vendredi 23 mai 2008

Mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société: le coefficient de Gini

Le coefficient de Gini est un indice qui mesure le degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée (un pays donné).

Cet indice s'exprime par un nombre compris entre 0 et 1 (ou entre 0% et 100%): 0 signifie l'égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien).

Selon Wikipédia:

  1. Les pays historiquement égalitaires ont un coefficient de l'ordre de 0,2 (Bulgarie, Hongrie, Slovaquie, Tchecoslovaquie, Pologne,...).
  2. Les pays les plus inégalitaires au monde ont un coefficient de 0,6 (Brésil, Guatémala, Honduras, ...).
  3. En France, le coefficient de Gini est de 0,36 (source : INSEE revenus fiscaux 2004). Celui de la Chine est en train de monter et dépasse maintenant 0,5.

Haïti est, selon mes calculs, dans la catégorie 2. (les pays les plus inégalitaires), avec G=0,60.

Vous pouvez cliquer sur le lien ci-après pour consulter une liste de 124 pays classés en fonction de leur coefficient de Gini:
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Haïti ne figure pas sur cette liste.
Voir aussi les données de la banque Mondiale par le lien suivant:
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On notera sur la liste de Wikipédia que le Mali, par exemple a un coefficient de Gini G=0,505 (valeur identique à celle utilisée dans le DSNCRP pour Haïti).
On peut consulter le rapport final DSNCRP en cliquant sur le lien suivant:
Pour obtenir le coefficient de Gini, on commence par tracer la courbe de Lorenz. Ne vous laisser pas intimider par ces grands noms. Il s'agit de la courbe obtenue en portant en abscisses sur une échelle graduée en pourcentages, le pourcentage cumulé de la population (associé au pourcentage cumulé du revenu en ordonnées). Pour chaque point de pourcentage en abscisse, on porte donc en ordonnées le pourcentage cumulé du revenu. On joint ensuite les différents points par un polygone qui est toujours situé au-dessous de la première bissectrice du repère (diagonale du carré de côté 1 (ou 100%)).
Désignons par A, l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz, et, par B, l'aire de la zone situé au-dessous de la courbe de Lorenz, alors le coefficient de Gini est:
G= A/(A+B)
Notez que:
A+B=0,5 (la moitié de l'aire du carré de côté 1),
et que: A et B sont tous deux des aires comprises entre zéro et 0,50.
Calcul de Gini pour Haïti en 2007.-
La courbe de Lorenz pour Haïti passe par les points suivants (en plus des points (0,0) et (1,1)):
Point B(0,40, 0,059): 40% de la population n'ont accès qu'à 5,9% des revenus;
Point C(0,80, 0,32) : seulement 20% de la population bénéficient de 68% des revenus;
Point D(0,98, 0,74) : les 2% les plus riches de la population bénéficient de 26% des revenus.
À l'aide de ces données tirées du DSNCRP, j'ai calculé sur la figure suivante le coefficient de Gini pour Haïti:

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Coefficient de Gini pour Haïti en 2007 calculé par Dr. Pierre Montès (mai 2008)

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//En français
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Coefficient_de_Gini
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//Gini en anglais
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http://en.wikipedia.org/wiki/Gini_coefficient
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En utilisant les données fournies dans le DSNCRP, on trouve que, pour Haïti en 2007, le coefficient de Gini est: G=0,5992 (soit en pourcentage 59,9).

Dans le DSNCRP, il est clairement indiqué que le coefficient de Gini utilisé dans le modèle (de Ravallion) de croissance et de réduction de la pauvreté est G=0,505 ( soit en pourcentage 50,5).

L'élasticité de la croissance de la pauvreté par rapport à la croissance du PIB est E=-1,13 dans le DSNCRP, pour G=50,5.

En prenant la valeur plus réaliste G=59,9 pour Gini, Le coin de Pierre a estimé cette élasticité et a obtenu la valeur E= -0,60 (toujours avec le modèle de Ravallion).

Pourquoi le MPCE, dans le DSNCRP, a-t-il utilisé la valeur G=50,5 ?
Il aurait été plus simple de placer son calcul en annexe du rapport DSNCRP.
Le modèle de Ravallion utilise un G initial. Il paraît évident que le G initial pour Haïti n'est pas du tout égal à 50,5 en 2007, ni en 2006. Et il n'atteindra pas cette valeur en 2011, et peut-être même pas en 2015, à moins que les haïtiens ne prennent le taureau par les cornes, en adoptant par exemple, les recommandations de l'économiste Muhammad Yunus et donc, en ne mettant pas tous leurs oeufs dans le seul et même panier du FMI et de la Banque Mondiale. Nous y reviendrons bientôt.

Nous reviendrons aussi bientôt pour présenter succinctement le modèle de Ravallion et celui plus général de Kakwani et Son.
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Pour lire une critique préliminaire du DSNCRP, cliquez sur le lien ci-après:
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http://jfjpm.blogspot.com/2008/05/dsncrp-rsum-suivi-dune-critique.html

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