évoluer que dans la turbulence. On dirait que pour aborder, régler un problème d’intérêt national, mettre en cause une décision publique contestable ou non, il faut beaucoup de bruit. On se délecte du scandale et on ne peut vraiment opérer que dans le woywoy. Il faudra bien qu’un jour nos anthropologues nous disent s’il s’agit là d’un trait culturel et à quoi tiendrait cette expression de l’idiosyncrasie haïtienne. L’actualité regorge de faits révélés, montés en scandale, qui font les délices de nos échotiers, qui remuent les enceintes du Parlement d’où partent des déclarations enflammées sinon des convocations impératives, qui envahissent les salles de rédaction de nos médias. La vague provoquée par la nouvelle de la liquidation douteuse d’équipements du CNE (Centre national des équipements)ne s’était pas encore retirée que l’on informait de l’arrestation de hauts fonctionnaires de l’APN (Autorité portuaire nationale), dont le directeur général lui-même, pour tentative de vente frauduleuse des biens de l’État. Cette dernière nouvelle est d’autant plus juteuse qu’elle met en scène le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince dans une opération digne des exploits du commissaire Gassant. En fait, il s’agit de la seule et même personne. S’il ne s’agissait pas de situations à incidences infamantes pour des individus, on se contenterait de sourire de ce qui se rapporte d’une situation rocambolesque à laquelle est associé le chef du parquet de la capitale. Les bulletins de nouvelle font état, sur la foi des déclarations du commissaire, d’une opération au terme de laquelle des responsables de l’APN auraient été pris en flagrant délit de vente d’un équipement de l’entreprise pour une somme dérisoire. Comment se fait-il que M. Gassant se donne à ce point en spectacle alors qu’il devrait s’en tenir à la sérénité et à la rigueur que commande le travail d’un commissaire de gouvernement? Y aurait-il confusion de terme? Même s’il était commissaire de police – quelque attrait que pourrait exercer sur lui cette fonction – M. Gassant serait tenu à la même rigueur, à la même discrétion et au même respect des droits de la personne.

De tous les ragots ou informations multiples que l’on rapporte, il en est resté une impression de confusion. Le fait est que le directeur général de l’APN a été mis en garde à vue durant deux jours, puis libéré sans autre forme de procès, sans que l’opinion en soit informée. Mais le mal est déjà fait. Et dans un milieu prompt à accréditer les accusations au moindre remous, la réputation d’une personnalité est vitement entachée. Il revient au ministre de tutelle, Daniel Dorsainvil, de clarifier la situation et d’accorder aux serviteurs de l’État qui dépendent de son ministère la protection à laquelle ils ont droit s’ils ont été traités indignement au mépris de leurs droits fondamentaux. Une enquête que devraient commander les ministères des Travaux publics et des Finances est nécessaire.

Il ne manquerait plus que cela, que des organismes des pouvoirs publics, par des actions inconsidérées, menacent le lien de confiance qui doit exister entre les fonctionnaires de l’État et les citoyens. À ce rythme, il deviendra encore plus difficile de recruter des gens honnêtes et sérieux pour assumer les lourdes responsabilités de l’Administration publique alors que des offres alléchantes sur le marché de l’emploi international attirent les compétences. Il me semble que le président de la République n’a rien voulu dire d’autre lorsqu’il est intervenu à la défense du ministre de la Culture, Daniel Élie, malmené par les députés. Si M. Préval n’a rien pu faire contre la sanction parlementaire qui a frappé Daniel Élie, il peut sauvegarder ce qui relève de son autorité et donner des directives au gouvernement pour que les fonctionnaires soient traités avec tous les égards dus à leur mission.

Certes, il faut lutter contre la corruption et M. Gassant fait sa part. Mais ses méthodes posent problème. Les arrestations en pleine nuit sous couvert de flagrant délit, le recours à la publicité tapageuse, les menaces dont on dit qu’il est coutumier entretiennent la suspicion sur les motifs de telles opérations et font douter de l’efficacité de la lutte contre la corruption. Certes, les citoyens ne peuvent qu’approuver toute politique tendant à contrer les méfaits des corrupteurs, comploteurs et autres trafiquants qui dilapident le bien public et menacent l’intégrité de l’État. La police doit être bien formée à cette tâche et la justice, sur le rapport motivé des organismes spécifiquement désignés pour cette mission (ULCC, Ucref, Cour supérieure des Comptes), doit procéder avec célérité et sévérité, s’il le faut, mais sans précipitation ni légèreté. Il ne suffit pas que justice soit rendue, clame-t-on, dans le milieu, il faut qu’il y ait apparence de justice, c’est-à-dire qu’il doit être clair pour tout le monde que les droits des personnes et les procédures judiciaires ont été respectés.

Et il y a plus redoutable encore, c’est que la lutte contre la corruption peut être instrumentalisée par ceux qui grouillent et magouillent dans les lieux stratégiques que sont l’APN, les douanes et autres milieux où les enjeux économiques et financiers sont considérables. Ils ont plus d’un tour dans leur sac et peuvent manipuler de près ou à distance. C’est à ces pièges que sont exposés les responsables – à quelque niveau qu’ils appartiennent – de la lutte contre la corruption.
mardi 20 novembre 2007
________________________________
//L'article ci-dessus provient du lien suivant:
http://www.lematinhaiti.com/Editorial.asp
//

Quatre scénarii de l’Onu dessinent l’avenir de la planète

Sources: AFP/Le Monde/Le Matin du 20 novembre 2007

Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) dresse, dans un rapport, un tableau alarmant de la situation écologique de la planète et étudie quatre scénarii, du « tout libéral » à la « solution écologique », d’ici à 2050.


Un happening écologiste à Djakarta (Indonésie), le 16 novembre 2007.

Terre : Le dilemme de l’Onu, marché roi ou écologie« La destruction systématique des ressources naturelles de la Terre a atteint un point où la viabilité des économies est en danger, et où la facture que nous laisserons à nos enfants pourrait être impossible à régler » : le constat est posé par Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Présentant le rapport « GEO 4 Avenir de l’environnement mondial », le 25 octobre à New York, il a souligné la vigueur du lien entre système économique et dégradation de l’environnement. « GEO 4 », résultat du travail de 1 400 scientifiques et experts, dresse un tableau alarmant de la situation écologique de la planète, mais souligne aussi combien son évolution dépend du choix des politiques économiques.


Vingt ans après le Rapport Brundtland qui, en 1987, avait inventé le concept de développement durable, la majorité des indicateurs sont au rouge : climat (les concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère ont augmenté d’un tiers depuis vingt ans), biodiversité (les populations d’amphibiens ont été divisées par deux dans le même laps de temps), pollutions (celle de l’air est responsable de 500 000 morts par an, selon l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS), artificialisation des sols (un étalement urbain « anarchique » en Amérique du Nord), etc.


Le PNUE observe que la crise écologique s’articule à la crise sociale. Le contraste est marqué entre la pression écologique intense que subit la biosphère et l’expansion économique qui a fait passer le produit annuel par être humain de 6 000 dollars à 8 000 dollars entre 1987 et 2007. Mais de façon très inégale, insiste le rapport : « Les injustices environnementales continuent à augmenter, affectant surtout les pauvres (qui sont beaucoup plus touchés par les dangers naturels), les femmes et les peuples indigènes ». L’environnement reflète ces inégalités : « Certaines régions développées ont accompli des progrès environnementaux aux dépens d’autres régions en y exportant la production et ses impacts. »

La population atteindra 9 milliards d’individus en 2050Les valeurs culturelles propres au système économique dominant ont aussi un effet majeur. Ainsi, « un modèle de développement ‘du Nord’ prévaut toujours avec, par exemple, un développement urbain basé sur la dépendance envers la voiture ».

Le PNUE va plus loin en présentant des scénarii imaginant les évolutions d’ici à 2050, selon différentes politiques. Ce travail de scénarisation a été élaboré par plusieurs groupes d’experts internationaux, en se fondant sur les modèles existant dans plusieurs institutions. Il définit quatre scénarii.


Pour chacun, un but est privilégié :

Marché d’abord : « Le gouvernement aide le secteur privé à atteindre une croissance économique maximale. »

Politique d’abord : « Le gouvernement met en place des politiques fortes afin d’atteindre l’objectif tout en accordant toujours beaucoup d’importance au développement économique.»

Sécurité d’abord : l’accent est mis «sur la recherche de la sécurité, qui l’emporte sur d’autres valeurs, et place des limites croissantes sur la façon dont les gens vivent ».

Ecologie d’abord : cela « implique la collaboration entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé pour améliorer l’environnement et le bien-être de tous ».


Sans surprise, le « scénario écologique » atteint le mieux l’objectif d’amoindrir l’ampleur de la crise écologique. Il suppose que la démographie évolue selon le bas de la fourchette prévue par l’Onu, soit huit milliards d’habitants en 2050. Le taux de croissance annuel de l’économie mondiale est modéré, mais loin d’être nul, puisqu’il conduit à un triplement du produit intérieur brut (PIB) mondial.


Le « scénario marché » poursuit la logique dominante des années 1990: on y suppose que la population atteindra neuf milliards d’individus en 2050 et que la croissance multipliera par cinq le PIB mondial. Il aboutit à une situation écologique très dégradée en 2050, comme le «scénario sécurité » qui induit quant à lui des « conflits permanents » à travers la planète. « Dans le scénario marché d’abord, l’environnement et la société évoluent le plus rapidement vers voire au-delà des points de basculement où des changements soudains et irréversibles pourraient survenir. »

La poursuite de la libéralisation apparaît ainsi comme le scénario le plus risqué. Les experts rappellent que la logique écologique est incompatible avec la recherche illimitée de la croissance économique : « La perte de la biodiversité et le changement climatique ont des conséquences irréversibles, que la croissance des revenus ne peut résoudre ».

L’analyse du Pnue ne devrait pas changer, à court terme, le sens des politiques économiques, qui restent focalisées sur la libéralisation et la croissance. Mais, venant à l’appui du diagnostic pessimiste du GIEC sur le climat, et quelques jours avant que le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) souligne les effets du changement climatique sur les pays les plus pauvres, il témoigne que la communauté environnementaliste entend dorénavant peser sur les choix économiques engageant l’avenir.

mardi 20 novembre 2007

//Voici le lien d'où provient l'article ci-dessus:

http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9650

//

vendredi 16 novembre 2007

Nouveau record pour Alexis Lemaire, prodige français du calcul mental

SOURCES: AFP (New York) et Le Matin Online (Suisse)

Le prodige français des mathématiques Alexis Lemaire a démontré jeudi à New York sa capacité exceptionnelle à jongler avec les nombres en calculant mentalement en 72 secondes la racine treizième d'un nombre à 200 chiffres.
16/11/2007 - NEW YORK (AFP)


© 2007 AFP
Alexis Lemaire lors de son nouveau record de calcul, le 15 novembre 2007 à New York

La réponse donnée par le doctorant en intelligence artificielle était: 2.397.207.667.966.701, soit la racine treizième d'un nombre à 200 chiffres qui avait été choisi au hasard par un ordinateur.

En d'autres termes, en multipliant ce nombre 13 fois par lui-même, on obtient le nombre de départs générés par l'ordinateur.

A 27 ans, Alexis Lemaire est en train d'effectuer un doctorat en intelligence artificielle à Reims (est de la France). "J'utilise un système d'intelligence artificielle que j'applique dans ma tête au lieu de le faire dans un ordinateur", a-t-il laconiquement commenté. "Je crois que la plupart des gens peuvent le faire, mais j'ai un cerveau qui fonctionne vite, parfois très très vite", a-t-il ajouté. "Le premier chiffre est très facile, le dernier aussi, mais entre les deux c'est extrêmement difficile", a-t-il expliqué.

Alexis Lemaire s'exerce à ce type d'exercice pour trouver la racine treizième d'un nombre depuis des années, et continue d'améliorer à chaque fois son propre record. Il est ainsi passé d'une cinquantaine de minutes à 72,4 secondes exactement jeudi.

Son précédent record avait été établi en 2007 et était de 77,99 secondes.

Le petit génie a expliqué qu'il avait pris conscience vers 11 ans qu'il avait un don particulier pour le calcul même si, de manière surprenante, il dit ne pas avoir eu de très bons résultats en mathématiques à l'école. "Je n'étais pas dans les premiers de la classe. J'étais un autodidacte, apprenant grâce aux livres".

Le Français, qui court aussi après des records dans la catégorie de la racine treizième de nombres à 100 chiffres, s'impose une hygiène de vie drastique. Il ne boit pas d'alcool ni de café, court régulièrement et évite des aliments riches en gras et en sucres.

Il s'entraîne aussi au calcul mental quotidiennement mais dit prendre des jours de repos de temps en temps et écouter de la musique, mais n'a pas de groupe ou de genre favori.
"Je ne peux pas faire des calculs toute la journée, sinon mon cerveau ou mon coeur va lâcher. Trop d'entraînement, penser trop rapidement peut aussi être mauvais pour la santé", estime-t-il.

S'il a gagné le surnom de "calculator", il estime, en affichant un rare sourire, que celui d'"ordinateur humain" serait plus approprié.

Interrogé sur son avenir, Alexis Lemaire a dit ne pas savoir quand il terminera sa thèse, mais qu'il a déjà été approché par des sociétés informatiques et des banques. "Beaucoup de gens dans le secteur bancaire pensent que ce don peut être très utile", souligne-t-il.
____________________
L'article ci-dessus provient du lien suivant:
//Le Matin (Suisse)
http://www.lematin.ch/pages/home/depeches__1/sciences_et_environnement/depeche_sciences_et_environnement?contenu=326335
//

J'ai ajouté les liens ci-après:
//Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Lemaire
//

Comme l'exploit de Lemaire me ramène à l'esprit mes lectures d'il y a 30 ans (ou davantage), j'ai tout de suite pensé au petit Jacques Inaudi dont parlent René Taton, Albfred Binet, etc. Aussi, j'ajoute les liens suivants:

//René Taton (Que sais-je ? (extraits))
http://michel.delord.free.fr/taton.pdf
//

//Alfred Binet (extraits)
http://stepanov.lk.net/mnemo/binetf.html
//

//Les calculateurs prodiges (incluant Jacques Inaudi)
http://www.apophtegme.com/MYSTERES/calculpro.htm
//

Enfin, je mentionne, après René Taton (selon mes souvenirs de lecture de son QSJ?) que Leonard Euler, le plus grand mathématicien de tous les temps, était très bon calculateur mental, calculs impliquant même des lignes trigonométriques et des logarithmes.

Le leurre de l'éthanol (*)

Source: site Web de Radio-canada, 9 novembre 2007

Par Alain Gravel

Pas facile d'être un vrai écolo, surtout dans nos transports.

En se rendant au travail en vélo, on risque de se faire renverser à tout moment par les « méchants automobilistes ». Et puis, au Québec, l'hiver est un frein plus que modérateur à l'utilisation de ce mode de transport à des fins utilitaires.

L'option la plus valable est sans doute le transport en commun, mais le service est souvent déficient, quand il y en a!

On finit donc par se tourner vers la solution la plus facile, mais la plus chère aussi, la sacro-sainte automobile. Ça fait longtemps qu'on cherche la voiture propre.

Il y a eu le mirage de la voiture électrique conçue par Hydro-Québec. Pour l'instant, les seules voitures électriques qu'on voit fonctionner sont encore celles sur les terrains de golf.

On a développé ces dernières années le concept de la voiture hybride. L'idée est intéressante, mais il faut avoir les moyens d'en acheter une. C'est vrai que les prix baissent d'année en année, mais elles coûtent toujours plus cher que les voitures conventionnelles.

Aussi polluant que le pétrole

Les biocarburants sont-ils la solution rêvée? C'est loin d'être certain! On a pu voir, dans la démonstration de Guy Gendron et de Germain Thibault à l'émission Enquête de cette semaine, que l'éthanol est, en quelque sorte, un leurre environnemental.

Ce qui est intéressant dans la démarche de mes collègues, c'est qu'ils n'ont pas cherché à valider leur information auprès de groupes environnementaux pour démontrer que l'éthanol produit à partir de culture comme le maïs n'est pas plus acceptable que le pétrole. Les informations qu'ils ont rassemblées provenaient de tout ce qu'il y a de plus officiel, comme les gouvernements ou l'OCDE, une organisation économique internationale qui n'est pas réputée pour son militantisme environnemental.

Mais pourquoi donc cet engouement pour une source d'énergie qui, au bout du compte, est aussi polluante que le pétrole?

La réponse vient des mégaproducteurs américains qui n'hésitent pas à dire que l'éthanol est beaucoup plus une arme économique leur permettant d'être moins dépendants des pays du Moyen-Orient dans leur approvisionnement énergétique, qu'une solution environnementale.

Ce qu'il y a le plus étonnant dans notre enquête, c'est d'entendre le ministre des Ressources naturelles du Québec, Claude Béchard, déclarer que la première usine de production d’éthanol à partir de maïs, construite à Varennes, sera la dernière. Or, cette usine vient tout juste d'être inaugurée en grande pompe.

Comme si les conséquences environnementales négatives de la production n'étaient pas connues. Or, on a bien vu dans notre enquête que le ministère de l'Environnement du Québec avait, il y a longtemps, manifesté son opposition à la construction de ce type d'usine.

Plus largement, il est surprenant de voir qu'il est si difficile de trouver et de commercialiser des sources énergétiques alternatives acceptables sur le plan environnemental.

Une multitude de choix

Je reviens donc au simple citoyen qui, avec toute la bonne volonté du monde, cherche à se transporter en polluant le moins possible.

Il sent bien que la solution miracle tant attendue ne tombera pas du ciel.

Que la réponse est finalement faite d'une multitude de choix. Par exemple, la remise en question de nos modèles de développement qui favorisent l'étalement urbain, source de gaspillage.

On pourrait aussi utiliser des véhicules moins gourmands. Comment se fait-il qu'en Amérique du Nord, le parc automobile consomme en moyenne deux fois plus de carburant que celui d'Europe?

Utiliser davantage le transport en commun quand c'est possible est aussi une option.

Ou faire comme des milliers de personnes: mettre des pneus à crampons sur un vieux vélo pour rouler en ville l'hiver.

Il faut bien que le réchauffement de la planète serve à quelque chose!
_________________________________________
(*) L'article ci-dessus provient du carnet d'Alain Gravel (son blog). Vous pouvez y accéder en cliquant sur le lien suivant. Vous pourrez y lire aussi les nombreuses réactions à cet article. Vous pourrez même y réagir.
//
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/plusRecent/2097.asp
//

jeudi 15 novembre 2007

CABARET / Dix ans pour une maison !

Source: Le Matin du 15 novembre 2007
Par Sylvestre Fils Dorcilus

Au village de Bercy (Cabaret), 54 familles ont reçu chacune, le mardi 13 novembre, la clé d’une maison nouvellement construite par Habitat pour l’Humanité Haïti. Une cérémonie de remise des clés, à laquelle ont pris part, à côté des bénéficiaires, Mike Carscaddon et Torre Nelson respectivement viceprésident d’Habitat pour l’humanité International et vice-président du Bureau Amérique latine / Caraïbes, et Claude Jeudy, directeur national d’Habitat pour l’Humanité Haïti, et des représentants de différentes institutions civiles, politiques et religieuses, a été organisée pour marquer cette initiative.

Vue partielle des participants à la cérémonie de remise des clefs.



Toit en béton, grande salle pouvant servir de salon et salle à manger, deux chambres à coucher, petit espace réservé à la cuisine et des w.c : voilà sommairement une description de ces maisonnettes construites sans cour dans un milieu privé de toutes les infrastructures de base : électricité, eau potable, etc. Alignées à deux mètres l’une de l’autre, certaines de ces maisonnettes sont peintes de couleurs chatoyantes selon le désir des propriétaires.


« Pour bénéficier d’une maison, il faut être originaire de la zone. Et pour pouvoir bien gérer le programme, un comité local composé des membres de la société civile a été formé avant même le début des travaux. Ce comité a pour mission d’identifier les personnes voulant bénéficier d’une maison, d’analyser leur histoire et d’évaluer leur crédibilité », a indiqué le directeur national d’Habitat pour l’Humanité Haïti, Claude Jeudy. L’initiative, antérieure à la période cyclonique, ne concernait pas les récents sinistrés de Cabaret, lesquels ont perdu maisons, bétails, voire des proches.


« Chaque maison coûte environ 5000 dollars américains. Les familles ont versé 10 % de cette somme sous plusieurs formes, notamment en matériaux et avaient participé activement à la construction (500 heures de bénévolat environ). Ils ont dix ans pour payer totalement sans aucun frais d’intérêt, pour avoir leur maison », a précisé Claude Jeudy.


Conscient des faibles moyens dont dispose l’organisme, Claude Jeudy a réclamé des dirigeants locaux notamment une intervention urgente afin que l’eau et l’électricité soient fournies dans la communauté. Il a aussi enjoint la population à mieux gérer son environnement.


Il reste beaucoup à faire
Les nouveaux propriétaires n’ont pas caché leur satisfaction. « J’ai loué une maison de deux pièces pour la somme de 25 000 gourdes par année ; cela a été très dur pour moi, car je ne pouvais pas payer de façon ponctuelle. Grâce à Habitat, je pense que ça ira mieux pour moi », s’est réjouie une bénéficiaire.


Le projet envisage la construction, à Bercy, de 700 maisons sur environ cinq carreaux de terres, un don de la mairie de Cabaret. Il sera exécuté en plusieurs phases dont la première a vu l’érection de 200 maisons.
jeudi 15 novembre 2007
//////////////
L'article ci-haut provient du journal Le Matin du 15 novembre et peut être consulté au lien suivant:
//
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9622
//

mercredi 14 novembre 2007

HAITIEN UN JOUR, HAITIEN TOUJOURS

par Gérard Bissainthe

Plusieurs de mes compatriotes affirment que la question de la double nationalité est un "faux problème". Néanmoins, au lieu de considérer qu’en tant que faux problème il faut l’ignorer, ils tombent dans la contradiction de le poser quand même, ce qui les conduit inévitablement à proposer des solutions incomplètes. La Diaspora ne pourra pas se contenter, par exemple, d'avoir, comme on l’a écrit récemment, "UN représentant au Sénat", ce qui serait vu comme une sorte de faveur qu'on lui fait. Il faut, et c’est la politique des pays ouverts et réalistes, tout un système de représentations qui permette aux nationaux vivant à l'étranger de participer pleinement et activement, où qu’ils soient, à la vie de la nation. Je joins en note, comme un exemple entre plusieurs et dont nous pourrons nous inspirer, l’adresse d’un site éclairant sur le vote des Français de l'Etranger (1).

Un faux problème est un problème qu'il ne faut pas poser. Car dès qu'on le pose, on s'enferre. Pour le pays intérieur, il ne doit pas exister d’Haïtiens binationaux ; un point c’est tout. Il faut qu’il soit entendu que tout Haïtien en Haïti n’a qu’une seule nationalité, la nationalité haïtienne.

Les internautes haïtiens se rappellent, sans doute, que j'avais été invité à prononcer le discours inaugural d'une grande rencontre de la Diaspora qui devait avoir lieu (et qui finalement eut lieu, d'ailleurs) devant le Président Préval, des représentants de notre fonction publique et le corps diplomatique. J'avais accepté. Mais le Président Préval de passage à Paris crut bon de déclarer qu'il ne pouvait rien faire sur la question de la double nationalité et que les Haïtiens dits binationaux étaient des étrangers. J'aime être logique. Si ces binationaux sont pour lui des Etrangers, ils ne relèvent donc pas de sa juridiction. Et tout s'arrête là. Il aurait pu et aurait dû dire: « Écoutez, je suis le Président de TOUS les Haïtiens. Dès que quelqu'un devant moi a pu ou peut faire la preuve qu'il est haïtien, je suis son Président. Maintenant, si par ailleurs il est américain, français ou esquimau, c'est lui qui le sait et c'est son problème, pas le mien. D'ailleurs comment par les temps qui courent savoir qui a ou non une nationalité étrangère? "Quand les maringouins volent, qui peut savoir qui est mâle et qui est femelle ? " Je ne peux même pas vous garantir que parmi mes Ministres et mes collaborateurs il n'y ait pas de "binationaux". Je n'ai pas les moyens d'installer à nos services d’immigration et dans les consulats haïtiens des dispositifs sophistiqués de détection de nationalité étrangère. Il s'agit d'un faux problème et comme tout faux problème, il ne faut pas le poser. Dès qu'on le pose, on s'enferre et on s’enferme dans un cul-de-sac. Mesdames et messieurs, ouvrons les fenêtres! Plus de lumière ! »


Ce ne fut pas son langage. Quel aurait pu être alors le sens de mon discours inaugural, parlant au nom de TOUS les Haïtiens de la Diaspora, devant un Président pour qui les Haïtiens dits binationaux ne sont ni plus ni moins que des étrangers? Devais-je implorer sa clémence pour les Binationaux et lui dire: “Tanpri souplé, fè pa yo. Ba yo yon ti moceau nationalité haïtienne.” Non, la question me paraissait plus simple: “S’ils sont des étrangers, Monsieur le Président, ils ne relèvent pas de votre juridiction. Et j’ai le regret de vous faire savoir, parlant en leur nom, qu’aussi longtemps qu’ils seront pour vous des étrangers, si je dois parler en leur nom, nous n’avons rien à nous dire. Et le dialogue, sans même avoir commencé, est clos.” Je n’allais tout de même pas me rendre à Port-au-Prince pour dire cela au Président Préval. Je dus donc décliner l’invitation de ce groupe de patriotes et d’amis. Et je n’ai pas fait le déplacement. J’estime jusqu’à aujourd’hui qu’ils ont eu tort d’aller parler au Président Préval, sans avoir au préalable obtenu de lui qu’il considère les “Binationaux” comme des Haïtiens à part entière. Personnellement je ne veux toujours pas pour un Haïtien, quel qu’il soit, dès qu’il est prouvé qu’il est haïtien, une petit place à l’arrière de l’autobus. Il doit être assis dans l’autobus. C’est à prendre ou à laisser. FREEDOM NOW!

Et lorsque le Président du Sénat, M. Lambert, se retrouvera bientôt, le 16 de ce mois, devant un aréopage d’Haïtiens de la Diaspora, j’estime qu’à moins d’être des soussous et des sans-manman, la première question que les Binationaux devront lui poser est: “Pour vous, Monsieur le Président du Sénat, les Haïtiens qui ont une seconde nationalité sont-ils des Haïtiens à part entière ou bien des étrangers?” S’il répond: “Ils sont des étrangers”, j’estime qu’alors tous les Haïtiens binationaux présents dans cette salle et tous les autres haïtiens même non binationaux présents dans cette salle, par solidarité avec les Binationaux, devront ou lui demander de quitter la salle, ou eux-mêmes comme un seul homme devront quitter la salle. There is no freedom of tomorrow, messieurs dames. It’s NOW OR NEVER. Si vous acceptez aujourd’hui qu’on vous considère comme des gaçon-la-cou, demain encore on vous considérera comme des gaçon-la-cou et vous serez toujours des gaçon-la-cou.

Ne nous contentons pas de demi-mesures.

D’autant plus qu’il y a urgence. Il y a péril en la demeure. On est en train, comme je l’ai écrit, de nous néantiser, de nous évacuer dans l’évier de la planète. Et comment voulez-vous qu’on ne néantise pas un pays dont 83% des cadres sont rejetés dans les ténèbres extérieures? Sont, de facto, tenus hors d’une maison dont ils paient au moins la moitié de la maintenance? Car c’est aujourd’hui, NOW, qu’on nous met, qu’on nous remet sur le dos le sida de la planète. C’est aujourd’hui, NOW que notre pays est occupé par une bande de minus d’une Minustah dont les membres n’arrivent pas à la cheville de nos cadres intellectuels et professionnels. C’est donc aujourd’hui, NOW, que tous les Haïtiens de naissance doivent se retrouver sans distinction, prêts à servir leur nation, comme des citoyens à part entière, où qu’ils soient.

CONCLUSION
Si le Gouvernement ne veut pas aujourd’hui, NOW, organiser la Diaspora, de la manière dont je voulais l’organiser déjà en 1989 (dix-huit ans de perdus!), c’est à dire la structurer comme non pas comme un dixième “Département” (un mot qui n’exprime pas la complexité de notre Diaspora) , mais plutôt comme une sorte de “volet extérieur parallèle et complémentaire de la République d’Haïti une et indivisible”, si le Gouvernement ne veut pas le faire, c’est à la Diaspora de prendre l’initiative de le faire. Car aussi longtemps que la Diaspora ne sera pas organisée, ce qui suppose une structuration pyramidale analogue à celle qui existe dans le pays intérieur, elle n’aura pas les moyens de tirer profit de ses immenses ressources intellectuelles et matérielles et de les faire fructifier.
Si les Haïtiens binationaux sont des étrangers, ils ne peuvent pas participer à la vie de la nation. Aujourd’hui rejetés, exclus, ils sont acculés pour exister et pour agir à s’organiser eux-mêmes, de manière non point hostile, mais simplement indépendante du Gouvernement intérieur, jusqu’à ce que soit détruit le mur du mépris et de la honte qu’on a élevé pour les exclure et les excommunier. Refusant d’être des gaçon-la-cou ou même des chiens, la Diaspora doit marronner et fonder ce qui sera perçu comme une République de Marrons. L’Histoire nous montre que c’est souvent la voie incontournable de la Liberté.

J’entends: “Sommes-nous vraiment obligés d’en arriver là?”

Vous connaissez, vous, un autre moyen d’inclure les 83% des cadres de notre république qui errent aujourd’hui hors des murs de notre Cité? Vous le connaissez ce moyen? Alors faites vite. Car pour le moment ce sont les vrais Etrangers de la Minustah qui tentent d’apporter leur camelote à un pays privé, vidé des apports multiples d’un trop grand nombre, et des meilleurs, de ses enfants naturels. Aussi longtemps qu’une Michaëlle Jean pourra être Gouverneure de cette grande, fière et prestigieuse nation qu’est le Canada et qu’elle ne pourrait même pas briguer ou occuper officiellement le moindre poste éminent de notre nation maintenant même dans la merde et qui fait la fine bouche, aussi longtemps que nous serons obligés de subir ce genre d’absurdité transcendantale, je pense qu’être occupés par les minus de la Minustah, c’est encore nous faire beaucoup d’honneur, trop d’honneur. Quelques balayeurs des rues suffiraient largement. Et ce serait tellement moins coûteux.

Le Président du Sénat, M. Lambert, qui officiellement veut considérer un Binational comme un étranger, doit venir bientôt rendre visite à la Diaspora. J’attends de voir l’accueil que vont lui réserver ces “étrangers”. Ce sera un test révélateur. Evidemment il sera capable de leur dire sur cette question brûlante: “Ne vous tracassez pas, mes petits enfants, j’y travaille! j’y travaille!”. Ça fait vingt ans qu’on y travaille. Les promesses ont toujours rendu les fous heureux.

Pourquoi être pressé? Il n’y a que dans les bidonvilles qu’on meurt de faim.

Gérard Bissainthe
14 novembre 2007
_______________________
(1)
//
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/elections/comment_voter/vote-francais-etranger
//

mardi 13 novembre 2007

Haiti : La dégradation de l’environnement, symptôme d’un mal développement

Amies et amis internautes,

Vous trouverez ci-dessous un article que Madame Elisabeth Deetjen a eu la gentillesse de me signaler. Il provient du lien ci-après:

//Source: Alterpresse
http://www.medialternatif.org/alterpresse/spip.php?article6614
//

Bonne lecture.

////////////////////////////////////
Haiti : La dégradation de l’environnement, symptôme d’un mal développement

Alterpresse, mardi 13 novembre 2007

Par Raoul Vital
Groupe d’Intervention et de Recherche Sociale (GIRES)

L’environnement d’Haïti subit les conséquences de modèles de développement incommodes. A cause de leur pénétration brutale, ces recettes de développement à l’occidentale, ont eu des implications socioculturelles importantes. Il en résulte le déboisement du pays, la dégradation de l’économie paysanne, l’exode rurale et la construction de bidonvilles dans les périphéries des principales villes du pays.

Ce ne sont pas les couches les plus marginalisées auxquelles les gouvernements font l’aumône après chaque catastrophe naturelle qui sont responsables de cette désorganisation/réorganisation du tissu économique et social du pays. Les discours qui tendent à culpabiliser les paysans et les habitants – les anciens paysans - des bidonvilles sont de même nature que les mythes du développement qui détruisent les pays dits du Tiers Monde, tels s’ils sont pauvres c’est leur faute, s’ils veulent se développer ils doivent s’industrialiser, s’ils veulent créer des emplois ils doivent s’ouvrir à l’investissement de capitaux étrangers. Voyons de plus près les conséquences de ces mythes sur l’environnement du pays.

Le développement tel qu’il a été conçu à l’Ouest est d’abord un processus d’industrialisation dans la mesure où il vise la transformation des économies locales de faible productivité en des économies industrielles. Ces économies industrielles exigent l’investissement de capitaux. Or, en Haïti les élites économiques ne disposent pas de capitaux nécessaires pour propulser le pays vers cette phase de développement. Pour cette raison les acteurs économiques sont donc obligés de se tourner vers les capitaux étrangers avec comme corollaire un autre type de colonialisme après la période de décolonisation : colonialisme économique.

Ce nouveau visage du colonialisme a abandonné sa mission qui est de civiliser les pays attardés pour adopter une nouvelle : développer le Tiers Monde. Les Nations-Unies, suite à une proposition du président américain John Kennedy, l’ont clairement exprimée dans leur plan de développement pour le Tiers Monde appelé « Décennie de développement ». Cette idée de développement économique lancée en 1961 suppose à cette époque la croissance économique dont la mesure est le Produit National Brut (PNB) et la transformation des sociétés traditionnelles en sociétés industrielles modernes, c’est-à-dire le passage d’une économie rurale à une économie urbaine.

Cette phase de développement impliquait le bouleversement du milieu ambiant. Alors, comment obtenir la croissance économique tout en préservant l’environnement ? C’est ici que se pose donc tout le problème de développement durable.

Les politiques de développement adoptées dans les années 60 ont été marquées par des approches modernistes et keynésiennes selon lesquelles il faut s’appuyer sur des filières porteuses, telles le financement des institutions internationales, l’exportation des techniques pour stimuler des pôles de croissance. Ces stratégies ont échoué dans les pays dits Tiers Monde en créant l’inflation et l’endettement. En 1970, la dette extérieure nette d’Haïti était de 40 millions de dollars. Huit ans après, soit en 1978, elle s’élevait à 163 millions de dollars.
La pénétration des capitaux étrangers a eu également de graves conséquences sur les exportations. Haïti exportait biens et services, en 1960, à hauteur de 54,4 millions de dollars. En 1968 ce chiffre est révisé à la baisse soit 47 millions de dollars. L’exportation du café qui constituait le pilier de l’économie paysanne est en régression à la suite de l’adoption du modèle de développement fabriqué à l’Ouest.

En 1963, Haïti exportait 26387 tonnes de café alors qu’en 1968 elle n’exportait que 19498 tonnes. Les paysans qui vivaient du café, à cause de la dévalorisation de leur produit, sont obligés de chercher d’autres sources de revenus. Certains sont donc dirigés vers des centres urbains où on leur avait promis de l’emploi.

Entre autres conséquences, la population urbaine est passée entre 1950 et 1971 de 12% à 20% de la population totale. Cette situation a provoqué la pression démographique sur les zones urbaines. La dégradation de l’environnement s’est également accélérée durant cette période.
En 1979, on estimait que, seulement à Jean Rabel (Nord-ouest), 250 sacs de charbon équivalents à un millier d’arbres, partaient quotidiennement vers Port-au-Prince. Selon Luc Pierre-Jean, entre 1950 et 1986, la superficie forestière d’Haïti est passée de 18% à 3% (Revue Conjonction, mai 1989). Si rien n’est fait pour arrêter la déchéance, le pays doit s’attendre au pire. Comment arrêter donc la dégradation et concilier les politiques de développement à la protection de l’environnement ?

Le Consensus de Washington, paru vers le milieu des années 80, pour corriger les effets désastreux de la décennie de développement n’a pas apporté les résultats espérés par le Tiers Monde. Cette nouvelle stratégie de développement axée sur l’adoption de programmes d’ajustement structurel ne fait qu’accélérer la dégradation socioculturelle et environnementale du pays. On assiste donc aujourd’hui à l’effondrement des mythes de développement dans la mesure où les pays du sud n’arrivent pas à calquer les modèles occidentaux. Certains parlent de la fin du développement.

Vers la fin des années 90 est apparu un nouveau paradigme qui tient compte de l’implication des différents acteurs du développement, tels la société civile, l’État et les investisseurs. La concertation entre ces acteurs est appelée à corriger les effets négatifs du développement : concentration urbaine, inégalités sociales, destruction de l’économie paysanne, déboisement.
Pour se donner bonne conscience face à la dilapidation des ressources des pays sud pauvres, les maitres du monde ont adopté des mesures de toute sorte : Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ; et chez nous Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP).

Contrairement aux analyses superficielles des causes de dégradation de l’environnement, les urgences de l’heure nous obligent à tenir compte des causes structurelles. Les analyses des causes structurelles peuvent amener à la conclusion que les politiques de développement sont des sources d’instabilité.
/////////////////////

vendredi 9 novembre 2007

jeudi 8 novembre 2007

Bush et Sarkozy: Et maintenant que vont-ils faire ? (*)

Par Gérard Bissainthe

La visite du Président Sarkozy à la Maison Blanche marque un tournant décisif dans la vie de la France et des Etats-Unis.

C'est une grande victoire pour le Président Sarkozy et une grande victoire aussi pour le Président Bush. Si les deux présidents savent exploiter tous les avantages de ce rapprochement exceptionnel, cela pourra être le début d'une refonte de toute la politique internationale.

Pour sceller l'amitié retrouvée, car ils ne vont tout de même pas maintenant passer leur temps à se regarder les yeux dans les yeux, G.W. Bush et Nicolas Sarkozy doivent impérativement entreprendre une action majeure commune; même mieux: se donner un défi commun qui soit une action d'éclat sur le plan international. Et ici l'objectif est tout trouvé: jouer le va-tout pour mettre sur pied,dans les meilleurs délais maintenant, l'Etat palestinien. Le Président Bush dans son interview à la télévision française a fait remarquer qu'il est le premier chef d'Etat américain à s'être prononcé sans ambages pour l'implémentation effective de l'Etat palestinien. Le Président Sarkozy est de son côté fort bien placé pour aborder ce dossier qui pourra crédibiliser son "Plan Méditerranéen". Celle que j'ai appelée "the Black Athena" pour son art d'utiliser ressources intellectuelles et ressources logistiques, Madame Condoleezza Rice, semble déterminée à en finir, puisqu'elle a dit que sur ce dossier "l'échec n'est pas une option". Jamais les circonstances n'auront été aussi favorables pour trouver une issue au drame israélo-palestinien. Si les deux présidents et leurs équipes réussissent ce défi, et il faudra qu'ils le réussissent, l'avenir est à eux.

J'aborderai plus amplement cette question dans un prochain article.

Pour le moment je me réjouis qu'on ne verra probablement plus l'Ambassadeur de France et l'Ambassadeur des Etats-Unis croiser le fer sur le pré de notre Palais National. Ils se donneront plutôt la main; ce que moi j'avais toujours souhaité.

Je souligne une fois de plus que les Etats-Unis, la France et Haïti sont les berceaux des trois grandes révolutions du monde occidental: 1776 l'Indépendance des Etats-Unis, 1789 la Révolution Française, 1804 l'Indépendance d'Haïti. C'est dans ce triangle révolutionnaire atlantique que nous devrons chercher notre équilibre et notre force géopolitiques.
8 novembre 2007
________________
(*) Texte reçu aujourd'hui 8 novembre du professeur Gérard Bissainthe par courriel.

Maisons en sac de terre/Earthbag houses

L'utilisation des sacs de sable (ou de terre) comme matériau de construction est très ancienne.
Elle est très utilisée en génie militaire. Une construction en terre bien conçue et bien exécutée peut être un véritable «bunker».
Mais à mon avis, il reste à étudier la résistance des stuctures en sacs de terre que l'on doit faire travailler essentiellement en compression (on évitera la traction, la flexion et la torsion). Il faut mentionner que les sacs sont posés par rangées horizontales comme des blocs de ciment; aucun mortier n'est utilisé entre les sacs, mais pour empêcher le glissement d'une rangée de sacs sur l'autre, une grille en fil de fer barbelé est placée horizontalement entre deux rangées de sacs successives.

Depuis quelques temps un certain engouement surgit un peu partout sur la planète pour les maisons en sacs de terre (earthbag house).

Il faut mentionner ici que la terre utilisée n'est pas nécessairement du sable. Le sable est un ensemble de grains de sol dont le diamètre varie de 4.74 mm à 0.074mm (la plus petite taille visible à l'oeil nu); les grains de sol invisibles à l'oeil forment les sols fins (les fines) et peuvent être soit du silt (ou limon), soit de l'argile, soit une combinaison des deux. La terre utilisée dans les sacs (earthbags) devrait contenir un certain pourcentage de grains fins pour que le mélange de grains ainsi obtenu ait un peu de cohésion; en d'autres termes, les grains fins contenus dans "la terre" joueront le rôle de ciment (un peu).

Cette technique me semble très prometteuse. Elle pourrait être facilement utilisée en Haïti sur une assez grande échelle, car le coût peut être inférieur à celui d'une maison en bloc de ciment.
Elle pourrait être utilisée partout à travers le pays. Les maisons en sacs de terre pourraient donc pousser comme des champignons dans toutes les sections communales de la République. Et dans ce domaine, les membres de la diapora pourrait facilement aider leurs familles et leurs amis restés en Haïti à se bâtir de belles et spacieuses maisons en sac de terre. En outre, en utilisant avantageusement l'énergie solaire, ces maisons pourraient être dotées de courant électrique pour éclairage et cuisson. Dans ces conditions, le charbon de bois ne serait plus nécessaire et l'État pourrait avoir du succès dans l'interdiction de couper les arbres.

Ci-dessous, vous trouverez quelques liens pour en savoir davantage. Il existe une littérature abondante sur ce sujet (Web et livres).

J'ai découvert ce sujet par hasard cet été en consultant un article sur Guy Philippe écrit par la très charmante et très brillante américaine Miss Portia Mills qui travaillait dans le Sud d'Haïti au Pwojè Espwa (orphelinat) du frère Marc Boisvert:
//
http://insidetheframe.blogspot.com/
//
Mais je connaissais très bien déjà l'usage que font les ingénieurs militaires de ce matériau.

_________________________________________
Quelques références:
//
Une maison en sacs de terre construite dans le Sud d'Haïti, près des Cayes (1)
http://pwojeespwa.blogspot.com/search/label/Earth%20bag%20house
//
Commentaires d'une internautes sur la maison en terre précédente (2)
http://livingdominica.blogspot.com/2007/08/earthbag-house-in-haiti.html
//
La maison en sacs de terre d'Alison Kennedy aux États-Unis
http://www.okokok.org/cs-alison.php
//
Quelques informations utiles sur les maisons en sacs de terre
http://www.greenhomebuilding.com/earthbag.htm
//
http://www.karacadir.com/specialprojects.html
//
L'inventeur de la technique: un architecte américain d'origine iranienne: Nader Khalili (1)
http://www.calearth.org/khalili.htm
//
Nader Khalili (2)
http://en.wikipedia.org/wiki/Nader_Khalili
//

Énergie solaire/Solar energy

En français:
//
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_solaire
//
Ou en anglais:
//
http://en.wikipedia.org/wiki/Solar_energy
//

mardi 6 novembre 2007

FINANCES PUBLIQUES/EXERCICE FISCAL 2006-2007 / Un déficit budgétaire de près de 4,5 milliards de gourdes

Par Rock André
rockandre@lematinhaiti.com

L’année fiscale 2006-2007 s’est achevée sur un déficit budgétaire de 4,465 milliards de gourdes, selon les données communiquées par la direction Monnaie et Analyse économique de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Selon la Banque centrale, les recettes cumulées pour l’exercice fiscal écoulé ont totalisé 23,945 milliards de gourdes – soit environ un milliard de moins par rapport aux prévisions de 25 milliards de gourdes du gouvernement – tandis que les dépenses fiscales se sont élevées à 28,411 milliards de gourdes.
Ce solde budgétaire négatif de 4,465 milliards de gourdes est dû surtout à l’accélération des dépenses de l’État haïtien durant le dernier mois de l’exercice fiscal. Les dépenses calculées pour le mois de septembre se sont donc chiffrées à 5,094 milliards de gourdes, tandis que les recettes fiscales n’ont été que de 1,838 milliards de gourdes. Pourtant, d’octobre 2006 à août 2007, soit au cours des onze premiers mois de l’exercice fiscal, les dépenses en base mensuelle n’avaient jamais dépassé 3 milliards de gourdes.


Inflation annuelle : 7,9 %
En effet, les dépenses réalisées en septembre sont très liées à l’exécution du budget rectificatif, entré en application dans le courant du mois d’août. Les parlementaires chargés de travailler sur ce document n’avaient pas cessé de mettre en question le processus d’exécution du budget de la République. Ils reprochaient notamment à l’équipe gouvernementale la lenteur qui caractérisait l’exécution du budget d’investissement.

Les statistiques publiées régulièrement par le ministère de l’Économie et des Finances sur l’état d’exécution du budget montraient effectivement que certains ministères éprouvaient des difficultés à absorber les crédits qui leur ont été alloués. Selon le ministre de l’Économie et des Finances, Daniel Dorsainvil, qui intervenait récemment au déjeuner-débat de la Amcham, le total des crédits absorbés dans le budget 2006-2007 est de l’ordre de 74 %.

Au risque certes de freiner la relance économique, la rigueur budgétaire, plus spécifiquement la compression des dépenses publiques, a au moins permis d’atteindre l’objectif fixé en matière de lutte contre l’inflation, pour l’exercice écoulé. Un taux d’inflation de 7,9 % en rythme annuel a été obtenu en septembre dernier, alors que l’objectif a été de le contenir en dessous de 9 %. Ce résultat a été atteint en dépit d’une remontée brutale de l’inflation en base mensuelle qui a pu atteindre le niveau de 1,8 % en septembre. L’inflation mensuelle moyenne calculée sur la période octobre 2006-septembre 2007 a cependant frôlé la barre des 9 %, ayant été de 8,98 %. Pour l’année 2007-2008, un taux d’inflation de 8 % est prévu pour la fin de l’exercice.

Des prévisions de recettes de 29,94 milliards de gourdes
Dans le projet de loi de finances 2007-2008 dont les crédits sont évalués à 77,66 milliards de gourdes, les prévisions de recettes courantes totalisent un montant de 29,94 milliards de gourdes contre 27,26 milliards pour les dépenses courantes. Celles-ci se subdivisent en dépenses de fonctionnement de l’Administration centrale qui s’élèvent à 25,69 milliards de gourdes et les intérêts et frais financiers (1,57 milliard). Les dépenses d’investissement se chiffrent à 48,95 milliards dont 41,73 bénéficieront du financement externe alors que la contrepartie locale n’excède pas 7,22 milliards de gourdes. Les recettes douanières prévues s’estiment à 9,26 milliards de gourdes pour l’exercice fiscal 2007-2008.

Pour l’année 2008, les autorités envisagent de maintenir une pression fiscale de 12 % contre environ 11 % en 2007. Selon le grand argentier de la République, le gouvernement poursuivra sa politique fiscale de non recours au financement de la Banque centrale. Le renforcement des administrations fiscales et douanières à travers la lutte contre la fraude fiscale et la contrebande, le renforcement des bureaux de douane de provinces et l’amélioration de leur capacité de contrôle figurent parmi les priorités de l’équipe gouvernementale, sans oublier l’augmentation de l’investissement public qui doit contribuer à faciliter les initiatives privées.
mardi 6 novembre 2007
////////////////
Source: Le Matin du 6 novembre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9440
///////////////

jeudi 1 novembre 2007

La soutenance de la thèse de doctorat d’Alain Guillaume à Aix en Provence (France) : un accomplissement intellectuel, une fierté nationale. (*)

Par Mirlande Manigat
Vice Rectrice
Université Quisqueya

Il est de ces moments exceptionnels dans la vie tout court et dans le milieu académique en particulier, d’une intensité spirituelle incomparable et qui procurent à la fois joie et fierté.

Tel fut celui vécu le 6 octobre 2007, à l’occasion de la soutenance de la thèse d’Alain Guillaume, Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Quisqueya, pour l’obtention de son grade de Docteur en Droit Public.

Moment solennel s’il en fut, lorsqu’à 10h précises, en ce samedi ensoleillé de la Provence française, les membres du jury, vêtus de la lourde et traditionnelle toge noire et rouge, ont fait leur entrée dans la « Salle des Actes » de l’Université Paul Cézanne Aix-Marseille III.

Nous étions quatre : Eric OLIVA, Professeur à l’Université Paul Cézanne, Président du Jury, Gilbert ORSONI, Professeur à la même Université, Directeur de la thèse, Etienne DOUAT, Professeur à l’Université de Montpellier I, Rapporteur, et moi-même. Etant donné le sujet de la thèse, la présence d’un universitaire haïtien était requise et j’ai eu le privilège d’être désignée par le Professeur ORSONI.

La thèse a pour objet : « Le contrôle de l’exécution des dépenses publiques en Droit Haitien ».

Elle est conçue et développée dans une structure binaire identifiée dans deux grandes parties dont l’intitulé précise l’approche retenue. La première retient comme titre Des mécanismes ambitieux dans leur conception ; la seconde prend en quelque sorte le contre-pied de la précédente assertion et affirme : Des mécanismes de contrôle se révélant pourtant inefficaces dans leur mise en œuvre pratique. L’orientation fondamentale est donc une opposition entre la théorie et la pratique, un idéal qui se serait en quelque sorte perverti en se réalisant, et l’on est frappé par le choix des adjectifs pour qualifier ce passage non réussi : ambitieux d’un côté, inefficaces de l’autre, deux faces opposées d’un projet et, de ce fait, deux lignes conductrices de la recherche.

Toute la thèse est construite autour de cette ambivalence essentielle. L’auteur ne ménage pas l’abondance dans la description des mécanismes normatifs prévus, distingue avec précision les deux phases du contrôle a priori et a posteriori, différencie très clairement les ordonateurs des dépenses publiques et les comptables en soulignant d’ailleurs la confusion parfois établie entre les deux catégories. Il démontre dans cette dissection attentive d’un système voué sans doute à être trop parfait pour être vraisemblable et partant crédible et opérationnel, un sens de la précision et de la nuance, versant parfois dans un certain délayage qui peut dérouter une attention qui doit être soutenue pour ne pas se perdre un peu dans ce dédale de dispositions qui ne s’articulent pas toujours les unes aux autres, en fait plus en pratique qu’en théorie .

Par exemple, s’agissant de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, il souligne que le double rôle de contrôle de la légalité budgétaire et de la légalité ordinaire « fait désordre », une situation qu’il qualifie comme étant « le fonctionnement pathologique du contrôle préventif de la CSCCA ». Ainsi, à force de vouloir être exemplaire et dissuasive, la méthode appliquée a finalement alourdi les étapes du contrôle, d’autant que l’institution manque de moyens matériels et humains pour accomplir sa tâche qui englobe les finances de l’Etat et celles des Collectivités Territoriales ; aussi le contrôle sombre parfois dans l’inanité à cause d’une redondance normative et procédurale.

Une attention est aussi accordée à la décharge conçue depuis les débuts de la vie nationale comme un label de bonne gestion financière. L’arsenal juridique est, ici encore, fort précis dans les différentes Constitutions et la dernière en date prévoit la navette triangulaire entre le Ministère des Finances, la CSCCA et le Parlement, dans un chronogramme séquentiel au demeurant surprenant et chaotique (Articles 204 et 227-3). Mais voici quelque temps que cette démarche n’est pas appliquée, ce qui est un grave accroc aux normes qui prive, en outre, des citoyens de la jouissance de leurs biens une fois qu’ils ont quitté des fonctions qui impliquent la gestion des fonds publics.

Mais la décharge est aussi utilisée pour fonder l’éligibilité à certaines fonctions et, dans ce domaine, un laxisme en chaîne est observé dans l’escamotage de la CSCCA et on aboutit parfois à des « charrettes » de décharges, comme ce fut le cas avec le Conseil National de Gouvernement qui en avait accordé avec complaisance, sans examen aucun, en utilisant les provisions de l’Article 285-1 de la Constitution de 1987 qui lui avaient provisoirement accordé le Pouvoir Législatif.

La deuxième partie du travail confronte les dispositions normatives « frisant la perfection » aux réalités du pays, d’abord au niveau des dysfonctionnements institutionnels et surtout des pratiques délétères : régimes dérogatoires, usage excessif des « comptes courants » (dont le nom ne doit pas tromper), et dont la manipulation échappe au contrôle et l’auteur révèle que la CSCCA elle-même en possède, transactions effectuées par l’Exécutif en liquide, émission de chèques à l’ordre de cash, les Petits Projets de la Présidence….

En somme, ce ne sont pas les dispositions dissuasives ou coercitives qui manquent mais largement la volonté politique de les appliquer. Les mécanismes de contrôle se révèlent stériles au niveau des résultats, non parce qu’ils sont mal conçus, mais parce qu’ils sont peu ou mal appliqués. Ce laxisme est encore plus négativement opérationnel qu’il est favorisé par une culture de la tolérance du côté des gouvernants comme des gouvernés impuissants parce que non organisés et surtout peu informés, et par une certaine hypocrisie qui voit dans l’enrichissement illicite par la corruption qui gangrène le système un facteur de promotion sociale, car le passage de quelques mois à la tête d’un Ministère ou d’une institution aux revenus juteux comme les installations douanières peut suffire pour bâtir une retraite assurée.

C’est un travail remarquable à plus d’un titre. Il est servi par une élégance de style, un bonheur dans l’expression et dans le choix de véritables trouvailles de vocabulaire, tout cet art qui non seulement rend la lecture agréable, mais aussi fait mentir le préjugé tenace développé chez les non-initiés selon lequel le Droit doit s’exprimer dans un langage ésotérique et rébarbatif. Sous sa plume, l’analyse juridique sort de l’opacité normative pour emprunter des chemins ouverts mais balisés, sans trahir les deux caractères essentiels de la recherche, à savoir la précision exigeante des termes juridiques et l’authenticité des références qui sous-tendent la démonstration.

Il s’agit dune contribution inédite dans le domaine de la recherche en Haiti et il ne fait pas de doute que l’auteur a marqué le paysage intellectuel en faisant œuvre de pionnier et son travail demeure désormais une référence majeure sur la question.

C’est une thèse de Droit Public et même de Droit Comparé, avec des références précises à la législation d’autres pays, en particulier de la France et Alain Guillaume a dégagé, peut-être avec trop de sévérité les emprunts effectués, un « mimétisme » tenace, depuis les premiers temps de l’indépendance lorsque, malgré le récent souvenir des guerres de libération sociale et politique, le nouvel Etat avait directement appliqué le Code Napoléon avant qu’un processus d’affranchissement progressif, marqué en particulier par le Code Henry dans le Royaume du Nord, puis le Code Boyer, ensemble de six textes adoptés entre le 25 mars 1825 et le 19 mai 1826, tout en s’inspirant de la sève française, n’ait généré une Législation proprement haïtienne, doctrine et procédure, dans des contextes politiques souvent difficiles jusqu’à nos jours.

La recherche s’arc-boute aussi sur le Droit Constitutionnel, la source qui irrigue les différentes spécialités normatives, en particulier le Droit Administratif. L’auteur fait une large place à la Constitution de 1987 qui édicte la normalité du moment et il est naturel qu’il s’y réfère soit pour fonder la légalité en vigueur, soit pour souligner la distance entre le « dire constitutionnel » et le « faire politique », cette dualité antagonique qui caractérise la mise en œuvre du système instauré par la dernière en date de nos Chartes. Il souligne, fort à propos, que dans le domaine des Finances Publiques, celle-ci reprend des dispositions vieilles de près de deux siècles comme par exemple, la mise en œuvre de la Cour des Comptes créée par la Loi du 18 juin 1823, constitutionnalisée en 1843, et qui a cheminé jusqu’à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif. Les pages consacrées à cette dernière sont tout simplement remarquables par leur contenu informatif et critique.

La thèse fait place au passé du pays dont le riche patrimoine juridique (des milliers de Lois, Décrets-lois, Décrets, Règlements et Arrêtés) s’étendent sur deux siècles, en soulignant que le temps présent, par delà ses spécificités, doit être appréhendé comme la résultante d’une accumulation sédimentaire avec des couches repérables. Il s’agit, de ce fait, d’un travail d’Histoire du Droit Haïtien en ce qui concerne le contrôle des Dépenses Publiques dans un pays qui a accumulé, dans ce domaine comme dans d’autres, un héritage qui mérite d’être exhumé, au profit du Savoir juridique et afin de combattre cette cécité collective qui porte les Haïtiens à s’enorgueillir, légitimement, de la geste de nos ancêtres mais qui n’hésitent pas à ânonner, par désintérêt et par manque d’éducation civique, que depuis 1804, nous n’avons rien accompli de remarquable. C’est aussi le mérite fondamental de cette recherche de révéler le cheminement du Droit Haïtien, dissuasif, coercitif et répressif, en ce qui concerne la gestion des Finances Publiques.

Car il s’agit du travail d’un citoyen, élevé comme il l’a révélé, dans une famille dont l’histoire personnelle est associée à un des faits du passé national : un ancêtre, Vilbrun Guillaume Sam, impliqué dans le retentissant Procès de la Consolidation qui demeure par sa tenue, exemplaire dans les annales du pays, et qui deviendra après qu’il fût blanchi des accusations portées contre lui, Président de la République au tragique destin : par l’histoire et l’environnement familial, Alain Guillaume a grandi dans un milieu qui valorise le service public et qui professe le souci de la rigueur nécessaire dans le maniement des fonds publics. Il est ainsi moralement adoubé et doublement autorisé à pourfendre les dérives, mais aussi à proposer des solutions. Il ne se contente pas d’analyser froidement, il prend position, et il n’hésite pas à dénoncer hardiment, jusqu’à oser qualifier certains de nos dirigeants de « chefs d’orchestre de toute une machinerie de corruption » et même une fois de « prince des voleurs ».

Ces commentaires cinglants maintiennent le travail dans le temps présent ; il plonge ainsi dans l’actualité et l’auteur évoque les initiatives récentes comme la création de la Commission d’Enquête Administrative (CEA), l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) et l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF), en soulignant les principes normatifs sur lesquels se déroule leur fonctionnement, les embûches rencontrés dans un milieu rebelle au respect des normes, les risques de double emploi avec les institutions existantes, le peu de cas juridictionnel fait à leurs accusations documentées. Alain Guillaume a noté dans sa présentation les derniers développements de l’évolution du pays et il a souligné à l’intention des examinateurs étrangers, les dérives engendrées par la dernière initiative du Pouvoir Exécutif qui avait récemment, de manière inconstitutionnelle, accordé des sommes d’argent aux parlementaires, ce qui avait entrainé le communiqué vertueux de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif pour rappeler que quiconque reçoit de l’argent de l’Etat devient, automatiquement « comptable des deniers publics », tout en se demandant, avec amertume, quelle suite sera donnée à cette réaction saine et sans doute trop optimiste pour engendrer des résultats.

Alain Guillaume n’écarte pas non plus, dans l’analyse des mécanismes de la corruption, l’attitude parfois complaisante des bailleurs de fonds et il souligne l’inefficience conceptuelle et fonctionnelle de l’aide internationale qui entretient parfois le gaspillage dans le saupoudrage du financement de quelques projets, ce qui rend certaines institutions internationales un peu complices des abus d’un système qui déjà abrite des « niches à irrégularités », une expression qui revient à plusieurs reprises sous sa plume.

La soutenance a duré plus de deux heures et elle a suivi le déroulement en usage dans les Universités françaises. L’impétrant, pendant 15 minutes, a fait une brillante présentation synthétique de son travail, a évoqué les problèmes méthodologiques rencontrés, les difficultés relatives à la documentation. C’est une phase capitale de l’évènement car il doit démontrer sa capacité à présenter, en peu de mots, l’essentiel de ses recherches. Les quatre membres du jury se sont tour à tour relayés pour poser des questions relatives à la démarche, à la Bibliographie, la présentation technique des notes et, bien entendu au contenu même de la thèse. Ma responsabilité n’était pas facile à assumer. En effet, d’un côté, je n’ai pas dissimulé une certaine correspondance intellectuelle et patriotique avec Alain Guillaume d’autant que, du groupe, j‘étais le membre qui connaissait le mieux le système juridique haitien ; mais d’un autre, je me devais d’effectuer une analyse rigoureuse du texte, étant moi-même trop légaliste pour être complaisante, trop soucieuse de rigueur intellectuelle pour laisser passer ce que je croyais de mon devoir de souligner, et aussi trop convaincue que la meilleure façon de lui rendre service était de me montrer objective.

Pour tous, il ne s’agissait pas de démolir le travail mais, fondamentalement, d’aider à l’améliorer. D’ailleurs Alain Guillaume, sûr de la pertinence de sa recherche, ne s’est pas non plus laissé démonter par les critiques, justifiant ici une approche, précisant là un point de vue et cette attitude, elle aussi, est toujours à inscrire au bénéfice d’un candidat qui, tout en respectant l’autorité de membres du jury qui sont ses aînés, envers qui il manifeste une déférence qui ne doit pas être obséquieuse, fait preuve d’assurance intellectuelle pour défendre son travail car, somme toute, sur le sujet en question, il va de soi qu’il a accumulé un Savoir inédit dont les membres du jury peuvent, plus tard, tirer profit. Dans le déroulement d’une soutenance de thèse de Doctorat, la distance entre le candidat et les professeurs appelés à se prononcer sur le travail soumis à leur examen s’estompe et, au fur et à mesure de l’étalage de cet échange savant, on se retrouve tout simplement collègues.

Le moment attendu était celui de la proclamation des résultats. Je ne dissimule pas une certaine angoisse rétrospective, tout en étant certaine de la qualité du travail. Une fois la salle vidée des assistants, les membres du jury se sont retrouvés pour la phase délibérative de la soutenance. D’entrée de jeu, le Professeur Orsoni a donné le ton en m’interpellant avec amusement : « Madame, nous n’allions pas vous faire venir de si loin pour vous accorder la mention Honorable ! ». C’était bien sûr une plaisanterie car je n’étais pas en cause, mais il avait sans doute perçu une certaine angoisse chez moi et il voulait « briser la glace ». Puis il a enchaîné : ni non plus Très Honorable. Puis, ménageant ses effets, il a annoncé solennellement : « Chers collègues, je propose le maximum :Très Honorable avec les félicitations du jury ». Les trois, à commencer par moi, nous avons, bien entendu, acquiescé. En fait, il n’y a pas eu à proprement parler, de délibération contradictoire et le consensus spontané confirme le partage des appréciations de ce travail remarquable.

A cette distinction exceptionnelle, il a proposé d’en ajouter deux autres : Autorisation de publication sans modification et le Prix de la Faculté.

Je n’ai eu aucune raison de cacher mon soulagement et ma joie et lorsque, le public étant réadmis, le Président a prononcé les paroles concluantes de l’évènement avec la solennité de ton requise, j’avoue que j’ai senti de discrètes larmes perler à mes yeux. Et regardant le nouveau Docteur dont la satisfaction était naturellement évidente, nous avons communié l’espace d’un instant, lui, une étudiante doctorante, Melissa Lovelace, qui avait fait le voyage pour assister son ami et moi dans un sentiment de fierté patriotique partagée car nous étions les seuls Haïtiens.

C’est un moment exceptionnel d’abord pour Alain Guillaume qui voit ainsi couronner ses efforts académiques. C’est en outre un acquis pour la communauté haïtienne en général et il est bon d’en révéler l’intérêt, car il marque le prestige et la qualité de la recherche haïtienne dans le domaine du Droit et il est souhaitable que cette thèse soit publiée. C’est aussi une satisfaction partagée par l’Université Quisqueya toute entière car Alain Guillaume en est « un pur produit » : en effet, il a commencé ses études de Droit à la Faculté des Sciences Juridiques et il y a exactement 7 ans, le 6 octobre 2000, il avait présenté son Mémoire de Licence et j’avais déjà eu le bonheur d’être membre de son jury ; puis il a décroché son DEA en France, enfin le Doctorat maintenant. Il est depuis quelque temps Professeur à la FSJP et actuellement Vice Doyen de la dite Faculté. Son cheminement atteste de la qualité de l’enseignement et de la recherche à l’Université Quisqueya.

Enfin cette expérience à l’issue très honorable, c’est le cas de le dire, est aussi un message adressé à tous les jeunes qui poursuivent des études de Droit ou d’une autre discipline (en particulier les quelques 30 diplômés de l’UniQ qui vont bientôt partir pour la France et ailleurs) pour leur montrer que la persévérance, le sérieux et la recherche de l’excellence sont payants. Merci Alain !
_____________________
(*) Texte reçu de M. Robert Benodin, le 1er novembre 2007

"Political turbulence stirring again in Haiti", by Jacqueline Charles, Miami Herald

"A proposal to overhaul Haiti's 20-year-old constitution and election delays are upsetting the country."

Amies et amis internautes,

Voici un article à propos du projet du Président René Préval de modifier/changer la Constitution de 1987.
Source: Miami Herald du 1er novembre 2007
//
http://www.miamiherald.com/top_stories/story/291468.html
//