jeudi 10 avril 2008

Le discours du Président Préval ne met rien dans la bouche du peuple affamé

Par Dr. Pierre Montès

Le peuple a manifesté ; il réclame des actions immédiates ; il exige le départ du gouvernement Alexis, sinon, on peut s’attendre à l’étalement des émeutes de la faim.

Hier, au discours monotone du Président Préval, qui n’apporte aucune solution à très court terme aux problèmes de « grangou » de la population, le Sénat de la République, dans sa sagesse, répond en demandant au Premier Ministre Alexis de démissionner motu proprio.

Il est de plus en plus évident que M. Jacques-Édouard Alexis doit partir et que le gouvernement qu’il dirige doit également partir.

Le Président René Préval, vu l’ampleur des émeutes, et, étant donné qu’il reconnaît qu’il ne peut rien faire pour satisfaire les revendications du peuple, devrait spontanément démissionner, lui aussi. Ce n’est pas en demandant aux fonctionnaires qui gagnent 30 000 gourdes et plus par mois (US $ 760) de consentir à verser 10% de leur salaire au bénéfice des plus démunis que le gouvernement soulagera la souffrance de la population.

À l’analyse, il me semble que le Président Préval aurait à choisir entre les deux groupes d’actions immédiates suivantes :

Actions A.-

1) Obtenir la démission du Premier Ministre Alexis et choisir immédiatement un nouveau Premier Ministre à qui il demandera de former un gouvernement de coalition, comme suggéré récemment (il y a deux mois) par différents secteurs.

2) Demander au nouveau Premier Ministre de préparer et de présenter sans délai au Parlement un nouveau budget :
a) qui réponde dans l’immédiat aux revendications légitimes du peuple ;
b) qui opère une réingénierie (réallocation) des ressources internes pour, entre autres choses, répondre à court, moyen et long termes aux objectifs de relance de la production nationale et de croissance économique soutenable.

3) Engager un dialogue permanent avec le secteur privé et des affaires, avec les secteurs socio-professionnels, avec les partis politiques, pour définir et entreprendre des actions concertées dont l’objectif soit bénéfique pour toutes les parties : travailleurs et employeurs.

4) Opérer une véritable déconcentration de l’appareil gouvernemental dans les dix Départements de la République et assurer une meilleure répartition des crédits budgétaires entre les Départements. Par exemple, allouer au budget de MSPP (santé publique) pour le Département de Nippes, un montant adéquat, c’est-à-dire beaucoup plus élevé que celui de 2006-2007 qui n’aurait même pas permis de payer le tiers ou la moitié du salaire d’un médecin en Amérique du Nord !

5) Aider les élus locaux et régionaux à opérer convenablement la décentralisation au niveau des Départements, des Communes et des Sections communales. L’objectif est que le pouvoir se mette réellement au service du peuple et non de mettre le peuple au service d’une clique qui monopolise le pouvoir au détriment du peuple affamé. Par exemple, en plus des efforts pour rééquiper le CNE, prendre des mesures financières immédiates permettant à chacune des 140 Communes de la République d’acquérir tout de suite un minimum de matériels neufs de Travaux Publics (tracteurs, chargeurs, pelles mécaniques, compacteurs, camions, etc.) et de recruter et/ou d’affecter du personnel technique qualifié pour utiliser et entretenir ce matériel qui devra être en opération 7 jours sur 7 dans toutes les Communes de la République, tant à Grison-Garde qu’à Pestel, à Cité Soleil qu'aux Gonaïves, etc.


Action B.-

Si le Président Préval ne se sent pas motivé pour prendre les actions A énumérées ci-dessus, alors, qu’il ait le courage de démissionner.
***
Dans le cas où le Président Préval choisit de démissionner, le Président provisoire, issu de la Cour de Cassation, qui lui succédera :
a) nommera un nouveau Premier Ministre, qui formera un gouvernement provisoire et qui répondra au point 2 a) ci-dessus;
b) organisera des élections présidentielles dans un délai maximum de 90 jours.

Le Président définitif qui sera élu dans trois mois, réalisera pleinement les vœux du peuple exprimés au cours des émeutes de la faim aux quatre coins du pays.

Paraphrasant l’ex-Premier Ministre Gérard Latortue, le futur Président dira : « À l’impossible je suis tenu ! ».

Enfin, la devise du nouveau Président, du nouveau Premier Ministre et des membres du gouvernement qu’il formera, sera par exemple, celle du RDNP : « La tête froide, le cœur chaud, les mains propres ! »
jeudi 10 avril 2008
//Le lien suivant permet d'écouter (pour une période limitée) le discours du mercredi 9 avril 2008 du Président René Préval. C'est une courtoisie de Radio HaitiConnexion:
//

Aucun commentaire: