Le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) dresse, dans un rapport, un tableau alarmant de la situation écologique de la planète et étudie quatre scénarii, du « tout libéral » à la « solution écologique », d’ici à 2050.
Un happening écologiste à Djakarta (Indonésie), le 16 novembre 2007.
Terre : Le dilemme de l’Onu, marché roi ou écologie« La destruction systématique des ressources naturelles de la Terre a atteint un point où la viabilité des économies est en danger, et où la facture que nous laisserons à nos enfants pourrait être impossible à régler » : le constat est posé par Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Présentant le rapport « GEO 4 Avenir de l’environnement mondial », le 25 octobre à New York, il a souligné la vigueur du lien entre système économique et dégradation de l’environnement. « GEO 4 », résultat du travail de 1 400 scientifiques et experts, dresse un tableau alarmant de la situation écologique de la planète, mais souligne aussi combien son évolution dépend du choix des politiques économiques.
Vingt ans après le Rapport Brundtland qui, en 1987, avait inventé le concept de développement durable, la majorité des indicateurs sont au rouge : climat (les concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère ont augmenté d’un tiers depuis vingt ans), biodiversité (les populations d’amphibiens ont été divisées par deux dans le même laps de temps), pollutions (celle de l’air est responsable de 500 000 morts par an, selon l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS), artificialisation des sols (un étalement urbain « anarchique » en Amérique du Nord), etc.
Le PNUE observe que la crise écologique s’articule à la crise sociale. Le contraste est marqué entre la pression écologique intense que subit la biosphère et l’expansion économique qui a fait passer le produit annuel par être humain de 6 000 dollars à 8 000 dollars entre 1987 et 2007. Mais de façon très inégale, insiste le rapport : « Les injustices environnementales continuent à augmenter, affectant surtout les pauvres (qui sont beaucoup plus touchés par les dangers naturels), les femmes et les peuples indigènes ». L’environnement reflète ces inégalités : « Certaines régions développées ont accompli des progrès environnementaux aux dépens d’autres régions en y exportant la production et ses impacts. »
La population atteindra 9 milliards d’individus en 2050Les valeurs culturelles propres au système économique dominant ont aussi un effet majeur. Ainsi, « un modèle de développement ‘du Nord’ prévaut toujours avec, par exemple, un développement urbain basé sur la dépendance envers la voiture ».
Le PNUE va plus loin en présentant des scénarii imaginant les évolutions d’ici à 2050, selon différentes politiques. Ce travail de scénarisation a été élaboré par plusieurs groupes d’experts internationaux, en se fondant sur les modèles existant dans plusieurs institutions. Il définit quatre scénarii.
Pour chacun, un but est privilégié :
Marché d’abord : « Le gouvernement aide le secteur privé à atteindre une croissance économique maximale. »
Politique d’abord : « Le gouvernement met en place des politiques fortes afin d’atteindre l’objectif tout en accordant toujours beaucoup d’importance au développement économique.»
Sécurité d’abord : l’accent est mis «sur la recherche de la sécurité, qui l’emporte sur d’autres valeurs, et place des limites croissantes sur la façon dont les gens vivent ».
Ecologie d’abord : cela « implique la collaboration entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé pour améliorer l’environnement et le bien-être de tous ».
Sans surprise, le « scénario écologique » atteint le mieux l’objectif d’amoindrir l’ampleur de la crise écologique. Il suppose que la démographie évolue selon le bas de la fourchette prévue par l’Onu, soit huit milliards d’habitants en 2050. Le taux de croissance annuel de l’économie mondiale est modéré, mais loin d’être nul, puisqu’il conduit à un triplement du produit intérieur brut (PIB) mondial.
Le « scénario marché » poursuit la logique dominante des années 1990: on y suppose que la population atteindra neuf milliards d’individus en 2050 et que la croissance multipliera par cinq le PIB mondial. Il aboutit à une situation écologique très dégradée en 2050, comme le «scénario sécurité » qui induit quant à lui des « conflits permanents » à travers la planète. « Dans le scénario marché d’abord, l’environnement et la société évoluent le plus rapidement vers voire au-delà des points de basculement où des changements soudains et irréversibles pourraient survenir. »
La poursuite de la libéralisation apparaît ainsi comme le scénario le plus risqué. Les experts rappellent que la logique écologique est incompatible avec la recherche illimitée de la croissance économique : « La perte de la biodiversité et le changement climatique ont des conséquences irréversibles, que la croissance des revenus ne peut résoudre ».
L’analyse du Pnue ne devrait pas changer, à court terme, le sens des politiques économiques, qui restent focalisées sur la libéralisation et la croissance. Mais, venant à l’appui du diagnostic pessimiste du GIEC sur le climat, et quelques jours avant que le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) souligne les effets du changement climatique sur les pays les plus pauvres, il témoigne que la communauté environnementaliste entend dorénavant peser sur les choix économiques engageant l’avenir.
mardi 20 novembre 2007
//Voici le lien d'où provient l'article ci-dessus:
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9650
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